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Critiques de Theodor Fontane (35)
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Ellernklipp, la roche maudite

Troisième texte publié par cet auteur du 19ème siècle, consacré comme « l’inventeur, en Allemagne, du roman moderne », plébiscité par Gunter Grass ou Thomas Mann, qui dira que sa prose « a de la tenue et de la consistance, une forme intérieure telle qu’on ne peut la concevoir qu’au terme d’un long exercice de la poésie (…), elle a une conscience poétique, des exigences poétiques, elle est écrite en vue de la poésie », il aura fallu attendre plus d’un siècle pour qu’il soit traduit en français pour la présente édition au Serpent à Plume par Denise Modigliani, gratifiant le lecteur d’une pertinente et bien à sa place postface.



Fable morale — du genre qui l’interroge, et non qui l’assène — matinée de romantisme montagnard ; limpide et évidente, inspirée d’une histoire tirée d’un registre paroissiale de la région du Harz, elle a l’éclat patiné des classiques, mêlant franchise et justesse de textes plus « modernes »… charme vénéneux et beaux paysages… dialogue inachevé, car infini, entre nature et culture…
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cecile

Je n’avais jamais entendu parler de Théodore Fontane. Renseignement pris, il s’agit grosso modo du Maupassant allemand. Autant pour m’apprendre l’humilité. Et un excellent petit livre pour le découvrir.



D’emblée il nous plonge dans les montagnes du Harz, dans les années 1850. Un lieu de villégiature pour toute la bonne société de ce qui est alors un ensemble d’une dizaine de principautés, et que la Prusse aimerait bien transformer en un état unique. Sous l’apparente frivolité les questions politiques ne sont donc jamais loin, tout comme l’éventualité d’une guerre. Cela inquiète peu le héros, von Gordon, ingénieur spécialisé dans la pose des câbles sous-marins qu’on commençait alors à installer un peu partout pour les besoins du télégraphe. Entre deux missions il profite de ses vacances. L’hôtel est un petit microcosme où les visiteurs peuvent se rencontrer, faire connaissance. Parmi eux, il remarque un homme d’un certain âge à l’air plutôt renfrogné ainsi que son épouse, une femme plus jeune d’une très grande beauté, mais dont la santé semble très fragile.



Von Gordon se lie rapidement aux Saint-Arnaud – c’est leur nom – et se joint à eux pour diverses promenades jusqu’aux sites d’intérêt de la région, excellent prétexte pour nous faire découvrir le massif du Harz et sa pittoresque population. Bien vite il se rapproche de la dame, Cécile, dont la beauté le fascine. Sous la grande prévenance dont fait preuve son époux en apparence, il détecte cependant une certaine tension. Il devine qu’un secret se cache dans la vie de ce couple en apparence sans histoire…



Un petit bijou de réalisme, qui rappelle à vrai dire plutôt un mélange de Balzac et Maupassant. Le fait qu’il se déroule en Allemagne apporte cependant ses petits dépaysements : ce n’est pas un prêtre qui joue les Jiminy Cricket mais un pasteur aulique (c’est-à-dire lié à la cours), c’est Berlin et non Paris qui est considéré comme le grand fournisseur de touristes sans-gênes et arrogants, et les duels (devenus à cette époque en France très symboliques) restent des combats à mort. On ne peut en tout cas que souligner la grande qualité et le charme de la plume de Fontane.
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Effi Briest

Effi Briest

Traduction : André Coeuroy

Préface : Joseph Rovan





Si le premier roman publié de Theodor Fontane se distinguait, paraît-il, par sa mièvrerie et par tout un ensemble de défauts dont le peu de stature des personnages et le style plat, "Effi Briest", l'un de ses derniers, constitue à l'opposé une vraie merveille de construction et de réalisme. A l'époque de sa parution, c'est-à-dire en 1894, le monde littéraire européen et américain était encore sous le choc du Naturalisme, que Zola, son créateur, avait pourtant baptisé ainsi près de trente ans auparavant. Fontane, comme tout un chacun à cette époque, a lu l'épopée des Rougon-Macquart - le roman "Nana" est même évoqué dans "Effi Briest". Mais les excès du Naturalisme ne sont pas pour lui. Il va simplement lui emprunter le regard sévère qu'il porte sur la société et, en en gommant la tendance au paroxysme, l'adapter à la raideur et aux conventions prussiennes. On en revient au réalisme, la base même du Naturalisme.



