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3.7/5 (sur 74 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1973
Biographie :

Thierry Froger est plasticien, poète et romancier français.

Son travail questionne les transports de l'image, ses fragilités et ses fantômes (réels ou imaginaires, cinématographiques ou historiques).

En 2013, il publie un recueil de poèmes, "Retards légendaires de la photographie", (Flammarion, prix Henri-Mondor de l'Académie française en 2014).

Son premier roman, "Sauve qui peut (la révolution)" obtient le prix "Envoyé par La Poste".

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Thierry Froger vous présente son ouvrage "Et pourtant ils existent" aux éditions Actes Sud. Rentrée littéraire automne 2021. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2549652/thierry-froger-et-pourtant-ils-existent Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
"Giuseppe Rotuno savait qu'Ava Gardner cultivait, parmi d'autres habitudes discutables, celle de subordonner le réel à ses désirs en toutes circonstances, et il sentait aussi qu'il n'était absolument pas en état de rassembler ce qu'il lui restait de raison pour s'y opposer."
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Le cinéaste se demandait s'il pourrait faire un film ici car il avait l'impression que ce paysage
ne se laissait pas facilement cadrer, ce qui en augmentait la beauté tout en tenant à distance
qui voulait s'en saisir, et il y voyait ce désir d'aller toujours jusqu'au moment où l'image se
refusait, cela lui rappelait une phrase de Chardin, la peinture est une Ile dont je me rapproche peu à peu mais pour l'instant je la voie très floue, qu'il n'avait jamais aussi bien comprise qu'aujourd'hui, accompagnant une jolie jeune fille vêtue de vert et nommée Rose, à l'endroit qu'on appelait la tête de l'ile
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Après six mois de recherches désordonnées que je qualifiais pompeusement d’enquête, j’avais désormais quelques certitudes. Hormis la grande Origine dérobée chez Rotunno et la petite Vénus au miroir dont je n’avais pas retrouvé la trace, il semblait que les images scandaleuses d’Ava Gardner avaient ricoché d’un bout à l’autre de la planète, changeant plusieurs fois de main, de la MGM à Hughes, de Sinatra à Hoover, d’Hemingway à Castro, et charriant dans leur sillage de nombreuses morts sans qu’aucun rapport de causalité ne puisse être formellement établi. Certains signes apparaissaient troublants cependant et il m’arrivait de considérer avec inquiétude le pouvoir vénéneux de ces images dont j’étais, à ma manière consentante, également la victime en y consacrant tout mon temps et une partie de l’héritage maternel. Je n’arrivais pas à démêler la cause de la conséquence, la conséquence du fortuit, le vrai du probable et le probable du fictif, tant je me méfiais de mon goût des rapprochements douteux qui me conduisaient à tirer une pelote par les cheveux comme on crible de balles ou d’aiguilles la gueule d’une belette dans une meule de foin. (p. 241)
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Giuseppe Rotuno savait qu'Ava Gardner cultivait, parmi d'autres habitudes discutables, celle de subordonner le réel à ses désirs en toutes circonstances, et il sentait aussi qu'il n'était absolument pas en état de rassembler ce qu'il lui restait de raison pour s'y opposer."
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« Il est difficile d’imaginer ce que pouvait penser Rotunno à quatre heures du matin, ivre et seul avec le plus bel animal du monde dont la peau nue débordait outrageusement d’une grande chemise blanche mal boutonnée.(…)
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"Le lendemain matin, Antoine de Baecque se rendit de bonne heure sur le tournage de Nouvelle Vague. JLG lui prêta à peine attention. Il le présenta juste à son équipe en l'appelant le petit rapporteur ou l'œil de Moscou mais attention, précisa-t-il, un œil qui marche sur deux jambes. Et il partit avec Alain delon, Domiziana Giordano et quelques techniciens tourner la double scène de la noyade sur le lac.

