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Citations de Théodore Agrippa d` Aubigné (90)


Théodore Agrippa d' Aubigné
Au tribunal d’amour, après mon dernier jour

Au tribunal d’amour, après mon dernier jour,
Mon coeur sera porté diffamé de brûlures,
Il sera exposé, on verra ses blessures,
Pour connaître qui fit un si étrange tour,

A la face et aux yeux de la Céleste Cour
Où se prennent les mains innocentes ou pures ;
Il saignera sur toi, et complaignant d’injures
Il demandera justice au juge aveugle Amour :

Tu diras : C’est Vénus qui l’a fait par ses ruses,
Ou bien Amour, son fils : en vain telles excuses !
N’accuse point Vénus de ses mortels brandons,

Car tu les as fournis de mèches et flammèches,
Et pour les coups de trait qu’on donne aux Cupidons
Tes yeux en sont les arcs, et tes regards les flèches.
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On dit qu'il faut couler les exécrables choses
Dans le puits de l'oubli et au sépulcre encloses,
Et que par les écrits le mal ressuscité
Infectera les moeurs de la postérité ;
Mais le vice n'a point pour mère la science,
Et la vertu n'est pas fille de l'ignorance.
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Va Livre, tu n’es que trop beau
Pour être né dans le tombeau
Duquel mon exil te délivre;
Seul pour nous deux je veux périr :
Commence, mon enfant, à vivre,
Quand ton père s’en va mourir.

Encore vivrai-je par toi,
Mon fils, comme tu vis par moi,

1795 - [p. 35, L'auteur à son livre]
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Théodore Agrippa d' Aubigné
Une rose d'automne est plus qu'une autre exquise.
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Le secret plus obscur en l’obscur des esprits,
Puis que de ton amour mon ame est eschauffée,
Jalouze de ton nom, ma poictrine, embrazée
De ton feu pur, repurge aussy de mêmes feux
Le vice naturel de mon cœur vitieux ;
De ce zele tres-sainct rebrusle-moy encore,
Si que (tout consommé au feu qui me devore,
N’estant serf de ton ire, en ire transporté
Sans passion) je sois propre à ta vérité.
Ailleurs qu’à te loüer ne soit abandonnée
La plume que je tiens, puis que tu l’as donnée.

Je n’escry plus les feux d’un amour inconneu ;

Mais, par l’affliction plus sage devenu,
J’entreprens bien plus haut, car j’apprens à ma plume
Un autre feu, auquel la France se consume.
Ces ruisselets d’argent que les Grecs nous feignoient,
Où leurs poëtes vains beuvoient et se baignoient,
Ne courent plus icy ; mais les ondes si claires,
Qui eurent les saphyrs et les perles contraires,
Sont rouges de nos morts ; le doux bruit de leurs flots,
Leur murmure plaisant, hurte contre des os.
Telle est, en escrivant, non ma commune image ;
Autre fureur qu’amour reluit en mon visage.
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Théodore Agrippa d' Aubigné
Complainte à sa dame
Stances
  
  
  
  
Ne lisez pas ces vers, si mieux vous n’aimez lire
Les écrits de mon cœur, les feux de mon martyre :
Non, ne les lisez pas, mais regardez aux Cieux,
Voyez comme ils ont joint leurs larmes à mes larmes,
Oyez comme les vents pour moi lèvent les armes,
À ce sacré papier ne refusez vos yeux.

Boute feux dont l’ardeur incessamment me tue,
Plus n’est ma triste voix digne y être entendue :
Amours, venez crier de vos piteuses voix
Ô amours éperdus, causes de ma folie,
Ô enfants insensés, prodigues de ma vie,
Tordez vos petits bras, mordez vos petits doigts.

Vous accusez mon feu, vous en êtes l’amorce,
Vous m’accusez d’effort, et je n’ai point de force,
Vous vous plaignez de moi, et de vous je me plains,
Vous accusez la main, et le cœur lui commande,
L’amour plus grand au cœur ; et vous encor plus grande,
Commandez à l’amour ; et au cœur et aux mains.

Mon péché fut la cause, et non pas l’entreprendre ;
Vaincu, j’ai voulu vaincre, et pris j’ai voulu prendre.
Telle fut la fureur de Scevole Romain :
Il mit la main au feu qui faillit à l’ouvrage,
Brave en son désespoir; et plus brave en sa rage,
Brûlait bien plus son cœur qu’il ne brûlait sa main.
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« Quand la plaie noircit, et sans mesure croist,

Quand premier à noz yeux la gangrene paroist :

Ne vaut il pas bien mieux d’un membre se desfaire »
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LXXVI



Le jardinier curieux de ses fleurs,
  De jour en jour beant leur accroissance
  Ardent les voit, et les espie, et pense
  Qu'elles ont trop encoffré leurs couleurs.
Mais, lors qu'au liet il endort ses labeurs,
  Son jardin fait, ce semble, en son absence
  Plus de profit que quand, par sa présence,
  Il amusoit des herbes les vigueurs.
J'en suis ainsi m'esloignant de mon feu :
  Je l'ay trouvé en mon repos accreu.
  Comme il est né s'accroissant de paresse
Sans moy, sur moy, il monstre ses effortz,
  Il me poursuit lors que je le delaisse,
  C'est un malheur qui veille quand je dors.
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Le Printemps


Déjà la terre avait avorté la verdure
Par les sillons courbés, lors qu’un fâcheux hiver
Dissipe les beautés, et à son arriver
S’accorde en s’opposant au vouloir de nature,

Car le froid ennuyeux que le blé vert endure,
Et le neige qui veut en son sein le couver,
S’oppose à son plaisir afin de le sauver,
Et pour, en le sauvant, lui donner nourriture.