"Effi Briest" ressemble à un cours d'eau serpentant, avec douceur et tranquillité, à travers la Marche du Brandebourg et la Poméranie. Au début, ce modeste ruisseau est d'une clarté chantante. Mais, au fur et à mesure que l'héroïne avance dans sa découverte de la vie, des sentiments amoureux et de leurs conséquences, il se fait de plus en plus sombre avant, dans sa dernière partie, de retourner peu à peu à sa pureté originelle. Quand on évoque ce livre, on pense souvent à la "Mme Bovary" de Flaubert. Mais restons attentifs. L'univers dans lequel évolue la malheureuse Emma est beaucoup plus noir et peint d'un trait plus chargé, qui, avec un personnage comme Homais, peut même prétendre à la caricature. A se demander, après avoir lu le roman de Fontane, si Flaubert était si "réaliste" que ça ... Ou si sa recherche frénétique du mot juste ne relevait pas d'un désir profond d'éradiquer en lui les velléités flamboyantes et baroques qui font la grandeur et la faiblesse de "Salammbô."



Si réalisme il y a, celui de Flaubert est en tous cas marqué - nul ne pourra le nier - au coin d'un pessimisme puissant, qu'explique le caractère de l'homme. Celui de Fontane au contraire refuse de faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre. Pour le premier, le monde ne peut être sauvé (en vaut-il la peine, d'ailleurs ?), pour le second, on ne perd rien à essayer ... Quoi qu'il en soit, le Français et le Prussien se rejoignent en ceci que tous deux prennent fait et cause pour leur héroïne - Flaubert avec certainement plus d'agressivité.



L'héroïne de Fontane n'a que dix-sept ans quand elle épouse un ancien soupirant de sa mère, le baron von Innstetten, de vingt-et-un ans son aîné. J'aimerais pouvoir vous dire que cette différence d'âge, la rapidité avec laquelle se nouent les fiançailles - vingt-quatre heures - le fait aussi que le baron, jeune homme, ait courtisé la mère d'Effi, causent problème à un moment ou à un autre. Mais non : c'est admis dans les moeurs. Or, Effi est une jeune fille docile, élevée dans l'idée de faire un "bon" mariage, si possible avec un fonctionnaire impérial doté d'un bel avenir - et c'est le cas de son prétendant, qu'on voit déjà finir ministre. Elle l'épouse donc et le suit en Poméranie, dans une petite ville de province.



C'est un début banal, pour une histoire banale. La suite, bien sûr, c'est la liaison adultère entre Effi et le capitaine von Crampas. Une liaison aussi passionnée que secrète, à laquelle met fin la mutation de von Innstetten à Berlin. Puis vient la découverte, par le mari, de quelques billets doux conservés par la sentimentale Effi dans sa boîte à ouvrage et alors, le drame éclate ...



Six ans après, alors qu'il y a pour ainsi dire prescription, parce que le baron a des principes et tient à les faire respecter. Résultat : une vie gâchée, humiliée - renvoyée au néant.



L'intrigue, comme on le voit, est simple, pour ne pas dire classique. Les personnages s'incarnent lentement mais sûrement sans que l'auteur éprouve le besoin d'approfondir leurs états d'âme (Fontane suggère, il ne dit pas). Pour calmer les bien-pensants, il joue avec habileté avec la culpabilité qui mine la malheureuse Effi et la mène à sa perte - laquelle est aussi, à ses yeux comme pour ceux qui l'observent, sa rédemption. Mais au-delà, le lecteur ne manque pas de saisir la critique sévère portée sur une société capable non seulement de marier une innocente de dix-sept ans à un homme qui pourrait être son père, mais aussi de proposer ce genre d'unions comme LE modèle parfait. Le sacrifice que fait Innstetten de sa femme au nom des principes édictés par la société et pour conserver son rang, est aussi appelé au banc des accusés. Fontane n'oublie pas enfin de blâmer les parents d'Effi qui, en un premier temps, se refusent à donner asile à leur fille désormais divorcée : eux non plus ne veulent pas perdre leur rang et voir se détourner d'eux leurs amis. Ce n'est que lorsque la Mort est là, lorsqu'elle s'installe, bien décidée à ne pas repartir sans Effi, que les von Briest acceptent de reprendre leur fille.



Cet acte d'humanité, pour tardif qu'il soit, permet à l'auteur de poser une ultime question : ces parents pourtant affectueux et pour qui Effi avait tant d'amour ne sont-ils pas les premiers coupables de tout ce gâchis ? La question résonne d'autant plus juste que c'est celle qui, justement, semblait avoir en cette histoire un aussi grand amour des principes que le baron von Innstetten, la mère d'Effi, qui finit par l'exprimer devant la tombe de sa fille.



En fait, "Effi Briest" est l'histoire d'une jeune fille que ses parents eux-mêmes préférèrent immoler sur l'autel des conventions et des règles édictées par la bonne société prussienne. Avec un tel programme et les circonstances atténuantes que l'auteur prête (de très bon coeur) à son héroïne - en particulier la note terrible par laquelle il signale que "Innstetten n'était pas un amant" - on comprend que le livre ait paru subversif à nombre de ses contemporains. ;o)
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Madame Jenny Treibel

Parce qu’elle possède la fougue de la jeunesse, la vivacité d’un esprit brillant, la certitude de ses convictions, Corinne Schmidt, fille de professeur titulaire dans un lycée de Berlin, s’emploie à écrire sa propre histoire et à forger son destin. Mais au XIXe, le volontarisme surtout lorsqu’il est féminin ne répond pas aux canons de la société.

