Vraiment TRèS intrigant ce grand 44 rouge... (1)
Ne vous emballez pas les futurs ex-ligériens et bretons originaires de la Loire-Atlantique ! Ceci n'est pas une étude psychiatrique de l'enfant natif de ce département bretonnant...
Cherchant une autre interprétation du nombre, si 44 est une date, on peut effectivement penser à Hitler et au nazisme tant l’évocation des délations, camps, tortures et autres exécutions sommaires est omniprésent dans ce livre.
Cependant, comme le début du récit commence en 1933 en pleine période dramatique de famine en Russie et se poursuit vingt ans plus tard en 53, il faut aller chercher ailleurs dans la signification de ce fameux nombre à double chiffre.
Poursuivons donc notre traque à Moscou ! Février 53, Arkady, un jeune garçon de 4 ans, est retrouvé nu et sans vie non loin d’une voie ferrée. La piste semble sans issue avec un seul 4. Arkady aurait-il un frère jumeau ?
Chargé de l’enquête, Léo Stepanovitch, étoile montante du MGB, la police d’état s’occupant du contre-espionnage, est en fait chargé... d'enterrer l’enquête. Entrant dans l’immeuble de la famille d’Arkady, Léo monte les marches quatre à quatre dans le but de faire taire les rumeurs sur les circonstances troublantes de cette mort ignoble.
Ne cherchez pas ! Rien à voir avec les 39 marches de John Buchan.
Ainsi, durant le dernier mois avant la mort de Staline, l’application des règles paranoïaques dictées par le chef du parti communiste est suivie avec zèle par les membres de la sécurité et peut même se retourner contre ses propres serviteurs… comme Léo Stepanovitch et sa famille.
Dans une première partie insoutenable, Tom Rob Smith a presque réussi à faire passer Robin Cook ou David Peace pour des enfants de cœur dans la capacité à plonger le lecteur dans l’abîme de la cruauté humaine, voire inhumaine à ces profondeurs de noirceur.
Après avoir employé une approche historique et parfaitement réaliste, l’auteur poursuit, peut-être contraint et forcé par le destin de son personnage, vers un style plus proche du polar qui paradoxalement m’a moins séduit.
Néanmoins, dans la lancée des récits inspirés de faits réels comme « Au revoir là-haut » et « Le revenant », ce troisième roman historique et policier m’a complètement embarqué à travers cet univers inimaginable grâce à la plume touchante et sans concession de cet auteur prometteur.
Pour conclure, faute de pouvoir vous indiquer le pourquoi du nombre d’Enfant 44, je décernerais une note de 44 sur 50 à cet excellent roman richement documenté et passionnant. A découvrir pour ceux qui ont le cœur bien accroché…
(1) Tom Rob Smith
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Il arrive, lors de certaines lectures, que vos réflexions vous mènent au-delà du sujet que vous pensiez y trouver.
Quand des amis lecteurs me suggérèrent de lire Enfant 44, j’y avait vu, avant tout, une enquête policière autour de meurtres d’enfants atrocement mutilés.
Mais le roman de Tom Rob Smith, ce n’est pas simplement un thriller policier classique.
Plantons le décor… Malgré toutes les horreurs que nous distillent quotidiennement toutes les chaînes d’information, il y a une chose dont nous pouvons nous réjouir, c’est d’être né au bon endroit au bon moment…
Parce que Enfant 44, c’est, avant toute chose, un portrait au vitriole de la Russie de l’immédiat après-guerre, la fin du stalinisme. La misère bien sûr, mais aussi la peur permanente, d’être dénoncé, de perdre son travail, sa maison, sa famille, de finir au goulag ou pire encore. Sur une simple dénonciation, une simple erreur, un simple malentendu.
Léo, lui, fait partie de la police politique le MGB. Il espionne, il arrête, il torture, froidement, aveuglément, par fidélité au régime. Mais il arrive que la roue tourne, et quand, en plus, il décide de braver les interdits pour traquer un meurtrier, il met bien des vies en danger.
Dans un pays où, même vos proches, peuvent devenir vos pires ennemis, il faut du courage et de la persévérance pour parfois découvrir une horrible vérité.
Il y a des romans qui ne vous laissent pas indemnes, assurément celui-ci en fait partie.
En tout cas moi, il m’a drôlement secoué, et, à bien y réfléchir, on n’est quand même pas si malheureux…
Coup de chapeau à un auteur que j’ai découvert avec ce roman, auquel il a donné deux suites), pour l’originalité et la parfaite restitution d’une époque trouble du XXe siècle dans un pays, qui, à peine sorti d’une guerre mondiale s’est enfermé dans un totalitarisme effrayant.
