Les mots subliminal (sub limen ; unter der Schwelle ; sous le seuil) et subconscient, ou sous-conscient, sont pratiquement synonymes et désignent les phénomènes et processus qu’on a quelque raison de croire conscients, bien qu’ils soient ignorés du sujet parce qu’ils ont lieu pour ainsi dire au-dessous du niveau de sa conscience ordinaire. La question reste naturellement ouverte de savoir si et jusqu’à quel point, dans chaque cas particulier, ces processus cachés sont vraiment accompagnés de conscience ou se réduisent au pur mécanisme de la « cérébration inconsciente », auquel cas l’expression « conscience subliminale » ne peut plus leur être appliquée que métaphoriquement, ce qui n’est point une raison pour la bannir.
À médium se rattachent médianimique, médianimisme, qui suggèrent encore plus fortement cette idée d’âmes intermédiaires (media anima) ayant la faculté d’entrer en rapport avec les habitants de l’autre monde ; et médiumnité, médiumnisme, etc., qui conservent jusque dans leur n un visage étymologique de cette même doctrine. Il m’a paru préférable, puisque je prenais le mot de médium en le dépouillant de son sens dogmatique, d’en former directement (c’est-à-dire sans l’introduction de cette n grosse de sous-entendus spirites) les dérivés médiumique, médiumité, etc., à l’exemple des Allemands qui emploient déjà Mediumit-ät. Cela n’exclut pas d’ailleurs l’usage occasionnel de médianimique, médiumnité, etc., lorsqu’on tient à évoquer spécialement le souvenir des théories spirites.
Il est sans doute possible que tout événement matériel ait une doublure mentale; mais qu'en savons-nous, et quel gain nos sciences retireraient-elles d'une pareille supposition? Nous ne pouvons, passez-moi l'expression, nous mettre dans la peau d'un arbre, d'une pierre qui tombe, de ce candélabre, pas même dans celle de nos semblables pour constater s'ils éprouvent quelque chose, s'ils sont le théâtre d'événements psychiques à un degré quelconque.
C'est qu'en effet la science, en nous enseignant les rapports exacts des faits, nous laisse dans l'ignorance de leur nature interne, de leur cause dernière. Elle se meut dans le relatif; l'absolu lui échappe quel que soit le nom qu'on lui donne, Dieu, Substance ou Force, pour le savoir positif il est et restera l'Inconnaissable. Or l'esprit humain, poursuivi du désir de comprendre l'essence des choses et de posséder le mut de l'énigme universelle, ne renonce pas aisément à son rêve chaque progrès de la connaissance, chaque découverte, lui semble d'abord un pas vers le but, une trouée dans le voile de l'impénétrable, et quand il s'aperçoit qu'il n'en est rien, c'est toujours une nouvelle déception.
On peut dire en résumé que le principe de parallélisme, fondement de la Psychologie expérimentale, suppose sous tout phénomène de conscience un corrélatif physiologique, parce que la psychologie, pour devenir une science positive, doit devenir autant que possible physiologique.
Mais il ne suppose point que tout phénomène physiologique ait un corrélatif psychique, parce que la Physiologie, elle, n'est aucunement tenue, ni même intéressée, à devenir psychologique. Son progrès consiste bien au contraire à se rapprocher des sciences physico-chimiques ; et son idéal, comme celui de ces dernières, serait de n'être plus en définitive qu'une branche de la mécanique.
Par exemple, lorsqu'un voyage dans la Caroline du Nord lui fait traverser une région de défrichement où la forêt naturelle se trouve abominablement massacrée pour faire place aux misérables enclos des colons, James se reproche son premier sentiment de répulsion à ce désolant spectacle : il s'accuse de n'avoir pas su d'emblée deviner, par un élan d'imagination sympathique, tout ce que ces choses, si dépouillées de beauté à son point de vue de touriste, représentent pour leurs propriétaires de labeur obstiné et de vicissitudes traversées, de sécurité gagnée à la sueur de leur front pour eux et leur famille, de victoires remportées sur l'élément...
Cette même fibre d'artiste, cette délicatesse de sentiment, grâce à laquelle James, tout en analysant ses états intérieurs, savait respecter le cachet et
l'irréductible singularité de chacun, lui permit également de plonger dans la conscience d'autrui bien mieux que la plupart des psychologues n'y réussissent d'ordinaire. Par une sorte de divination immédiate ou d'intuition sympathique vraiment admirable, il pénétrait, sans les déflorer, dans les âmes les plus différentes de la sienne, pour y éprouver presque directement leur façon spéciale de vibrer au contact des choses.
En bonne logique, nous devrions commencer par nous entendre sur le sens exact du mot Métaphysique que j'ai déjà. prononcé à diverses reprises sans le définir. Mais cela risquerait de nous entraîner fort loin, et mieux vaut nous contenter ici de la notion plus ou moins approchée que nous en possédons tous. Chacun connaît d'ailleurs la seule définition de ce terme qui ait eu le privilège de mettre tout le monde d'accord (sauf peut-être les métaphysiciens) « La métaphysique, c'est quand ceux qui écoutent ne comprennent rien, et que celui qui parle ne s'entend pas lui-même. »
Si nous avions pour les médiums, comme pour les plantes, une classification naturelle déjà établie, nous n'aurions, pour clarifier notre dossier, qu'à le répartir entre ces cases toutes faites et à constater celles qui restent vident et celles qui garnissent le mieux. Les médiums, comme tels, se différencient par leurs facultés médianimiques, et comme une faculté n'est que la tendance permanente, la disposition habituelle, à présenter des phénomènes observables d'un certain genre, c'est sur l'étude des phénomènes médianimiques que se base en définitive celle des médiums.
Examiné de près, le principe qui sert de base à la psychologie moderne se trouve ainsi, comme Janus, présenter deux faces opposées, dont l'une, regardant vers l'avenir, sourit à la science, tandis que l'autre, tournée vers le passé, montre les dents à la métaphysique. Et ce sont, vous vous en souvenez, ces deux tendances, ce double aspect du principe qui domine les recherches psychologiques actuelles, que je me suis proposé de mettre en lumière dans ces conférences.