Au contact de la bourgeoisie industrielle de Berlin, elle doit affronter la mère de son prétendant, Jenny Treibel, riche commerçante qui revendique son appartenance à la bourgeoisie naissante, et avec elle tout le poids des exigences de cette classe émergente, plus encline à chercher le bonheur de ses enfants auprès de l’aristocratie prussienne.





Madame Jenny Treibel est le roman de Théodore Fontane où éclate son talent de peintre naturaliste de la bourgeoisie commerçante d’après-guerres (de Prusse). A l’image de Zola, il construit la trame narrative sur l’observation des comportements d’une classe de la société sous la pression du milieu et des évènements. Pas d’intrigue menée tambour battant, pas de célébration du romantisme allemand, pas d’exaltation des sentiments, mais presqu’une étude in fine des réalités sociologiques de la société allemande du XIXe dans laquelle s’exprime pleinement le regard perspicace du journaliste qu’a été Fontane.

A la seule différence avec Zola ou Döblin, Fontane ne s’attarde pas sur les pauvres bougres et les petites gens : il porte son attention sur la bourgeoisie industrielle, ambitieuse et très conservatrice, soucieuse de son honneur d’autant plus qu’il est récent.



Mas lire Madame Jenny Treibel c’est avant tout opter pour le charme des romans désuets : dans un décor quelque peu fané, on observe une société qui cultive la douceur des mœurs, l’élégance surannée, l’entregent des parents puisque le bonheur des enfants dépendait des parents. C’est une société qui se laisse bercer par un hymne à la flatterie des vanités et au ménagement des susceptibilités. Toutefois, l’écriture raffinée ne dispense pas l’auteur de son regard pertinent voire ironique lorsque la raideur des convenances de cette nouvelle bourgeoisie trahit l’ascension récente de ses membres.

Si l’auteur a adopté une esthétique classique, la trame narrative s’inscrit cependant non dans un récit factuel mais dans les discussions de salon, les monologues intérieurs. La force de ce roman est certainement de dessiner la prégnance des relations sociales dans un récit dialogué.

C’est une fiction qui ressuscite un monde humain avec une perspective divertissante.



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Effi Briest

Effi Briest est une jolie jeune fille sans histoire qui mène une vie tranquille et choyée avec ses parents, dans la grande maison bourgeoise de Hohen-Cremmen, petit village situé en Prusse. Lorsque le baron Geert von Innstetten demande la main d'Effi, au tout début du roman, la famille entière est enthousiaste.



La jeune Effi découvre peu à peu son époux, un homme cultivé bien plus âgé qu'elle, tandis qu'elle s'efforce de se complaire dans sa nouvelle vie à Kessin. La maison n'est pas telle qu'elle l'espérait, et la noblesse locale que le couple fréquente est quelque peu ennuyeuse et peu accommodante, mais la jeune femme insouciante et fantasque parvient à trouver un fragile équilibre.



La naissance d'une petite fille ne permet pas de gommer les grandes différences qui planent au-dessus du couple, et la jeune Effi finit par tomber dans les bras d'un séduisant militaire, Crampas, avec qui elle entretient une brève liaison. Effi et Innstetten finissent par s'établir à Berlin, où la jeune femme espère bien oublier cette folle aventure. Ce ne sera pas le cas, évidemment et elle devra payer un prix bien élevé pour son adultère...



C'est le troisième roman réaliste que je devais lire pour l'un de mes cours de Licence, après Nana de Zola et Tess d'Urberville de Thomas Hardy. Une liaison coupable examinée et relatée d'une manière fort différente de l'écrivain français et de l'anglais, plus mélancolique. Détail amusant, Effie lit Nana, à une période où elle fréquente une femme de moeurs un peu plus libres que le reste de son entourage.



Dans ce roman, Fontane insiste particulièrement sur le poids des conventions sociales, le fardeau imposé à une jeune épouse. Effie est très jeune lorsqu'elle épouse le Baron, 17 ans ! Comment reprocher un manque de maturité à une jeune fille de cet âge, à peine sortie de l'enfance (sentiment très bien retranscrit au début du roman, lorsqu'Effi s'amuse avec ses jeunes camarades). Sa liaison n'est peut-être pas excusable pour autant, mais Fontane sait si bien décrire les petites incompréhensions, les déceptions, l'ennui et les angoisses que je serai bien en peine de juger cette pauvre Effie, surtout face à un mari aimant certes, mais souvent distant, inattentif, un peu trop accaparé par sa fonction et un brin paternaliste, toutes choses qui peuvent rebuter une jeune fille.



