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Critiques de Trinh Xuan Thuan (121)
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L'Infini dans la paume de la main : Du big-..

Vous croyez aux signes ? Aux livres qui vous appellent ? J'avais déjà "Dune" et "Rosinha mon canoë", en voilà un troisième.

Depuis quelques temps je rencontrais le titre de ce bouquin à divers occasions : reportages, articles de presse, télé, internet, etc. Acheté et lu à sa sortie, je n'en n'avais plus trop de souvenir.

Les vacances d'été propices à des moments de rêveries tardives, le nez collé au ciel et le cul dans un relax ont réactivé mon intérêt pour ce qui touche à l'astronomie. C'était aussi la reprise de la méditation après quelques temps difficiles à surmonter. Aussi ce livre tombait à point nommé. Il y avait certainement des choses à y glaner pour accroitre mes connaissances sur les deux sujets et répondre aux diverses interrogations que la plupart des humains se posent :

Qui suis-je ?

D’où viens-je ?

Ou cours-je ?

Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

Ou se situe le siège de ma conscience ?

Etc.

Signe final : le jour où j'ai voulu refaire le plein de livres à la bibi de Pont Saint Pierre, celle-ci été fermée. Zou les conditions étaient réunies pour devenir un sage qui comprend les mystères de l'univers aidé en cela par deux maitres.

Et dès le début du livre je tombe sur cette évocation de Matthieu Ricard :

On cite le cas d'un homme qui interrogea le Bouddha sur certains points de cosmologie. Ce dernier prit une poignée de feuilles et demanda au visiteur : ‟Y a-t-il plus de feuilles dans mes mains, ou dans la forêt ?” ‟Il y en a certes bien plus dans la forêt,” répondit l'homme. Le Bouddha poursuivit : ‟Eh bien, les feuilles que je tiens dans ma main représentent les connaissances qui conduisent à la cessation de la souffrance.”

Boum descendez on vous demande ! Si tu veux accéder à la sagesse, il faut désapprendre.

Merde et les mystères de la vie ? J'en fais quoi ? Et le bouquin je continue à le lire ou pas ?

M'est revenue une phrase du fond des temps, à l'époque où nous étions jeunes et larges d'épaules, où nous refaisions le monde, et où nous évoquions les mystères de l'univers avec mon pote dans la salle de notre bar préféré. Le patron, le père Dudj', s'est approché et nous a déclaré : "les gars, l'univers à bien une fin ". "Oui" qu'on lui a répondu de concert. "Alors y a quoi de l'autre côté ? Hein ? " 

Aïe aïe aïe les nœuds au cerveau !

Alors c'est un super livre, hyper complet, mais du coup je me demande toujours s'il faut le lire ?

Bon je vais continuer à chercher, c'est cool y a pas loin à aller.

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Une nuit

Comment est née la Lune, quel est le rôle de celle-ci et du soleil sur les marées et leur amplitude, d'où viennent les couleurs des couchers de soleil, le bleu du ciel et le noir de la nuit, et bien d'autres questions passionnantes sur le cosmos auxquelles répond simplement l'astrophysicien vietnamien Trinh Xuan Thuan dans Une nuit. Un livre captivant et beau — des photos de galaxies, de Mars ou Jupiter et de superbes reproductions de Chagall, Roy Liechtenstein, Picasso, ou encore Vincent van Gogh accompagnent le texte — diablement poétique aussi avec des extraits d'oeuvres de John Keats, William Blake, William Shakespeare, Rainer Maria Rilke... Un ouvrage accessible à tous qui nous incite à prendre de la hauteur et à nous émerveiller, la tête dans les étoiles, de la beauté d'un monde encore à découvrir.
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La mélodie secrète

Ma boucle cosmique est bouclé, l’expansion gracieuse de l’univers a livré sa nouvelle vulgarisation passionnante, en son sein j’ai appris à jouer un peu de sa mélodie, les yeux bouche bée… Moi qui suis née le 10 février 1982 à 17H10 sans cheveux, moche d’après ma mère, je ne connais pas l’avis de mon père qui bien avant que je puisse comprendre le monde qui m’entourait me berça dans la nudité des femmes pleine de grâce, et aussi loin que ma mémoire s’en souvienne, à quatre ans je commençais déjà à éprouver une certaine innocence infantile devant la beauté télévisuelle d’une femme nue… puis les trois suisses et canal+ viendront parfaire mon éducation romantique avec l’idée que la fellation est aussi divine qu’une levrette au clair de lune le soleil levant… mais avant j’y mettrai bien une main dans le froc pour chatouiller ce qui s’y désire…



Vous m’imaginez obsédé, dépourvu de sensibilité poétique, perdu dans la vulgarité d’un langage cru, sans note romantique et pourtant, si je remonte le cours de mon passé en défiant le temps qui ne fuit que dans un sens, je peux enfin glisser un doigt sur cette furieuse excitation dans le « des seins » d’obtenir des réponses aux questions existentielles qui m’obsèdent… J’aurais très bien pu comme un bon fils moutonné m’en tenir à cette éducation religieuse qui m’a illusionné toutes ces années, passer mon temps à vénérer ce vieil homme planqué quelques part dans l’immensité de l’univers ignorant l’affligeante bêtise qui orchestre la vie sur terre et cette triste fatalité qui succombe à tout homme et qui finira par décimer l’humanité si on continue à ignorer le chaos qui régit notre déchéance…



Ainsi soit-il et pour les siècles des siècles…





Pourtant j’ai fait le choix inverse de croire que tout cela était beaucoup plus compliqué que deux êtres un peu timides résistant à leur instinct lubrique, punis pour avoir succombés au plaisir démoniaque d’un bon mélange de fluide universelle… donc tu fais comme tu peux, avec ta naïveté, et le peu de moyen intellectuel dont tu disposes, et tu avances à ton rythme, de connaissance en connaissance, et au fur et à mesure, tu apprends à écouter, à regarder, puis tu te passionnes et des questions remplacent d’autres questions…



Mais pourquoi la femme est-elle si mélodieuse ?



