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Critiques de Tomi Ungerer (417)
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Les Trois Brigands

Tomi Ungerer est une idole régionale en Alsace. On en mange à toutes les sauces, on l'étudie dans toutes les écoles, il s'affiche un peu partout (parfois jusqu'à l'overdose, dans les échoppes, les restaurants et jusque sur les bus de Strasbourg par exemple), dans des dessins pas toujours de bon goût et qui n'ont, quelquefois, d'autre intérêt que d'être signés " Tomi Ungerer ".

Cette popularité peut provenir de beaucoup de succès commerciaux de beaucoup d'albums, Le Géant De Zéralda, Otto, Jean De La Lune, La Grosse Bête De Monsieur Racine, etc., etc.

Mais en vrai, en vrai de vrai, de vous à moi, la popularité de Tomi Ungerer vient en fait d'un seul et unique album, celui qui l'a fait sortir de l'ombre, lui qui vivait un peu comme un voleur au fond de sa caverne ; j'ai nommé Die Drei Räuber.

Oui, il n'est pas inutile de rappeler que ce livre est sorti dans sa version originale en allemand et que bien que l'auteur en soit français, c'est une traduction que nous lisons (qui n'est pas de Tomi Ungerer mais d'Adolphe Chagot).

Pas inutile, car ce titre évoque forcément et fatalement pour nos amis Allemands un classique de chez eux ; j'ai nommé Die Raüber de Schiller (Les Brigands).

Lors de la sortie du film issu de l'album en 2007, Tomi Ungerer confiait, lorsqu'on lui demandait d'où lui était venue l'inspiration de cet album, confiait donc, que ça lui était venu comme ça, peut-être de deux ou trois imagiers anciens qu'il aurait feuilleté dans sa jeunesse, mais que globalement, ça lui était venu comme ça, telle une illumination.

Mon œil monsieur Ungerer ! Je n'en crois pas une bribe. De même que l'album Émile sorti un an auparavant devait sans doute beaucoup à la version de Vingt Mille Lieues Sous Les Mers illustrée par Gustave Doré (un autre Alsacien), j'affirme sans preuve et pourtant sans honte que toute l'ossature de l'album des Trois Brigands provient de la pièce de Schiller, un classique très étudié en Allemagne (et donc en Alsace de 1870 à 1918).

En fait, ça saute aux yeux quand on lit la pièce. Mais peu importe, l'essentiel est bien que l'auteur illustrateur ait su en faire le chef-d'œuvre que l'on connaît. C'est d'abord une ligne graphique sensationnelle, tellement simple, tellement épurée qu'elle apparaît évidente.

Peu de couleurs, de grands à-plats d'une efficacité visuelle redoutable qui a été moult fois imitée depuis lors, mais probablement pas égalée, du moins, à ma connaissance.

Le choix d'une époque reculée qui évoque le XVIIème, XVIIIème siècle (mais qui était une époque quasi contemporaine pour Schiller) confère à l'histoire un caractère d'ancienneté digne d'un conte traditionnel.

Le thème de l'histoire surfe sur une ligne narrative qui date de temps immémoriaux et qui rappelle beaucoup Robin Des Bois, un thème qui plait énormément, dans tous les pays et à toutes les époques.

Voilà les ingrédients du succès des Trois Brigands : une histoire plus ou moins présente dans l'imaginaire populaire, présentée avec une forme qui évoque la tradition, dans une ligne graphique impeccable et lancée préalablement dans un pays fortement préparé à accueillir favorablement cet album.

Ajoutez là-dessus une étrange ressemblance entre le village des brigands et un village fortifié viticole alsacien, avec ses tours de guet dont la toiture évoque vaguement un haut galurin du Tyrol et vous aurez entre les mains l'un des plus beaux albums jeunesse de la seconde moitié du XXème siècle, devenu à raison un grand classique.

La valeur de partage et de générosité véhiculée par l'album, ainsi que celle de la nature profonde des individus, ni jamais complètement mauvais ni jamais complètement angéliques sont véritablement universels et valent le détour.