En fait, le baron se dévoile plus tard, après la disgrâce d'Effi. On s'aperçoit que son bonheur et celui d'Effie comptent moins que les apparences et l'opinion de la société. De plus, sa manière tout à fait méprisable de modeler leur petite fille Annie, qu'Effie ne reverra que très brièvement, rend Innstetten encore plus détestable. Mais il n'est rien d'autre que le reflet de cette noblesse Prussienne, de cette société hypocrite et étouffante que dénonce Fontane.



Cette lecture m'a permis de découvrir cet écrivain Allemand qui m'était, mais alors, complètement inconnu je dois l'avouer. Effi Briest a été écrit en 1894 et a fait l'objet de plusieurs adaptations ciné et tv.
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Effi Briest

Ayant lu il y a peu, une oeuvre majeure de la littérature espagnole du XIXè :"La Régente" de Léopold Alas (dit Clarin), je suis tombée sur ce titre du prussien Theodor Fontane :"Effi Briest" que je viens de terminer.



"Effi Briest" est considéré comme le chef d'oeuvre de Fontane et je suis d'accord.

Car il faut situer cette oeuvre dans le contexte littéraire européen du XIXè: elle s'inscrit dans une série de publications autour de l'adultère féminin, sujet tabou pour l'époque au sein la bourgeoisie où l'homme pouvait mener librement un adultère (c'était même un gage de puissance économique), mais pas la femme.



Ainsi, une série très intéressante de livres a commencé à faire son apparition en Europe avec peut être "Emma Bovary" de Flaubert en premier, publié le 12 avril de 1857. "Anna Karenine" du russe Tolstoi ne fit son apparition que en 1877, dix ans après et ainsi de suite, je ne vais pas les citer tous.



"Effi Briest" fut écrit entre 1889 et 1994, ce serait peut être le dernier livre sur le sujet dans cette série. Je dis bien la série parce que il y a moult similitudes entre ces publications, mais aussi quelques différences bien nettes tenant au lieu de l'action, je pense.

Pour revenir à "Effi Briest", c'est un très beau roman, écrit de façon élégante par un écrivain chevronné qui restera très elliptique(à la façon de Flaubert) pour nous décrire la "chute" d'Effi Briest. Il excelle dans l'art de la causerie élégante, et il me fait penser à Sandor Márai en cela.



Le titre du livre est le nom de l'héroïne (inspiré d'un personnage réel, la baronne Elisabeth von Ardenne), Effi aura un "mariage arrangé" à dix-sept ans avec le baron Geert von Instetten, un haut fonctionnaire prussien et un très beau parti. Très vite la pétulante Effi va s'amouracher du beau commandant von Crampas et va se llier avec lui dans une relation qui va la perdre.

Le mari est un homme de principes et de grande rigueur protestante et il se doit de provoquer en duel l'amant de sa femme, même s'il pense que cela ne sert à rien. C'est la règle de l'époque et de son milieu.

A partir du duel, Effi Briest est mise au bain de la société y compris par ses parents qui ne peuvent plus l'accueillir au sein de la maison familiale.



Il y a dans ce beau roman l'affrontement de la société prussienne et l'émergence d'une société "bismarckienne", plus moderne. L'écrivain Fontane s'érige en accusateur de cette société prussienne qui est la sienne et qui représente toutes les valeurs auxquelles il croit: il le fait de façon satirique et assez elliptique, ce qui ajoute de l'élégance au récit.

Un livre majeur, je comprends qu'il fasse partie du programme des lycéens allemands.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Le comte Petofy

Excellent roman, d'un excellent écrivain, Le comte Petöfy est une histoire tragique comme tant d'autres que les personnages auraient pu éviter. Ils se croient meilleurs qu'ils ne le sont et le paient bien cher.

Le comte, soixante-dix ans, hongrois et catholique dans l'Autriche-Hongrie de la fin du dix-neuvième, épouse une jeune comédienne , sa cadette de bien trop nombreuses années, allemande et protestante. Lui pense qu'il est tout à fait capable, contre un soutien et une distraction dans ses vieilles années, de la voir entourée d'une cour de soupirants. Elle pense que l'affection peut remplacer la passion et qu'elle peut, pour cette même affection, abandonner la vie qu'elle connaît...

Est-il besoin de préciser qu'ils se connaissent bien mal? Les seules à rester fidèles à leurs conviction sont finalement la vieille soeur du comte, et la demoiselle de compagnie de la comédienne, qui toutes d'eux s'inquiètent du drame inévitable mais ne peuvent rien empêcher, malgré toutes leurs mises en garde et leur affection.

Avec une pointe d'humour, des personnages terriblement humains, Théodore Fontante brosse une oeuvre critique envers la vieille noblesse, incapable d'évoluer, envers les amateurs d'art, sans goût et sans profondeur, mais ne verse jamais dans la misanthropie, car son affection pour ces êtres si faillibles transparaît dans chaque ligne.

Un très beau livre.
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Effi Briest

Emma, Anna, Effi. Trois héroïnes en quatre lettres, trois incarnations de la femme adultère... 



