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Critiques de Thierry Camous (12)
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Uchronies : Le laboratoire clandestin de l'..

Instructif et passionnant.





Et si ? La base de l'uchronie. On va parler ici d'histoire avec quelqu'un qui a priori, sait de quoi il parle. (Prof agrégé et docteur en histoire ancienne).





L'objectif est d'essayer d'éviter de prendre parti et de faire de l'uchronie partisane. En restant dans le probable, le possible et au maximum, dans l'imaginable. En partant d'une uchronie possible, car probable (au sens des probabilités) on donne dans l'uchronie scientifique, (si tant est qu'on puisse bien sûr utiliser ce terme, dans la mesure où l'expérimentation, notamment, reste encore, à l'heure où j'écris ces lignes hors de notre portée). Nous serons donc loin de la SF et Hollywood donc.





Dix thèmes, indépendants des uns des autres, classés par ordre chronologique, mais pouvant donc être lus dans l'ordre que vous voulez :



Et si  Alexandre le Grand n'était pas mort en 323 av. J.C. à Babylone, âgé de presque 33 ans ?



Et si les Romains avaient développé la révolution industrielle avec le triomphe des Gracques ?



Et si Charles Martel n'avait pas arrêté les arabes à Poitiers en 732 ?



Et si Charles VII n'avait pas cru en Jeanne d'Arc ?



Et si la Chine avait découvert l'Amérique au XVe siècle ?



Et si la France avait vaincu la Prusse à Rossbarch en 1757 ?



Et si Napoléon l'avait emporté à Waterloo ?



Et si François-Ferdinand, héritier d'Autriche-Hongrie, n'avait pas été assassiné à Sarajevo le 28 juin 1914 ?



Et si le Japon avait détruit les porte-avions américains à Midway le 4 juin 1942 ?



Et si George W. Bush avait perdu les élections présidentielles de 2000 face à Al Gore ?





L'auteur nous parle d'histoire, il explique le background avant chaque événement, explique ce qui s'est passé après. Explique pourquoi le switch aurait été possible (car probable), explique ce qui aurait pu être probable, possible, imaginable (dernière limite). "Explique" est le maître mot et il est excellent.



Absolument pas rébarbatif, absolument pas didactique. C'est passionnant, immersif et on en apprend tous les jours. On se rend compte, que des dates clés, que tout le monde connaît peuvent avoir une valeur plus symbolique, voire politique que réellement essentielle au déroulé de l'histoire. Des fois, la réponse à Et si sera : bah rien, ou pas grand chose et des fois, ce sera : mais, déjà, la tête nous tourne (sic). Et je ne vous dirai pas qui est quoi. Lisez, ça vaut le coup.





Mon seul bémol sera pour la mise en forme.



Passons sur la bibliographie. Un universitaire cite toujours ses sources et elles sont nombreuses. Mon grief est pour les notes, environ 60 par thème. La quasi totalité renvoie à la source, mais quelques unes apportent une information supplémentaire, et sincèrement, c'est pénible à aller chercher à la fin du bouquin. C'est pour cela qu'on a inventé les notes de bas de page non ?
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Romulus : Le rêve de Rome

Les biographies sur ce personnage, à cause de son caractère plus qu’ancien, sont particulièrement rares. Et de fait, Thierry Camous, spécialiste des premiers temps de Rome, la Ville éternelle, l’Urbs, s’est lancée ici davantage dans une histoire de la naissance de Rome que dans une biographie méticuleuse du personnage, tant celui-ci est multiforme et composite. L’auteur, dès l’ordonnancement de son plan général, développe la thèse selon laquelle il y eut incontestablement plusieurs Romulus, plusieurs fondateurs successifs, réunis plus tard (dans la droite lignée des traditions antiques) en une même figure légendaire.

Ainsi, nous suivons tout d’abord Romulus l’homme des bois, figure albaine, fruit du Latium et de ses contrées verdoyantes. Puis, se cristallise un Romulus fondateur concentrant les symboles forts que son le fratricide de Rémus, l’installation du pomérium et l’épisode de l’enlèvement des Sabines. Enfin, le Romulus roi et sa légende postérieure jusqu’aux derniers temps de l’Empire romain apparaissent comme une phase plus nébuleuse, mais pas moins symbolique, loin de là, au sein de la culture romaine.