Mais une fois encore, vous conviendrez avec moi que toutes ces hasardeuses élucubrations autour d'un album pour enfant ne sont rien de plus qu'une minuscule poussière de poivre jetée aux naseaux des chevaux, autant dire, pas grand-chose.
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Jean de la Lune

Michaël Moisseff, "le sculpteur d'arômes" a créé un parfum " A l'odeur de Lune". France info.tv le 11/08/20.





"Avez vous vu Jean de la Lune, là-haut dans le ciel ?

Pelotonné dans sa boule argentée, il attend que vous lui rendiez visite."





Il profita du passage de la comète "Néowise" visible actuellement, "qu'il attrapa par sa traîne de feu."





Il arriva comme une bombe, sur la Terre." La Terre, cette quenouille que file Lune et Soleil (Jacques Prévert) "Personne ne reconnut la douce et pâle créature". Et il fut jeté en prison, par un juge, mal luné...





Mais une nuit, Jean de la Lune 🌘 se sentit plus léger, près de son dernier quartier. Il devint si mince, qu'il réussit à glisser entre les barreaux de sa cellule.





Jean de la Lune passa des heures merveilleuses, parmi les fleurs et les oiseaux.

"De loin, de près, de tous les endroits

Merles, bouvreuils, sur leurs mirlitons

Répétaient en rond

Jean de la Lune (bis)"





Il s'invita à un bal masqué ... (Où Goupil, Cendrillon et le Loup 🐺soupiraient devant la pleine lune... "La rêverie est le clair de Lune de la pensée. Jules Renard🦊)





Mais, la police intervint pour tapage nocturne.

Oh non! Jean de la Lune doit se cacher encore, mais comment va-t-il rentrer chez lui?

Car sinon, les amoureux ne pourront pas s'embrasser, au Clair de Lune...





"Par une tiède nuit de printemps

Il y a bien de cela, cent ans

Que sous un brin de persil, sans bruit

Tout menu, naquit

Jean de la Lune (bis)

Adrien Pagès.
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Crictor

Crictor, c'est du Tomi Ungerer des débuts. C'est encore très comparable à d'autres auteurs amenés à devenir célèbres, tels que Jean-Jacques Sempé, par exemple.



Crictor c'est aussi du Tomi Ungerer des origines quant au scénario. À cet égard, cet album est le symétrique parfait, presque le jumeau de cet autre album qui viendra deux ans plus tard et qui est un peu plus connu (quoique), à savoir Émile. On peut vraiment les comparer point par point. Ici, le héros est un boa constrictor (d'où son nom) tandis qu'Émile est un poulpe.



C'est du Tomi Ungerer d'avant le grand succès des Trois Brigands ou du Géant de Zéralda. Il se cherche encore un petit peu, mais le propos est très beau, très positif.



C'est, comme pour Émile, une ode à la différence. Je ne serais d'ailleurs pas surprise que cet album ait quelque chose à voir avec la gestation du roman de Romain Gary (Émile Ajar) intitulé Gros-Câlin.



Une vieille dame reçoit un jour un boa constrictor en cadeau de la part de son fils. La vieille, tout d'abord horrifiée par ce terrible présent, finit par se prendre d'affection pour cet étrange animal de compagnie.



Crictor parvient même à devenir une aide précieuse dans la vie de tous les jours jusqu'au suprême instant où la vieille dame se fait attaquer par des brigands (déjà eux !).



Comment va réagir Crictor ? Qu'adviendra-t-il alors ? C'est ce que je vous laisse découvrir.



C'est un album que je trouve sympa, sans toutefois me pâmer d'admiration non plus. Un livre aux couleurs douces, aux tons pastels, aux nuances et contrastes dilués contrairement à l'emploi de la couleur qu'il fera quelques années plus tard. Le trait noir est encore la base de son travail d'illustrateur et la mise en couleur un aspect secondaire.



Par la suite, cette tendance s'inversera et son trait se tomiungererisera jusqu'à devenir la touche si clairement identifiable que nous lui connaissons aujourd'hui.



