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3.64/5 (sur 275 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Boulogne-Billancourt , le 21/12/1978
Biographie :

Né en 1978, Thibault de Montaigu est écrivain. Diplômé de l'Institut d'études politiques et du Centre de formation des journialistes, il a publié, aux éditions Fayard, Les Anges brûlent (2003) et Un jeune homme triste (2007).
Depuis janvier 2018, il est rédacteur en chef du magazine L'Officiel Voyage.

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Thibault de Montaigu - La Grâce


Citations et extraits (73) Voir plus Ajouter une citation
Christian, de toute évidence, songe à sa propre histoire quand il évoque ces deux grandes figures de la chrétienté. Charles de Foucauld d'abord, dont la vie rappelle tant la sienne. Descendant d'une vieille famille de la noblesse française, élève mediocre, viré de chez les Jésuites, grand amateur de cigares, de vins rares et de foie gras aux truffes qu'il dévorait à la cuillère - ce qui lui vaudra d'être surnommé «le porc» par ses condisciples de l'école de cavalerie de Saumur -, ramassant les tapineuses du Quartier rouge ou faisant venir des demi-mondaines en train depuis Paris, mis régulièrement aux arrêts, sorti bon dernier de sa promotion, incapable de choisir aucune carrière, s'aventurant dans une expédition de deux ans au Maroc, puis sombrant à son retour à Paris dans la neurasthénie avant de vivre, dans un confessionnal de l'église Saint-Augustin, un retournement spectaculaire qui l'amènera à suivre le chemin du Christ, en Judée, en Syrie, puis aux confins du désert d'Algérie où il mourra en martyr de la foi. Mais plus éclairant encore est l'exemple de saint François. Parce que c'est lui dont Christian décidera de suivre le chemin.
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Le paradis, pas besoin d'aller le chercher dans l'au-delà. Le paradis, il est sur terre à présent. Chacun veut être l'unique artisan de son bonheur ici-bas. Lourde tâche. À partir de 68, la courbe des dépressions explose. Les cachets remplacent les hosties. On ne veut plus d'espérance, mais des résultats. Non que les jeunes soient plus malheureux qu'avant, c'est qu'ils trouvent toujours plus heureux qu'eux-mêmes, et c'est ce qui les ronge.
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Pour François, ce fut le lépreux. Pour Christian, une épiphanie. Mais, pour d'autres, ce fut une musique, une lecture, un geste, un aveu qui les a éblouis et leur a donné à voir Dieu, là où ils ne voyaient rien jusqu’alors. Saint Augustin, Pascal, Charles de Foucauld, Verlaine, Claudel, Péguy, Simone Weil : tant d'exemples de conversions aussi brutales qu'inexplicables, tant de retournements qui attestent l'impossible dans un monde ne postulant que le possible. Hélas, les mots des convertis semblent toujours trop courts à rendre l'éternité de cet instant-là. D'où surgit cette fulgurance ? Pourquoi à ce moment-là ?
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Je me suis assis avec Tadzio toujours agrippé à mon cou pour l'écouter, et soudain je me suis souvenu de cette phrase de Julien Green où il dit que la grâce est comme un accord parfait au piano, et le péché cette distraction qui soudain nous fait sonner faux. Le pêché qui n'est pas la faute, qui n'est pas la tache, mais le fait tout simplement de tomber à côté. De manquer la note juste. Et combien de fois dans la vie on tombe à côté, et combien de fois dans la vie on ne fait pas attention et l'on commence à jouer de travers. Mais aucune de ces fausses notes n'est grave si l'on sait. Si l'on en revient au visage tendre et sérieux de l'enfant sous les traits duquel, à chaque instant, la grâce attend de surgir.
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Saint François a voulu que ses frères soient pauvres car la richesse sépare des autres. Elle laisse croire qu'on peut être à l'abri du sort. Qu'on peut tenir à distance la souffrance du monde. Mais ce n'est pas vivre en pauvre qui compte, c'est regarder le monde à travers leurs yeux. C'est accepter de dépendre les uns des autres. La fortune, le pouvoir, la beauté : tout passe. Tout peut nous être enlevé du jour au lendemain. La seule chose que l'on possède vraiment, c'est le don de soi-même.