Thierry Camous mène parfaitement sa barque pour nous emmener au VIIIe siècle au cœur de l’Italie centrale alors que le sel et les cochons sont les denrées capitales du commerce local et que les tribus indigènes s’affrontent et s’entraident au gré des alliances et des razzias intestines. Il réussit à mêler habilement sources écrites, sources archéologiques et réflexions personnelles sans paraître trop scolaires et en racontant une histoire proprement et simplement. Car finalement, l’Histoire reste une histoire à raconter.



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Uchronies : Le laboratoire clandestin de l'..

Et si ? Et si Alexandre n’était pas mort à presque 33 ans et avait poursuivi ses conquêtes ? Et si la Chine avait découvert l’Amérique au XVe siècle ? Et si Napoléon l’avait emporté à Waterloo ? Et si Bush avait perdu face à Al Gore en 2000 ? La science-fiction est férue de ces « et si », d’ailleurs ce genre de littérature spécifique porte un nom : l’uchronie. En historien qu’il est, Thierry Camous, nous propose dix hypothèses toutes plus passionnantes les unes que les autres et déroule le champ des possibles.



Je dois le préciser tout de go, ce livre n’est absolument pas un roman de SF. C’est bien un livre d’histoire. D’ailleurs je connaissais l’auteur pour ses ouvrages très réussis sur le premier roi de Rome, Romulus. Le rêve de Rome et sur le dernier, Tarquin le Superbe. Roi maudit des Étrusques. Ce nouvel essai est, lui aussi, écrit avec rigueur et précision, même s’il évoque des probabilités, voire des possibilités qui ne sont donc pas advenues. Mais auraient pu. Lors des dix chapitres qui proposent chacun une divergence historique, l’auteur commence systématiquement par nous résumer les faits tels qu’ils se sont déroulés. Et comme pas mal d’annalistes romains, il va à l’essentiel. Ce qui, quand on connaît la période, n’est pas un mal. Mais qui, quand on maitrise mal l’environnement (la Chine du XVe siècle, par exemple, dans mon cas), peut s’avérer plus problématique. Autrement dit, j’ai bien profité du rappel de certaines parties, mais pour d’autres, cela a été un cours de rattrapage très accéléré. Peut-être un poil trop. Mais rien de rédhibitoire. J’ai réussi à raccrocher les wagons assez vite.



Donc, un début qui sert rappel et puis l’arrivée au possible point de bascule. Et, à partir de là, les hypothèses pour répondre au fameux « et si ? ». Cela devient aussitôt passionnant. Car vertigineux. Les conséquences s'enchainent en cascades. C’est fou comme un simple petit (ou gros) changement peut modifier considérablement l’ordre des choses. Cependant, un enseignement de ces réflexions, c’est que cela n’est pas automatique. Parfois, tout aurait pu être bouleversé : si Alexandre avait survécu, il aurait sans doute conquis une partie de l’Europe. Rome et Carthage n’étaient pas, à cette époque, encore assez solides pour lui résister. C’est donc lui qui aurait modelé notre continent et le pourtour de la Méditerranée. S’il avait réussi à survivre longtemps. Ce qui, vu son mode de vie, n’est pas évident. Par contre, si Jeanne d’Arc n’était pas apparue sur la scène, si elle n’avait pas guidé des troupes à l’assaut de l’envahisseur anglais, rien n’aurait été fondamentalement différent. Certains faits auraient mis plus de temps à se réaliser, certains n’auraient pas eu lieu. Mais la victoire française aurait sans doute eu lieu car une dynamique était enclenchée. Ce symbole, si utilisé de nos jours, n’a, en fait, pas eu l’importance qu’on veut bien lui prêter.



