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Critiques de Upton Sinclair (80)
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La jungle

Description dantesque d'un enfer vécu par des milliers d'immigrés, polonais, slovaques ou lituaniens comme notre "héros", La Jungle est un récit romanesque quasi journalistique. Digne de Germinal ou de La case de l'oncle Tom, le livre d'Upton Sinclair ne peux laisser indifférent.

Il n'aura d'ailleurs pas laissé indifférent le président Roosevelt, qui à la suite de sa parution, diligentera une enquête dont émanera la Pure Food and Drug Act.

Récit poignant, dans un style direct et puissant, la lecture laisse le lecteur KO et pantois.

On voit que les débuts du capitalisme ont été grandioses. Un siècle plus tard peu de choses ont changés.

Désolant et révoltant...
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La jungle

Souvent encouragés par des compatriotes déjà installés, c'est avec confiance que de nombreux émigrés d'Europe de l'Est entreprennent le voyage vers l'Amérique et ses espoirs de vie meilleure. Polonais, tchèques, slovaques ou lituaniens, ils constituent une force de travail taillable et corvéable à merci, motivée et fragile, ne connaissant ni la langue ni le fonctionnement de leur pays d'accueil.

Jurgis, lituanien, une force de la nature, tente l'aventure avec une partie de sa famille et celle de sa fiancée. Ils y retrouvent Jakobus un compatriote, installé depuis une dizaine d'années à Chicago, alors plaque tournante de l'industrie de la viande qui les oriente vers les abattoirs. Forts de leur détermination, de leur rêve et de leur courage, les adultes trouvent des emplois dans ce qui constituent un ensemble quasi industrialisé, organisé dès l'arrivée du bétail par train, du parcage à l'abattage, la découpe, en passant par le traitement des déchets en engrais ou l'emballage des jambons et la fabrication de saucisses, le traitement des peaux. Mais la mainmise des industriels du secteur ne s'arrête pas là, ils ont également des intérêts dans les constructions, des maisons bâties à la va-vite, louées à prix d'or ou vendues à des conditions malhonnêtes, assorties de contrats de financement que les émigrés, ne sachant ni lire ni écrire l'anglais, signent en toute confiance. C'est le début de l'engrenage infernal, de courses aux boulots de plus en plus inhumains pour payer les dettes, dans des conditions de vie misérable, dans le froid ou la canicule et qui, dès la première blessure, précipite la famille dans la misère.



Je pensais avoir lu le pire de la misère avec le peuple d'en bas ( le peuple de l'abîme ) de Jack London, mais avec La jungle, c'est le summum de l'horreur, un enfer dantesque pour les hommes vivant ou plutôt survivant, dans des conditions de vie effroyables subissant des pratiques mafieuses et monstrueuses des propriétaires, privilégiant le profit au détriment des conditions sanitaires, multipliant les fraudes organisées et couvertes par la justice locale qui ferme les yeux.

La jungle c'est l'épopée de Jurgis,un immigré lituanien pris dans l'étau d'un système industriel monstrueux qui broient le bétail autant que les hommes...un système destiné à entretenir la concurrence entre les ouvriers pour favoriser les baisses de salaires, créer une dépendance financière et matérielle des employés, générant des dettes qui finissent par jeter les pauvres dans les rues ou les femmes qui n'ont d'autre choix que de se prostituer dans des maisons closes, des enfants envoyés au travail dès dix ans pour des salaires de misère, le tout sous l'oeil indifférent des juges et de la police, souvent acoquinés ou soudoyés par les responsables du Trust de la viande. Au delà de l'épopée tragique c'est également la construction de la conscience politique d'un homme face à un système qui lamine, un homme qui, grâce à son engagement politique, finira par comprendre les rouages et l'enchaînement inexorable qui précipite la classe ouvrière dans une telle misère.

Dans La jungle publié en 1906, Upton Sinclair décrit, après avoir enquêté sur le terrain, le non-respect des règles d'hygiène sanitaire et dénonce les infractions sur le droit du travail. Cette tragédie dantesque lui permet de diffuser ses idées socialistes, et, malgré la réluctance de Théodore Roosevelt pour le socialisme, conduira après un scandale retentissant, à l'adoption de réglementations sanitaires - loi sur l'inspection des viandes et de la loi sur la qualité des aliments et des médicaments en 1906 et des réformes du droit du travail.

Un roman magistral et terrible, entre Zola et Dante.
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La jungle

La vie est trop belle ? Ras-le-bol de vous lever avec la banane et de chanter « What a wonderful world » sous la douche ? Vous vous dites qu’avec un peu de vaillance et d’optimisme on peut gravir, voire déplacer des montagnes ? Vous adorez les burgers juteux et le lard scintillant ?

LISEZ « LA JUNGLE », ça va vous calmer.



Ce récit est l’histoire d’une famille lituanienne qui part pour la Terre promise et arrive en ENFER. Et rien, ni l’amour, ni le courage, la solidarité, le travail acharné ou même l’espoir, ne parviendra à sauver Jurgis, Ona et leur famille de l’Ogre qui les attend à Packingtown ; vaste quartier de Chicago où se trouvent les « habitations » des malheureux destinés à « nourrir » les abattoirs de la ville.



À l’aube du XXe siècle, le marché de la bidoche est en plein boom aux USA, et les assommoirs à bétail poussent comme des champignons. Adieu veaux, vaches, cochons, rats (et, parfois même, ouvriers « Sergeï ! T’as pas vu Vytautas ?) et bonjour les poulardes, les rôtis, les saucisses, les pâtés de cerf et les porcelets !



Sauf que :



« Dans les boutiques, ces produits étaient vendus sous différents labels, de qualité et à des prix variés, mais tous provenaient de la même cuve. Sortaient aussi de chez Durham […] du pâté de jambon qui était préparé à base de rognures de viande de bœuf fumé trop petites pour être tranchées mécaniquement, de tripes colorées chimiquement pour leur ôter leur blancheur, de rognures de jambon et de corned-beef, de pommes de terre non épluchées et enfin de bouts d’œsophages durs et cartilagineux que l’on récupérait une fois qu’on avait coupé les langues de bœuf. »



Des « amuse-bouche, qui mettent en appétit » comme dirait Godefroy…



Animaux et humains, brisés, malades, souvent plus morts que vifs entrent dans la gueule du monstre pour y laisser tous leurs biens ; tant matériels qu’immatériels.

Et pareilles à des mouches prises dans une toile, les forçats, leurs femmes et leurs enfants se débattent pour finir vidés de leurs substances et broyés comme les bêtes qu’ils estourbissent, écorchent, saignent, et découpent, par milliers, chaque jour, pour assouvir l’appétit démesuré d’un capitalisme sauvage et impitoyable.



Pourquoi s’infliger une telle dose d’horreur et de désespoir, me direz-vous ?

Peut-être pour savoir ce qui se passait et donc s’interroger sur ce qui se passe sans doute encore (merci L214).



Et surtout pour rendre hommage au pouvoir des livres et à la ténacité de l’auteur dont l’excellent récit (qui, lui, se dévore) a changé les choses.



Upton Sinclair, bien que menacé de mort, parvint à faire éclater la vérité ; il fut reçu à la Maison-Blanche et la condition des travailleurs dans les abattoirs s’améliora significativement. Ce Zola made in USA est un héros qui sauva, sans doute, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants avec son art et pacifiquement.