Commençons par le commencement, un Big bang, c’est tout minus et chaud bouillant, puis l’univers prépare son ascension magique en prenant son temps à l’échelle humaine et il se passe des tas de choses incroyables de la matière à l’antimatière, l’apparition des quatre forces : nucléaires forte, nucléaire fiable l’électromagnétisme, la force gravitationnelle… c’est l’ordre des choses qui engendre le désordre cosmique, du noir à la lumière, de galaxie en galaxie, d’étoiles en étoiles, de supernova en trous noirs, l’univers connait-il une limite ? lui qui construit son histoire dans le passé nous envoyant depuis la nuit des temps les lumières du commencement…



Et puis la physique quantique couplée avec la relativité complète l’ensemble de la partition, l’infiniment petit avec les quarks, neutrons, protons, neutrino, puis le mélange des genres, ça prend du temps, le hasard se prend pour Dieu : l’horloger de la complexité dit le grand architecte... et l’expansion se poursuit lentement, le refroidissement est continue, la matière invisible se planque…et les chiffres me font tournés la tête, les milliards deviennent d’une banalité sans compréhension, la purée du commencement dans ses détails m’échappe et me passionne dans les grandes lignes, mon fanatisme pour l’astrophysique s’arrête à la vulgarisation de masse et les détails m’ennuient…



Rappelez-vous Je suis le cul dans le canapé, Les yeux bouche bée devant l’incroyable, des ailes de curiosité me poussent dans le dos, le soleil du savoir qui éclaire l’immensité de mon ignorance m’attire, alors je prends mon envol et je me dirige vers l’infini de l’univers, mais il y a cette fenêtre dans mon salon, juste entrouverte laissant un léger courant de savoir qui m’excite, mais je me cogne sur le vitrage encore et encore, j’aspire à comprendre la mélodie entrainante, alors que je reste emprisonné dans les frontières de mon abyssale ignorance, bien sur que je pourrais tuer la mouche qui vit en moi, et ouvrir cette fenêtre en grand, mais ma patience n’est pas éternelle, donc je succombe à la facilité d’une ébauche vulgaire, que je nomme sans prétention, et il me faudrait pour persévérer dans les détails, si tenté que j’en sois capable, pour jouir d’une compréhension absolue, une bonne âme faite de féminité et de lubricité empoignant la luxure avec gourmandise et curiosité, me dessinant l’univers dans ces détails, enrichissant les visuels qu’il me manque pour cerner tout le potentiel qui m’échappe pas l’écrit, j’aime regarder, alors si à chaque explication cette âme charitable faisait glisser un bout d’envie lubrique laissant entrevoir sa chair à mon gout, je suis sur que ma motivation intellectuelle s’en trouverait transcendée et ma langue deviendrait pendante de perversité…



A plus les copains…

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Une nuit



Parfois l'on dit que les étoiles sont visibles à midi. Je ne vois dans le ciel que du gris en ce 19 octobre, et pas une seule étoile. Mais où peut-on regarder les étoiles ?

La nuit !





L’astrophysicien Trinh Xuan Thuan nous invite à un grand voyage dans la nuit des étoiles. Il me vient à l'esprit une petite phrase de Malo le 15 août 2018. Dans cette nuit où l'on pouvait accrocher les feux d'artifice de Carnac ou de Quiberon, il lança à la cantonade, cette étoile filante c'est mon petit frère, c'est Manoa qui vient de naître.





Toutes les étoiles nous apparaissent après un voyage de milliers d'années-lumière, des étoiles si éloignées qu'elle appartiennent à l'un des systèmes solaires, parmi des centaines d'autres. Hallucinant.



L'une des toutes premières observations faites par l'astrophysicien, la conduit à nous expliquer qu'il existe sur terre très peu d'espace neutre, indemnes de rayonnements artificiels, des lieux magiques qui ne reçoivent que ceux qui viennent d'autres planètes et d'autres systèmes solaires.



Soyons concrets en France il y en a une dizaine de sites neutres, dans les hauts de Provence ou les Hautes-Pyrénées, ensuite, des trous de verdure éparpillés.

D'où la création d'un centre d'observation des étoiles et de toutes les galaxies sur les îles d'Hawaï, un peu comme si nous avions choisi les îles Marquises de Polynésie.





Le deuxième élément qui m'a fasciné, c'est la couleur du ciel, le bleu du ciel d'où vient-il ? La lumière bleue qui encercle la terre provient de la diffusion de la lumière solaire par les molécules d'air, sans atmosphère le ciel devient noir tout simplement.





Il me semblait aussi intéressant et peut-être capital, d'exprimer le fait que les rayonnements, sont des manifestations de la matière, de l'énergie contenue dans la matière. L'énergie est libérée sous la forme d'ondes : certaines produisant de la couleur entre l'ultraviolet et l'infrarouge, d'autres du son, d'autres des rayonnements pour lesquelles les chercheurs ont donné des noms aussi ésotériques que alfa, gamma, ou delta. Tout cela pour mettre en évidence que nous sommes bombardés de rayonnements, dont nous ignorons et la nature et la portée.





Observer les étoiles devient presque un jeu, d'une fascination incroyable, puisque de la connaissance et de l'observation des étoiles nous avons découvert que le monde vivant était parti d'une manifestation violente le Big Bang, et que la nature de la matière nous échappe au point que nous avons appelé cette matière, la matière noire.



Un monde méconnu, Le Nôtre est constitué à plus de 30 % de matières totalement inconnues !





N'était-ce pas la meilleure façon de libérer l'observateur pour lui donner la possibilité de rêver, d'imaginer, de s'émerveiller.

La grande qualité de l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan, est d'avoir rassemblé une grande diversité de réflexions, alors en voici quelques-unes





Tout pour la nuit c'est ma devise, il faut tout le temps songer à la nuit.