On reconnaît bien l’historien à sa recherche de la précision et sa volonté d’éviter toute instrumentalisation. Cela est particulièrement vrai dans le chapitre consacré à Charles Martel et à sa victoire à Poitiers en 732. D’abord, la bataille aurait plutôt eu lieu à Moussais, mais c’est accessoire. Ce qui importe, c’est la dimension religieuse ou non de la victoire dans un affrontement entre islam et chrétienté, mis en avant à grands renforts d’invectives par une partie importante d’hommes et de femmes politiques. Or, en examinant les faits, on s’aperçoit rapidement qu’à cette époque, l’islam n’était pas un souci pour Charles Martel et les autres. On ne s’inquiétait pas d’une vague musulmane qui viendrait conquérir l’Europe. Les ennemis étaient plutôt ailleurs. Et, si la dimension religieuse n’est pas à écarter, elle n’est pas essentielle. N’en déplaisent à certains polémistes.

On retrouve également une utilisation quasi frauduleuse de l’histoire dans le chapitre sur la Chine. Un pseudo historien a tenté de faire un coup en affirmant, preuves vaseuses à l’appui, que les Chinois étaient les premiers à avoir découvert l’Amérique, et ce dès le XVe siècle. Manipulation de bas étage, mais représentative de la façon de certains d’aborder l’histoire, non comme suite d’évènements avérés, mais comme outil de propagande, d’enrichissement ou de valorisation personnelle.

Le mensonge est d’ailleurs très présent dans cet ouvrage, tant il est utilisé pour la propagande. C’est particulièrement vrai dans les évènements plus récents, pour lesquels les sources sont plus nombreuses, comme l’élection sur le fil de George W. Bush. Car on entre totalement dans l’ère de la désinformation qu’on connaît hélas trop bien de nos jours. Le mensonge est partout et les collusions d’intérêts tellement évidentes qu’il est difficile de comprendre, de mon point de vue (mais le livre propose une vision synthétique, des années après : il est alors plus facile d’appréhender certains modes de fonctionnement), comment tout cela a pu passer à l’époque. Quel cynisme !



La littérature de SF regorge d’uchronies, qui est un sous-genre à part entière : Autant en emporte le temps, de Ward Moore, Le Maître du Haut Château, de Philip K. Dick, Le Livre de cendres, de Mary Gentle ou Le Nez de Cléopâtre de Robert Silverberg, pour ne citer que quelques exemples. En tout cas, c’est un type de littérature qui m’a toujours fasciné. C’est pourquoi j’ai adoré lire Uchronies. Le laboratoire clandestin de l’histoire tant ce livre m’a appris. Il m’a tout d’abord permis de combler certaines lacunes (il en reste encore beaucoup) historiques à propos de périodes ou de régions que je maitrise mal. Il m’a permis, surtout, de mesurer l’importance plus ou moins relatives de femmes et d’hommes, d’évènements, de batailles, de choix dans ce qu’on appelle l’Histoire. Ces jeux de pensée ne sont pas gratuits : ils permettent de vivre plus intensément l’histoire, de la rendre plus présente, même quand les évènements ont eu lieu plusieurs siècles auparavant. Et ils offrent l’occasion de s’interroger sur le monde et les connexions, si nombreuses, qui en font ce qu’il est. Dix uchronies, dix voyages, dix pièces de choix, dix paquets de cartes rebattus.
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Uchronies : Le laboratoire clandestin de l'..

Ce bouquin n’est pas un roman de science-fiction mais un essai sur l’Histoire avec un grand H.

Historien, l’auteur rappelle et décrit ici, de façon précise, dix évènements historiques, de l’antiquité (la mort d’Alexandre le Grand) jusqu’à l’an 2000 (élections américaines G.W. Bush vs A. Gore). Puis jouant avec les possibles et le probable, usant du conditionnel ; il réécrit l’histoire.

Le propos est donc sérieux. Au sujet de l’éventuelle et uchronique victoire de Napoléon à Waterloo, il note (p.200) : « Nous ne postulerons pas une absence de pluie du 17 au 18 juin (1815), car, en historien, seuls les hommes et leurs actions nous importent. Il s’agirait là d’une entorse grave aux règles strictes de notre jeu de science ! Il nous faut donc chercher ailleurs ». Plus loin, Thierry Camous nous démontre d’ailleurs que même si la bataille de Waterloo avait été gagné par les troupes françaises, Napoléon aurait chuté un peu plus tard, et que les « 100 jours » n’auraient pas dépassés les 200 jours.