Néanmoins, ne vous laissez pas enfermer dans cet avis trop constricteur et trop réducteur, qui donc ne signifie pas grand-chose.
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Otto

Otto est un ours en peluche, fabriqué en Allemagne et offert à un petit garçon appelé David. Il raconte son histoire partageant les joies des enfants, et confiant au lecteur sa peine et ses souffrances, car c’est lui le narrateur. Il raconte ses jeux avec David et Oskar son meilleur ami, ses souvenirs, ses aventures, les histoires racontées par les deux enfants, l’encrier qu’il reçut sur la tête, le tatouant d’une tâche violette pour le restant de ses jours… Cette première période de sa vie est heureuse, oui mais voilà… Nous sommes en 1942, des hommes en manteau de cuir noir viennent chercher David et ses parents, Otto est confié à Oskar. Puis le papa d’Oskar est appelé au combat, la ville est pulvérisée par les bombardements, Otto se retrouve dans les décombres, il est recueilli par un soldat américain à qui il sauve la vie, recevant une balle avant son nouvel ami… Et cette histoire se poursuit jusqu’à une issue surprenante.



Un livre qui m’a donnée des frissons, une histoire émouvante et révoltante à la fois, l’histoire de deux amis Allemands séparés par la guerre, l’histoire de la seconde guerre mondiale en Allemagne, racontée délicatement aux jeunes enfants d'aujourd’hui, une histoire adoucie, mais qui les amènera tout de même à comprendre les horreurs et l’absurdité de la guerre. Ce magnifique et terrible album sera impérativement à lire avec les enfants, soyons prudents avec ce sujet que les enfants peuvent avoir du mal à comprendre, un livre qui invite à la tolérance tout en amenant à réaliser de quoi les hommes sont capables. Un livre idéal pour aborder ce sujet.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Otto

Né des mains d'un artisan dans une petite boutique en Allemagne, Otto est un ours en peluche qui se retrouve, vieillissant, dans un magasin d'antiquités en Amérique. Entre ces deux moments, il a partagé la vie de David, d'Oskar, puis de Charlie, un G.I. américain. Il a connu la guerre, les nazis, les bombardements, mille aventures qui ont fait de lui un ours sage et observateur.



Les joies de l'amitié et les horreurs de la seconde guerre mondiale racontées par un ours en peluche. Un album plein de tendresse malgré des sujets difficiles. L'étoile jaune, la déportation, les bombardements sont ici traités avec un mélange de naïveté et de réalisme pour être à la portée des enfants. Toutefois, il faudra les accompagner dans cette lecture car Tomi Ungerer suggère, effleure, touche délicatement et certaines choses demandent un approfondissement et des explications. Emouvant et profondément humain.

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Le Nuage bleu

C’est loin des nuages gris, des orages et de la pluie, qu’un petit nuage bleu a décidé de vivre sa vie, en toute indépendance. Il parcourt le monde, teintant en bleu tout ce qu’il approche, grossissant car refusant de lâcher sa pluie. Mais tout cela change le jour où il survole une ville en proie à une guerre civile.



Savant mélange de poésie et de réalisme, Le nuage bleu, sous son air charmant et onirique, dénonce la guerre, la violence, le racisme et met en avant l’optimisme, la tolérance, la différence, le sacrifice de soi.

Avec de l’humour et beaucoup de tendresse, Tomi Ungerer raconte la bêtise humaine et démontre que la différence doit être une richesse…A méditer, pour les petits et pour les grands.

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Émile

Poulpe fiction, ou l'histoire d'Emile, pieuvre sympa.

Quand le capitaine Samofar a failli se faire croquer par un requin à travers son emballage de scaphandrier, qui c'est qui lui a sauvé la mise ? Je vous le donne en 1 000 : Emile !



Voilà ces deux-là amis pour la vie, au point que Samofar invite Emile à s'installer chez lui.

Avec ses huit tentacules et son intelligence, l'octopus apprivoisé a plus d'une corde à son arc et sait se transformer aussi adroitement qu'un Barbapapa pour rendre service à tous.

Mais malgré ses dons, il s'ennuie ferme dans cette baignoire, et même sur la plage, et se languit de retrouver les profondeurs de l'océan.