Céline





Voir un univers dans un grain de sable

et un paradis dans une fleur sauvage,

tenir l'infini dans la paume de la main

et l'éternité dans une heure.

William Blake



Viens épaisse nuit, enveloppe toi des plus sombres fumées de l'enfer,

que mon couteau pointu ne voit pas la blessure qu'il fait

que le ciel ne vienne pas épier à travers la couverture des ténèbres

pour me crier, " arrête ! Arrête !"

Shakespeare.



la nuit je mens

je prends des trains à travers la plaine,

la nuit je mens

je m'en lave les mains,

j'ai dans mes bottes des montagnes de questions

où subsiste encore ton écho.

Alain Bashung



La nuit comme un vaste territoire que souvent j'aborde sous la forme des possibles, la nuit tout me devient possible. Et pourquoi pas ?

Ce livre est un enchantement ;

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Le Cosmos et le Lotus

Cet essai est le livre idéal pour faire la connaissance de Trinh Xuan Thuan, en tant qu’individu, car il nous livre ici un beau et émouvant récit sur sa vie privée et sur sa carrière d’astrophysicien, et en tant qu’auteur, car Le cosmos et le lotus nous donne un bon aperçu de ses convictions et de son style d’écriture, simple et efficace mais véhiculant des idées d’une grande profondeur.



Disons-le tout net, je partais avec un a priori plutôt mitigé connaissant les idées bien arrêtées de Trinh Xuan Thuan sur le principe anthropique, credo clairement revendiqué et développé dans la totalité de ses livres. Mettre en avant le principe anthropique, mettre en perspective la science selon quelques idées héritées du confucianisme ou du bouddhisme, tout cela me semblait bien cadrer avec le personnage, mais aussi s’écarter un tant soit peu de la rigueur attendue de toute démarche scientifique. Or, après cette lecture véritablement enthousiasmante, et je pèse mes mots, comment ne pas réviser quelque peu son jugement ?



Cet essai est organisé en trois parties, sobrement intitulées : ce que je suis, ce que je cherche, ce que je crois.



Dans la première partie, l’auteur dévoile sans fausse pudeur son parcours, qui commence à Hanoi en 1948. Bon élève, élevé dans une culture francophile, fervent amateur de romans policiers, dont il compare les enquêtes policières à la recherche de la vérité scientifique, un avenir radieux semble être tout tracé. Puis il subit les soubresauts de l’histoire : le discours de Phnom Penh du général de Gaulle entraîne la fermeture des frontières entre le Vietnam et la France. Conséquence directe : Trinh Xuan Thuan n’ira pas faire ses classes préparatoires à Louis-le-Grand, où il est admis, mais fera ses études supérieures et toute sa carrière aux Etats-Unis. Bien que parlant mal l’anglais, son dossier lui ouvre les portes des plus prestigieuses universités américaines : le MIT à Boston, le Caltech à Pasadena et l’université de Princeton. Il choisira le campus de Caltech pour son climat, rencontrera des professeurs aussi mythiques que Richard Feynman et Murray Gell-Mann, on peut faire pire, et ce n’est là que le début... Son parcours se lit avec intérêt et émerveillement, et on retiendra une grande modestie dans la façon de raconter une carrière à la fois fascinante et exemplaire.



La seconde partie ouvre un chapitre épistémologique. Trinh Xuan Thuan s’interroge sur l’immuabilité des lois de la nature, s’extasie devant la beauté du monde et réfléchit sur le processus de création scientifique. Il relance le vieux débat sur le déterminisme et le libre arbitre, ce dernier réapparait grâce au flou quantique et à la théorie du chaos.



La troisième partie s’annonce plus délicate. On quitte l’autobiographie et l’épistémologie pour un nouveau débat qui relève des croyances et des convictions philosophiques, voire l’interprétation religieuse (si on considère le bouddhisme comme une religion). Le lecteur, qui peut ne pas partager les mêmes convictions, est-il sommé d’adhérer aux thèses bouddhistes ou croire au principe anthropique (les deux n’étant d’ailleurs pas forcément compatibles) ? Trinh Xuan Thuan est bien plus malin que cela. D’une part, le discours scientifique se poursuit, à un très bon niveau : paradoxe EPR, pendule de Foucault, Big bang… D’autre part, loin de faire du prosélytisme, Trinh Xuan Thuan ne fait qu’analyser et rapprocher les enseignements ancestraux du bouddhisme et les concepts hérités de la science moderne. Il compare et trouve des convergences : l’interdépendance des phénomènes dans le bouddhisme et la non-séparabilité en physique quantique, la vacuité et le principe d’incertitude, l’impermanence et la virtualité des particules... Ces rapprochements restent un pur exercice intellectuel, et non une tentative d’annexer l’une des disciplines par l’autre. Au contraire, Trinh Xuan Thuan met en avant leur utilité respective et leur complémentarité. Et le résultat est surprenant ! Paradoxalement, la seule divergence constatée réside dans la nécessité du principe anthropique, que le bouddhisme réfute, et que la science, selon lui, impose, sinon suggère fortement.



Il apparaît également, nous dit Trinh Xuan Thuan, que les questions éthique, morale et spirituelle sont exclues du champ de la science (qui d’ailleurs ne prétend pas les intégrer) mais restent nécessaires pour donner du sens à nos décisions et à nos comportements. Si la science permet de faire progresser la connaissance et la compréhension technique du monde, en l’absence d’un référentiel de valeurs éthiques ou morales, elle reste impuissante à définir la notion de progrès pour l’humanité.



Contrairement et aux frères Bogdanov et à Stephen Hawking, Trinh Xuan Thuan ne postule pas l’existence ou l’inexistence d’un principe créateur au nom de la science. Il explore la réalité du monde par plusieurs moyens et compare les différents outils mis à sa disposition. Puis il donne son avis mais ne l’impose pas, laissant au lecteur le choix de ses convictions, et c’est bien ce qui fait toute la différence.