P.172 « ... le lecteur sent bien qu’imperceptiblement nous passons du probable au possible »

De même page 228, à propos de l’assassinat de François-Ferdinand à Sarajevo en juin 1914, évènement supposé déclencheur de la 1ère guerre mondiale « les raisons de fond, et nous touchons là aux causes « profondes » de la guerre, existaient bel et bien, et depuis plusieurs années. La bombe à retardement était bien là. Elle n’attendait qu’une vraie crise pour exploser ... ». La plus part du temps, les évènements uchroniques n’auraient pas changé le cours de la « méta-Histoire ». Les anglais auraient été boutés de France avec ou sans Jeanne d’Arc, les chinois n’auraient sans doute pas découvert l’Amérique (d’ailleurs elle était là depuis longtemps, elle n’attendait que son nom de baptême ;-) ... et caetera ...

Si vous vous intéressez à l’Histoire, ce livre est pour vous, qui vous dira que l’Histoire lorsqu’elle est parfaitement et honnêtement étudiée n’est pas faite que par ceux qui l’écrivent ... mais quand même un peu ;-)

Allez, salut.

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Romulus : Le rêve de Rome

Rome a-t-elle inventé Romulus ? Ou Romulus a-t-il vraiment existé ?



Dans cet essai dense et bien argumenté, Thierry Camous tente de répondre à cette question. Son propos s'articule autour de quatre axes, et il déconstruit avec intelligence le mythe de Romulus en expliquant le pourquoi de chaque élément de la légende. Il utilise pleinement la pluridisciplinarité : archéologie, analyse des sources, mais pas que, mythographie, ethnologie, anthropologie, psychologie, même.



- Le Romulus allaité par la louve, celui qui naît de la vestale violée par Mars et adopté avec son jumeau Rémus par le berger Faustulus. C'est le Romulus incarnant les temps les plus anciens, primitifs ? d'une époque où Rome n'est qu'un amas de villages latins et sabins rassemblés sur les collines. On part d'un état archaïque et sauvage pour se diriger vers un début de civilisation agraire, représentée par la louve, qu'on s'approprie pour se protéger, justement, du prédateur qui menace cette société naissante.



- Le Romulus fondateur de Rome ! C'est celui qui trace le sillon, tue son frère et enlève les Sabines. Les bergers, après avoir réglé les querelles de famille à Albe, descendent vers le lieu mythique. L'auteur y voit le ver sacrum, ce phénomène des jeunes chassés à cause de leur turbulence pour fonder leur destin ailleurs. Et ailleurs, c'est sur le site de la future Rome, où Latins et Sabins vivent en petites communautés. Là, Romulus va mener une forme de guerre rituelle, qui sera moins un enlèvement qu'un échange de femmes.



- Le Romulus roi, le plus tangible, peut-être ? celui qui laisse un corpus de lois fondant la Cité, qui guerroie contre ses ennemis (cette fois plus du tout métaphoriquement) et dont l'archéologie a trouvé, peut-être, le "palais", au pied du Palatin. Avant d'être Rome, déjà, le site accueillait un commerce intense, international. Il convenait que la Cité drainât toute cette activité pour s'enrichir et permettre l'émergence d'une aristocratie, le futur patriciat.



- Et Romulus, le mythe, qui inspire Camille lorsqu'il affronte les Etrusques puis les Gaulois. Celui qui est pris à parti lors des guerres civiles du 1er siècle avant, comme tyran, selon les uns, comme fondateur et modèle, selon d'autres, jusqu'à Auguste qui rétablit dans les faits la monarchie. Celui qui hante Rome jusqu'à la fin. Le prénom était toujours en vogue, en 476 : Romulus Augustule, le dernier empereur, le tenait de son oncle, qui s'appelait Romulus. Folle coïncidence !



Un traité absolument passionnant, qui éclaire les débuts de la civilisation qui a fondé la nôtre !
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Uchronies : Le laboratoire clandestin de l'..

Uchronies – Le laboratoire clandestin de l’histoire est un essai de Thierry Camous, que j'ai reçu lors de la précédente Masse critique Babelio. Merci beaucoup à Babelio et à la maison Vendémiaire pour cette masse critique et l'envoi de l'essai !