Je vous le recommande….
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Un thriller, tiré d'une histoire vraie, qui fait vraiment froid dans le dos!
On est directement plongés dans l'histoire de Léo, gradé de la police soviétique dans les années '50, qui obéit comme les autres, sans vraiment se poser de question, au règles du Parti. C'est grâce à son épouse et au péril de sa vie qu'il va prendre conscience de toute l'horreur dont il se rend coupable malgré lui. L'endoctrinement est à son comble ; qui émet un doute le paiera de sa vie; qui est soupçonné sera coupable, puisque le parti ne se trompe jamais...
On ne parle pas assez du système soviétique qui n'avait rien à envier au nazisme, les tortures, la main-mise sur le peuple oppressé, les camps de travail etc.
J'en ai appris un peu plus sur cette période noire de l'histoire et j'avoue que j'ai eu du mal, à certains moments, à continuer ma lecture sans faire une pause malgré l'envie d'en savoir toujours plus.
Un premier roman pour Tom Rob Smith, une plume acérée et incisive, bref, un auteur prometteur! Je vais m'empresser de chercher ce qu'il a écrit depuis.
Excellent livre que je vous conseille mais âmes sensibles, s'abstenir!
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Comme j’étais heureux d’avoir, grâce à Babelio, à ses Masses Critiques et aux éditions Belfond, l’occasion de découvrir un thriller politique sur fond oppressant de Guerre froide. J’ai mis le temps, mais j’ai enfin fini ce petit pavé pour proposer cette critique dans les temps.
Disons-le tout de suite, j’ai été vraiment gêné par ce roman, que j’ai trouvé bien long à terminer (je l’ai donc clos juste à temps pour le délai imparti par la Masse Critique). C’est avant tout un problème de cohérence dans l’enchaînement de l’intrigue qui m’a le plus interloqué. En effet, nous débutons par une ambiance digne d’un thriller d’espionnage (j’avoue qu’au départ, je m’attendais à du Jason Bourne ou du Spinter Cell, avec plaisir évidemment), sans surplus d’action malgré tout ; puis, nous obliquons violemment vers un récit social orienté sur les différences à la fois entre Noirs et Blancs d’un côté, et entre « pauvres communistes » et « consuméristes américains » de l’autre ; pour finir, nous revenons à une escapade au long cours, plus classique, qui prend sa source dans Afghanistan occupée par l’U.R.S.S. Notons qu’entre ces différentes parties, quinze ans passent à chaque fois ! Là, niveau cohérence, cela m’a gêné.
Il y a heureusement quelques bons points : je ne jette pas tout en bloc, loin de là. Du point de vue du rythme déjà, le choix des chapitres courts peut sembler simple, mais cela rend au moins l’ensemble résolument nerveux. De plus, Agent 6 semble être le troisième tome des aventures de Leo Demidov, après Enfant 44 et Kolyma ; or, malgré le fait que l’intrigue se déroule avant et après ces autres opus, sur plus de trente ans de la vie du héros, il est tout à fait possible de lire ce roman sans aucune autre connaissance de ses personnages, Léo Demidov en premier évidemment. Les personnages, puisqu’on en parle, sont plutôt intéressants, mais il est dommage de ne les voir seulement quelques chapitres chacun, car ils ne font en fait que graviter autour du héros principal.
Mais bon, ces quelques aspects appréciables ne sont pas des arbres assez gros pour cacher la forêt. Qu’il est dommage aussi, par exemple, et vraiment préjudiciable, de voir chaque chapitre débuter par l’emplacement de l’action, par le moment également : à quoi sert-il de donner des informations que nous retrouverons de toute façon dans le texte du chapitre ? Quand on voit le nombre incroyable de chapitres, pourquoi donc y retrouver à chaque fois des informations comme le nombre de kilomètres qui nous séparent d’Islamabad ou de Kaboul ? Enfin, j’ai eu beau lire et relire les différentes critiques déjà élaborées sur Babelio et je ne comprends vraiment pas où se trouve le suspense vanté dans ce roman ! Tout simplement, la quasi totalité des éléments fondamentaux de l’intrigue sont en fait dévoilés à la fin du premier tiers, lors de la mort d'un personnage (petit spoiler certes, mais il est annoncé dans la quatrième de couverture…). Le reste à découvrir n’est que broutilles sans grand intérêt à côté du sens à donner à cette mort. Or, évidemment, notre héros, Léo Demidov, lui, n’est au courant de rien et subit la propagande qui vante une vérité officielle différente. Ce simple décalage est rattrapé à la toute fin puisqu’il découvre le pot-aux-roses, mais nous, lecteurs, ne savions pas déjà tout cela, ou presque, depuis trois cent pages ?