Et ça, ça vaut bien 5 étoiles.

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La jungle

Et bien voilà tout est là. Tout est dit sur cette Jungle.

Nous sommes à Chicago. Nous sommes en 1906.

Le grand capital est à pied d'œuvre.

Tous les empires industriels sont érigés sur des charniers.

Quelque soit le continent, quelque soit l'époque.



Upton Sinclair décrit tous les rouages de la grande mâchoire capitaliste.

Jeu giratoire des embauches des populations migrantes, croissance des cadences , mise en concurrences de la main-d’œuvre, institutionnalisation du crédit, analphabétisme, misère, malnutrition, institutionnalisation de toutes les formes d'addictions visant à soumettre un cheptel d'humains ( alcool, jeux, sexe, drogues), alliance et désalliance des trusts ( trust des chemins de fer, trust du coton, trust de la viande, trust automobile, trust du pétrole, de la chimie, du fer, de l'acier etc...) , main mise sur l'administration, sur les partis politiques, sur la presse, main mise sur la gestion des logement, du charbon, de la production et la distribution alimentaire, sur les réseaux de communications, sur le contrôle des prix des produits agricoles, des énergies, contrôle des moyens de transports, de la distribution de l'eau, du traitement des déchets, de la voirie, contrôle des syndicats, établissement de polices parallèles, précarité entretenue des emplois, fermeture d'usines pour restructuration, flexibilité des salaires et des horaires, délocalisation des emplois, spéculation, fraudes électorales, fraudes alimentaires, pollution des sols,des sous sols, des cours d'eau, instrumentalisation de la justice et de la police.

Tout est dit.

Productivisme, consumérisme pour tous au profit de quelque uns.



Nous sommes en 1906, et cela fait déjà plus d'un siècle.



La publication de l’œuvre d'Upton Sinclair , auteur socialiste américain, fut un véritable pavé lancé dans le fumier putride du productivisme américain.



Upton Sinclair fait partie des auteurs que Roosevelt qualifiera de muckrackers, c'est à dire d'éboueurs, et plus précisément de « fouille merde ».

L'enquête menée par les autorités gouvernementales, (qui ne pouvaient plus feindre d' ignorer l'horreur du système) déclenchera une vague de réformes concernant l'organisation du travail, mais surtout concernant le contrôle sanitaire de la fabrication et la distribution des denrées alimentaires.



Upton Sinclair est de la veine des grands auteurs, de celle d' Hugo, de Zola, de Sinclair Lewis, de Dickens, de Sue, de London, de Rachel Carlson.



Considérant la défense des droits civiques , les mesures de sécurité sociale d'éducation et de santé, la protection environnementale, le droit et la défense des travailleurs et n'en déplaise aux républicains, et à 70% des démocrates de toutes nos démocraties:

«Socialism saves America ».



« Il n’est pas une réforme religieuse, politique ou sociale, que nos pères n’aient été forcés de conquérir de siècle en siècle, au prix de leur sang, par l’insurrection. ».

Eugène Sue- Les mystères du peuple – Extrait – 1849.



"Selon nous, tout ce qui tend à détruire l'oppression économique et politique, tout ce qui sert à élever le niveau moral et intellectuel des hommes, à leur donner conscience de leurs droits et de leurs forces et à les persuader d'en faire usage eux-mêmes, tout ce qui provoque la haine contre l'oppression et suscite l'amour entre les hommes, nous approche de notre but (...)"

Errico Malatesta- La Question Sociale". (1899)



Nous sommes en 1906.





Astrid Shriqui Garain
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La jungle

C’était le bon vieux temps… Ambiance folklorique oblige, La jungle s’ouvre sur une cérémonie lituanienne de l’acziavimas. Un défilé de personnages s’anime sous nos yeux : Teta Elzbieta apporte les mets du banquet, la grand-mère Majauszkiene complète avec le plat débordant de pommes de terre, Tamoszius Kuszleika remplit la salle des mélodies endiablées et joyeuses qu’il tire de son violon, faisant danser les invités au nombre desquels on découvre Jurgis et Ona, tandis que Marija Berczynskas, infatigable, se démène d’un bout à l’autre de la salle pour assurer le bon déroulement de la cérémonie, veillant à ce que les règles et les traditions soient appliquées selon le bon ordre. On ne s’ébroue pas dans la richesse mais enfin, il y a des pommes de terre, du jambon, de la choucroute, du riz bouilli, de la mortadelle, des gâteaux secs, des jattes de lait et de la bière ; et puis surtout, les retrouvailles sont joyeuses et animées ; elles consolident un peu plus une communauté déjà chaleureuse.





C’était le bon vieux temps, et il faudra se souvenir de cette cérémonie dans le pays comme le dernier épisode heureux vécu par Jurgis et Ona. Les deux jeunes personnes ont à peine la vingtaine lorsqu’elles décident de prendre le bateau, de traverser l’Atlantique et d’atteindre les Etats-Unis. Il paraît qu’ici, le travail se trouve facilement, que les salaires sont élevés, et que les logements et les institutions modernes permettent à n’importe quel individu méritant de s’installer confortablement dans le bonheur d’une existence aisée. Pour ce qui est du mérite, Jurgis et Ona, accompagnés de quelques autres membres de leurs familles, n’ont pas de soucis à se faire. Ils ont été élevés à la dure et ne chôment jamais. Les Etats-Unis n’ont qu’à bien se tenir.





Le désenchantement commence sitôt arrivés dans les quartiers pauvres de Chicago. Grisaille et misère se conjuguent avec l’aspect déshumanisé d’un monde industriel qui a aboli toute ressource naturelle. Les paysages verdoyants de la Lituanie semblent ne pas pouvoir trouver d’égaux, jusqu’à ce que Jurgis découvre les abattoirs, dont le système de production ingénieux rivalise avec les prodiges de la nature. L’installation est gigantesque : entièrement mécanisée, elle permet d’abattre huit à dix millions d’animaux chaque année. Pour cela, l’usine emploie trente mille personnes. Elle fait vivre directement deux cent cinquante mille personnes ; indirectement un demi-million. Ses produits submergent le marché mondial et nourrissent une trentaine de millions de personnes. Nous sommes en 1906 et les prémisses catastrophiques d’un monde industrialisé, sans âme, perdu dans les affres du bénéfice, ont déjà germé : la déchéance est imminente.





La jungle semble d’abord accueillante. Elle fournit du travail à tous nos lituaniens nouvellement arrivés et leur offre un salaire plus généreux qu’ils ne l’auraient espéré. Malheureusement, le coût de la vie aux Etats-Unis est également plus élevé que prévu. On leur promet la propriété puis on les roule en leur faisant payer des charges mensuelles et annuelles qui les éloignent sans cesse davantage de l’acquisition définitive. Les enfants doivent bientôt se mettre au travail pour permettre à la famille de subsister. Pour une journée entière de labeur, ils ramènent quelques cents, une somme dérisoire. Passe encore lorsque les parents ont du travail mais bien souvent, après la frénésie productive qui précède les fêtes de fin d’année, les usines ferment sans préavis et laissent à la rue des milliers d’employés affamés et abrutis par la fatigue. Il faut alors trouver du travail ailleurs –même si toutes les entreprises du coin appartiennent à la même famille-, vivre d’expédients, envoyer les enfants faire la manche dans la rue, grappiller quelques repas en échange d’un verre d’alcool. Très rapidement, la force vitale d’Ona et de Jurgis s’éteint. On se souvient de l’émerveillement naïf, de l’énergie intarissable et de la joie pure qui les animait encore en Lituanie. On constate que tout cela a commencé à s’éteindre après quelques mois aux Etats-Unis, avant de disparaître complètement au bout de quelques années. On comprend que la misère et la fatigue seules ne sont pas responsables de leur déchéance. Le mal est plus sournois : derrière des apparences accueillantes, il désolidarise les individus, les isole dans un mur de silence et les empêche de trouver du réconfort en faisant briller sous leurs yeux des promesses de richesse et d’ascension sociale plus attirantes que l’assurance d’un foyer uni, se satisfaisant à lui-même.