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Face à l'univers

Enfin ! Après plus de deux semaines sans lire autre chose que des textes professionnels techniques et juridiques, j'ai réussi à trouver une fenêtre de lecture, tandis que le manque se faisait sentir trop durement. Pour ce retour à une alimentation plus naturelle, j'ai repris en douceur en choisissant un ouvrage d'une centaine de pages de Trinh Xuan Thuan, brillant astrophysicien qui enseigne aux États-Unis, mais vulgarise dans la langue de Molière à laquelle il manifeste un attachement viscéral. Adepte de la philosophie bouddhiste, il aborde dans ce livre, l'univers et ses mystères qu'il rend accessibles au néophyte et nous entraîne dans son questionnement par le truchement d'entretiens avec d'éminents personnages qui marquent leur époque dans des domaines aussi divers que la peinture, la littérature, la biologie, la science, l'agriculture et la philosophie. Ces grands noms partagent leurs interrogations devant l'immensité du vide de nos connaissances, qui mêlent dernières découvertes scientifiques et concepts théophilosophiques. Face à l'univers, je me sens aussi ignorant et humble qu'eux. Comment ne pas l'être lorsque 95% de sa composition (énergie noire et matière noire) demeure au-delà de l'état actuel de la compréhension humaine ? Je ne regrette pas ce moment passionnant et me suis pris à espérer que de mon vivant, le mur de Planck serait franchi, et que l'on pourrait remonter plus près du Big Bang et voir peut-être, "Le visage de Dieu", titre du livre des frères Bogdanov.
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Désir d'infini : Des chiffres, des univers et..

Trinh Xuan Thuan est un type épatant ! Peut-on imaginer qu’un astrophysicien né au Viêt-Nam, à Hanoï, ayant fait ses études au Caltech, où il fut l’élève de Murray Gell-Mann et de Richard Feynman, (deux prix Nobel de physique, rien que ça), et à Princeton, où il fut l’élève d’Arno Penzias (encore un prix Nobel de physique, décerné pour la découverte du fond diffus cosmologique), poursuivant une carrière aux Etats-Unis, où il découvre à l'aide du télescope Hubble la plus jeune galaxie connue à ce jour, peut-on imaginer que cet écrivain vietnamo-américain publie directement en langue française, des ouvrages scientifiques de haut niveau ? Après nous avoir fait rêver à la lecture de ses précédents essais explorant les limites de l’Univers observable, pour ainsi dire à portée de télescope, il décide d’aller cette fois encore plus loin et nous convie à une très complète réflexion sur « l’infini ».



Pour aborder l’infini, Trinh Xuan Thuan décide d’élargir un chouia le périmètre de son champ de vision (pourtant déjà bien large) et d’explorer de nouveaux territoires : il ajoute donc dans son panorama les mathématiques bien sûr et, également, les domaines artistique, philosophique et religieux, où le concept d’infini fait sens avec des approches certes différentes mais bien liées, pour revenir in fine à son domaine de prédilection : les théories physiques les plus en pointe.



Le tout nous est livré comme toujours dans un style irréprochable, avec un luxe inouï de détails et d’anecdotes en tout genre. Ainsi, il évoque pêle-mêle Pascal, que l’infini effraie, le googol (10 puissance 100, à l’origine du nom de la célèbre firme de la Silicon Valley) et le googolplex (10 puissance googol), le reflet de votre nuque chez le coiffeur (répété à l’infini, si les miroirs étaient de qualité), les dessins vertigineux de Maurits Escher (cet artiste génial déjà cité par Jean-Pierre Luminet dans L’Univers chiffonné, son ouvrage qui comporte le plus de similitudes avec celui-ci), les fractales, l’intrigant hôtel Infinité imaginé par le mathématicien David Hilbert, les paradoxes de Zénon, les calculs empiriques du nombre π, le nombre d’or, les mathématiciens grecs, impossible de les citer tous, mais aussi Cantor, Descartes, Borges, Gödel, Copernic, Kepler, Newton, Einstein, Hubble, Lobatchevski, Riemann, Friedmann, Edgar Allan Poe (qui avança une théorie sur le paradoxe de la nuit noire, eh oui), le chanoine Lemaître (un religieux imaginant le big-bang), le pape Pie XII (un religieux s’enthousiasmant pour le big-bang), j’en oublie sûrement, je termine donc cette liste inachevée qui tendrait bien vers l’infini (--> ∞) par un etc. muni d’un point final bien pratique.



Parmi les théories les plus en pointe, que j’évoquai plus haut, on peut citer : la topologie cosmique (l’Univers est-il plat, courbe, fini, homogène ?), la matière noire ordinaire et exotique, l’énergie noire, les WIMPs, l’inflation, les multivers, le boson de Higgs, l’énergie du vide, le rayonnement fossile, les apports des satellites COBE, WMAP et Planck, la théorie des cordes, les dimensions enroulées suggérées par les 10 puissance 150 formes de Calabi-Yau possibles, sans oublier les univers-branes, la M-Théorie, l’hypothèse des particules super-symétriques et celle des univers parallèles holographiques… Un vrai festin de physique fondamentale premier choix réactualisée par les plus récentes études (l’univers est donc plat alors, finalement ?) et magnifiquement illustrée par un encart de 37 photographies en couleur situé au beau milieu du livre à la page 240.



Pour terminer son livre Trinh Xuan Thuan conclut, comme toujours, par un petit laïus rappelant la théorie du rasoir d’Occam pour réfuter l’hypothèse des multivers, et s’appuyant sur la précision surnaturelle du réglage des constantes fondamentales pour déboucher tout droit sur le principe anthropique. C’est son petit côté Bogdanov, mais à l’opposé du style emphatique des deux frères avides de surenchère médiatique et amateurs de raisonnements oiseux, Trinh Xuan Thuan préfère constater simplement la beauté et l’harmonie du monde, enrobe ses arguments de philosophie bouddhiste assumée, sans faire de prosélytisme, et parvient à produire ainsi un discours bien plus audible et convaincant.
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La plénitude du vide

A l'inverse de la culture occidentale, la notion de vide fut accueillie à bras ouvert par la civilisation orientale. Il joue un rôle important dans la philosophie hindoue et le taoïsme a admis, selon Lao-Tseu, que le vide est la matrice de l'Univers.