Effi Briest n'est pas une petite bourgeoise comme l'héroïne de l'ermite de Croisset. Elle est la fille unique d'une famille d'ancienne - quoique modeste, noblesse du Mecklembourg. Sa vie est, pour elle aussi, d'une paisible monotonie, et son caractère n'est pas moins porté au romanesque que son illustre devancière. Elle se marie, fort jeune, avec un hobereau prussien devenu un haut fonctionnaire embourgeoisé. Ce mari carriériste la délaisse pour le service de Bismarck, la livrant à ses peurs et à son ennui, dans une demeure qu'on dit hantée. La chose n'est pas explicitement décrite, mais la trop sensible Effi se donne, par désœuvrement et sans amour, à un vulgaire homme à femmes, le commandant Crampas. Le mari outragé règle toute l'affaire avec retard et usure, dans l'esprit et le sens de l’honneur dévoyés d'une société prussienne aux mœurs étriquées. 



Effi Briest, classique de la littérature allemande, est le chef-d'œuvre d'un auteur trop peu connu de ce côté-ci du Rhin. Clairement, dans sa traduction, ça n'atteint pas aux sublimités de Madame Bovary.  La description de la vie quotidienne, des particularismes des vainqueurs de Sedan et des paysages de la Prusse n'est pas sans intérêt toutefois. 
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Schach von Wuthenow

Ca se passe en Prusse en 1806, avant la campagne de Prusse (lors des batailles d'Iéna et Auerstedt, l'héritage de Fréderic le Grand, la redoutée armée prussienne, sera quasiment anéantie).

Mais le sujet n'est pas la guerre. Ce qui compte dans ce bref roman, c'est l'état d'esprit. Les meurs, la culture, les salons - avec les aristocrates et les officiers qui s'y réunissent ; les frasques des gradés, les parties de campagne et les causeries. Si vous avez le goût du détail et si vous aimez L Histoire, c'est une lecture pour vous.

Quant à l'intrigue, il vaut mieux ne pas la dévoiler. Il est question d'honneur, de vanité et d'amour ; de beauté et de la perte de la beauté. Cela m'a fait penser à Arthur Schnitzler et à sa nouvelle le Lieutenant Gustel.

Mais Fontane possède son propre ton, à mes yeux très dix-neuvième siècle. Oui, je suis grand fan de Fontane. C'est mon cinquième roman de cet auteur que je viens de découvrir avec délice.



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Le Stechlin

Un roman du XIXe siècle. Il s’articule autour de deux aristocrates. L’un est le gentilhomme terrien von Sechlin, ancré dans la Marche de Brandebourg en Prusse. L’autre est un citadin cosmopolite, un diplomate à la retraite, le comte Barby - il habite à Berlin après un très long séjour à Londres. Il n’y a quasiment pas d’intrigue, pas de conflit, pas de personnage négatif. Sur presque 500 pages se déploie une fresque de société par des innombrables dialogues. Les personnages se rendent visite, partent pour une partie de campagne, se rassemblent pour les élections. Tout le roman est tissé de ces causeries, anecdotes, commérages, bavardages mondaines ou esthétiques, taquineries. Il est souvent empreint d’une légèreté qui fait de ce texte un roman feel-good ; mais c’est aussi un roman choral (multitude de voix). Certaines figures sont satiriques. Pas d’intrigue, mais un fil rouge : Woldemar, le fils du gentilhomme terrien courtise les deux filles de l’aristocrate berlinois ; les spéculations vont bon-train. Laquelle de deux jeunes femmes va-t-il choisir ? La brillante Melusine ou la discrète Armgard ? Autre leitmotiv : l’opposition entre l’ouverture d’esprit et le conservatisme.



Theodor Fontane écrivait pour son public. Il a conçu un roman pour ses lecteurs, qui le découvraient d’abord en feuilleton. Mais l’auteur y a mis aussi beaucoup de lui-même, c’est sa dernière œuvre, il avait 78 ans, c’était peu avant sa mort. J’ai bien aimé deux autres de ses romans : Effi Briest et Madame Jenny Treibel.

Si vous goûtez la causerie, les digressions, l’art de vivre au temps de Bismarck, la courtoisie un peu vieillotte, ce livre est pour vous.

Sur wikisource une présentation complète (Revue de Deux Mondes, 1898) : https://fr.wikisource.org/wiki/Revues_%C3%A9trang%C3%A8res_-_Le_Dernier_roman_de_Th%C3%A9odore_Fontane



Extraits :

Voici le portrait du baron von Stechlin : « Il gardait encore absolument intact l’orgueil commun à tous ceux qui ont conscience ‘d’avoir été là avant les Hohenzollern’ ; mais il refoulait cet orgueil tout au fond de son âme ; et, quand par aventure il l’exprimait au dehors, il s’efforçait du moins de l’envelopper d’ironie. Aussi bien son instinct le portait-il à mettre derrière toute chose un point d’interrogation ».