Si la Jungle désigne métaphoriquement cette vie tournant autour des abattoirs de Chicago, les abattoirs constituent quant à eux la métaphore terrible de la destinée humaine :





« On dirigeait d’abord les troupeaux vers des passerelles de la largeur d’une route, qui enjambaient les parcs et par lesquelles s’écoulait un flux continuel d’animaux. A les voir se hâter vers leur sort sans se douter de rien, on éprouvait un sentiment de malaise : on eût dit un fleuve charriant la mort. Mais nos amis n’étaient pas poètes et cette scène ne leur évoquait aucune métaphore de la destinée humaine. Ils n’y voyaient qu’une organisation d’une prodigieuse efficacité. »





Les animaux aussi bien que les êtres humains sont à la merci des abattoirs. Sophistiqués comme jamais, ils émerveillent encore, alors qu’aujourd’hui ils répugneraient aussitôt. C’est que tout leur potentiel d’hypocrisie, de manipulation –pour ainsi dire de sordide- n’a pas encore été révélé. Qu’est-ce qui tue vraiment les employés des abattoirs ? Outre le travail inhumain, on soupçonne la perfidie des moyens.





La Jungle nous révèle que la déchéance moderne a déjà une longue expérience derrière elle. La pourriture de l’hyper-industrialisation que l’on connaît aujourd’hui existait déjà au début du 20e siècle aux Etats-Unis. Ce qui nous différencie des lituaniens ignorants de ce roman tient à peu de choses : eux pensaient vraiment que la société capitaliste permettrait l’épanouissement des individus tandis que nous sommes bien peu nombreux à le croire encore –mais dans les deux cas, les individus sont bernés. La tactique début du 20e siècle pour juguler le mécontentement consistait à épuiser les travailleurs, à les désolidariser, à leur faire perdre toute dignité humaine. La duperie ne pouvait cependant pas fonctionner éternellement et Upton Sinclair nous décrit la constitution progressive des forces opposantes socialistes s’unissant pour faire face aux débordements de l’entreprise Durham. Dans cette dernière partie de la Jungle, la tension rageuse accumulée tout au long du livre trouve un exutoire dans le discours et l’action politiques. Si les socialistes finissent par remporter les élections locales, la victoire reste cependant fragile : « Les élections n’ont qu’un temps. Ensuite, l’enthousiasme retombera et les gens oublieront. Mais, si vous aussi, vous oubliez, si vous vous endormez sur vos lauriers, ces suffrages que nous avons recueillis aujourd’hui, nous les perdrons et nos ennemis auront beau jeu de se rire de nous ! ».





La suite de l’histoire reste en suspens. Pendant ce temps, la Jungle sera traduite en dix-sept langues et entraînera les menaces des cartels mais aussi l’approbation de la masse populaire. Des enquêtes viendront confirmer la véracité des propos rapportés par Upton Sinclair avant que le président Theodore Roosevelt ne le reçoive à la Maison-Blanche pour entamer une série de réformes touchant l’ensemble de la vie économique du pays. La conclusion n’est pas joyeuse pour autant. Plus d’un siècle vient de passer mais le roman entre encore en écho avec la déchéance industrielle de notre époque. Certes, aux Etats-Unis ni en Europe, plus personne ne meurt d’épuisement physique, plus aucun enfant n’est exploité et tout employé peut bénéficier –en théorie- des protections sociales et sanitaires de base. Mais nous sommes-nous vraiment échappés de l’abattoir ? Il semblerait plutôt que le mal se soit déplacé –peut-être même a-t-il carrément retourné sa veste pour s’emparer de ce qui manquait alors cruellement aux personnages du roman : le confort. Les coups, les mutilations, le froid destructeur, la chaleur vectrice de maladies, les engelures, les brimades, la tuberculose, les noyades –toutes ces violences physiques faites aux corps des habitants du premier monde deviennent des métaphores vénéneuses des violences morales faites aux habitants du deuxième monde. A bien y réfléchir, notre situation est tout aussi désespérée : nous ne savons plus que nous sommes victimes car notre corps ne se désagrège plus –ou si peu- au fil des saisons. Nous ne savons pas, et nous sommes comme ces porcs que l’on conduit à l’abattoir :





« Chacun d’entre eux était un être à part entière. Il y en avait des blanc, des noirs, des bruns, des tachetés, des vieux et des jeunes. Certains étaient efflanqués, d’autres monstrueusement gros. Mais ils jouissaient tous d’une individualité, d’une volonté propre ; tous portaient un espoir, un désir dans le cœur. Ils étaient sûrs d’eux-mêmes et de leur importance. Ils étaient pleins de dignité. Ils avaient foi en eux-mêmes, ils s’étaient acquittés de leur devoir durant toute leur vie, sans se doute qu’une ombre noire planait au-dessus de leur tête et que, sur leur route, les attendait un terrible Destin. »





Le socialisme a changé la couleur des murs de l’abattoir. On aimerait pouvoir dire qu’il a œuvré davantage mais ce n’est certainement pas le cas car la lecture de la Jungle, plus d’un siècle après sa première publication, est encore saisissante et ne laissera pas de remuer des plaintes sourdes qui signifient que le massacre ne s’est pas arrêté.
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La jungle

Il y a clairement du Zola et du Dickens dans les faits relatés par Upton Sinclair dans La jungle. Mais ici, c'est aux côtés d'une famille d'immigrés Lituaniens que nous découvrons l'Amérique du début du XXe siècle, dans l'univers des abattoirs de Chicago.

Outre les détails souvent sordides de la vie quotidienne, on perçoit l'évolution de l'état d'esprit du héros principal, Jurgis ; à son arrivée sur le nouveau continent, chargé d'espoir, Jurgis est persuadé qu'en travaillant il s'en sortira, lui et sa famille, "je travaillerai encore plus", lance-t-il lorsque les difficultés s'accumulent. Il ne comprend d'ailleurs pas pourquoi les ouvriers des abattoirs ne sont pas contents de leur sort et pestent contre les cadences inhumaines... N'ont-ils pas un travail après tout ?

Mais au fil du temps, le solide lituanien et sa famille sombrent lentement mais inexorablement dans une misère que l'auteur décrit en détails, parfois insoutenables. Le système broie les hommes aussi surement que les carcasses de boeufs, avant de les mettre au rebut pour les remplacer par d'autres.

Les malheurs arrivent, et Jurgis ne pourra peut-être pas garder sa maison, voire son emploi...