En Occident, pendant longtemps, le Vide a provoqué répulsion et négation. Et pourtant...

L'auteur, astrophysicien de renommée mondiale, Trinh Xuan Thuan, fait preuve ici de tous ses talents de scientifique et de pédagogue. Il nous fait vivre l'épopée du "Vide".

Partant de la naissance du zéro en Orient, il nous fait vivre la science expérimentale avec Pascal, Galilée. Il faudra attendre le vingtième siècle pour que le "vide" s'impose dans les théories scientifiques, au travers de la théorie de la relaivité d'Einstein et de la mécanique quantique, jusqu'à la physique contemporaine qui va montrer que le vide n'existe pas réellement puisque, même si on enlevait toute la matière de l'espace, nous n'obtiendrions pas le vide absolu puisqu'il a été prouvé que l'espace est parcouru de champs et que des particules élémentaires, telle le boson de Higgs, peuvent émerger.

En introduisant le concept de champ, Faraday et Maxwell, au 19ème siècle, ont lié le vide de l'espace à la matière qui l'habite.

Au 20 ème siècle, les scientifiques sont arrivés à la conclusion que la suppression du tout s'avère impossible dans le monde atomique et subatomique, conséquence de ce que l'on appelle le "flou quantique", lié au principe d'incertitude qui régit le monde de l'infiniment petit.

L'espace n'est plus vide mais habité en permanence par des champs divers et variés qui dictent le mouvement des corps. L'univers lui-même est né du vide, un vide microscopique rempli d'énergie.

Le livre est passionnant. Les passages sur l'avenir de l'univers (hypothèse la plus vraisemblable actuellement: une expansion infinie qui entraînera un refroidissement et l'éclatement des différentes structures..) et sur la mécanique quantique sont vraiment captivants. L'auteur nous montre aussi que certaines théories comme la théorie des cordes au sujet de l'infiniment petit, et la théorie des multivers ne sont pas vérifiées actuellement et pas en passe de l'être prochainement.

A lire et à relire pour tous ceux qui s'intéressent à l'astronomie, et à notre place dans l'univers.
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Le Cosmos et le Lotus

On retrouve dans cet essai, qui est aussi une autobiographie, la vulgarisation scientifique chère à l'auteur. Il sait entremêler son histoire personnelle - enfance et adolescence pendant la guerre du Vietnam et son installation aux USA - avec les explications sur l'histoire de l'univers et du cosmos. Il nous livre ainsi son point de vue sur l'histoire des années 1950 à 1980 entre le Vietnam, la France et les USA. Pourtant, c'est la troisième partie que je préfère, celle où il confronte ses connaissances en astrophysique avec la spiritualité bouddhiste. Il y confronte les notions bouddhistes d'interdépendance, de vacuité et d'impermanence avec la physique quantique. Et le plus extraordinaire, c'est que tout se rejoint. La science quantique ne fait que corroborer l'interdépendance entre l'infiniment grand - le cosmos - et l'infini petit - les particules élémentaires - ce que le Bouddha enseignait il y a 2500 ans. Également le lien entre l'inerte et le vivant. Nous sommes tous formés avec de la poussière d'étoile.

Bien souvent, ayant à peine les bases, je bute sur certaines explications scientifiques mais je me laisse porter par ce récit de l'univers. Je ne suis pas toujours d'accord avec certains points de vue, comme celui que l'évolution humaine soit programmée depuis le début de l'univers. Je pense plutôt à l'évolution de la conscience humaine comme un heureux hasard, qui aurait très bien pu ne pas se produire. C'est un de ces auteurs qui rendent leurs lecteurs plus intelligents.

J'ai maintenant très envie de lire son livre d'entretiens avec Mathieu Ricard.

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Une nuit

A travers l'observation des galaxies, à l'observatoire du Mauna Kea à Hawaï, l'auteur nous explique, émerveillé, la formation de l'univers, les galaxies, les planètes, les atomes... le temps d'une nuit. Je n'y connais à peu près rien en astrophysique, mais Trinh Xuan Thuan parvient à donner des explications assez claires la plupart du temps. Il réussit à nous faire partager sa passion pour les étoiles. J'ai particulièrement apprécié le regard quasiment mystique qu'il porte sur l'univers. En mêlant des notions taoïstes et bouddhistes à la cosmologie, comme l'impermanence et la vacuité, il nous explique l'interconnexion de tout dans l'univers. "l'astrophysique moderne a mis en évidence l'intime connexion de l'homme avec l'univers : je suis fait de poussières d'étoiles, de même que toute la vie et le monde matériel qui m'entourent. Nous sommes tous composés d'atomes fabriqués au début de l'univers, lors du big bang, puis ensuite par les étoiles."

La mise en page est très agréable, croisant le texte de l'auteur avec des apartés sur des sujets spécifiques et de nombreuses citations d'écrivains, de philosophes et de poètes. Sans oublier les dessins et photos qui donnent un souffle à la lecture.

Un livre que je recommande à tous ceux que le sujet intéresse.
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Le Cosmos et le Lotus

En bon pédagogue, comme un historien des sciences, Trinh Xuan Tuan rappelle des faits marquants : la pomme de Newton, le pendule de Foucault, le chien de Schrodinger, le photon onde et/ou particule, la relativité, la physique quantique ...en utilisant le prisme du boudhisme. Cela donne une lecture originale, bien construite et surtout compréhensible, ou presque, pour les non initiés à ces sciences.