L’ouvrage présente 10 moments clef de l’Histoire, et pose cette question : « Et si… ? » L’uchronie est en marche, on quitte la sphère de l’Histoire pour entrer dans celle de l’imaginaire. Vraiment ? Hé bien, non, car ce n’est pas si simple que cela.

Thierry Camous est un historien, et sa démarche ici est scientifique. On n'est pas dans le farfelu, mais dans le probable, à partir d'un contexte étudié et documenté.



Structure de l'ouvrage

Un préambule définit le terme uchronie et esquisse les grandes lignes de sa théorisation par les historiens. Théorisé par Charles Renouvier en 1876 dans son ouvrage Uchronie, ce genre établit un point de divergence par rapport aux événements historiques; à partir de là, une réalité parallèle se dessine.

Puis viennent 10 chapitres, 10 moments charnières de l'Histoire, traités en une trentaine de pages chacun.

Enfin, des notes (pas pratique en fin d'ouvrage comme ça) et des cartes (difficilement exploitables en l'état).



La démarche

La démarche de l'auteur se veut scientifique : établissement du contexte, souci de réalisme et de vraisemblance, élaboration d'hypothèses et réponses argumentées.

Le but de cette démarche est multiple. On a surtout ici un travail expérimental qui permet de comprendre les événements sous un autre angle et prendre conscience du cours parfois chaotique de l’Histoire. Cela permet aussi de se rendre compte de la sacralisation de certains événements, à tort; ou encore, de réaliser que parfois, un événement différent aurait pu changer le cours de l'Histoire, mais à d'autres moments, non.



Avis global

L'essai est assez ardu dans sa forme et son propos. Les 10 moments charnières choisis ne parleront pas à tous (j'avoue que les réformes avortées des frères Gracchus ou encore la Chine des Ming ne sont pas mon fort...). Si l'auteur recontextualise tout, ça reste assez dur à avaler et difficile à saisir tous les enjeux qui se tiennent là. En cela, je pense que l'ouvrage s'adresse à un public d'historiens ou de passionnés d'Histoire.

Pour ma part, sans avoir tout lu dans le détail, je me suis attachée aux moments les plus récents dans le cours de l'Histoire; souvenirs de leçons plus frais, mais aussi parce que les conséquences d'une éventuelle divergence nous atteindraient de manière plus évidente.

J'ai cependant pu retrouver la méthode de l'auteur, appliquée à chaque chapitre. Il recontextualise, énonce le point de divergence, l'explicite, formule si nécessaire d'autres hypothèses, explore leur possibilité (ou pas), puis en dessine les conséquences probables, à court et moyen long terme. C'est méthodique, clair, et captivant.

Malgré la difficulté de lecture, j'ai appris beaucoup de choses. Et paradoxalement, cette exploration des possibles et des probabilités m'a fait revoir et reconsidérer certains moments de l'Histoire. Comprendre aussi que parfois, le cours de l'Histoire n'aurait pas changé "si".



En bref, un ouvrage intéressant, dans sa méthode, son point de vue et sa démarche.


Lien : https://zoeprendlaplume.fr/t..
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Romulus : Le rêve de Rome

"Romulus a-t-il réellement existé? [...] Comment peut-on être en même temps chef de clan primitif, pour ainsi dire paléolithique, roi d'une cité-Etat concurrente de la puissante Véies étrusque? Curieuse conclusion pour un biographe!"

Histoire, archéologie, psychanalyse, ethnographie, mythographie, anthropologie, philologie et linguistique: avec toutes les précautions de rigueur, Thierry Camous convoque ces disciplines pour démêler avec une magistrale habileté le vrai du faux, la certitude du doute, la vérité du fantasme à propos de Romulus. Une biographie stricto sensu n'aurait pas grand intérêt, voire serait absurde dans le cas du légendaire roi fondateur. C'est pourquoi T. Camous étudie scientifiquement comment la figure de Romulus illustre le passage d'une humanité préhistorique, celle de l'homme des bois qui a pour totem le Pic dans les monts albains, au pastoralisme fondateur de cités sous l'égide d'un nouveau totem, la Louve. Pour Thierry Camous c'est Rome, nom qu'il fait dériver de "ruma", la mamelle, celle de la louve, qui donne son nom à Romulus, lequel incarne dans la psyché romaine tout à la fois l'homme "primitif" ( c'est-à-dire avant l'émergence de l'Etat), le fondateur, le roi, le guerrier et le mythe des origines enjolivées.