De la même façon, ce cher Lehane-fan nous fait remarquer, à juste titre, que la quatrième de couverture retrace bien au moins deux cent pages du roman, pour moi on peut même y trouver le résumé des 450 premières, ni plus ni moins ! D’ailleurs, le titre-même me semblait incongru jusqu’à cette rassurante page 462 qui explique (enfin !) son intérêt… Intérêt-mystère qui ne tiendra, en tout et pour tout, que treize pages exactement pour que l’on découvre qui se cache derrière ce sobriquet. Et pour vraiment nous finir bien comme il faut (oui, je n’ai pas encore terminé, en fait !), nous avons la désagréable surprise de trouver des pages interverties : ce n’est pas très gênant au bout du compte, mais ajouté au reste, ça la fout mal quand même.
Pour conclure (parce qu’il va être temps d’arrêter quand même !), je reviens de cette lecture avec un fort goût amer, car cet ouvrage fut long à terminer et j’ai l’impression d’avoir perdu mon temps : m’arrêter aux deux cents premières pages, voire au résumé (que je n’avais pas lu au départ), aurait très bien pu me suffire. Comme je l’ai dit ce n’est pas le style qui m’a bloqué, mais bien l’agencement global de l’intrigue. Peut-être que c’est moi qui n’ai rien compris, au vu des autres critiques, ou bien peut-être les deux autres romans de cette série sont plus nécessaires qu’ils n’y paraissent pour la compréhension, je ne sais vraiment pas. En attendant, il va être urgent pour moi que je me refasse un vrai bon polar des familles car celui-ci n’en est pas un, c’est sûr, et je reste sur ma faim…
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Quand ses parents, Chris et Tilde, décident de vendre leur pépinière pour s'installer en Suède dans une vieille ferme à retaper, Daniel n'a aucun doute sur le succès de leur entreprise. Ses parents forment un couple soudé, ils connaissent la nature, sauront subvenir à leurs besoins grâce à leurs propres cultures et puis Tilde parle parfaitement le suédois puisqu'elle a grandi dans ce pays, même si elle l'a quitté à 16 ans à peine, sans plus jamais revoir sa famille. Fort de la certitude que ses parents vivaient une retraite paisible et heureuse, Daniel a sans cesse reporté sa visite chez eux, se trouvant des excuses pour éviter de leur présenter Mark, l'homme qui partage sa vie et dont ils ignorent l'existence. Sa surprise est donc totale quand, quelques mois après leur départ, son père l'appelle pour lui annoncer que sa mère, victime d'une crise psychotique, vient d'être internée en hôpital psychiatrique. Peu de temps après, c'est Tilde qui l'appelle : Chris a menti, il complote contre elle, elle n'est pas folle, elle sait des choses, il veut la faire taire, elle s'envole pour Londres afin de tout lui raconter.
''Tu préfères ta maman ou ton papa ?'', voilà une question stupide que l'on pose parfois aux enfants et à laquelle ils ont le plus grand mal à répondre...Et d'ailleurs c'est aussi vrai à l'âge adulte. Daniel aime ses parents, les deux, même s'il s'est toujours senti plus proche de sa mère. C'est elle qui s'est occupée de son éducation, c'est elle qui lui lisait les légendes suédoises, le soir dans son lit. Et sa mère n'a jamais été folle ! Alors doit-il la croire quand elle accuse son père des pires vices, quand elle se dit au cœur d'une terrible machination ? Le voilà obligé de faire un choix déchirant. Au fil des révélations de sa mère, des vérités se font jour et il se rend compte, qu'au fond, il connaît bien peu ses parents qui ont toujours tenté de le préserver.
Au rythme d'un suspens qui monte crescendo, on s'interroge sur la nature du crime commis par le père et ses amis suédois, sur la santé mentale de la mère, la frontière étant si mince entre raison et déraison. Complot véritable ou crise de paranoïa ? Il faudra lire jusqu'au bout cette histoire d'autant plus terrible que Tom ROB SMITH, pour l'écrire, s'est inspirée de sa propre mère.
Entre traditions nordiques, relations familiales et folie humaine, un bon thriller psychologique qui sait tenir en haleine et pose la question de la fragilité du psychisme humain.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Belfond pour cette masse critique privilégiée.