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Christian explique que Dieu nous prend toujours tels que nous sommes, avec nos manques, nos histoires, nos déviances. Puis il ajoute : «Les grands saints sont ceux qui ont accepté ce qu'ils étaient, qui ont suivi des chemins de conversion, qui ont pu faire apparaître des qualités, des talents autrement, et qui même ont pu retourner des défauts pour en faire des dons aux autres. C'est là aussi un signe de résurrection.» Alors Michel Pilorgé lui demande d'expliciter sa pensée, et Christian répond : «Pour Charles de Foucauld, on a essayé de gommer, mais on n'y est pas arrivé. Pour saint François, on a essayé de gommer, on n'y est pas arrivé ; on n'a pas pu cacher qu'ils étaient fêtards, qu'ils aimaient la vie, l'argent, et que c'est justement cette énergie-là qui s'est transformée pour aller vers les pauvres et pour mettre les hommes debout. »
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D'après Péguy, des trois vertus théologales - la foi, l'espérance et la charité -, c'était la deuxième la plus difficile à trouver, mais aussi la plus miraculeuse. La foi va de soi: il suffit de savoir regarder le monde qui nous entoure, des étoiles qui ensablent le ciel aux abîmes obscurs des océans, de la tempête qui fait bondir les vagues à la minuscule procession des fourmis rampant dans la terre. La charité va de soi: il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas tendre la main à ceux qui sont dans la détresse, pour ne pas éprouver de la compassion à la vue des malheureux et ne pas tenter de leur venir en aide. Mais l'espérance... Voilà qui est étonnant, voilà qui dépasse l'entendement. Être témoin de toutes les épreuves et de toutes les catastrophes qui ébranlent le monde et croire tout de même que demain tout ira mieux. Croire, même au plus profond de l'inquiétude, que le jour qui se lève sera meilleur que le précédent. Et renoncer à la plus grande et à la plus commune des tentations qui est celle de désespérer. Mais comment la trouver, cette flamme vacillante, cette maigre lueur? Comment ne pas sentir son cœur moisir de rancœur et de découragement au fil des deuils et des désillusions?
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Servir. Être un esclave. Retrouver la sainte obéissance. Voilà ce à quoi il aspire désormais. La liberté n'est pas faire ce que l'on désire, mais désirer ce que l'on est en train de faire. Comment a-t-il pu s'aveugler à ce point ? Il s'est cru un destin ; il s'est rêvé en saint François; il a échoué, victime une nouvelle fois de cette maladie d'orgueil contractée dans son enfance. Car entrer dans les ordres, devenir provincial, c'était encore se choisir une vie exceptionnelle. Une vie hors du commun. Mais il n'y a rien de plus commun que le malheur des hommes lorsqu'ils comprennent qu’ils ne seront jamais rien d'autre qu'eux-mêmes.
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_ Je ne peux pas ! Je ne peux pas fermer les yeux !
_ Ce n'est pas grave. On va essayer autre chose.. Tu 'as dit que tu étais écrivain. J'aimerais que tu m'écrives de quoi tu as peur.
_ Je ne peux pas. Ça fait des semaines que je n'écris plus rien. Je ne peux même pas tenir un stylo.
_ Parce que tu as peur de ce qu'il y a là, au fond de toi. Mais peut-être qu'en écrivant tu trouveras le chemin pour sortir de cette crise.
_ Et si je ne le trouve jamais ?
_ Ne t'inquiète pas. Si tu commences à chercher, tu auras déjà trouvé...
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Si je suis passé à côté de Christian du temps de son vivant, c'est à cause de préjugés minables. Mon oncle patemel incarnait à mes yeux une vieille France confite dans son passé, à mille lieues des trépidations de la capitale. Une vieille France où l'on vivait dans des maisons mal chauffées aux armoires vastes comme des tombeaux et aux fauteuils toussotant de poussière. Où des maries-louises ovales entouraient les photos d'aïeux endimanchés, dont on ne se rappelait plus grand-chose. Où les grives et les faisans rapportés de la chasse, comme dans une nature morte de Chardin, pendaient à un crochet de la cuisine dans l'attente d’être plumés. Où le fermier d’à côté passait boire un godet le soir, casquette vissée sur la tête, les lignes de la main noircies par la terre, commençant chacune de ses phrases par «Sans s'mentir...». Une vieille France dont l'enfant que j'étais écoutait les derniers murmures sans se rendre compte que bientôt ce monde-là ne serait plus.
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