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3.83/5 (sur 36 notes)

Nationalité : Russie
Né(e) à : Oust-Ouda, Sibérie , le 15/03/1937
Mort(e) à : Moscou , le 14/03/2015
Biographie :

Né en 1937 à Oust-Ouda, village sibérien au bord de la rivière
Angara, Valentin Raspoutine débute sa carrière d’écrivain en 1966 avec De l’argent pour Maria, qui annonce la naissance d’un grand auteur et obtient la reconnaissance unanime des critiques et du public.

En 1974 est publié un de ses plus beaux romans, Vis et n’oublie pas, un livre aux accents tragiques dans lequel il s’interroge sur les rapports entre les hommes et sur leurs préjugés.

Plusieurs romans se succéderont. L’Adieu à l’île (1976) ou L’Incendie (1985) le onsacreront comme une des grandes figures de la littérature russe contemporaine.

Sa région est au cœur de son œuvre, et Valentin Raspoutine
incarne ainsi la voix du régionalisme sibérien. En 1988, il publie Sibérie, Sibérie…, qui vise à sauver ce qui reste de la société archaïque sibérienne.


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Source : http://www.editions-syrtes.fr
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Citations et extraits (89) Voir plus Ajouter une citation
Ne me contredis pas, Andréouchka. J'ai vu peu de choses, mais j'ai beaucoup vécu. Ce que j'ai vu, je l'ai regardé longtemps, non pas en passant, comme toi. Tant que Matéra existait, je n'avais pas à courir ailleurs. J'ai connu bien des gens, et ils sont petits. Quelle que soit leur situation, ils sont petits. Ils sont à plaindre. Toi, tu n'es pas à plaindre, parce que tu es jeune. Tu sens ta force, tu penses que tu es puissant, que tu peux tout. Non, mon gars, je ne connais pas encore d'homme qui ne soit pas à plaindre. Même s'il possédait la sagesse de Salomon. De loin on dirait, tiens, celui-là n'a peur de rien, il aurait raison du diable lui-même. Mais regarde de plus près : il est pareil aux autres. Tu veux sauter par-dessus ta tête. Andréouchka, n'essaie pas. Personne encore n'a pu le faire. Tu te meurtriras, tu resteras planté là, sans savoir où aller. À peine auras-tu réussi à t'en sortir que la mort sera là, et elle ne te ratera pas. Les hommes ont oublié la place que Dieu leur a donné. Je te le dis. Nous ne valons pas mieux que ceux qui ont vécu avant nous. Il ne sert à rien de trop vouloir en faire. Mets sur un chariot plus qu'une jument ne peut en tirer, ça ne te conduira nulle part. Dieu, lui, n'a pas oublié notre place. Il voit que l'homme est devenu orgueilleux, très orgueilleux, et l'orgueil le rend pire. Cet imbécile qui scie la branche qui le soutient, il est très fier de lui, lui aussi ; et il tombe lourdement et se fait éclater la rate ; et c'est contre la terre qu'il se la brise, pas contre le ciel. Rien ne disparaît de la terre. À quoi bon parler ? La force qui vous est donnée aujourd'hui, oh ! oui, elle est grande. Et d'ici à Matéra, on la voit. Mais prenez garde que cette force ne vienne pas vous abattre, vous aussi. Elle est tellement grande, et vous, vous êtes aussi petits qu'avant.

Chapitre 12.
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L'homme naît, vit et, quand il est fatigué de vivre, comme elle maintenant, ou même quand il ne l'est pas, il se retourne forcément sur son passé. Combien y en avait-il eu avant elle ? Combien y en aurait-il après ? […] Qui sait la vérité au sujet de l'homme : pourquoi vit-il ? Pour la vie elle-même ? Pour les enfants ? Pour que les enfants laissent eux aussi des enfants et que les enfants des enfants en laissent à leur tour ? Ou pourquoi d'autre ? Ce mouvement sera-t-il éternel ? Et si c'est pour les enfants, pour cette ronde sans fin, pour ce défilé ininterrompu, pourquoi venir sur ces tombes ? L'armée entière de Matéra est là, couchée, qui se tait, des centaines de gens qui ont donné tout ce qu'ils avaient au village, à Daria et à d'autres comme elle ; et qu'en reste-t-il. Que ressent l'homme pour qui tant de générations ont vécu ? Rien du tout. Il ne comprend rien. Il se conduit comme si la vie commençait avec lui et, avec lui aussi, finissait pour toujours. Vous, les morts, racontez : avez-vous appris la vérité, là où vous êtes ? Pourquoi avez-vous vécu ? Ici, nous avons peur de la connaître, cette vérité, et puis on n'en a pas le temps. Qu'est-ce que c'est, qu'est-ce qu'on appelle la vie, et qui en a besoin ? Sert-elle ou non à quelque chose ? Est-ce que nos enfants, à qui nous avons donné le jour, plus tard las et pensifs, commenceront à se demander pourquoi nous les avons mis au monde ?…

