Comme à son habitude, Hillerman nous emmène dans son univers amérindien et
plus précisément chez les Navajos dont la réserve, ainsi que celle des Hopis, est située en Arizona.
En toute évidence, le crime est réglé d'avance. Un coupable sur les lieux, du sang de la victime sur son paletot mêlé au sien, son compte est bon et compte tenu du fait que le
congrès (faut croire qu'ils ont des idées, au congrès) vient d'autoriser la peine de mort pour les crimes de sang internes aux réserves, le pauvre Jano (le Hopi) est dans une mauvaise passe, si je puis me permettre cette métaphore !
Un vice-procureur adjoint, aux visées politiques importantes, se frotte les mains, son avenir, avec une telle affaire, est dans la poche. Il se voit gouverneur, tapis rouge, limousine, hamburgers surchoix, whisky écossais, gros cigares et petites pépées.
Enfoncez l'accusé les gars, dit-il, aux flics du coin, trouvez des mobiles pour l'amener à la chaise, des rumeurs, inventez-en,on s'en fiche c'est un indien.
Les flics du coin ce sont les policiers tribaux et leurs supérieurs, les G-men du FBI, costume sombre,
chemise blanche, cravate sombre et lunettes de soleil, matin, midi et soir, 365 jours par an. Des sachants !
Le Hopi nie avoir tué le policier. Le sang, le sien, vient d'une blessure causée par les serres de l'aigle, pas celui qui est dans la cage, un autre, le premier qu'il a relâché car, dans la capture, l'oiseau a perdu deux plumes de sa queue et ne peut plus être sacrifié.
L'avocate, commise d'office est Navajo également et, partant du fait que les Hopis sont pacifistes et ne mentent pas, elle doute de la culpabilité de son client. Ce doute va titiller Chee, lequel sait que le sommeil, s'il fait condamner un innocent, désertera ses nuits.
Alors, ne reste plus qu'à trouver ce premier aigle aux fins d'analyse de ses serres. Pour soulager sa
conscience et ne pas faire exécuter un innocent, il trouvera cet oiseau protégé, qu'il remettra au FBI, qui n'en veut pas, c'est pas les ordres, jugulaire, jugulaire! Alors pour faire admettre son point de
vue, Chee, sabordera sa carrière.
Leaphorn, le fabulous lieutenant en retraite, apportera sa contribution à Chee, son élève, à
qui il demandera de l'aide dans sa recherche de la jeune scientifique.
Ensemble ils résoudront la double enquête.
Je ne peux pas lire
plus d'un livre de Hillerman par an sans risquer l'implosion. Il y a du
romanesque là-dedans, certainement, mais nous sommes à des années
lumières de notre propre (le mien) entendement. Hillerman, malheureusement décédé, fini Chee, fini Leaphorn, fut un trop vieux briscard pour ne raconter que des sornettes. Il a vécu avec les Navajos, les a appréciés, parlé leur langue riche et imagée et si peu usitée qu'elle servit de base au code secret américain (l'équivalent du Enigma allemand) pendant la seconde mondiale avec comme remerciements de se faire zigouiller pour raison de secret défense. Pas joli, joli tout ça !
Le respect d'autrui, des anciens, de la tradition (orale dont certains rigolent) et l'importance de la vie, de la nature et de son environnement (faut pas se leurrer, l'environnement c'est nous, les
humains) impliquent une réflexion sur la notion de "sauvages". A ce terme barbare fut substitué celui beaucoup plus intéressant de "Native".
Je crois que ça leur fait une belle jambe aux "natives".
L'écriture est impeccable, profonde et imagée, jamais lourde mais jamais rieuse.
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