Une roman très dur, à lire absolument, et dont bon nombre de réflexions sont encore, et malheureusement d'actualité.
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La jungle

Upton Sinclair (1878-1968) raconte la terrible et édifiante histoire de Jurgis Rudkus, immigré lituanien, qui s'installe à Chicago, avec sa famille, dans le quartier des abattoirs, réputés pour broyer les hommes et détruire leur vie à jamais.

(...)

Avec Printemps silencieux de Rachel Carlson (1962), La Jungle est un de ces rares livres à avoir fait changer les choses. Rapidement diffusé à des millions des exemplaires, il suscita en effet l'indignation de l'opinion publique, pas tant pour la descriptions des effroyables conditions de travail des ouvriers, que pour l'inconséquence sanitaire de la production de la nourriture qui se retrouvait dans leurs assiettes, au point que le président Théodore Roosevelt diligenta une enquête, puis réforma les abattoirs de Chicago, réglementa l'industrie alimentaire et engagea la lutte contre les trusts. Très souvent cité, ce monument mérite assurément le détour.



Article complet sur le blog.
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Pétrole !

Pétrole ! Que voilà un beau titre pour illustrer le rêve américain, celui qui fait passer le personnage central du début, d’un statut de charretier à celui de magnat du pétrole. Papa, c’est ainsi que le narrateur le nomme, n’a pas réussi par hasard mais à force de travail, de travail bien fait (très bien fait, mieux que les autres), d’intuition et de jugement sûr. Bien sûr, il fait aussi preuve d’opportunisme, nullement freiné par les lourdeurs de l’administration qu’il règle (dans tous les sens du terme) à son avantage, tandis qu’il laisse beaucoup de monde au bord du chemin sans trop de scrupules.

Et quel est donc le rêve d’un Papa qui a réussi ? Eduquer, former et transmettre tout son savoir et son expérience à son fils, bien sûr ; un fils appelé à lui succéder et à continuer la saga en pérennisant l’œuvre d’une vie. Ca tombe bien car le gentil « Bunny » est un bon fils, désireux d’écouter et de faire plaisir à son paternel. L’ennui c’est qu’avec ce genre de scénario bien lisse on fait rarement un bon roman. Alors, comme c’est un bon roman (évacuons ce suspens d’entrée), disons que le gentil fiston est tellement gentil et attentionné qu’il va s’intéresser également au sort des ouvriers de son père, allant jusqu’à se lier avec certains d’entre eux tout en fréquentant la très bonne société (entendre les gens riches) pétrolière et cinématographique de la cité des anges. Si on ajoute qu’un des ouvriers qu’il admire énormément adhère au jeune parti communiste puis devient l’un des leaders de la grève qui paralyse les puits de pétrole de Papounet, on comprend que le tiraillement qui s’empare du gentil Bunny va mettre du piquant dans le roman. On peut reprocher (c’est assez facile aujourd’hui) un certain angélisme (Sinclair était socialiste et militait y compris dans ses romans) vis-à-vis de la Troisième Internationale et de la naissante Union soviétique mais reconnaissons que le personnage de Papa le pétrolier est loin d’être caricatural. Ce n’est pas un salaud. Un cynique oui, mais quand son fils lui demande d’aider tel ou tel de ses employés ou d’en faire sortir un autre de prison, il s’exécute de bonne grâce. De nos jours, on dirait que c’est un bon père et un patron paternaliste. Ne lui en demandons pas plus.

Il n’en demeure pas moins que tous les aspects de ce roman, écrit il y a presque un siècle, restent d’une étonnante actualité. On y découvre, extrêmement bien décrites, les coulisses des débuts de l’exploitation pétrolière, celle des petits derricks couvrant une colline, des méthodes d’extraction, des accidents de chantier ou des méthodes employées par les exploitants pour racheter les terrains à leurs propriétaires, sans que soient omises les querelles et mesquineries avides de ces derniers. On découvre l’ampleur et tous les mécanismes de la corruption. Méthodes et justifications psychologiques à tous les niveaux, du plus modeste jusqu’à l’occupant de la Maison blanche, n’ont pas pris une ride. Même chose pour la critique en creux des universités, déjà à l’époque plus préoccupées de s’arracher par tous les moyens les meilleurs jeunes athlètes du pays que d’instruire réellement leurs étudiants. Quant à Hollywood, à travers son inculture, son microcosme et ses promotions canapés, sa description n’a nul besoin d’injection de Botox pour ressembler à celle d’aujourd’hui. Et que dire du personnage d’évangéliste autoproclamé, faiseur de miracles « arrangés » et de fortune dissimulée ? N’y aurait-il plus aujourd’hui, là-bas mais ici aussi, de ces prédicateurs prêchant l’amour ou la haine, mais toujours pour leur paroisse.

Et à bien y réfléchir, Bunny lui-même le gentil milliardaire de gauche, n’est-il pas l’archétype de nos bobos gauchistes et de notre « gauche caviar » faisant le grand écart entre ses « fêtes » et ses bonnes œuvres ? Qui sont donc aujourd’hui les Harding et les Coolidge (respectivement les 29ème et 30ème présidents des USA) élus, selon Sinclair, par les milliardaires pour les servir ?

Il me semble bien que ce livre est toujours d’actualité. L’histoire est agréable à lire, le ton légèrement ironique est plaisant, alors faites le plein et foncez !

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La jungle

La jungle de l'Américain Upton Sinclair est bien loin du Livre de la jungle du britannique Rudyard Kipling.

En fait de jungle, l'histoire se passe à Chicago au début du XXème siècle, dans le milieu des immigrés récents venus de Lituanie.

Ils se retrouvent confronté au capitalisme sauvage et aucun déboire de ne leur sera épargné : travail abrutissant dans les abattoirs ou les fabriques d'engrais pour un salaire de misère, avec maladies et accidents du travail, arnaques diverses et variées, chômage, corruption, alcoolisme, abus sexuels et prostitution pour les femmes. Loin du rêve américain.

Un livre publié pour la première fois en 1906, mais qui n'a rien perdu de sa force et de son pouvoir.





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La jungle

De 1880 à 1930, la ville de Chicago est passée de 500 000 habitants à près de 3,4 millions d'habitants, soit une augmentation de plus de 550 % ! Durant ces 50 ans, la population des Etats-Unis a 'seulement' augmenté de 150 %, passant de 50 millions à 125 millions d'habitants.

De la fin de la guerre de Sécession (1865) à la première guerre mondiale, beaucoup d'immigrés sont venus à Chicago d'Europe de l'Est, dans l'espoir d'une vie plus facile.



« La jungle » fut publié en 1906, après l'avoir été partiellement dès 1905 en feuilleton dans l'hebdomadaire socialiste "Appeal to reason". Dans ce roman, Upton Sinclair raconte l'itinéraire d'immigrés lituaniens au tout début du XXe siècle, attirés à Chicago par des promesses. Il y dénonce l'exploitation de la classe ouvrière par des capitalistes sans scrupules, pour qui la main d'oeuvre n'est qu'une marchandise et les consommateurs de simples sources de profits. L'industrie de la viande illustre les travers d'un capitalisme naissant sans contre-pouvoirs. Les capitalistes instrumentalisent les pouvoirs politiques et les institutions judiciaires, par collusions d'intérêts et corruptions, pour imposer leur Loi : celle du plus fort. Cette loi de la jungle comporte notamment : maltraitances sur les animaux avant leur abattage, maltraitances sur les travailleurs avant leur mise au rebut, tromperies sur la qualité de aliments fabriqués puis vendus, et atteintes à l'environnement. En fin d'ouvrage, des personnages engagés dans la cause socialiste présentent leurs thèses, comme si la révolution qu'ils prônent constituait la solution à tous ces maux.



