Cela faisait plusieurs fois que je passais devant la couverture de ce livre et que j’hésitais… Bêtement j’avais l’impression de faire du voyeurisme, de violer l’intimité de l’auteur en me plongeant dans cette lecture, qui je l’espère l’a aidée à faire face aux démons de son passé…
Soyons honnêtes, un livre comme ça, ça ne se juge pas. De toute façon, en vous lançant dans cette lecture, vous savez pertinemment à quoi vous attendre. Si vous ne voulez pas vous engagez sur cette pente là, très bien, personne ne vous force ! Inceste, pédophilie, violences physiques et mentales, maltraitance, tortures psychologiques, ignorance, abandon et j’en passe, voilà le cocktail sympathique dans lequel vous vous plongez lorsque vous ouvrez “Ne le dis pas à Maman” ! Je comprends que certains ne voudront pas aller plus loin… Ils rateront certainement quelque chose.
L’histoire commence comme ça : alors qu’elle est au chevet de sa mère qui est au bout du rouleau, Toni (Antoinette), jeune trentenaire fait face à ses douloureux souvenirs d’enfance. Elle n’attend qu’une seule chose : que sa mère lui demande pardon.
Ses souvenirs resurgissant violemment, Toni est contrainte de se plonger dans son passé : Antoinette a 6 ans quand son papa la touche pour la première fois. Perturbée par ce qui lui arrive, la petite fille en parle à sa maman persuadée qu’elle va la protéger, mais ses espoirs tombent vite dans l’oubli lorsqu’elle se rend compte que cette dernière ne fera rien pour empêcher ça. Si son calvaire physique va durer un sacré bout de temps, que dire de son calvaire psycologique, des tortures physiques et mentales que cette petite fille va subir des années durant ?!
Dans un format romancé, Toni Maguire nous raconte son supplice avec dignité et courage. C’est un témoignage poignant, bouleversant, on a envie de sortir cette petite fille de là, de la protéger, de la câliner, de lui dire que c’est fini, que tout va bien se passer désormais. Malheureusement, personne ne sera là pour la sauver. Même pas sa propre mère qui se rend, malgré elle ou pas, complice de l’enfer vécu par sa fille. Désarmée, dépitée, seule, Antoinette sera la marionette du scénario sordide orchestré par les deux personnes censées l’aimer le plus au monde : ses parents. Comment se construire sur de telles bases ? Et pire encore, comment se reconstruire lorsqu’on a subit un calvaire pareil ? J’ai eu la gorge nouée et les larmes aux yeux tant de fois en tournant les pages de ce livre…
Petit à petit, ses parents l’enferment dans un carcan psycologique où honte et culpabilité se tirent la bourre pour la première place. Contrainte au silence et à la torture mentale, il faudra attendre l’inconcevable, l’impasse pour qu’elle parle mais son cauchemar n’a pas de limites. Nous sommes dans les années 50, les enfants sont des menteurs, les apparences doivent être sauvées coûte que coûte, la société ne tolère pas ce genre de dérapage. Rejettée, humiliée, écrasée par la douleur, elle finira par sombrer dans la dépression. Etonnant non ?!
Ce qui est complètement dingue dans cette histoire, c’est l’amour inébranlable qu’Antoinette portera à sa mère jusqu’au bout malgré sa trahison. Cela m’a fait penser au syndrôme de Stockholm même si je ne sais pas si on peut parler de cela ici, mais la force de cette relation est ahurissante. Je crois que c’est ce qui m’a le plus perturbé. On est dans une situation où la colère, la révolte, la rebellion n’ont même pas de place, cette petite fille n’a plus de repères, elle est dans un tel manque affectif, qu’elle fait tout pour se sentir aimée, la moindre caresse, le moindre regard deviennent des petites victoires. Elle développe des mécanismes de survie qu’aucun enfant ne devrait avoir à penser : s’effacer le plus possible, se faire la plus petite possible… C’est …pfff il n’y a plus assez de qualificatifs pour décrire l’enfance de Toni Maguire.
Tout ça pour dire que c’est un récit qui ne laisse pas indifférent, stupéfiant d’horreur, terriblement triste et révoltant. Un témoignage qui doit être lu à mon sens. ça c’est sur, ça remet les idées en place ! Je tire évidemment mon plus grand chapeau a Toni Maguire pour son courage, sa force et sa pudeur, ça n’a pas du être un exercice facile… Bravo, bravo, bravo. On aimerait oser esperer que de telles histoires ne se répètent pas aujourd’hui et pourtant…
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