Ce livre est donc un savant mélange homogène d'astrophysique et de boudhisme. Le second servant à expliquer le premier. La spiritualité est mise en avant et l'image du scientifique dans son labo ou devant son ordinateur, coupé des problèmes du monde, en prend un coup car même si TXT revendique au chercheur le droit de tout chercher (en génétique, en physique quantique...), cela ne peut se faire pour détruire son prochain. De nombreux exemples illustrent ses propos.



J'ai trouvé intéressante cette position sur l'éthique du chercheur et passionnante sa vision de notre univers. En effet, selon la fameuse théorie du chaos la nature conserve sa notion d'imprévisibilité et surtout selon le théorème mathématique de Gödel, il existe des limites au raisonnement rationnel, une indétermination.

Ce qui veut dire que rien n'est écrit d'avance dans la nature et que tout est possible. Mais la recherche continue.
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La mélodie secrète

Je reconnait que l'auteur fait beaucoup d'effort pour rendre son propos accessible, même au profane que je suis. Hélas, je ne connais pas grand chose en cosmologie et j'ai eu beaucoup de difficultés à parvenir jusqu'à une centaine de pages. Mais finissant par lire en diagonale, de plus en plus de notions m'échappaient et finalement, j'ai arrêté. J'avais beaucoup aimé "Une nuit" de cet auteur. Je pense que je choisirai un autre ouvrage de Trinh Xuan Thuan, plus centré sur la contemplation. Je signalerai aussi la petitesse de la police de cette édition Folio qui rend la lecture vraiment difficile et fastidieuse, et n'en facilite pas la compréhension.
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La plénitude du vide

Un livre autant scientifique que philosophique ou spirituel...d'abord l'auteur nous retrace l'épopée de la connaissance du vide, toutes les approches successives, les expériences scientifiques prouvant que le vide n'était pas si vide que cela, jusqu'à la dernière, le fameux boson de Higgs...



Le mystère du Bang, ce gonflement soudain de l'espace temps qui a crée notre univers, reste entier, issu du vide, il garde son secret...Ce qui permet à l'auteur de poursuivre avec des reflexions differentes, les hypothèses sur un multivers etc... tout va vite et nous plonge dans une reflexion qui dépasse la science...l'auteur ne s'y trompe pas puisqu'il termine son ouvrage sur l'approche spirituelle, je lui préfère ce terme à celui de religieuse, avec la pensée Taoiste...ce vide plein du souffle primordial duquel tout vient et où tout retourne...formidable pensée qui 25 siècles avant Einstein avait compris la relation entre le temps et l'espace...

Reste l'interrogation principal, si le vide ne l'est pas, y a t il encore une place pour le néant et surtout si tout est dans tout, avec un sens ou une finalité cachée, quid de nous, de notre conscience...



Face à cette pleinitude, soudainement notre âme semble s'ouvrir vers d'autres dimensions. Finalement ce vide semble rempli de promesses...
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L'Infini dans la paume de la main : Du big-..

Un livre sous forme de dialogue entre Matthieu Ricard le bouddhiste et Trinh Xuan Thuan l'astrophysicien. Ce livre est passionnant car il aborde fondamentalement les problèmes existentiels essentiels, qu'est-ce que le réel? qu'est ce que la réalité scientifique? Existe t-il un sens dans l'univers ?

Certes, a priori, ces questions n'ont rien d'innovantes et il pourrait même sembler iconoclaste au XXI siècle d'associer dans ces réflexions, science, philosophie voire religion, alors que depuis le siècle des lumières l'affaire semblait entendue.

Or, au fil de ces échanges la réflexion du lecteur candide est confrontée à un argumentaire méthodique par lequel il apparait que les travaux scientifiques les plus récents indiquent que les fondations à partir desquelles la recherche scientifique occidentale travaille sont pour le moins sujets à caution. En premier lieu, le réductionnisme qui consiste à privilégier l'analyse du comportement de l'univers à partir de particules de base est discutable d'une part par l'interactivité dans laquelle sont insérées ces particules (il n'existe pas d'objet isolé) et d'autre part parce que les systèmes physiques, au delà d'un certain seuil, ne sont pas linéaires. Les limites de la science tiennent en particulier à l'impossibilité de connaitre toutes les conditions initiales d'un système non linéaire. Il n'existe pas de déterminisme et la théorie du chaos doit être privilégiée. Chaos ne signifie pas absence d'ordre mais impossibilité quant aux prédictions.

En second lieu, les deux dialoguistes rappellent que la recherche scientifique est solidaire de certains a priori idéologiques voire métaphysiques.

Il s'agit naturellement de raccourcis et le livre aborde bien d'autres questions. Certains passages sont un peu difficiles pour le lecteur qui comme moi n'a pas une culture scientifique académique, mais l'intérêt de ce livre est que les propos ne sont pas linéaires d'un chapitre à l'autre voire à l'intérieur d'un même chapitre et que l'on peut "sécher" ponctuellement sur un passage sans perdre le fil de la lecture irrémédiablement.

Un livre à lire sans hésiter non pas pour avoir des réponses mais pour stimuler puissamment la réflexion .

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Le Cosmos et le Lotus

C'est un livre complexe et passionnant. L'auteur est Trinh Xuan Thuan, astrophysicien à la carrière brillante et cosmopolite.

Il a passé sa jeunesse au Vietnam, a quitté le Vietnam encore occupé par les Américains pour faire des études aux USA.

Il est maintenant professeur d'astrophysique dans une université de Virginie.

Dans ce livre, ce grand physicien nous retrace son parcours personnel, le déchirement de quitter son pays, la peine de voir son père mort dans un camp de rééducation au Vietnam et sa découverte du monde universitaire américain.

Il répond en outre à beaucoup de questions dans ce livre:

- Comment le langage mathématique peut-il décrire à la fois l'infiniment petit et l'infiniment grand;

- Existe-t-il un ordre du monde?

- Quelle est la compatibilité entre la religion et la science?