Les espoirs de l’amour sont les blés verdissants,
Le dédain, les courroux sont frimas blanchissants.
Comme du temps fâcheux s’éclôt un plus beau jour,

Sous l’ombre du refus la grâce se réserve,
La beauté du printemps sous le froid se conserve,
L’ire des amoureux est reprise d’amour.

(Hécatombe à Diane)
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Sous un œil languissant et pleurant à demi,
Sous un humble maintien, sous une douce face,
Tu cache un faux regard, un éclair de menace,
Un port enorgueilli, un visage ennemi.

Tu as de la douceur, mais il y a parmi
Les six parts de poison ; dessous ta bonne grâce,
Un dédain outrageux à tous coups trouve place.
Tu aimes l’adversaire et tu hais ton ami,

Tu fais de l’assurée et tu vis d’inconstance,
Ton ris sent le dépit. Somme, ta contenance
Est semblable à la mer qui cache tout ainsi

Sous un marbre riant les écueils, le désastre,
Les vents, les flots, les morts. Ainsi fait la marâtre
Qui déguise de miel l’aconite noirci.
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Quand Jodelle arriva soufflant encor sa peine,
Le front plein de sueur des restes de la mort,
Quand dis-je, il eut atteint l’Achérontide bord,
Attendant le bateau, il reprit son haleine.

Il trouva l’Achéron plus plaisant que la Seine,
L’Enfer plus que Paris : aussi l’air de ce port,
Quoiqu’il fût plus obscur, ne lui puait si fort
Que lui faisait çà-haut une vie incertaine.

Le Passager le prend au creux de son bateau,
Et Jodelle étonné disait en passant l’eau :
Pourrais-je me noyer, qu’encor un coup je meure.

Pour profiter autant à mon second trépas
Que j’ai fait au premier ; mais il ne pouvait pas
Augmenter son bonheur pour changer de demeure.
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Diane, ta coutume est de tout déchirer,
Enflammer, débriser, ruiner, mettre en pièces,
Entreprises, desseins, espérances, finesses,
Changeant en désespoir ce qui fait espérer.
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Je veux peindre la France une mère affligée
Qui est entre ses bras de deux enfants chargée,
Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups
D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
Dont nature donnait à son besson l'usage;
Ce voleur acharné, cet Esau malheureux
Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux,
Si que, pour arracher à son frère la vie,
Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie.
Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui,
Ayant dompté longtemps en son coeur son ennui,
À la fin se défend, et sa juste colère
Rend à l'autre un combat dont le champ est la mère.,
Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris,
Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble
Leur conflit se rallume et fait si furieux
Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux.
Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte,
Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte;
Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants,
Qui, ainsi que du coeur, des mains se vont cherchant.
Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle
Celui qui a le droit et la juste querelle,
Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las
Viole en poursuivant l'asile de ses bras.
Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine;
Puis, aux derniers abois de sa proche ruine,
Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté
Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté;
Or vivez de venin, sanglante géniture,
Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture. »
(Misères, v. 97 et suiv.)

Si quelqu’un me reprend que mes vers échauffés

Ne sont rien que de meurtre et de sang étoffés,

Qu’on n’y lit que fureur, que massacre, que rage,

Qu’horreur, malheur, poison, trahison et carnage,

Je lui réponds : ami, ces mots que tu reprends

Sont les vocables d’art de ce que j’entreprends »
(Princes, v. 59 et suiv.).


Ne chante que de Dieu, n’oubliant que lui-même
T’a retiré : voilà ton corps sanglant et blême
Recueilli à Talcy, sur une table, seul,

A qui on a donné pour suaire un linceul. [...]
Ta main m’a délivré, je te sacre la mienne
(Fers, v. 1425 et suiv.)

Mais quoi ! c'est trop chanté, il faut tourner les yeux 
Éblouis de rayons dans le chemin des cieux. 
C'est fait, Dieu vient régner, de toute prophétie 
Se voit la période à ce point accomplie. 
La terre ouvre son sein, du ventre des tombeaux 
Naissent des enterrés les visages nouveaux : 
Du pré, du bois, du champ, presque de toutes places 
Sortent les corps nouveaux et les nouvelles faces. 
Ici les fondements des châteaux rehaussés 
Par les ressuscitants promptement sont percés ; 
Ici un arbre sent des bras de sa racine 
Grouiller un chef vivant, sortir une poitrine ; 
Là l'eau trouble bouillonne, et puis s'éparpillant 
Sent en soi des cheveux et un chef s'éveillant. 
Comme un nageur venant du profond de son plonge, 
Tous sortent de la mort comme l'on sort d'un songe. 
Les corps par les tyrans autrefois déchirés 
Se sont en un moment en leurs corps asserrés, 
Bien qu'un bras ait vogué par la mer écumeuse 
De l'Afrique brûlée en Tylé froiduleuse. 
Les cendres des brûlés volent de toutes parts ; 
Les brins plus tôt unis qu'ils ne furent épars 
Viennent à leur poteau, en cette heureuse place 
Riants au ciel riant d'une agréable audace.
(Jugement, v. 661 et suiv.)