Des origines, vraiment? Dans une brillante démonstration, Camous explique pourquoi et comment les Romains qui n'avaient pas ou très peu de cosmologie, ont éprouvé le besoin de se chercher des racines troyennes, allant jusqu'à placer les Pénates de Rome, non pas à Rome (dès l'origine donc, Rome n'est pas dans Rome, suis-je tenté de dire), mais à Lavinium, la cité fondée par Enée, des générations avant l'entrée en scène de Rémus et Romulus (c'est dans cet ordre que les Anciens citaient les jumeaux).

La grande érudition de son auteur, sa finesse d'écriture et de raisonnement, la pertinence de ses analyses et son sens de la mesure font obligatoirement de ce livre une référence majeure. Certes, il y a bien une ou deux pages de détails qu'on peut juger superflus -qui s'inquiète aujourd'hui des limites précises du tout premier pomérium? J'ai aussi repéré une erreur surprenante de la part d'un tel érudit: page 338, confusion entre Flaminus, vaincu au lac Trasimène par Hannibal, et Flamininus, vainqueur de Philippe V de Macédoine à Cynocéphale. Mais cela n'atténue pas la haute considération en laquelle je tiens cet ouvrage d'excellence.
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Tarquin le superbe : Roi maudit des Etrusques

Livre magnifique d'un historien érudit qui est aussi un grand écrivain. Son introduction en particulier est magnifique: en quelques lignes il nous scotche littéralement! impossible de décrocher de ce bouquin qui se lit comme un polar, avec quelquefois un vrai souffle épique !

Il réussit la prouesse de mettre à notre portée l'analyse critique des textes anciens après les découvertes archéologiques.

L'auteur devient épique dans ses propos pour nous faire découvrir ce grand Roi et cette Ville qui n'a pas attendu la République pour être déjà la " Roma caput Mundi".

Un très bon moment de lecture!
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Uchronies : Le laboratoire clandestin de l'..

Lorsque j'ai acheté ce livre, je m'attendais à un recueil de nouvelles d'uchronies… au lieu de cela, c'est un ouvrage qui revient sur plusieurs moments phares de l'histoire en analysant les causes et les conséquences de ces « tournants » de l'histoire. Et l'auteur, pour mieux comprendre les enjeux de ces événements, propose une revisite de l'histoire avec les conséquences probables / imaginables d'une déviation de l'histoire.

On a donc affaire plus à un livre d'histoire que de véritables uchronies qui ne sont là que pour appuyer les analyses de l'auteur.

En disant tout cela, on pourrait croire que je suis déçu de ce livre mais non ; c'est tout de même un livre passionnant qui m'a fait redécouvrir pourquoi Napoléon a perdu la bataille de Waterloo mais aussi Pourquoi Napoléon n'aurait pu reprendre les rênes du pouvoir avec un Waterloo qu'il aurait gagné…

Les analyses sont très intéressantes comme celle sur les raisons de la victoire de Bush en 2000, les raisons de sa guerre en Irak et les résultats désastreux sur la situation au Moyen-Orient que cela a engendré… l'uchronie qui en découle avec une victoire d'al Gore en 2000 est tout aussi intéressante.

On découvre aussi que la victoire à Midway aurait pu changer de camp tant la bataille s’est joué sur des détails…

Bref, je suis finalement satisfait de mon achat avec ce livre qui ouvre des perspectives très réalistes sur les mondes uchroniques imaginées par l'auteur. Ceux qui aiment l'histoire auront droit à une analyse très intéressante de faits marquants de l'histoire, et ceux qui se passionnent d'uchonies, pourront découvrir des divergences de l'histoire traitées de façon très réalistes et détaillées.
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Uchronies : Le laboratoire clandestin de l'..

J'avais déjà lu plusieurs uchronies, sous forme de fiction. Il s'agit de revisiter l'Histoire avec l'option ''Et si...?'', laissant l'imagination de l'auteur prendre le relais, parfois loin de l'Histoire, au-delà même du champ du possible.