Ce roman naturaliste témoigne de la naissance et du développement du capitalisme aux Etats-Unis. J'y ai (re)découvert la diversité des sources de peuplement du pays. La description de diverses usines (abattoir, mise en conserve, aciérie, production de moissonneuses-batteuses) montre que Frederik Winslow Taylor (1856-1915) n'a pas inventé le taylorisme mais a théorisé des schémas d'organisation du travail déjà existants (son essai 'The Principles ou Scientific Management', traduit en français par 'La direction des ateliers', date de 1911).



Par sa thématique, cette lecture m'a rappelé celle de 'La saga des émigrants', remarquable série de Vilhelm Moberg, même si cette dernière se déroule sur un laps de temps plus large, en milieu rural, et est écrite dans un style très différent (plus agréable à lire mais moins pictural). C'est surtout aux récits d'Emile Zola que j'ai pensé, à cause du dessein et de l'écriture qui en découle, ainsi que de la noirceur du propos. L'auteur cite d'ailleurs le romancier français : « Dante et Zola auraient pu trouver là une source d'inspiration » (page 146). L'émotion suscitée aux Etats-Unis par la publication de ce roman est de nature à confirmer qu'il recelait de grandes parts de vérité…
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La jungle

Pour ne pas ajouter ma critique qui n'apporterait rien de plus que les précédentes , à l'instar de stcyr04 qui nous donne celle de Jack London , voici celle d'Howard Zinn : En 1906 , le roman d'Upton Sinclair " La jungle ", qui décrivait les conditions de travail dans les abattoirs de Chicago , provoqua la réaction indignée de tout le pays et entraîna un mouvement en faveur d'une réglementation de l'industrie alimentaire . A travers l'histoire d'un travailleur immigré nommé Julius Rudkus , Sinclair évoquait également le socialisme et la possibilité d'une vie meilleure qui nécessitait que le peuple puisse travailler , posséder et partager les richesses de la terre . D'abord publié dans le journal socialiste " Appeal to Reason " , la jungle fut plus tard traduit en 17 langues et lu par des millions de lecteurs .
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La jungle

Jürgis et sa famille lituanienne émigrent à Chicago. Nous sommes au début du XXe siècle. Il parvient à trouver du travail dans les immenses abattoirs industriels de la ville et leurs activités annexes. Mais peu à peu le rêve américain tournera au cauchemar.

Le livre aborde (brièvement, mais il faut le noter) le problème de la souffrance animale, la déshumanisation des emplois causée par l'industrialisation sauvage, l'absence de code du travail et ses conséquences humaines, l'absence de réglementation des produits, le tout dans le cadre d'un capitalisme tout-puissant. Jürgis connaîtra la misère, la déchéance morale et physique, et pour survivre devra se compromettre avec la pègre et les politiciens véreux, avant de prendre conscience de sa condition de prolétaire exploité et de s'engager politiquement..

Écrit dans un style simple et quasi journalistique, ce livre apparaît, à nos yeux de lecteurs du XXIe siècle, comme une découverte naïve des excès d'un capitalisme dérégulé. On n'y trouvera pas d'analyse psychologique ou des rapports sociaux poussée, contrairement à Zola à qui on pourrait comparer Upton Sinclair, mais c'est une formidable enquête sur le Chicago industriel du début du XXe siècle.
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La jungle

Leur découragement ne fit que croître lorsqu'ils comprirent que le coût de la vie en Amérique était infiniment plus élevé qu'en Lituanie. Le monde entier les avait floués. Les deux derniers jours, ils s'étaient presque totalement privés de manger, tant ils étaient révoltés par le prix de la nourriture vendue dans le train." (P. 44)

Jurgis Rudkus a quitté avec son épouse sa Lituanie natale, en rassemblant toutes les économies de la famille....il était l'un de ces immigrants venus d'Europe centrale, prêts à accepter tous les travaux possibles, même mes plus dégradants, pour vivre au sein de cet Eldorado, de ce miroir aux alouettes qui les faisait rêver.. Alors ils arrivèrent à Chicago, ce gigantesque centre d'abattage des animaux américains. Les chiffres donnent le tournis. Là-haut, au bord de ces Grands-Lacs, on compte par millions les bœufs, moutons et porcs qui sont saignés chaque année!

Une véritable chaine, dans laquelle chacun fait, depuis des ans, toujours le même geste, Effrayant. L'animal avance, poussé par les coups, vers celui qui le saignera, il ressortira découpé, Aucune attention ne lui a été portée. Accidents ou pas, accidents des animaux ou des hommes....qu'importe : La chaîne avance inexorablement,.

Certains ouvriers malchanceux, glissant dans le sang ou la merde et tombant dans une trémie de hachoir....Ils finirons eux aussi en bouillie-saucisse ! Tant pis pour eux ! Tant pis pour celui qui sera estropié à vie. Dehors,! Place à un autre!

Aucune chaussure de sécurité...aucun vêtement de travail ne leur est fourni. Alors ils pataugent dans leurs grolles déformées qui les ramèneront le soir dans leur bicoque mal chauffée.

Et quand l'argent vient à manquer, plus un cent pour nourrir les enfants, les femmes pour bien peu d'argent donnent de leur personne pour quelques cents...

Jurgis est parvenu à se faire recruter, et gagnera les quelques dollars qui permettront de vivre un rêve : posséder sa propre maison. Oh! ce n'est pas le luxe,

Alors la famille va s'endetter...et se faire arnaquer par ces requins qui rodent.

Dans cette usine terrifiante tout, dans l'animal est utilisé, tous les sous-produits sont valorisés, cornes, poils, sabots. peaux... L'hygiène est un mot inconnu, les normes sanitaires actuelles également. Même les carcasses des animaux malades sont transformées en saucisses à grands renforts de mélanges, de mixtures qui les transformeront en saucisses pas chères, en plats cuisinés, achetées par les plus démunis....dont ces ouvriers.

Ne parlons pas de la considération accordée à ces salariés...ni non plus des normes sanitaires, des concepts inconnus

Tout bénéficie à ces sphères de capitalistes, chiffrant tout en millions de $...alors il ne faut pas se priver de pratiquer des retenues sur salaires de quelques dollars. C'est autant de plus dans leurs poches ....pour en gagner des millions!

Un immense malaise face à ce témoignage mais surtout le bonheur d'un lecteur qui découvrit un "auteur [...] promoteur du socialisme aux États-Unis." comme présenté sur Internet

Malgré ses textes, malgré cette honte qu'il décrit, il ne réussira pas à bousculer cet état d'esprit. Cette antinomie - socialisme VS États-Unis ne peut que troubler, mais ce titre m'a permis de découvrir un homme, un auteur engagé, une époque, des faits de société méconnus; en ce qui me concerne.

Alors comment par hasard ai-je découvert cet auteur que ne connaissent que de rares bibliothèques....il fait partie du passé!