La description du lac Stechlin apporte une toute petite touche magique : « Tout y est calme, silencieux, endormi. Et cependant, de temps à autre, le lac endormi se réveille. Cela se produit toutes les fois que sur un point quelconque du globe, en Islande, ou à Java, le sol mugit et frémit, ou que les volcans des îles Hawaï lancent dans la mer une pluie de cendres. Alors le Stechlin s’émeut, et un mince filet d’eau jaillit, puis retombe. C’est ce que savent tous ceux qui habitent la région : et, quand ils en parlent, ils ne manquent pas d’ajouter : ‘Oui, le jet d’eau, c’est l’ordinaire, presque le banal : mais lorsque, là-bas, à l’autre bout du monde, se passe quelque chose de grand, comme il y a cent ans à Lisbonne, alors le Stechlin ne se contente pas de fumer et de s’agiter ; alors, au lieu du filet d’eau, on voit jaillir du lac un coq rouge, et de tout le pays on l’entend chanter ! Tel est le lac Stechlin’. »

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Le Stechlin

Passionnant roman sur toutes les classes sociales en Allemagne fin XIXème autour d' une famille attachante. Le quotidien de la vie à travers mille et un dialogues. J'ai beaucoup aimé...
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Errements et tourments

Depuis le temps que je rencontre au hasard de mes lectures le nom de Théodore Fontane, me voilà à pied d'oeuvre.

Errements et tourments :

je suis d'abord frappé par la lenteur de la narration, l'accumulation des détails, parfois pittoresques, sur le quotidien, une forme de réalisme bourgeois, détails toujours signifiants - la lecture progressivement nous en convainc.

Et plutôt qu'un roman réaliste, j'y verrais davantage un roman psychologique, le personnage principal hésitant entre le présent de sa relation avec son épouse et le passé de sa relation avec Lene. le tout dans une approche stoïcienne qui est ici un respect des convenances bourgeoises.

C'est cette ambiguïté qui fait tout le charme de ce roman.
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Errements et tourments - Jours disparus - F..

Helmuth Holk semble avoir tout ce qu'il faut pour être heureux: aisé financièrement, père de deux enfants, le comte a de plus épousé sa femme par amour. Seulement celle ci est sérieuse et pieuse, et à vrai dire incapable de doute, et lui , plus bon vivant, d'un caractère aussi plus faible, commence à trouver cela fatiguant. Pendant un séjour à la cour, l'homme vieillissant tombe sous le charme d'une comtesse plus jeune que lui dont le cynisme et le refus des conventions, la joie de vivre lui semblent rafraîchissant...

Vu que le titre allemand, Unwiederbringlich, se traduit littéralement par Irrévocable, ce n'est pas déflorer l'intrigue que révéler qu'il ne s'agit pas ici d'un gentillet roman d'amour à la fin joyeuse où tous les protagonistes s'en vont bras dessus bras dessous dans le soleil couchant!



Le texte, écrit par celui qui est réputé être le maître du réalisme allemand, a son propre rythme, très lent au début de l'intrigue, avant de subir un coup de fouet dramatique dans les 50 dernières pages, et il peut être parfois un peu déroutant: par exemple, les parties se déroulant à la cour danoise sont parfois tissées de sous-entendus que seules les notes de bas de page, ou le recours assidu à une encyclopédie, permettent à un lecteur français peu au fait de l'époque et de la région, de saisir.



Excellent roman, Jours disparus est une étude de caractère sans concession pour ses protagonistes, pour aucun d'entre eux d'ailleurs, de l'épouse à l'époux adultère en passant par la maîtresse ou les personnages secondaires, et si la mise en place du drame peut sembler un peu longue, c'est sans doute ce qui fait aussi sa richesse, l'étude des ressorts qui vont amener la chute.
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Le Stechlin

Soyons bref : Theodor Fontane est le plus grand romancier allemand du XIXème siècle.

Et le Stechlin son plus grand roman (de ceux que j'ai lu jusqu'ici en tout cas).
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Le Stechlin

Dubslav Von Stechlin est un hobereau de très vieille souche. Sa demeure, une gentilhommière, que les riverains nomment château, porte le nom de ses ancêtres, tout comme le village dans lequel il se trouve, à la frontière du Mecklembourg, situé contre un lac au caractère singulier, qui lui aussi, est baptisé du patronyme du seigneur de l'endroit. Commandant en retraite, le conte est un aristocrate d'observance point trop étroite, humain, ne dédaignant pas l'humour, ouvert aux joutes oratoires, sans pour autant être prêt à laisser le champ libre aux libéraux et à la social-démocratie qui trouve les faveurs du petit peuple, à telle enseigne que les gens de qualité du voisinage l'ont désigné pour être candidat conservateur et les représenter au Bundestag. Depuis son veuvage et alors que son fils unique, en bon prussien, a suivi la carrière des armes, l'homme vit un peu retiré, n'ayant pour toute famille qu'une sœur de dix ans son aînée, prieure d'une communauté à Wutz, fort réactionnaire dans ses propos et qu'il craint. C'est pourquoi chaque visite lui est une fête, il s'attache en conséquence à faire montre de la plus grande urbanité avec les personnes qui lui font le plaisir de leur présence.