Album pour enfants amusant et subtil sur les rapports entre les hommes et les animaux, sur l'amitié en général, illustrant entre autres le principe 'le mieux est l'ennemi du bien'.

Il fallait le talent de Tomi Ungerer pour rendre un poulpe aussi mignon. La bête, IRL, est quand même d'une laideur rare : tentacules, ventouses, bec, peau fripée, couleur...

D'ailleurs la 'femme du pêcheur' ferme les yeux sur l'estampe d'Hokusai, je crois. Mais ceci est une toute autre histoire - pour adultes. 😋
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Le Nuage bleu

Un nuage bleu vit sa vie dans le ciel sans se laisser troubler.

Tout bleuit sur son passage.

Il arrive au-dessus d'une ville en guerre et décide d'arroser cet endroit maudit. Il se vide et disparaît pour laisser la place à une nouvelle ville en paix toute de bleu parée.

Une histoire très poétique avec de magnifiques illustrations pour les petits artistes entre 4 et 6 ans un peu poètes dans l'âme et amateurs de jolies illustrations.

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In extremis

Le titre était prémonitoire: le vaillant auteur des Trois Brigands qui aura bercé-et réveillé- plus d'une enfance, vient hélas de ranger définitivement son célèbre crayon et de casser sa pipe de vieil alsacien récalcitrant.



J'aime depuis toujours sa liberté, son ironie mordante, son refus de rentrer dans les cadres.



Ce dernier album au titre morbide ne m'a pas déçue, même si je l'ai trouvé particulièrement noir, qu'il s'agisse de ses dessins "américains", vachards à souhait, de ceux qui concernent notre France napoléonienne et cocoricotante, de sa vision dérisoire de la guerre froide, de la course aux armements, de l'ère nucléaire si prometteuse d'avenir ou de cet album, terrible et magnifique, reproduit ici, illustrant le sort du ghetto de Varsovie...



Tous sujets qui remplissent d'allégresse, comme on voit !



Heureusement, le coup de crayon est mordant, parfois coquin, toujours critique, rebelle, même si l'ensemble est franchement sombre : certaines planches sont de vraies eaux-fortes,détrempées de pluie et de nuit..



Pas de texte, rien que des dessins- à feuilleter un jour de bon moral...
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Émile

Émile est un poulpe.

Son papa est Tomi Ungerer, le célèbre affichiste-publiciste-illustrateur alsacien, à qui l'on doit pas moins de quatre-vingt-dix livres pour enfants, dont le célèbre "Les trois brigands".

J'adore Émile !

D'abord parce que j'aime la façon dont il est dessiné, simple et efficace, et que j'aime sa couleur verte.

J'aime ses yeux qui lui donnent toute une série d'expressions : Émile peut être étonné, en colère, déterminé, ou même romantique. Si, si, je vous assure. Un poulpe romantique, vous n'y croyez pas ? Eh bien, Tomi Ungerer l'a fait !

J'aime aussi la façon astucieuse dont il se sert de ses bras selon les circonstances... il faut dire qu'en avoir huit est un sacré atout !

Dans cet album, j'aime aussi l'histoire, pleine d'humour, servie par un texte très bien écrit, au vocabulaire riche. Émile s'adresse aux enfants de maternelle, et je suis ravie d'y trouver des termes tels que scaphandrier, squale, réunions mondaines ou nostalgie. C'est en se faisant lire puis en lisant eux-mêmes ce genre de texte que les enfants apprennent.

Pour résumer : dessins, histoire, texte, Émile a tout bon.

Voilà un petit livre pour enfants de très bonne qualité.

Au milieu de ma collection bien fournie d'albums jeunesse, Émile occupe une place tout à fait particulière.

J'ai d'autres titres très réussis que j'ai pris plaisir à lire à mes enfants, d'autres histoires amusantes, bien écrites et illustrées avec goût.

Alors, pourquoi particulièrement Émile ?

Là, je dois raconter une anecdote très personnelle.