Toutes les infos de notre actualité n'avaient qu'un seul mot à la bouche ....qu'un seul sujet de trouille à nous proposer : "Le PETROLE". Alors, j'ai cherché, quels étaient les titres de livres ayant déjà évoqué cette angoisse, mais d'autre titres que la série (je ne sais pas si c'est une série, ça ne m'intéresse pas)"Dallas, ton univers impitoyable"...et j'ai découvert cet auteur...deux de ses titres étaient disponibles sur le site d'ouvrages d'occasion.. "Pétrole" et "La Jungle"...J'ai été attiré par les mots "promoteur du socialisme aux États-Unis. "Chouette un auteur méconnu !"

Et malgré quelques longueurs, le plaisir fut au rendez-vous.....j'en souvent pensé à Zola et je reparlerai de lui et de "Pétrole" qui est sur ma table de lecture

".....dans une société régie par la compétition, l'argent est nécessairement une marque de supériorité, le luxe l'unique critère de la puissance. C'est pourquoi aujourd'hui nous vivons dans un monde où trente pour cent de la population sont occupés à produire des biens superflu tandis qu'un pour cent s'emploie à les détruire. [...] Pensez aux fabricants qui conçoivent des attrape-nigauds par dizaine de milliers pour nous soutirer de l'argent, aux marchands qui les exposent dans leur étalage, aux journaux et aux magazines qui en font la réclame à longueur de page!" (P. 514)

Actualité? Non un texte et des mots datant de 1905 !
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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La jungle

Plongez-vous dans l’univers sombre voire et miséreux des abattoirs de Chicago fin XIXème.

Accrochez-vous. Vous avez lu Germinal ? C’est pire. Une machine géante à broyer les bêtes et les Hommes. Le gigantisme de l’industrialisation qui mène à des aberrations. La production de conserves et de viandes dans des conditions d’hygiène dignes d’un film d’horreur. Des conditions de travail tellement effroyables que vous n’avez pas besoin de prévoir de retraite pour les ouvriers : ils meurent tous avant. Des conditions de vie où chacun essaie de tirer la couverture à soi, mais elle est si petite pour tant de gens, que la misère est le lot du plus grand nombre. Sans parler de tous les gredins qui profitent d’un système tellement corrompu que l’honnêteté devient un handicap pour tenter de survivre.

Et puis pour les immigrants, s’ajoute la barrière de la langue. Leur espoir d’une vie meilleure en Amérique est tellement immense, intense, qu’ils sont prêt à tout et mettent un temps infini à se rendre compte qu’on les spolie, qu’on les exploite et qu’ils sont piégés dans la misère. C’est sombre et triste. Ça pue la viande avariée, les corps qui ne se lavent pas assez souvent, les vêtements usés et crasseux, la soupe trop claire, la neige grise, la canicule de plomb, les eaux stagnantes qui ont oublié qu’elles ont été limpides un jour, les greniers mal aérés aux matelas trop minces pleins de vermine, les gosses morveux et mal nourris, l’alcool bas de gamme, les blessures mal cicatrisées guettées par la gangrène.

Jurgis a du courage, de la force. On le suit avec sa famille de l’espoir lumineux des premiers pas en Amérique, à l’errance entre petites misère et grande misère. Il pense et nous aussi, avoir toucher le fond et non. Il y a toujours pire. C’est injuste, mais c’est comme ça.

La loi du plus fort est remplacée par la loi du plus malin, du plus rusé, de celui qui écrasera l’autre pour prendre sa place le plus vite.

Franchement notre vie actuelle à côté, c’est le paradis.



Au niveau du style, c’est moins romancé que du Zola. C’est plus comme un long reportage, très factuel. On finit par de longs discours sur le socialisme salvateur. J’ai trouvé cette partie un peu trop longue et politisée, mais dans le contexte elle avait sa place.



Alors, faut-il le lire ? Oui. A part peut-être si vous êtes végétarien…

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La jungle

Dans le style d'un Zola ou d'un Steinbeck, ce roman, désormais classique nous plonge dans la machine broyeuse qu'est la pauvreté. En l'espèce, celle des travailleurs immigrés du secteur de la viande à Chicago dans les années 1900. C'est certes maintenant de l'histoire, et heureusement, nous n'en sommes plus là. Pourtant ces débuts du capitalisme sont instructifs. Les questions ne se posent aujourd'hui, dans nos pays occidentaux, plus de façon vitale, mais l'importance de l'éducation, de la connaissance des droits, des rapports de pouvoir et la dureté de la loi du marché sont toujours d'actualité. Si ce livre montre le chemin parcouru, il interroge aussi sur celui qui reste à parcourir et demeure de ce point de vue toujours actuel, même si la réponse socialiste collectiviste qui termine le livre a un peu vieilli. Pratiquement, le style est clair, l'histoire prenante et la lecture agréable.
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La jungle

Le rêve américain dans toute sa splendeur.. Ici vous n'avez que deux partis, celui du capitalisme et celui du capitalisme, vous n'avez qu'un modèle de vie, celui de crever au travail et de fermer votre gueule. le seul type de réussite en Amérique en tant qu'immigré, c'est la prostitution pour les femmes et de rejoindre la mafia des trusts et oligopoles pour les hommes. Un capitalisme sauvage poussé à son paroxysme, la corruption et le désenchantement sont partout, à chaque fois que vous croyez avoir vu la partie la plus ignoble, vous vous retrouvez avec une partie encore plus ignoble.



Un surenchérissement qui vous fera découvrir l'Amérique, arnaque sur le logement par endettement, banquier et avocat au sourire carnassier, mise en concurrences de la main-d'oeuvre, précarité des emplois, flexibilité des salaires et des horaires, fermeture d'usines pour restructuration, contrôle et inefficacité des syndicats... Jurgis et Ona et les quelques autres membres de leurs familles passeront par toutes les étapes, toutes les épreuves possibles et imaginables.



Au début, on ne parle que des conditions de vie désastreuses et de la souffrance de cette besogne à la chaîne. le respect qu'on a pour les animaux de l'abattoir et similaire à celle qu'on a pour ces immigrants. Les abattoirs sont le symbole de la déchéance moderne, le contrôle sanitaire est inexistant et laisse place à toutes les mesures ignobles possibles pour faire des économies. Même le consommateur est comparé à un bétail...



Les fléaux et dangers comme l'alcool, les jeux, le sexe, les drogues, l'analphabétisme, la misère, la malnutrition sont omniprésent dans cette description des classes populaires. Puis la rencontre de Jurgis avec la justice va nous permettre de rencontrer les vainqueurs de cet univers infernal. Ceux qui aident et encadrent cette misère, une forme de police parallèle ou de mafia. Club fermé de traîtres qui ont la mainmise sur toute la société, obéissant à leur conscience de classe, à la seul règle en vigueur, le toujours plus.



L'administration, les partis politiques, la presse, la gestion des ressources, les réseaux de communications, le contrôle des prix, des moyens de transports... Ces gens ont tout et spéculent, ils se contrefichent de la société, la seule chose qu'ils leur importent, c'est de voir leur capital économique croître. Et puis l'eldorado, la fin de ce voyage, après la souffrance et l'échec, la découverte du socialisme libertaire. La fin est un peu forcée et les personnages sont avant tout présents pour dénoncer un modèle inhumain et dévastateur, même si remarquable dans leur volonté de vaincre.