Décontenancé, Antoine de Baecque décida d'aller prendre un café sur une terrasse au bord de l'eau. Il n'avait rien de mieux à faire que de profiter de cet étonnant soleil d'octobre, qui bousculait la géographie autant que les saisons en installant l'été indien au cœur de l'automne suisse. Il voulait surtout faire le point sur les premiers pars guère concluants de sa mission et mettre en place une stratégie pour que celle-ci ne fût pas un lamentable échec, comme cela se dessinait au regards des premiers contacts avec l'animal JLG, plus déroutant qu'il ne l'imaginait et qu'il avait pourtant cru apprivoiser la veille. De sa terrasse ensoleillée, il espérait d'ailleurs observer de loin la scène qu'on tournait et rêver que la distance confondît là aussi les temps en faisant barboter Delon de Plein soleil à Nouvelle Vague. Mais il ne vit rien, son poste d'observation étant trop éloigné, masqué par les mâts des bateaux rayant la perspective.
De guerre lasse, il demanda le journal et commanda un second café. La Tribune de Genève évoquait le tremblement de terre qui venait de frapper la région de San Francisco et avait causé la mort d'une soixantaine de personnes, dont une majorité dans l'écroulement de ponts. L'autre grand titre du quotidien suisse concernait les derniers soubresauts politiques en Allemagne de l'Est : dix jours après les célébrations du quantième anniversaire de a RDA, Erich Honecker quittait le pouvoir à Berlin, officiellement pour raison de santé. On devinait que les causes de ce départ étaient plutôt à chercher ailleurs, du côté du bureau politique du Parti qui aurait désavoué son dirigeant, sous la pression des dizaines de milliers d'Allemands de l'Est qui manifestaient quotidiennement quand il ne fuyaient pas le pays pour rejoindre l'Ouest via la Pologne ou la Hongrie ; ou bien encore derrière les murs épais du Kremlin où Gorbatchev semblait ne plus savoir comment contrôler ce qu0il avait lui-même, imprudemment ou non, mis en branle avec sa perestroïka. Refermant le journal, Antoine de Baecque pensa que la contiguïté de ces deux gros titres et la concomitance des deux événements devaient plaire à JLG et à son goût des rapprochements ; il l'imaginait bien trouver une formule comme : La terre tremble en Californie, le mur de Berlin se lézarde."
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Rotunno la regardait sans réussir à bien appréhender la folle étrangeté – et c’est probablement ce qui nous arrive à tous, deux ou trois fois peut-être au cours de notre vie misérable, quand nous sommes incapables de reconnaître l’inouï au moment où il surgit, condamnés ensuite à le traquer vainement dans la mémoire défaillante et complaisante, ce qui nous permet de tout inventer, y compris les possibilités de rêver et regretter sans fin ce qui s’est passé ou non. Il est difficile d’imaginer ce que pouvait penser Rotunno à quatre heures du matin, ivre et seul avec le plus bel animal du monde dont la peau nue débordait outrageusement d’une grande chemise blanche mal boutonnée. En ces circonstances et à sa place, sans doute aurais-je souhaité que cette nuit n’ait jamais existé – mais surtout qu’elle ne finisse pour rien au monde. (p. 50-51)
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INCIPIT
Je crois avoir vu comme dans un songe cette voiture qui filait dans les rues désertes de Rome, vers quatre heures vingt du matin, poursuivie par les éclairs d’un cyclope. La Facel-Vega (ou la Ford Thunderbird) semblait rouler à l’aveugle et zigzaguait sur les pavés tièdes, éclairée par le gros œil circulaire et intermittent du flash Braun de deux paparazzi. Leur décapotable répétait le trajet erratique de la première voiture que conduisait Ava Gardner avec la grâce et l’inconscience des merveilleux pochards. À ses côtés, tout aussi ivre et néanmoins apeuré, l’acteur Anthony Franciosa bégayait mollement des lambeaux de prières qu’Ava Gardner ne pouvait entendre, hurlant et riant à chaque coup de volant qui faisait crisser le caoutchouc sur le basalte noir, les ailes de la voiture frôlant les murs comme on caresse et comme on griffe. Franciosa se cramponnait à son siège, tétanisé par l’alcool, la peur et les jurons d’Ava. Voyant dans le rétroviseur que les poursuivants ne perdaient pas de terrain, l’actrice a eu soudain l’intuition stratégique de les retarder en lançant par la fenêtre tout ce qui lui tombait sous la main, léchant imprudemment le volant et tirant de son sac des objets vite projetés en direction de la décapotable. Celle-ci a finalement ralenti, sans que ces pauvres projectiles en soient la cause, les deux photographes s’avisant de la plus grande vélocité de la Facel-Vega (ou de la Ford Thunderbird) ainsi que de la mauvaise tournure que pourrait prendre cette course poursuite nocturne où chacun semblait manquer de sang-froid et de lucidité dans la conduite des événements comme des véhicules. La voiture des paparazzi a fait un demi-tour soyeux sur une petite place au puits couvert et a parcouru le chemin inverse, non sans quelques haltes pour récupérer ici ou là les tendres dédicaces – ou ce qu’il en restait – que leur avait adressées Ava Gardner.
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« Quand elles firent connaissance sur un sofa du faux palais vénitien, Marilyn sembla tétanisée par la timidité, bafouillant de faibles sons d’une voix hésitante, éraillée. Ava Gardner éprouva immédiatement une grande tendresse pour cette beauté meringue, fragile et bégayante. (…) Tout le monde dans la pièce n’avait d’yeux que pour elles, ne perdant pas une miette de cette rencontre tout en frôlements et en gloussements entre les deux étoiles les plus irradiantes mais aussi les plus incontrôlables qu’avait inventées Hollywood. Antinomiques et symétriques, elles débordaient sans cesse du cadre décoratif où l’on avait voulu les placer (…) »
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Je n'ai jamais eu le goût des anniversaires, et encore moins des miens, n'ayant pas tant compris la nécessité de célébrer chaque marche nous éloignant davantage de l'origine et raccourcissant inexorablement la perspective.
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