Mon mari m'a toujours dit qu'il voulait avoir un petit Émile, c'est presque une des premières choses qu'il m'a dites lorsque nous nous sommes rencontrés. Étant une admiratrice inconditionnelle d'Émile Zola, j'ai tout de suite approuvé. Alors, quand après deux filles un petit garçon est arrivé, il a été évidemment prénommé Émile. Quelques années plus tard, j'ai déniché l'album de Tomi Ungerer à la bibliothèque, je ne le connaissais pas. Amusée, je l'emprunte pour le lire à mon Émile. Quand mon mari en rentrant à la maison l'a vu, posé sur la table, il a blêmi. Vraiment. Et d'une voix émue a dit "Mais c'est le livre que j'avais quand j'étais petit !"

Voilà ! Son amour du prénom Émile venait de là, d'un album oublié mais finalement toujours dans un coin de sa mémoire.

Et quand on demande à mon fils s'il s'appelle Émile en référence à Zola, il peut s'amuser à répondre : "Non, non, pas Zola. Le poulpe !"

Alors, vive Émile Zola (ça, je ne le dirai jamais assez !), vive Émile le poulpe, et vive mon Émile !
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Les Trois Brigands

Merci au petit bout de chou qui est venu me demander de lui lire cette histoire ....

Trois vrais brigands avec leurs grands manteaux noirs et leurs chapeaux écument les routes pour dépouiller les voyageurs et leur voler argent, or et bijoux , jusqu'au jour où ils rencontrent Tiffany .Alors là tout bascule les méchants deviennent gentils et généreux et les petits orphelins trouvent un toit, à manger et de la tendresse.

Classique intemporel de la littérature enfantine peut être lu sans modération à tout âge , bonheur assuré.
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Le géant de Zeralda

Tomi Ungerer revendique haut et fort son côté subversif comme on peut le constater dans les nombreux articles parus à l’occasion de sa mort en février 2019, comme dans les entrevues rediffusées à cette époque. L’Ogre de Zeralda vient confirmer cette volonté avec beaucoup d’humour. Il était une fois un ogre qui, comme tous les ogres des contes traditionnels, mange les enfants. Les gens du village ont tellement peur qu’ils cachent leurs enfants partout où ils le peuvent. Et l’ogre est obligé de se contenter d’une nourriture insipide. Mais loin de ce village vivent dans une certaine aisance un cultivateur et sa fille qui n’ont jamais entendu parler de lui…

***

Ungerer s’amuse avec son lecteur dès le titre puisqu’on est porté à croire pendant les 5 ou 6 premières pages que Zeralda est le nom du village. La couverture de l’album Le Géant de Zeralda représente un géant assis à une table. Il tient une chope dans une main et un couteau dans l’autre. Pas de doute, c’est un ogre : ses grandes dents et son sourire féroce en attestent. Pourtant, la petite fille assise sur ses genoux le regarde sans aucune peur et la petite souris installée dans une assiette ne semble pas vouloir fuir… Le lecteur adulte se régalera 😀 avec les détails de certaines images : le blason qui arbore couteau et fourchette, le maitre d’école sans travail, la souris inquiète quand l’ogre ne trouve que des légumes à manger, le cadre avec un crêpe dans la chambre du père, etc. Les illustrations plaisent aussi aux enfants, mais ils ne s’arrêtent pas aux même détails, forcément.

***

« C'est essentiel d'instiller la peur aux enfants, pour qu'ils apprennent à s'en débarrasser. Qu'est-ce qui donne le piment à la vie ? C'est le défi de pouvoir se battre pour quelque chose ou contre quelque chose, souvent même contre soi-même. Donc c'est formidable d'apprendre à surmonter sa peur » dit Tomi Ungerer dans une entrevue à France info en 2012. Dans cet album, la gentillesse de Zeralda et son talent pour la cuisine auront raison des mauvaises intentions de l’ogre. Zeralda et l’ogre finissent par se marier et vont avoir « un grand nombre d’enfants ». Mais seront-ils heureux ? On peut le penser dit le texte instantanément contredit par l’image : un des enfants cache derrière son dos un couteau et une fourchette...

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Les Trois Brigands

Aujourd'hui il était évident pour moi, de déposer une critique sur ce magnifique roman qu'est "Les trois brigands". Cet ouvrage magnifique et si simple à la fois, composé de ces merveilleuses illustration et qui me rappelle les tendres souvenirs de ma jeunesse.