Chantre d'une Prusse aujourd'hui disparue, Théodore Fontaine, dont Thomas Mann se proclama l'émule, incarne par ses romans, les usages et les valeurs, les paysages et les gens de cet ancien état européen intégré à l'Empire allemand après la guerre de 1870.  Deux écoles s'affrontent, qui affirment que son chef-d'œuvre est, pour les premiers, Effi Briest et pour les autres le roman que voici. Nous nous joignons au camp de ces derniers, tant le Stechlin est un roman à la lecture agréable, l'art de la conversation y étant porté à un degré rarement atteint dans un roman allemand. On y parle de politique, d'art, de religion et de l'actualité d'alors. Le tout est magistralement broché avec un humour léger, teinté d'ironie, qui démarque résolument le Stechlin de l'aridité assez pesante rencontrée dans Effi Briest. 
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cecile

Quel honneur et quel défi, être le premier contributeur à recenser ce livre… Mais comment est-ce possible? Un si beau roman, publié dans une collection si répandue… Il y a quelque chose de fatal avec Fontane: bien qu'il soit l'un des plus grands écrivains de son temps – encore récemment fêté en Allemagne à l'occasion des deux cents ans de sa naissance –, les pays francophones ne l'ont jamais vraiment adopté. C'est bien dommage, car à côté d'un Flaubert, d'un James (jeune), d'un Maupassant, il est aussi l'un des grands auteurs réalistes, et il nous fait pénétrer comme nul autre dans la Prusse des dernières décennies du XIXe siècle.

« Cécile » est un roman très représentatif de sa production: l'histoire d'une femme appartenant à la haute société prussienne, réfugiée dans un mariage de convention pour échapper au destin que lui réservait une histoire de jeunesse peu avouable, mais prisonnière pour cela même dans son mariage et les conventions de la société qui l'entoure. Dans une villégiature prisée des bourgeois de la capitale, puis à Berlin où elle habite, elle espérera s'évader de sa vie privilégiée mais étouffante grâce à une idylle, si furtive soit-elle. Je n'en dis pas plus.

Fontane applique à cette matière somme toute banale un traitement magistral. Il développe tranquillement mais sûrement son histoire en campant ses personnages dans plusieurs longs chapitres décrivant avec finesse la vie du microcosme qu'il étudie: parties de campagne et table d'hôtes réunissant des vacanciers du meilleur monde, réceptions dans la bonne société berlinoise… Les nombreux dialogues servent à caractériser les personnages, et beaucoup de choses se passent « entre les lignes », sans que le narrateur raconte beaucoup à proprement parler; la dureté et la violence cachée du code régissant ce monde n'en sont que plus fortement mises en évidence. Le style apparemment distant et ironique, typique de Fontane, cache une empathie totale pour le destin de Cécile.

Si l'on a aimé "Cécile", il faut lire "Effi Briest", – le roman le plus célèbre de Fontane –, mais aussi "Madame Jenny Treibel", "Stine", "Errements et Tourments" (dans le volume Bouquins consacré à cet auteur) ou encore "L'Adultera": autant de portraits de femmes absolument brillants.

Amie lectrice, ami lecteur, si tu m'as suivi jusqu'ici et que tu lis ce livre, donne-moi ton opinion!
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Madame Jenny Treibel

Pourquoi Fontane, auteur très aimé outre-Rhin, est-il si peu lu par nous autres francophones? L'Allemagne, ou les pays germanophones - avec toute leur variété de paysages et d'ambiances, avec leurs « climats » déterminés par l'histoire complexe de chaque morceau de terre germanique - semblent moins attirer en France que les landes anglaises tourmentées ou la grande plaine américaine. Moi, j'aime voyager partout à travers la littérature, et je recommande chaudement Fontane, peintre sans égal de la Prusse avant la Première Guerre mondiale, qui vous emmène, dans ce roman, dans le Berlin de l'empereur Guillaume, capitale encore un peu provinciale de l'immense empire allemand.

« Madame Jenny Treibel » raconte le chemin sinueux de deux fiançailles parallèles dans deux familles de la bourgeoisie berlinoise, l'une aisée (des industriels), l'autre plus à l'étroit financièrement,

mais plus éclairée (des intellectuels). L'auteur procède en juxtaposant de vastes tableaux de genre: une grande réception dans la villa prétentieuse des riches industriels, une partie de campagne, un repas entre amis savants chez un brave professeur au gymnase, des scènes de la vie familiale… Trois êtres jeunes et donc inexpérimentés - une jeune fille, deux jeunes hommes - y apprendront beaucoup sur les règles de la société: ce qu'elle autorise et n'autorise pas, l'hypocrisie et la bassesse des uns, la hauteur d'âme et la générosité des autres… Ils apprendront beaucoup sur eux-mêmes aussi.