Lui-même se dit fortement influencé par le Bouddhisme, ce qui ne l'a nullement gêné dans sa carrière d'astrophysicien.

Il insiste sur ce qui reste encore obscur dans l'état des recherches actuelles comme l'évolution de l'univers, l'existence ou non d'un multivers, l'apparition d'une conscience dans l'univers: sous quelle forme et à quel moment tout en montrant comment l'Homme et l'Univers sont en étroite symbiose.



C'est un ouvrage complexe et complet, écrit par un homme d'une grande culture, marqué par la culture orientale bouddhiste et confucianiste et par un parcours sans faute "à l'américaine".

Un livre à la fois de science et de philosophie.

Un livre qui montre les limites actuelles de la science et en même temps ses acquis depuis Copernic et Newton.

Un bel ouvrage de référence.
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La mélodie secrète

L’auteur l’a appelé La Mélodie secrète, sous-titré Et l’homme créa l’univers, mais il aurait pu attribuer à son ouvrage le même titre que celui de Marco Polo : Le Devisement du monde, sous-titré Le Livre des merveilles. A l’instar du célèbre voyageur italien, Trinh Xuan Thuan nous décrit le monde, mais sous l’angle de la matière cette fois-ci, et dans ses infiniment grandes et petites dimensions. Et l’émerveillement nous saisit, tout autant que l’incompréhension et l’incrédulité ! Un monde à peine croyable, en effet, mais dûment estampillé du sceau de la science, où la matière surgit du vide. Où « l’infiniment petit va accoucher de l’infiniment grand, (où) l’univers tout entier va jaillir de presque rien », où la matière triomphe de l’antimatière. Et où les particules fantômes des trous noirs violent les lois de la force électromagnétique et se transforment en lumière !



C’est sûrement l’un des acquis majeurs du XXe siècle que d’avoir offert à l’humanité un récit scientifique complet de l’univers, de ses origines à nos jours. Trinh Xuan Thuan nous le retrace ici avec un grand talent pédagogique, beaucoup de clarté, et des accents flirtant parfois avec la poésie. Du Big Bang jusqu’à l’apparition de la vie sur Terre, les grandes étapes de l’expansion de l’univers se déroulent sous nos yeux ébahis et l’auteur ne cache pas non plus les grands mystères encore nombreux que les scientifiques n’ont pas résolus. La recherche ne fait que commencer et elle se poursuit avec des outils toujours plus performants (radiotélescopes, satellites, accélérateurs de particules, etc.). L’auteur n’en reste pas là et nous explique aussi les futurs prévisibles de notre univers, selon les hypothèses liées à sa densité de matière. A priori, l’univers serait ouvert et son expansion se poursuivrait à l’infini, dans un froid toujours plus effroyable. L’option contraire d’un univers fermé promet à nos très lointains descendants les affres d’un four crématoire.



Par un paradoxe plus apparent que réel, le discours scientifique introduit par la théorie du Big Bang ainsi que l’étude des origines de la vie replacent face à face les théologiens et les hommes de science. Ces derniers sont incapables d’expliquer l’instant 0, leur récit débute à partir du mur de Planck, à 10 puissance moins 43 seconde après le Big Bang, c’est-à-dire un zéro suivi de 42 zéros après la virgule avant le 1er chiffre non nul, ce qui constitue pourtant un intervalle de temps inimaginablement court ! Les origines de la vie, en particulier les mécanismes pouvant expliquer l’évolution entre les premiers acides aminés et les hélices enchevêtrées de l’ADN, restent aussi énigmatiques.



Les cieux proclament tes merveilles, Seigneur / Hasard / Grand Architecte / Principe Créateur / Autre : cochez la case correspondant à votre situation actuelle... C’est le second grand mérite de ce livre que de faire le lien entre physique et métaphysique : le Big Bang est-il l’œuvre de / d’un Dieu ? Sommes-nous là par hasard ou existe-t-il un principe anthropique, développé par l’astronome anglais Brandon Carter en 1974 et selon lequel l’univers a été réglé très précisément pour l’émergence de la vie et de la conscience ? Pour Trinh Xuan Thuan, Dieu n’est plus nécessaire : en vertu du flou quantique, « l’univers n’a plus besoin d’une cause première. Il apparaît par la grâce d’une fluctuation quantique ». Mais l’auteur (qui est bouddhiste) affirme par ailleurs sa croyance en un « être suprême » (cf. p. 309). Le hasard implique non-sens et désespoir, c’est pourquoi il préfère parier sur le sens et l’espérance portés par le principe anthropique. Il considère aussi qu’il serait fort surprenant que la vie n’existât pas ailleurs dans l’espace, eu égard au nombre astronomique d’étoiles et de galaxies qui peuplent cet univers homogène et isotrope. Conséquence logique, en effet, si le moteur universel est anthropique et si l’univers immense est identique en tout lieu …



En définitive, Trinh Xuan Thuan nous invite à écouter les autres « mélodies secrètes » de la nature, concurrentes de celle du Big Bang, pour mettre à l’épreuve ce schéma dominant. Ce badaboum primordial au parfum de mythe conserve à ce jour toute son élégance esthétique, toute sa force de démonstration et toute sa pertinence scientifique. Mais l’auteur ne doute pas que d’autres mélodies se feront entendre : « Après l’univers du Big Bang, l’homme continuera à en créer d’autres, qui se rapprocheront toujours plus de l’Univers sans jamais l’atteindre, et qui illumineront et magnifieront son existence. »



Alors, c’est décidé : quand je serai petit, je travaillerai bien à l’école pour devenir astrophysicien et comprendre à mon tour ces mécanismes fascinants. C’est n’importe quoi, vous entends-je ricaner : la flèche du temps est unidirectionnelle, cela ne se peut. Je ne pourrai jamais devenir astrophysicien. Mais le flou quantique autorise justement toutes les audaces et espérances: la Lune ne pourrait-elle pas un jour nous lâcher et aller orbiter autour de Jupiter (cf. chap. IV) ? Tout est possible si on attend, prétend Trinh Xuan Thuan. C’est juste l’attente, qui risque d’être très, très, très longue… Qu’importe.