Je me rappelle de lui, comme avoir été l'un de mes premiers coup de cœur, que je dévorais chaque jour avec plaisir et entrain. Je ne le possédais pas chez mes parents, mais je me rappelle à quel point celui-ci me rendait impatient de le redécouvrir en me rendant chaque mercredi à la bibliothéque. Je courrais ainsi directement vers son présentoir et le lisais à une vitesse folle en m'imprégnant de chaque détail des l'illustrations.

Aujourd'hui le papa que je suis devenu est heureux et je dirai même nostalgique, quand le soir venant je me replonge avec mes deux filles à travers cette histoire passionnante et remplie de générosité.

Je le conseille vivement à tous, car ce livre est simple de compréhension, transmet le principe de générosité à nos enfants et nous fait voyager à travers notre imaginaire!!!

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Otto

Mon fils vient de lire ce livre avec sa classe de CM2; en apparence pourtant, on penserait que cet album est pour enfants plus jeunes. Il m'a demandé de le lire moi aussi, il a été très touché par l'histoire d'Otto.

Otto est un ours en peluche offert dans les années 40 à un jeune Allemand juif, David. Les deux deviennent vite très proches et heureux ensemble, mais malheureusement, lors d'une rafle, David part, et confie Otto à son meilleur ami Oskar. Oskar et l'ours en peluche sont très tristes du départ de David et s'accrochent l'un à l'autre dans la violence de la guerre et des bombardements. d'autres circonstances tragiques amèneront Otto à la solitude, l'abandon mais aussi à de nouvelles rencontres.

En quelques pages seulement, Tomi Ungerer parvient à évoquer avec une grande sensibilité toute cette violence et la vie erratique de ceux qui ont subi la guerre de plein fouet, tout ce gâchis, ces années perdues, les séparations...

Le récit est centré autour d'Otto, qui comme un enfant est victime passive, tributaire des autres, dépendant des adultes, et le lecteur enfant, forcément, s'identifie complètement, comme il reconnaîtra son doudou (je suis sûre que même les enfants plus grands gardent encore une grande affection pour leur doudou!).

Et puis ce livre pourra aussi servir de base pour parler de cette période et des déportations que les jeunes, d'après ce que j'entends autour de moi, ignorent de plus en plus.
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Les Trois Brigands

J'ai un seul regret, ne pas avoir découvert ce livre quand j'étais enfant. Mais je peux imaginer la délicieuse frayeur qui doit parcourir la peau, faire légèrement dresser les poils du dos et des bras à la vue de ces silhouettes d'un beau noir mat apposé au bleu de la nuit.

Qui ne frissonnerait pas à ces quatre lignes d'ouverture:

"Il était une fois

trois vilains brigands

avec de grands manteaux noirs

et de hauts chapeaux noirs"

et encore une fois, lorsque devant une belle lune toute ronde apparaît l'un d'eux tenant une hache, au pied d'un arbre tout frêle et de son hibou.

Comment pourrait-on soupçonner que ces trois brigands dont on ne devine que les yeux, commettant des actes horribles, faisant s'évanouir les femmes de frayeur, filer les chiens ventre à terre, démolissant les roues des voitures, dérobant le butin des pauvres voyageurs de nuit, comment pourrait-on, donc , soupçonner ces affreux bandits de pouvoir éprouver de l'affection pour une pauvre petite orpheline? Et pourtant... pourtant, les voilà soudain rendus gagas, affectueux, généreux, on les imagine même cacher un sourire attendri derrière leur cape toute noire. Ouf! soupire-t'on! C'est bon d'avoir peur, mais qu'est-ce que c'est encore meilleur d'être rassuré, de devenir leur copain!

Je connais sans aucun doute l'histoire par coeur, l'ayant raconté, lu, relu, sans qu'on ne se lasse jamais, mes enfants et moi.

On a même vu le film. Une fois. Finalement, le livre suffit à lui-même et est mille fois plus mystérieux.