La comédie sociale que raconte ici Fontane n'a rien à envier à certaines oeuvres de Henry James ou d'Edith Wharton: même intérêt pour la destinée et la condition des femmes, même sens de l'ellipse et du non-dit, même virtuosité dans les dialogues, même humour ravageur quoique subtil. Mais le cadre est différent, il change d'autres contextes qui nous sont plus familiers. D'où un intérêt supplémentaire… et, au bout du compte, un régal!

Si vous lisez et aimez « Madame Jenny Treibel » - et avez déjà lu « Effi Briest » -, je recommande « Errements et Tourments » (paru dans le volume Fontane chez Bouquins, ou séparément sous le titre « Dédales »), moins satirique que le premier mais d'un pinceau plus délicat et pour moi encore plus attachant.
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Effi Briest

C'est l'histoire d'une femme adultère. Oui et non.

En réalité, c'est toute la Prusse étriquée dans ses principes qui se dévoile à travers le destin tragique de cette gamine mariée à peine sortie de l'adolescente.

Grand classique de la littérature allemande, c'est un grand livre. Le début, notamment toute la partie sur l'acclimatation de la jeune fille dans sa nouvelle demeure/vie, est un peu long, mais la suite est très prenante.
Lien : https://tomtomlatomate.wordp..
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Effi Briest

Toujours dans un but d'écoulement de ma "pile à lire" et de ma collection des romans éternels, je découvre Theodor Fontane avec ce livre éponyme : Effi Briest.



Effi Briest est une jolie jeune fille qui mène une vie paisible à la fin du XVIIIème siècle à Hohen-Cremmen, dans un petit canton en Prusse. Le baron Geert von Innstetten, un peu ennuyant mais ayant une bonne situation, et surtout, beaucoup plus âgé qu'elle, va lui demander sa main. Ses parents sont enthousiastes, Effi plutôt réaliste et résignée. Elle va alors accepter et le suivre à Kessin.



Petit à petit, l'ennui et le manque de passion avec son mari seront un parfait mélange pour l'amener à commettre un adultère.

[Masquer] Cet adultère, qu'elle va commettre avec un officier de son village, s'arrêtera rapidement. Avec son enfant et le temps qui s'écoule, tout aurait pu s'arrêter là si son mari n'avait pas découvert leur correspondance, des années plus tard. Ce dernier cherchera alors à couvrir son déshonneur. Ses parents vont alors la renier pendant plusieurs années de sa vie et elle aura interdiction de revoir sa fille. Elle se retrouvera alors presque seule et quasi désargentée. [/masquer].



Theodor Fontane est considéré comme l'un des piliers de la littérature réaliste, à l'instar de Flaubert avec Madame Bovary où il est également question d'une femme adultère. Effi Briest est son dernier roman, et est également considéré comme étant le plus abouti.



J'avoue avoir eu du mal avec l'histoire et l'écriture, c'était bien parti et je me suis finalement plutôt ennuyée. Cependant, j'aime beaucoup découvrir ce type de roman réaliste qui date d'une époque révolue, pour comparer avec notre société actuelle. Les mœurs ont énormément évolué et la place de la femme dans la société également.
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Effi Briest

Comment expliquer que cet auteur si célèbre en Allemagne, dont la notoriété n'y a jamais faibli depuis la fin du XIX° siècle, soit aussi peu connu en France?

J'ai pour ma part découvert "Effi Briest" dans une librairie en Allemagne, où ce roman était mis bien en évidence.

Et j'ai lu avec passion ce livre qui met en scène une jeune femme mariée avec un haut fonctionnaire plus âgé, qui se laisse aller à fauter par ennui, sans réelle passion et sans persister très longtemps dans l'adultère. La pesanteur des contraintes du milieu de la bourgeoisie Prussiennes, magnifiquement décrite par l'auteur, conduit le mari, qui découvre par hasard, bien plus tard, des traces de cette aventure ancienne, un peu malgré lui, à répudier brutalement sa femme, interdite de tout contact désormais avec sa fille.

C'est une autre forme du "malgré lui, malgré elle" de Titus.

L'extraordinaire talent de Fontane réussit à nous faire ressentir, presque comme si nous vivions nous même ce drame, la manière dont Effi Briest intègre comme naturelles ces pesanteurs sociales, au point de trouver justifié tout ce qui lui est imposé, même la séparation totale d'avec son enfant, qui lui est si douloureuse.

On peut préférer, s'il fallait faire des comparaisons, Zola, ou Flaubert (ce serait alors mon cas) mais Fontane nous offre une vision de la société dont on ne retrouve pas l'équivalent dans la littérature française.

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