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Au sein de la Russie socialiste des années 50, Léo est un agent zélé et plein d'avenir du MGB (l'ancêtre du KGB). Il est assez ennuyé de la mission ultra prioritaire qu'on lui a confié, alors même qu'il est sur la piste d'un probable espion en fuite, sachant que, lorsque l'on est soupçonné, on est déjà coupable. L'un de ses collègues du MGB vient de perdre son fils, écrasé par un train selon la version officielle, victime de meurtre selon son père. Léo doit remettre tout le monde dans le droit chemin, car le crime autre que contre la patrie ne peut exister au sein de la parfaite Russie. Léo s'acquitte avec plus ou moins de facilité de ses missions, et est invité à assister à l'interrogatoire du dissident qui, torturé pour donner les noms des traitres qu'il fréquente avant d'être fusillé, avoue la liste… des maîtres des animaux qu'il soignait en tant que vétérinaire. Léo est troublé, et c'est peut-être à cause de ce trouble que lui est confiée une nouvelle mission : enquêter sur une dissidente, une certaine Raïssa, sa propre femme…
Comme plusieurs autres lecteurs, j'ai beaucoup aimé (enfin, disons : j'ai trouvé très réussie) la première moitié d'Enfant 44. La description de la machine à broyer stalinienne, servie par l'écriture froide et rationnelle de Tom Rob Smith, est extrêmement réaliste. Le climat de peur et de délation est également bien rendu et permet de se rendre compte de ce que peut être la vie qui ne tient qu'à un fil qu'on ne maitrise pas de "simple gens" sous un régime totalitaire et aveugle.
En revanche, la seconde moitié du livre, la partie "thriller", l'intrigue policière et son dénouement, sont décevants, et m'ont paru incohérents avec le fonctionnement de la Russie soviétique décrit auparavant. Le duo Léo / Raïssa est improbable, et le final tiré par les cheveux, nous entrainant tout droit au pays des bisounours ! C'est bien dommage, car il y a par ailleurs bien des qualités dans cet ouvrage, qualités qui auraient pu être mieux et plus longuement exploitées !
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Une incursion dans l’Union Soviétique des années 50, voyage qui fait revivre un peu les misères d’un peuple sous un régime totalitaire.
On y rencontre l’obligation de suivre la ligne de parti, au point de nier la vérité. On avait entendu parler d’industries factices et de fabulations dans le domaine économique, mais l’impact sur le travail policier est ahurissant. Puisque « le crime n'existe pas dans le parfait État socialiste », on ne cherche pas les coupables où on les désigne parmi les handicapés…
On y trouve aussi la méfiance et la suspicion qui viennent changer les rapports entre les personnes et teintent même les relations entre les parents et leurs enfants, entre un conjoint et son épouse.
On s’y scandalise devant l’arbitraire de l’attribution ou le retrait de privilèges qui donnent des pouvoirs démesurés et permet d’opprimer les innocents.
On s’indigne aussi devant la logique infâme qui dit que comme les autorités ont sûrement une raison de demander une enquête, alors c’est sûr qu’on trouvera quelque chose, au besoin on l’inventera… (Des suspects relâchés parce qu'ils étaient innocents? On n'avait jamais vu ça!)
Dans ce polar noir, on compatit pour les victimes et on déteste les coupables, mais surtout, on se réjouit de l’écriture de Tom Rob Smith qui anime ce périple au pays de Staline…
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"La ferme" est un thriller psychologique qui démarre sur les chapeaux de roue dès la toute première page et qui jamais ne faiblit, ce qui, je le reconnais, est presque fatiguant pour le lecteur tellement la tension est forte et continue.
Daniel reçoit le même jour deux appels téléphoniques qui l'inquiètent au plus haut point, l'un de son père, l'informant que sa mère a été internée et un autre de sa mère, lui disant qu'il ne faut surtout pas croire ce que son père pourrait lui raconter.
Daniel vit à Londres alors que ses parents ont acheté une ferme en Suède pour leur retraite, ce qui ne facilite pas les échanges.
Daniel va devoir jongler entre des informations contradictoires et choisir lequel croire et lequel trahir...
A partir d'un fait qui a réellement concerné sa propre famille, l'auteur a écrit un roman qui ne nous laisse aucun répit, les faits et les détails s'accumulent, les révélations abondent mais qu'y a t-il de vrai, de réel dans tout ça ?
J'ai aimé ce roman même si j'ai trouvé que pendant les deux premiers tiers du livre, le suspense était presque trop intense, j'avais l'impression d'étouffer sous toutes ces informations et j'ai grandement apprécié que le rythme se calme un peu vers la fin du livre, histoire de respirer normalement et de pouvoir lire la fin sans être en apnée et sans que mon coeur batte la chamade non-stop.