Lorsque ce livre est sorti, personne ne se souciait vraiment beaucoup que les pauvres mouraient. Tout ce qui importait aux Américains, c'était que leur viande était dégueulasse. Apparemment, ils ne voulaient tout simplement pas manger de la merde. Dommage également que l'auteur n'ai pas vu la vague du Maccarthysme, pas de fin aussi forcée comme ca.. Les Américains se contrefichent de la pauvreté, ils préfèrent Ayn Rand au socialisme libertaire. On peut dire qu'ils sont restés fidèle au rêve américain.
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Pétrole !

Upton Sinclair m’avait déjà impressionnée avec son autre roman La Jungle dans lequel il dénonce les conditions de travail effroyables des ouvriers de l’industrie agro-alimentaire américaine du début du XXème siècle. Basé sur du vécu ( Upton Sinclair était journaliste d’investigation et n’a pas hésité à endosser lui-même le rôle d’ouvrier avant d’écrire son roman), le roman a fait un tel scandale à sa sortie que les autorités n’ont pas eu d’autre choix que de légiférer afin d’améliorer le quotidien des travailleurs.

Cette fois-ci, c’est au secteur du pétrole que Sinclair s’attaque. Et je peux vous dire qu’après ça, cet auteur entre définitivement au panthéon des auteurs que j’admire le plus.



Pétrole ! est un roman d’apprentissage, celui de Bunny fils et héritier de Jim Arnold Ross grand magnat du pétrole. Le père emmène le fiston partout avec lui pour lui transmettre son savoir et ses connaissances du métier. Bunny apprend toutes les « combines » et petit à petit développe un certain esprit critique qui l’amène à juger certaines des dites « combines » pas très honnêtes.

La rencontre de Bunny avec Paul va accélérer sa prise de distance avec son père. Jeune garçon rebelle à l’autorité paternelle, Paul amènera Bunny à réfléchir à la condition des ouvriers et à sympathiser avec les idées communistes.

Tiraillé entre son affection pour son père et son admiration pour Paul, Bunny se cherche entre deux mondes qui s’oppose : celui que l’on appelle « le monde » d’où est issu Bunny et qui regroupe toutes les grandes fortunes et celui des travailleurs.

Bien qu’il ait parfois des jugements assez tranchés et désagréables vis-à-vis de « la masse », le père de Bunny se révèle finalement être un patron soucieux de ses employés et qui n’hésite pas, lorsqu’il le peut, à céder aux désirs de son fils qui tente de l’infléchir dans sa direction.

Ce tiraillement entre les deux milieux transparaît également à travers la vie amoureuse de Bunny. Doit-il choisir celle qui partage son rang ou celle qui partage ses idées ?

Seulement voilà, lorsqu’on dirige une entreprise pétrolière, on ne peut pas faire tout ce qu’on veut.



Et Pétrole ! devient alors aussi un roman d’apprentissage pour le lecteur.

Nous sommes dans les années 1920 et l’industrie pétrolière en est à ses tout débuts. Le roman nous apprend dans les moindres détails comment cette industrie s’est développée. A travers la figure du père de Bunny, self-made man symbolique de la réussite à l’américaine, on voit comment un simple muletier finit par arriver à la tête d’un empire pétrolier.

Sinclair ne laisse rien de côté, des détails techniques ( comment forer un puits) à la gestion, vous saurez tout sur le fonctionnement d’une entreprise pétrolière. Rassurez-vous, les détails techniques sont très rares, pas très faciles à comprendre sans internet mais on peut facilement sauter le passage pour ceux que ça n’intéresserait pas.

Le plus intéressant et c’est ce que dénonce Sinclair, ce sont les fameuses petites « combines » : propriétaires de terrains escroqués, corruption de simples fonctionnaires d’abord puis carrément achat des candidats aux présidentielles, achat des médias, des banques, les grands du pétrole ne reculent devant aucun moyen pour parvenir à leurs fins.

On assiste aussi à la guerre entre les gros exploitants et les plus petits. La rapacité des premiers est telle qu’ils font tout pour couler les petits : on les force à adhérer à un syndicat qui leur impose une certaine réglementation. Celui qui voudrait, pour éviter la grève de ses employés, modifier la dite réglementation, se verrait automatiquement fermer les vannes par les banques (à la solde des « gros »).

Le contexte du roman, première guerre mondiale et années 1920, est important à prendre en considération. La première guerre a permis l’appropriation des ressources pétrolières par les vainqueurs, elle a surtout permis aux exploitants américains de s’implanter en dehors du territoire national.

Cette période de l’Histoire, c’est aussi les révolutions russes et l’éveil de la doctrine communiste. Sinclair dépeint alors les exactions dont étaient victimes les sympathisants bolcheviques aux Etats-Unis : une véritable chasse aux sorcières (le maccarthysme avant l’heure) dont Bunny et surtout Paul feront les frais.

Alors oui, Sinclair ne mâche pas ses mots parfois et le capitalisme dans tout ce qu’il comprend en prend pour son grade. On pourrait accuser et regarder d’un mauvais œil la sympathie évidente de Sinclair pour le communisme qui transparaît à travers ce roman mais il ne faut pas oublier que Pétrole ! a été écrit en 1926 et que le communisme en Russie n’avait pas encore connu les dérives du stalinisme.

Il faut voir Pétrole ! avant tout comme le roman qui dénonce les conditions de travail difficiles qu’étaient celles des ouvriers du début du XXème siècle.



Alors voilà, j’ai évidemment adoré ce roman coup de poing. Je n’ai pas senti les 980 pages. Les personnages sont extrêmement bien campés et très attachants, surtout Bunny et son père torturés tous deux entre devoir et conscience. J’ai parfois détesté Bunny, sans cesse en train de réclamer de l’argent à son père pour sortir ses camarades de prison. Je l’ai trouvé un peu gonflé mais bon … lui-même était gêné de cette situation. Pour les autres personnages, on a la sœur de Bunny, détestable à souhait, la petite fille de riche par excellence qui ne pense qu’à l’argent, Vernon Roscoe, associé de J. Arnold Ross, figure même du grand patron sans scrupules, Paul l’idéaliste prêt à sacrifier sa vie pour ses idées, Viola l’actrice qui charmera Bunny, Rachel la militante etc…

Un roman riche, très vivant, au style simple et parfois ironique, qui est, par sa portée, probablement au pétrole ce que Germinal est à la mine. Romans classiques très célèbres aux Etats-Unis, Pétrole ! et La Jungle restent méconnus en France et c’est vraiment dommage ! Il ne tient plus qu’à vous d’y remédier.







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La jungle

La Jungle s'ouvre sur un mariage et se referme sur une naissance. Le mariage d'Ona et Jurgis Rudkus avec ses traditions folkloriques lituaniennes : l'acziavimas et la vesejila. Leur union est à marquer d'une pierre blanche car elle symbolise l'un des derniers moments de bonheur du jeune couple.