Ici, l'objectif est clairement défini dès le départ comme étant tout autre. Chaque option ''Et si...?'' est analysée à la lumière du regard de l'historien, ''S'il existe une probabilité réelle que le point de divergence (...) ait pu survenir'' (p17)

Donc ici, on ne s'évade pas au-delà du possible, nous restons dans le sérieux.

Pour chacun des thèmes retenus, qu'on peut lire soit chronologiquement, soit indépendamment les uns des autres dans l'ordre de notre choix, l'auteur commence par rappeler les faits, ce qui est bienvenue, sur certains thèmes plus que d'autres.



Imaginez...Et si ce n'était pas les européens qui avaient découvert l'Amérique?.....Et si....Je vous laisse découvrir tous les thèmes retenus, depuis l'Histoire antique au début du XXIes, le panel est large.
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Tarquin le superbe : Roi maudit des Etrusques

En histoire, jamais je n'ai été un tenant de "l'hypercritique", pas plus que je n'ai jamais accordé quelque considération à ces gratte-papier qui se contentent de recopier, parfois maladroitement mais toujours en les prenant pour argent comptant, les récits des Anciens, sans attacher quelque importance à d'autres sources fondamentales de connaissance, l'archéologie, par exemple.

Voilà donc pourquoi je trouve les travaux de Thierry Camous si remarquables et excellents. Certes, on peut ne pas être d'accord avec tout ce qu'il écrit, mais il n'y a là nul problème car il se garde bien d'affirmer quoi que ce soit de façon péremptoire, préférant au contraire exposer toutes les interprétations possibles lorsque la science ne permet pas de trancher et incliner avec intelligence vers celle qui, somme toute, paraît la plus plausible, compte tenu de tous les éléments disponibles à l'analyse, fournis non seulement par les sources anciennes, mais aussi l'archéologie donc, auxquelles il faut ajouter l'étiologie, l'onomastique, la numismatique et bien d'autres disciplines encore. Comme il l'écrit lui-même, "le rôle de l'historien [...] est de saisir les dynamiques et les sous-entendus du récit légendaire afin de mieux percevoir la trame véritablement historique réélaborée en une légende édifiante". En effet, pour Tarquin le Superbe, et plus généralement cette époque reculée de la royauté à Rome, le brouillard de la légende est si épais que les choses ne sont pas faciles à discerner sans un raisonnement hypothético-déductif des plus rigoureux. "L'histoire est une science qui, par définition, se nourrit de débats pointilleux" rappelle l'auteur qui ajoute aussi que dans le cas d'espèce, " à Rome, rien n'était jamais supprimé car tout était sacré. Les institutions et les cultes formèrent à terme un curieux mille-feuille de pratiques dont la signification finissait par échapper aux Anciens eux-mêmes." Et quand on pense que déjà du temps de Cicéron, Rome était un musée à ciel ouvert, on mesure mieux l'ampleur de la tâche! Ce souci d'aller le plus loin possible dans l'étude de son sujet conduit T. Camous à se demander sur une page entière si le temple de Jupiter Capitolin de l'époque des Tarquins était périptère ou pas, débat qui a de quoi, je le reconnais, déconcerter le néophyte. Néanmoins, il ne faut pas s'y tromper, ce livre est parfaitement accessible à tous et son style très agréable. Il m'a permis de me débarrasser de quelques fausses idées sur la royauté romano-latino-étrusque ainsi que sur les Etrusques eux-mêmes.

Le livre refermé sur sa dernière page, je méditerai encore longtemps sur ce que je viens de lire, comment et jusqu'à quel degré Rome est devenue étrusque, , sur ce qui tient de la légende réécrite et magnifiée (pour servir les intérêts d'un Auguste, par exemple) et ce qui, au contraire est avéré. Et en définitive, il n'y a que Thierry Camous pour m'expliquer avec clarté comment "la République n'a pas pu sortir toute armée de la cuisse de Jupiter, ou plutôt, de la concupiscence de Sextus Tarquinus".
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Romulus : Le rêve de Rome

Livre passionnant qui ancre la mythologie dans l'histoire

En plus livre facile à lire

Un bijou d'érudition non pontifiante
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