Les grands patrons des studios ont accueilli presque à bras ouverts les Al Capone, Lucky Luciano ou plus tard Sam Giancana dans la jet set hollywoodienne. Ainsi commençait le jeu malsain d'une fascination réciproque, qui a produit et influencé un nouveau genre : le film « mafieux » nourri aux meilleures sources comme on l'apprend ici, de Scarface au Parrain. Pour la première fois, cet ouvrage raconte l'histoire de ces liaisons dangereuses.
On apprend comment Joe Kennedy, père de JFK et propriétaire du studio RKO, a fait d'excellentes affaires avec la Mafia ; quelles grandes stars du petit écran ont « bibliquement » connu les « parrains » mafieux (telle Lana Turner, qui tua elle-même son gangster d'amant) ; ou encore comment certains de ces parrains se sont eux-mêmes aventurés dans la production.
L'écrivain James Ellroy, auteur de LA. Confidential, rejette quant à lui l'idée de Siegel comme visionnaire du capitalisme. Pour lui, il ne s'agissait que d'un voyou cruel : « La triste réalité, c'est que ces types étaient des ordures. La véritable histoire des gangsters, c'est une histoire stupide de cupidité et de corruption. Mais Hollywood préfère montrer uniquement le glamour de la recherche du pouvoir, en évitant de révéler toutes les saletés qui vont avec ».
Le Syndicate continuait de fournir de la drogue à Hollywood. D'après Rogers St Johns, journaliste du groupe Hearst Adela, Tune des employées de Luciano vendait de la drogue à Judy Garland, qui n'était encore qu'une adolescente. Cette femme fournissait également d'autres acteurs de Hollywood. Quand Eddie Mannix, dirigeant de la MGM, eut vent de cette histoire, il organisa un rendez-vous dans une fête foraine entre la femme en question et l'un de ses amis gangsters - probablement son partenaire de golf, Eddie Nealis, l'homme qui lui avait appris la liaison entre Jean Harlow et Longy Zwillman. Le gangster et la dealeuse montèrent dans la grande roue. Quand leur nacelle arriva tout en haut, le gangster menaça la femme de la jeter par-dessus bord si elle ne cessait pas de vendre de la drogue à Garland.
En 1939, le cinéma était devenu la onzième plus grande industrie d'Amérique. Il y avait aux États-Unis plus de cinémas (15 115) que de banques (14 952). Chaque année, les studios sortaient près de quatre cents films ; chaque semaine, 50 millions d'Américains se rendaient au cinéma. Hollywood faisait un chiffre d'affaires annuel de 700 millions de dollars, et ce rien que par la vente de billets.
Siegel s'empara du syndicat des figurants. Pour organiser le racket, il se fit aider par Al Smiley, un ami d'enfance.