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Citation de colimasson


Tu fais de la peine, banlieue. Tu n’as rien pour toi. Tes yeux regardent Paris et ton cul la campagne. Tu ne seras jamais qu’un compromis. T’es comme le chiendent. Mais ce que je te reproche le plus, c’est que tu pues le travail. Tu ne connais que le matin et tu déclares le couvre-feu à la sortie des usines. On se repère à tes cheminées. Je n’ai jamais entendu personne te regretter. Tu n’as pas eu le temps de t’imaginer un bien-être. Tu n’es pas vieille mais tu n’as pas de patience, il t’en faut toujours plus, et plus gros, t’as toute la place qu’il faut pour les maxi et les super. La seule chose qui bouge, chez toi, c’est la folie des architectes. Ce sont eux qui te font vivre, avec toutes ces maquettes qu’ils te destinent. Ta mosaïque infernale. Ils se régalent, chez toi, c’est la bacchanale, l’orgie, le ténia. Ils se goinfrent d’espace, une cité futuriste ici, tout près de la Z.U.P., à côté d’un gymnase bariolé, entre un petit quartier plutôt quelconque des années cinquante qui attend l’expropriation, et un centre commercial qui a changé de nom vingt fois. Si d’aventure un embranchement sauvage d’autoroute n’est pas venu surplomber le tout. T’as raison de te foutre de l’harmonie parce que tu n’en as jamais eu et que tu n’en auras jamais. Alors laisse-les faire, tous ces avant-gardistes, tous ces illuminés du parpaing, ils te donnent l’impression de renaître, quand, en fait, tu ne mourras jamais. T’iras chercher plus loin ,tu boufferas un peu plus autour, mais tu ne crèveras pas. C’est ça, ta seule réalité. Il est impossible de te défigurer, tu n’as jamais eu de visage.
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