Notre préféré de Tomi Ungerer.
Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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Otto

Otto est un petit ours en peluche très mignon, made in Germany, qui va connaître un destin extraordinaire.



D'abord offert en cadeau d'anniversaire à un petit David, il passe à son meilleur ami Oskar le jour où David et sa famille sont emmenés par des grands hommes vêtus de longs manteaux de cuir et à l'allure peu aimable.



La guerre fait rage, il fera ensuite la connaissance d'un GI Américain noir. Pour retourner dans une autre boutiques... d'antiquités cette fois.

Mais l'aventure extraordinaire de ce petit ours s'arrête-t-elle là pour autant ?



Un album vraiment mignon et très touchant qui permet de parler de la Seconde Guerre mondiale sans tabou mais sans voyeurisme non plus. Avec des mots simples et des images qui valent mieux qu'un long discours, la guerre devient compréhensible pour les plus jeunes lecteurs.

Un album très justement pensé qui permet de parler de l'enfance (brisée par la guerre), de la différence et d'amitié.
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Les Trois Brigands

Une histoire où les méchants ne sont pas vraiment méchants !!!
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The Party

Caustique, transgressif, drôle , cet OVNI du roman graphique nous raconte une soirée du Tout New-York. Tomi Ungerer fait à chaque page le portrait ...savoureusement moche, des invités comme une anti chronique mondaine de Gala ou Closer.



Il représente des femmes trophées, des hommes de pouvoir, des héritiers et héritières , des requins de la finance, des mécènes d'artistes dans leurs plus beaux atours...enfin, c'est ce qu'ils croient. Ungerer les représente comme il les ressent, avec leur laideur intérieure, leur animalité extériorisée. Des têtes de poulpe, des crocs, des griffes, des seins maigres tombants , des regards libidineux , des mains aux fesses...et autres postures peu flatteuses.



En couple, seuls, ou en petits groupes buvant un verre, on y reconnaît des Rotschild et des Rockefeller et d'autres du même genre , qui n'auraient pas trop apprécié, d'où la publication différée de l'album par l'éditeur. En effet les noms sont à peine déguisés et souvent sources de jeux de mots. Dans cet album, le dessinateur apporte à l'art de la caricature quelque chose de nouveau, un côté impitoyable dû au contraste entre le texte de présentation des personnages dans le style convenu de presse people et le dessin tellement particulier. C'est génial !



On est très loin des Trois Brigands...et de l'univers jeunesse de l'auteur. Les adultes représentés dans The Party, feraient peur à leurs propres enfants. Cette nouveauté de ma médiathèque et son impertinence salutaire fait du bien dans une époque de politiquement correct.
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Les Trois Brigands

Joli retour en enfance que ce conte de Tomi Ungerer. Trois brigands sèment la terreur dans la région avec une technique bien particulière. Le premier arrête les diligences avec un soufflet à poivre qui fait éternuer les chevaux, le second détruit les roues avec une grande hache rouge et le dernier dévalise les voyageurs sous la menace d'un tromblon. Ils entassent ainsi un immense trésor dans leur repère. Que faire d'autre lorsqu'on est brigand ? Leur vie est ainsi faite. Jusqu'au jour où, ils croisent Tiffany, une petite orpheline...

Les trois brigands est un joli conte avec tous les ingrédients qui font un conte de qualité. Un zeste de peur, une pincée d'humour et une bonne dose de moralité. Le secret d'une histoire réussie, servie par de jolis dessins destinés aux plus jeunes et qui enchante le grand-père que je suis devant les yeux ébahis de son petit-fils.

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Les Trois Brigands

Un style graphique reconnaissable entre mille. Qui ne connaît pas cette célèbre couverture ?



Trois brigands, volant sans but (parce que ce sont des brigands et c'est ce que les brigands font d'ordinaire), rencontrent une petite orpheline futée et téméraire. De là naît un grand projet.



Un album très beau graphiquement et joyeux malgré ce qu'annonce la couverture très sombre. Une histoire sur les faux-semblants et la générosité dont est capable l'humanité si elle est bien conseillée. Ungerer redonne le sourire. Un parfum de souvenir d'enfance et de joie estudiantine dans cet album.
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