S'il y avait maintenant, à Rome, un ennemi déterminé contre Juan et Cesare Borgia, c'était bien Marcoantonio Colonna. Les deux frères l'avaient non seulement rossé et humilié devant sa maîtresse, mais Juan avait cocufié son frère. Que celui-ci eût ensuite tué sa femme pour la punir n'entrait pas en ligne de compte. L'honneur de la famille était en jeu.
Rodrigo attira Alessandro à lui et, le prenant par la nuque, il l’embrassa sur les deux joues. Alessandro se sentit littéralement happé. Ce baiser n’avait rien d’affectueux. Par ce signe, désormais il appartenait – au sens le plus pur du terme – à la famille Borgia, il lui devait allégeance et, en retour, elle le protégerait. Toute défaillance serait sanctionnée de manière exemplaire. C’était le baiser d’un chef sans pitié.