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Désir d'infini : Des chiffres, des univers et..

Trinh Xuan Thuan est, le temps de cet essai, notre guide pour un survol des grandes théories mathématiques et physiques tournant autour de l'infini. Sans rentrer dans un détail qui deviendrait incompréhensible pour la plupart d'entres nous, il ouvre surtout des portes à notre imagination, dans la continuité des mathématiciens, des physiciens, des philosophes mais aussi des religieux qui ont conduit à l'état actuel de notre savoir. La dernière phrase de cet essai résume bien son état d'esprit: « L'infini prend des visages multiples et divers. Il revient à chacun de nous de choisir celui qui lui convient ». le style est très pédagogique, clair et présente le gros intérêt de mettre à notre portée des théories complexes qui ne sont dans leur détail accessibles qu'à des experts.
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L'Infini dans la paume de la main : Du big-..

La science et la spiritualité adressent fondamentalement les mêmes questions: "Qui sommes nous?", "D'où venons nous?". On se rend compte de plus en plus que la science arrive aux mêmes conclusions que les intuitions et réalisation spirituelles découvertes notamment dans le bouddhisme. Les concepts d'impermanence, d'interdépendance, de vacuité sont communs aux deux disciplines. Le dialogue philosophique passionnant entre Matthieu Ricard et Trinh Xuan Thuan nous en apprend beaucoup et nous donne envie de pousser la réflexion encore plus loin.

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La mélodie secrète

Parmi les nombreux ouvrages de vulgarisation sur l’astronomie, l’astrophysique et les théories de naissance et évolution de l’univers, ce livre constitue une référence. Trinh Xuan Thuan à l’art de raconter cette histoire cosmique avec beaucoup de pédagogie et de poésie. On parcourt avec lui le temps (les univers passés tels que pensés par les anciens), et l’espace (de notre voie lactée aux confins de l’univers). Particulièrement captivantes sont les pages traitant des premiers instants de l’univers, avec une belle subtilité intellectuelle comparant le temps écoulé aux nombres de pages du livre.

Pour l’auteur, la difficulté de comprendre le monde qui nous entoure nous laisse seulement deux alternatives. Soit l'univers et l'homme sont nés par hasard, soit l'univers a été créé par un Dieu, avec comme but de permettre le développement des hommes. A la fin du livre, le scientifique laisse la place au penseur et fait entrer dans son propos des éléments de spiritualité lui permettant de se positionner entre ces deux alternatives. L’harmonie qu’il observe dans ses recherches astrophysiques ne peut être le fruit du hasard. On sait Trinh Xuan Thuan proche de concepts bouddhistes (« L’infini dans la paume de la main » est un de ses livres écrit à quatre mains avec Matthieu Ricard). A titre personnel, c’est peut-être le seul bémol que je trouve à cet ouvrage, par ailleurs d’une vulgarisation scientifique exemplaire.
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Vertige du cosmos

Pour un scientifique, la plus grande découverte n'est elle pas celle qu'il conçoit et qu'il ressent au plus profond de lui-même?



Féconder l'éprouvante et longue constitution d'un ensemble de pierre ne servant qu'à entretenir les perceptions de leurs concepteurs sur le lever et le coucher du Soleil semblait le seul moyen à une certaine époque d'être au plus près des étincelles de Phébus traversant le firmament.



Nos ancêtres tout en guettant vaillamment un partenariat cosmique bien hypothétique n'ont-ils pas fait uniquement que de festoyer en compagnie de leurs acquis sensitifs n'étant que les cercles concentriques de Stonehenge, le rêve de Brahma, le disque de Nebra, le cycle yin-yang, la pyramide de Kheops et le zodiaque de Dendérah?



De centraliser leurs acquis sur Sirius et les Dogons, le Pueblo Bonito, la splendeur d'Angkor Vat, l'almageste, le schéma d'Apianus, le paradoxe d'Archytas, les dessins d'Andreas Cellarius et le système du monde de Thomas Digges.



Que faire d'autre pour un savant livré à lui-même que de se nourrir du seau de Newton, du relationnisme de Leibniz, des jumeaux de l'espace, des prisons de lumières, de la longueur de Planck, des univers-iles de Kant, de la mousse quantique, de la nuit noire et de la selle de cheval.



Rien à se mettre sous la dent venant d'un cosmos têtu refusant obstinément de nous dévoiler de lui-même réellement ce qu'il est.



Finalement l'univers est-il quelque chose à part ce que nous lui assignons ?



Tout en le regardant il ne se trouve plus au dessus de nos têtes mais dans les esprits, temples, tablettes, coutumes, codex, almanachs, hiéroglyphes, formules, peintures et bronzes assurant la pierre d'angle entre un mutisme cosmique et un esthétisme mental et artistique.



L'univers n'est plus qu'un organe gravé, tapissé, synthétisé, racoleur et vulgarisé dont les arcanes ne sont qu'une information spectacle distillée par des auteurs médiatisés semblant uniquement vouloir se constituer une postérité.



Vertiges du cosmos tout en étant valeureux ne ressemble qu'à un énième état des lieux certes goulument imagé mais ne faisant que dérouler un historique sur une discipline ne semblant plus disposer de données nouvelles pour continuer à s'exprimer.



Aucun picotement conséquent depuis Einstein et sa relativité. Tout semble consommé. On ferme la boutique?



La plus grande défaite de la compréhension de l'univers par les idées (dépendante de leurs égocentrismes, de leurs conflits générationnels, de leurs phénomènes controversés et de leurs équations délirantes) n'est elle pas de n'avoir pas sue ou voulue s'approcher au plus près de sa chose en soi, c'est-à-dire rien.



Le silence meurt quand on prononce son nom.





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