J'ai reçu ce livre grâce à l'opération Masse critique, je remercie donc Babélio et les éditions Belfond, ce fut une belle découverte, même si elle a été un peu trop intense à mon goût.
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Une mère en panique fuit la Suède, sa maison et son mari pour se réfugier chez son fils à Londres.
Crise de folie, paranoïa ou réelle urgence? Aux dires du père, la retraite idyllique dans une ferme a rapidement tourné à l'aigre, un projet de vie longtemps espéré et complètement raté.
La mère va raconter, raconter, en monologue, pièces à convictions en mains, tirés en vrac d'un vieux sac qu'elle surveille jalousement: une implantation locale difficile, un ostracisme de leurs voisins, des sabotages, des mensonges jusque dans son couple, une disparition de jeune fille...
Le décor est posé. La tension monte, le lecteur est au coeur du récit, cherchant à voir les événements avec une autre focale, histoire de ne pas se faire aussi manipuler.
Ca partait plutôt bien mais cela s'essouffle, et j'ai peu à peu ressenti un vague ennui, pas suffisamment prégnant pour justifier l'abandon, mais qui m'a fait lire en diagonale. Cette part de conversation à sens unique entre mère et fils, donne peu de dynamique au récit et conduit rapidement à se dire que si l'auteur donne tant de place à la voix de la mère, on a toutes les raisons de la remette en question. Car ce serait trop simple. L'histoire finit par retomber sur ses pieds, en appui de quelques twists prévisibles dans les dernières pages mais c'est un peu laborieux.
Pour moi, c'est un thriller psychologique reposant, sans violence affichée mais qui manque de brio.
En revanche, le plus intéressant est la part autobiographique de la genèse du roman. Confronté dans la réalité à la maladie mentale de sa mère, Tom Rob Smith s'interroge sur la connaissance que nous avons de nos proches, sur les secrets, et sur la manipulation imbriquée dans les sentiments familiaux. Il est incontestable que le plus déstabilisant est de se trouver en situation de devoir choisir entre ses deux parents.
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Vie et destin d'un jeune homme frappé par le doute, arroseur arrosé d'une extraordinaire machine à broyer la vérité, Enfant 44 saisit le lecteur par la puissance de son récit et la densité de son regard. Rarement on a lu texte plus oppressant. Pour l'essentiel, l'action se déroule en 1953, en Russie soviétique, année cruciale qui verra la mort de Staline, l'exécution de Béria, chef de la police politique, et la prise du pouvoir par Nikita Khrouchtchev. Leo, brillant officier du MGB, l'ancêtre du KGB, assure bravement sa mission qu'il se persuade de mener dans l'intérêt de son pays et de la révolution. Arrestations, accusations montées de toutes pièces, tortures, exécutions sommaires : il assume. Jusqu'au jour où il se trouve confronté au meurtre d'un enfant, à l'évidence victime d'un criminel en série. Mais que signifie « l'évidence » quand elle se heurte au dogme : le crime n'existe pas dans une société sans classes ?
Thriller impeccable, haletant, parfaitement vissé, Enfant 44 est surtout le portrait d'une série d'hommes et de femmes pris en étau entre conscience morale et instinct de survie. Tom Rob Smith fait sentir à chaque page la peur, la lâcheté, le mensonge, le dégoût de soi qui les broient, chacun à leur manière.
Vraiment excellent du début à la fin.
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Premiers petits pas timides dans l'univers complexe de Tom Rob Smith que je ne connaissais que de réputation , Enfant 44 ayant fait couler pas mal d'encre , le constat est d'une évidence sans appel , j'ai aimé , point barre !
Aimé , oui , excepté de découvrir pour la énième fois en 4e de couv' un pitch bien trop bavard couvrant allègrement les 200 premières pages ! Amis du suspense , bonsoir !
Autre délicate surprise du chef amusante sans réelle conséquence , un petit jeu bien involontaire consistant à rechercher fébrilement certaines pages placées dans le bouquin de façon totalement aléatoire et n'ayant absolument aucun rapport avec la précédente mais prêtant plus au sourire qu'à l'énervement , la rareté aidant . Wonder et Montagné pour la relecture , on oublie illico !
Le dernier petit regret , n'avoir pas découvert les deux précédents opus intégrant ce triptyque afin d'y constater l'évolution attachante des divers protagonistes composant la famille Demidov .
Leo , pater familias et pierre angulaire de ce récit , va se muer en véritable petit guide du routard et ce de façon bien inopportune .