Mais revenons quelques mois en arrière, nous sommes au début des années 1900, quand Jurgis et Ona, accompagnés de leur famille ( douze personnes au total, six adultes et six enfants), débarquent à Chicago après avoir fui l'infortune lituanienne. Dans ce pays de cocagne où tout semble possible, pour qui veut bien travailler durement et servilement , ils espèrent trouver un avenir meilleur. Ils vont vite perdre leurs illusions et le rêve américain tourne au désenchantement. Une fois en Amérique, ils se rendent compte d'une cruelle réalité : "si les salaires étaient élevés dans ce nouveau pays, les prix l'étaient tout autant et un pauvre étaient aussi pauvre ici que n'importe où d'ailleurs sur cette terre". Sans parler de la corruption et des escroqueries en tous genres qui plongent la famille dans la tourmente. Désormais un seul mot d'ordre : survivre !



A Chicago, si l'on veut du travail, il faut se rendre à Packingtown, le quartier des abattoirs, propriété des trusts de la viande. Jurgis, notre colosse Lituanien, n'a aucun mal à se faire engager à la chaîne d'abattage. Malgré toute sa bonne volonté et sa force de travail, son maigre salaire ne suffit pas à nourrir tout le monde. Les membres de la famille, adultes et enfants, se mettent en quête d'un travail afin de subvenir à leurs besoins élémentaires. De la douce et délicate Ona, en passant par le vieil Antanas à la toux incessante ou au jeune Stanislovas, qui ment sur son âge, tous se retrouvent dans l'enfer de Packingtown.



A travers le destin tragique de Jurgis et de sa famille, Upton Sinclair nous plonge dans les abîmes du capitalisme du début du XX siècle. Il nous montre le quotidien de ces milliers de gens qui constituent les rouages indispensables de la gigantesque machine industrielle. Le travail d'abattage à la chaîne aux cadences infernales est un supplice effroyable pour les ouvriers qui tuent et dépècent les animaux, été comme hiver, dans l'atmosphère confinée et suffocante des ateliers remplis d'une odeur putride de sang et de crasse. Les accidents sont très fréquents, un coup de lame maladroit qui entaille une main et c'est l'infection, un chariot qui sort de sa trajectoire et c'est la mort. Les usines qui ferment du jour au lendemain, pour plusieurs mois, laissant ces travailleurs dans le dénuement le plus total.

Et tout ça au nom de quoi ? Du profit, de l'appât du gain, du capitalisme à outrance au mépris de toute humanité.

Comme évoqué en préambule, ce roman s'achève sur une naissance : celle du socialisme, qui donne une touche d'optimisme et un peu d'espoir à Jurgis et ses camarades.



Lors de sa parution en 1906, ce roman "coup de poing" fait grand bruit et pousse le président Theodore Roosevelt à engager une commission d'enquête sur les conditions de travail dans l'industrie de la viande et à faire mener des réformes du droit du travail et de la réglementation en matière de production alimentaire.

La Jungle fait partie de ces livres qui ont fait l'Amérique ! Un grand roman social.
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Le Christ à Hollywood

Le christ à Hollywood d’Upton Sinclair



Le narrateur, Billy, se rend, avec le Docteur Henner qui fût un célèbre critique littéraire à Berlin, au cinéma Excelsior voir un film allemand, Le Cabinet du Docteur Caligari. Une foule de manifestants tente de les empêcher de rentrer arguant que le film est allemand et qu’il devrait être interdit. Billy réussit à entrer, Henner s’en va. A sa sortie il est de nouveau assailli, on le traite de traître, de saloperie de Hun!! Il se bat, est sonné, sérieusement blessé et se réfugie dans l’église saint Barthélémy. Il était en rage lui qui avait combattu directement les allemands en 1944, il pleurait en regardant un des vitraux qui était une représentation du christ. Soudain une main se posa sur lui et on lui dit « Rassure toi, c’est moi, n’aie pas peur ». Il y avait désormais un trou à la place du vitrail et l’homme était assis à côté de lui!! Il lui propose de l’accompagner, Billy s’inquiète du trou et l’homme décroche un tableau dans l’église et le met par dessus. S’engage alors une discussion toute biblique et les deux hommes cheminent dans la rue principale de la Cité de l’Ouest qui s’appelait Broadway. La tenue de l’homme du vitrail avait inquiété Billy en acceptant qu’il l’accompagne mais on était à Hollywood, plein de touristes dans des tenues tout aussi bizarres. Ils croisent alors Edgerton Rosythe, rédacteur en chef d’un grand journal. L’homme se présente comme Le Charpentier, il parle en citant des versets de la Bible à chaque question qu’on lui pose. Il guérit les blessures de Billy, Edgerton est impressionné et s’interroge sur sa technique thérapeutique, il les entraîne au salon de beauté de madame Planchet. Rencontre avec des metteurs en scènes, des actrices connues, le petit monde du cinéma, on propose à Charpentier de le rendre célèbre, certains font même remarquer sa ressemblance avec un vitrail de saint Barthélémy!! Le producteur invite tout le monde au restaurant entouré de grévistes. Le Charpentier ne mange pas, il veut nourrir tous les affamés. En quittant le restaurant le chauffeur roule trop vite et renverse deux enfants, on est dans le quartier des mexicains et des italiens, la foule se fait menaçante, le Charpentier parle…



Situant son roman dans un pays imaginaire avec Broadway et Hollywood quand même, son Charpentier / Christ va se retrouver immergé dans une ambiance revendicative, menée par des syndicalistes et des socialistes, il devrait être sur un terrain très favorable, aidé de temps en temps par un petit miracle, mais les hommes sont décidément bien compliqués à déchiffrer. Drôle et désespéré.
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Les griffes du dragon, tome 1

LES GRIFFES DU DRAGON d’ UPTON SINCLAIR

C’est une série centrée sur Lanny Bird écrite dans les années 1940/1950, une douzaine de volumes dont je n’ai trouvé que les deux premiers en traduction française. Cette série a connu un succès considérable aux États Unis et SINCLAIR a reçu le prix Pulitzer pour ces romans en 1943.

Lanny Bird est marié avec Irma et le premier tome commence avec son accouchement et l’intérêt des journalistes particulièrement Pietro, ami de Lanny. Le couple Lanny/Irma fait partie en effet des gens célèbres que l’on rencontre dans les lieux à la mode, on les croirait sortis d’un univers à la Fitzgerald, avec une différence notable, Lanny est socialiste, engagé politiquement, Irma est dans de nombreuses associations caritatives et ces actions prennent chez eux une place prépondérante. De plus l’oncle de Lanny, Jesse est communiste, lui aussi extrêmement engagé et passe des soirées à argumenter avec Lanny. Irma est issue d’une riche famille dont une partie de la fortune a été amputée par la crise de 1929, mais leur couple n’a pas besoin de travailler. La naissance d’une fille unique, Frances, désole la grand mère qui espérait un héritier mâle! Ils sont à Juans les Pins et sont invités à une croisière par la famille Robin, qui va les mener à Gênes, Athènes, Istanbul avec d’étranges passagers dont une voyante et un médium ce qui va passionner Lanny. Ce dernier s’adonne à faire l’intermédiaire sur le marché de l’art mais la crise est toujours bien présente aux États Unis et l’Allemagne,que Lanny connaît bien, va mal. Il n’est pas ravi de voir son père Robbie faire des affaires en vendant des armes et va s’installer quelque temps en Allemagne. La famille arrive en pleine élection. Lanny va retrouver des amis et les discussions politiques vont être intenses et laissent peu de place à la modération, les protagonistes étant essentiellement le parti national socialiste et les communistes.
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