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Leur souper s'entretient de leurs ordes amours,
Les maquereaux enflés y vantent leurs beaux tours;
Le vice, possédant pour échafaud leur table,
Y déchire à plaisir la vertu désirable.
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Vous qui avez donné ce sujet à ma plume,
Vous-même qui avez porté sur mon enclume
Ce foudre rougissant acéré de fureur,
Lisez-le: vous aurez horreur de votre horreur!
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(Stances)

A l'éclair violent de ta face divine,
N'étant qu'homme mortel, ta céleste beauté
Me fit goûter la mort, la mort et la ruine
Pour de nouveau venir à l'immortalité.

Ton feu divin brûla mon essence mortelle,
Ton céleste m'éprit et me ravit aux Cieux,
Ton âme était divine et la mienne fut telle :
Déesse, tu me mis au rang des autres dieux.

Ma bouche osa toucher la bouche cramoisie
Pour cueillir, sans la mort, l'immortelle beauté,
J'ai vécu de nectar, j'ai sucé l'ambroisie,
Savourant le plus doux de la divinité.

Aux yeux des Dieux jaloux, remplis de frénésie,
J'ai des autels fumants comme les autres dieux,
Et pour moi, Dieu secret, rougit la jalousie
Quand mon astre inconnu a déguisé les Cieux.

Même un Dieu contrefait, refusé de la bouche,
Venge à coups de marteaux son impuissant courroux,
Tandis que j'ai cueilli le baiser et la couche
Et le cinquième fruit du nectar le plus doux.

Ces humains aveuglés envieux me font guerre,
Dressant contre le ciel l'échelle, ils ont monté,
Mais de mon paradis je méprise leur terre
Et le ciel ne m'est rien au prix de ta beauté.
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Rien ne noircit si tôt le ciel serein et beau
Que l'haleine et que l'œil d'un transi maquereau.
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Théodore Agrippa d' Aubigné
A l’éclair violent de ta face divine

A l’éclair violent de ta face divine,
N’étant qu’homme mortel, ta céleste beauté
Me fit goûter la mort, la mort et la ruine
Pour de nouveau venir à l’immortalité.

Ton feu divin brûla mon essence mortelle,
Ton céleste m’éprit et me ravit aux Cieux,
Ton âme était divine et la mienne fut telle :
Déesse, tu me mis au rang des autres dieux.

Ma bouche osa toucher la bouche cramoisie
Pour cueillir, sans la mort, l’immortelle beauté,
J’ai vécu de nectar, j’ai sucé l’ambroisie,
Savourant le plus doux de la divinité.

Aux yeux des Dieux jaloux, remplis de frénésie,
J’ai des autels fumants comme les autres dieux,
Et pour moi, Dieu secret, rougit la jalousie
Quand mon astre inconnu a déguisé les Cieux.

Même un Dieu contrefait, refusé de la bouche,
Venge à coups de marteaux son impuissant courroux,
Tandis que j’ai cueilli le baiser et la couche
Et le cinquième fruit du nectar le plus doux.

Ces humains aveuglés envieux me font guerre,
Dressant contre le ciel l’échelle, ils ont monté,
Mais de mon paradis je méprise leur terre
Et le ciel ne m’est rien au prix de ta beauté.
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J'appelle Dieu pour juge, et tout haut je déteste
Les violeurs de paix, les perfides parfaits,
Qui d'une sale cause amènent tels effets :
Là je vis étonnés les cœurs impitoyables,
Je vis tomber l'effroi dessus les effroyables.
Quel œil sec eût pu voir les membres mi-mangés
De ceux qui par la faim étaient morts enragés ?
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Sonnet XLII.
  
  
  
  
Auprès de ce beau teint, le lys en noir se change,
Le lait est basané auprès de ce beau teint,
Du cygne la blancheur auprès de vous s’éteint,
Et celle du papier où est votre louange.

Sucre est blanc, et lorsqu’en la bouche on le range
Le goût plaît, comme fait le lustre qui le peint.
Plus blanc est l’arsenic, mais c’est un lustre feint,
Car c’est mort, c’est poison à celui qui le mange.

Votre blanc en plaisir teint ma rouge douleur,
Soyez douce du goût, comme belle en couleur,
Que mon espoir ne soit démenti par l’épreuve,

Votre blanc ne soit point d’aconite noirci,
Car ce sera ma mort, belle, si je vous trouve
Aussi blanche que neige, et froide tout ainsi.
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