La guerre froide bat son plein . Les relations USA / URSS ne sont pas vraiment au beau fixe . Sur fond d'attentat anticommuniste incriminant mortellement Raissa , sa femme , alors délibérément choisie pour accompagner ses deux filles et leur classe au pays de l'Oncle Sam , Leo va dès lors tout mettre œuvre pour lever le voile nimbant cet épais mystère familial .
Quête absolue de vérité , aveuglement maladif , amour inconditionnel , autant d'éléments moteur constituant dès lors chaque parcelle de son être et lui procurant encore le sentiment d'être vivant .
Un thriller politique haletant qui , d'un continent à l'autre , intrigue et instruit un lecteur pleinement happé par la tourmente .
Couvrant une période d'un peu plus de 30 ans ( 1950 – 1981 ) , ce roman mixe talentueusement tragédie personnelle sur fond de guerre froide sans jamais susciter le moindre décrochage de mâchoire intempestif .
De l'URSS à l'Asie Centrale en passant par les States , autant de douloureux périples pour l'ami Demidov avec en seul et unique point de mire la réponse à cet entêtant questionnement : quid de l'implication politique de sa femme , objet de sa presque totale déchéance...
Des chapitres courts , une écriture nerveuse , des personnages consistants au service d'un récit dépaysant et didactique parfaitement maîtrisé , mon premier TRS ne sera certainement pas le dernier !
Merci à Babélio et aux éditions Belfond Noir pour cette nouvelle révélation !
Agent 6 : à dévorer lors d'un p'tit 5 à 7 !
http://www.youtube.com/watch?v=1G4isv_Fylg
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1953, fin de l'ère stalinienne, le pays est sous une chape de plomb, qui annihile toute conscience individuelle, le bien du pays passe par la délation, la peur, la crainte d'être dénoncé pour un mot ou une parole portant préjudice au soviétisme à outrance. La peur aussi de l'espion occidental suprême ennemi de l'URSS. Cet occident qui pour les soviets est le produit même de tous les vices.
On a affaire ici à un thriller froid, glaçant même. L'atmosphère même du roman est éprouvante car malheureusement cette histoire est tirée d'un fait réel qui a bouleversé le pays à l'époque. Et comme à l'époque, les autorités fortes de leur imaginaire d'une société parfaite refusent que de tels crimes puissent être perpétrés par un seul homme. Leur modèle parfait ne peut produire un tel homme.
On se retrouve donc avec Léo Démidov, agent zélé du MGB (ancien KGB), brillant, officier prometteur qui prend conscience de la stupidité du raisonnement de son parti. Et pourtant Léo est un officier qui adhère pleinement au régime.
Mais il suffira d'un gros grain de sable dans la machine, en l’occurrence Vassili, son adjoint pour qu'il prenne conscience de ce qui l'entoure.
De chasseur il deviendra gibier. Et en étant gibier il découvrira la vérité. Bien triste il est vrai et totalement inhumaine. Car elle sera la conséquence d'erreurs passées.
Très bon thriller/polar, qui fait froid dans le dos. L'époque est bien retranscrite, la mentalité, les peurs, les réactions de la population à toute intervention du pouvoir. On a l'impression d'être dans une ambiance à la Orwell dans une société totalement fermée, formatée, totalitaire et policière sauf que cette histoire il ne faut pas l'oublier fut bien réelle.
L'écriture de Tom Rob Smith retranscrit bien cette atmosphère, froide, concise et sans concession. Le style est haché et tranchant.
Belle découverte. Je lirai certainement la suite.
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Dès la première page, c'est le choc. La misère suinte de chaque ligne, j'ai le coeur qui bat trop vite au rythme des crimes commis. La lecture devient difficile.
La cruauté est vivace dans Enfant 44 la vie ou le semblant de vie est un combat de tous les jours pour juste survivre sans se retrouver au goulag ou torturés dans le sous-sol de la Loubianka.
Léo, l'agent du MGB connait, trop bien, les risques de son métier et son devoir envers le pays.
Les atrocités perpétués sur des enfants innocents (il est si facile de les duper par ces temps si durs) continuent et l'enquête progresse de jour en jour.
Sur les traces de Petya, je laisse retomber le livre avec lenteur, j'ai du mal à respirer, je pressens l'horreur tapie dans les prochaines pages.
Cette histoire est terrifiante.
Raïssa et Léo connurent la trahison, la haine, les souffrances et parfois une lueur d'espoir. Mais dans ce monde impitoyable, il est interdit d'espérer et même de vivre en gardant son humanité.
Du courage, ce couple en a à revendre et dans les pires moments, ils se découvrent. L'ironie de la vie les a lié par des secrets plus forts que le lien du mariage.
Ce roman est ÉPOUSTOUFLANT du début à la fin. Il mérite les cinq étoiles. Un grand coup de coeur !
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Un thriller foisonnant qui va de l’URSS aux États-Unis, en passant par l’Afghanistan, un pavé qui évolue des années 50 aux années 80.
Tout commence à Moscou, avec un chanteur américain en visite et Leo, un agent du KGB, qui tombe amoureux de Raïssa. Quinze ans plus tard, Raïssa a épousé Leo et est en visite aux États-Unis lorsque le chanteur est assassiné et c’est elle qui sera accusée du meurtre (un ressort de l’intrigue un peu maladroitement dévoilé par le 4e de couverture…)
Au fil des pages, on appréciera les atmosphères très différentes : le climat de suspicion moscovite et les séquelles du régime stalinien, l’Afghanistan d’avant les Talibans, occupé par l’armée « alliée » des Soviétiques, ainsi que la « chasse aux sorcières » anticommuniste aux États-Unis.
D’ailleurs, pour le personnage de l’américain Jessy Austin, l’auteur s’est inspiré de la vie du chanteur Paul Robeson, populaire en URSS et même en Chine, mais aussi persécuté sous le Maccarthysme. Le roman s’écarte ensuite de l’Histoire puisque Robeson fut réhabilité à la fin des années cinquante et put même faire des tournées internationales au début des années soixante.
En cela, l’aspect historique du roman m’a un peu gêné, car si, en 1965, l’assassinat était toujours à la mode aux USA, l’étau du Maccarthysme s’étant relâché, le contrôle de la musique populaire et des médias ne me semble plus tout à fait aussi crédible. Et le doute, s’il s’installe, nuit à la l’enthousiasme avec lequel la lectrice (ou le lecteur) accepte l’ensemble des événements qui lui sont présentés par la suite.
Au final, cela donne quand même un thriller intéressant, mais qu’on lira davantage pour y goûter des ambiances que pour sa crédibilité historique.
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L'URSS, comme s'appelait la Russie dans les années cinquante, sous l'ère de Staline : un membre du MGB (Ministère de la Sécurité d'État) et sa femme enseignante, l'exil et des enfants qui meurent dans des conditions monstrueuses.
Vous voilà parti(e)s pour plus de 500 pages haletantes avec un thriller et un roman d'aventures.
Oublions quelques invraisemblances !
Du même auteur, je vais acquérir "Kolyma" qui se passe au temps de la déstalinisation.
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Sans attendre, je plonge dans Kolyma et retrouve Raïssa et Léo après les dures épreuves dans Enfant 44.
Tom Rob Smith continue avec un style captivant l'histoire venue de loin, d'un pays de neige et de silence, de doutes et de suspicion, de victimes et de bourreaux et de prisons aussi.
Les souvenirs viennent hanter Suren et les autres, des images ressurgissent du passé.
La roue tourne et l'heure de la vengeance a sonné, mais pour qui ? Les mots gagnent en force et le récit devient insoutenable car l'auteur nous fait la preuve que l'homme est vraiment un loup pour l'homme et que l'enfer existe sur terre. Léo, à nouveau, se retrouve piégé dans de terribles situations et plus le lecteur croit à la fin du supplice plus il s'enfonce dans le pire.
A plusieurs reprises, j'ai dû reposer Kolyma pour reprendre ma respiration. Les événements se dessinent dans mon esprit, prennent forme et vie devant mes yeux : je suis dans l'histoire, dans le froid de Magadan, dans le goulag qui fait perdre toute humanité. J'ai du mal à croire que ça a vraiment existé ces endroits et surtout ces hommes impitoyables. De tous les livres que j'ai lu, Kolyma restera gravé dans ma mémoire. Et quand Timur tombe mon coeur est glacé d'effroi.
Sur cette note d'angoisse et de terreur, je commence la nouvelle année 2018.
Bonne année à tous les Babeliotes !!!!
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«Enfant 44» est un thriller original et haletant ayant pour toile de fond le régime soviétique des années 50.
Plus que l’enquête sur les meurtres d’enfant d’un serial killer, c’est la description très bien documentée de cette URSS et la paranoïa d’un régime terrorisant sa population qui m’a tenue en haleine. Les rouages de ce système sont parfaitement décryptés et l’on assiste,à un défilé de dénonciations, de poursuites, d’arrestations, de tortures et d’exécutions sommaires. Tom Rob Smith ne tombe cependant pas dans le piège d’un récit trop manichéen: les personnages sont contrastés et nuancés (l’évolution progressive de Léo, officier zélé chez qui le doute va peu à peu s’installer, est parfaitement décrite) et la plupart n’ont souvent que «le choix» entre leur survie et la délation.
Bien sûr, on a quand même de «vrais méchants» (outre le serial killer, le personnage de Vassili, collègue de Léo, est particulièrement terrifiant) mais le message délivré sur la nature humaine, une fois le livre achevé, est plutôt positif.
Le récit est bien rythmé, le suspense monte progressivement et l’on a du mal à interrompre sa lecture.
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Tom Rob Smith boucle sa trilogie « Leo Demidov » avec Agent 6. Loin de s’inscrire dans le prolongement chronologique des deux précédents romans, la trame d’Agent 6 englobe une période élargie allant de 1950 à 1981, c’est donc tout le parcours de Leo Demidov, de Moscou à New-York en passant par Kaboul et Peshawar qui est retracé ici, exceptés les épisodes de sa vie racontés dans Enfant 44 et Kolyma, les romans précédents ; chaque livre peut donc être lu séparément.
La carrière mouvementée de Leo oscille entre périodes de gloire et de disgrâce. Communiste convaincu et fonctionnaire zélé du régime soviétique, ses convictions politiques vont évoluer au fil du temps. Officier du MGB sous Staline, conseiller politique et instructeur en Afghanistan sous Brejnev, il a également connu quelques traversées du désert (au propre comme au figuré). Mais trop en dire conduirait à dévoiler une partie de l’intrigue.
La vie privée de Leo est tout aussi compliquée. Une jolie femme, Raïssa, et deux filles adoptives, Zoya et Elena, composent sa famille que nous connaissons déjà à travers les précédents romans. Léo veut être un bon mari et un bon père de famille. Mais sa profession et ses convictions incitent à observer le monde extérieur sous un œil soupçonneux confinant à la paranoïa. Malgré ses bonnes intentions, Léo est donc difficile à vivre. Face aux innombrables dangers qui menacent ses proches, d’ailleurs plus réels qu’imaginaires dans le roman, parviendra-t-il à protéger les siens ? Là encore, en dire trop dévoilerait une partie de l’intrigue.
Disons simplement que des complots vont se tramer et que des meurtres à répétition vont se produire ; mais bien malin qui saura dire si les commanditaires sont du côté du FBI ou du côté du KGB.
En matière de révélations intempestives, le pas est pourtant allègrement franchi sur la quatrième de couverture qui tue dans l’œuf un suspense bien mené qui aurait pu planer sur les deux-cent premières pages. Signalons également pour cette édition d’autres petits problèmes tout aussi agaçants : quelques coquilles et surtout l’inversion des pages 135 et 140, rendant la lecture un peu délicate à cet endroit.
De bonnes idées de scénario, des angles de vue originaux, des détails qui font vrais, parsèment le récit de Tom Rob Smith, découpé en chapitres courts qui donnent à la narration un rythme soutenu. Les scènes très visuelles et les indications de lieux utilisées comme titres de chapitre plongent le lecteur dans une ambiance rappelant les films d’action.
Mais malgré ses indéniables qualités, ce troisième roman m’a pourtant laissé une impression mitigée, sans doute due aux personnages trop manichéens, parfois jusqu’à la caricature, et au dénouement un peu faible (j’aurais aimé voir ressurgir quelques personnages qui disparaissent trop vite du récit et j’avais imaginé une fin plus surprenante quant à l’identité de l’Agent 6). Par ailleurs, le style de Tom Rob Smith s’apparente davantage à l’écriture en Rangers d’un Tom Clancy, plutôt qu’à la plume élégante et subtile de son compatriote John Le Carré (qui porte des Church, à mon avis).
Nombreux sont les thrillers et les romans policiers qui plongent le lecteur en pleine guerre froide. Moins nombreux sont les écrivains qui disposent d’un héros récurrent soviétique et moscovite pure souche. Tom Rob Smith est l’un d’entre eux, mais sachez qu’il en existe un autre. Assez curieusement, son nom est Smith, Martin Cruz Smith. Son héros récurrent est l’inspecteur Arkadi Renko, de la milice soviétique, sept romans à son actif. Et franchement, amateurs et amatrices de polars, si vous avez lu et apprécié Tom Rob, précipitez-vous sans attendre sur Martin Cruz. Une autre façon de découvrir l’Urss depuis l’autre côté du rideau de fer, boljemoï !
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