Chapitre 18.
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Il y a longtemps que les jambes vous démangent d'aller courir ailleurs. Pour vous, Matéra c'est le choléra. Vous ne vous êtes pas faits à cette terre, et vous ne vous ferez à rien nulle part, vous n'aurez jamais de regrets. Vous resterez des… des déracinés !

Chapitre 13.
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Les différents noms que se donnent maris et femmes suivant l’occasion sont comme les touches d’un instrument de musique. Anatole appelait parfois- bien que rarement- sa femme Tamara Ivanovna, en adjoignant au besoin à ce nom avec une légère ironie taquine un « Sa Majesté »; il l’appelait tout simplement Tamara, les jours sans ennuis et sans nuages qui leur évoquaient leur jeunesse, « maman »,..devant les enfants.., « ma colombe » pour dissiper un surcroît d’amertume au moyen d’un terme inoffensif mais sentimental et « la compagne de les jours heureux » quand il voulait davantage de bonheur et un bonheur plus intense....
p.84
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— Comment déjà tu m'as dit, Mémé ? Que j'ai torturé ma tête ?
— Et c'est la vérité. Tu bois sans arrêt. Et tu ne regrettes pas ton argent.
— L'argent, c'est une bagatelle : il suffit de le gagner.
— L'argent aussi, on doit le respecter. On peut pas le gagner comme ça. Pour en avoir, tu travailles, tu donnes ta force, ta santé.
— Moi, j'ai beaucoup d'argent. Il m'aime, Mémé. Les sous, c'est comme les bonnes femmes : moins tu y fais attention, et plus ils t'aiment. Mais celui qui tremble pour chaque kopeck, celui-là, il aura pas de ronds.
— Comment, il n'en aura pas, s'il ne les jette pas pour rien par la fenêtre, s'il ne les boit pas, comme toi.
— Comme ça ! L'argent comprendra qu'il est un pingre, et — salut !
— Ça, je n'en sais rien.
— C'est comme je te le dis. Ne crois pas, Mémé, l'argent aussi il comprend. Le grippe-sous n'amasse que des miettes. À moi, homme simple, l'argent vient tout bonnement. On se comprend, lui et moi. Je le regrette pas, et il se regrette pas. Il vient, il s'en va, il s'en va, il vient. Mais si je commence à l'amasser, il comprendra tout de suite que je suis pas son homme, et aussitôt, il m'arrivera quelque chose : ou je tomberai malade, ou on m'enlèvera du tracteur. J'ai étudié tout ça.
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S'il ne travaille pas, s'il ne sert à rien, si personne n'a besoin de lui, l'être humain n'existe plus. Il est fini.

Chapitre 17.
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— Et quand vous en aurez fini, les tombes, Pavel, pense aux tombes, — rappela Daria. — Tant que les tombes ne seront pas transférées, je ne vous laisserai pas partir. Ah non, quitte à y rester moi aussi.
Le regard d'André, étonné et incrédule, passa du père à la grand-mère et de la grand-mère au père. Il faudrait déterrer les tombes et vider ce qui restait des morts enterrés là bien avant qu'il ne soit lui-même au monde ? Pour quelle raison ? L'idée de ce travail paraissait sinistre, malsaine, mais en même temps elle l'attirait, elle l'excitait, c'était intéressant. Oui, intéressant de voir ce que devient un homme qui gît dans la terre depuis trente, quarante ou cinquante ans et pas simplement un homme quelconque, un étranger, mais un homme du clan, un grand-père ou un arrière-grand-père. Est-ce que cela éveillera en lui une sensation inconnue jusqu'alors ? Il est douteux qu'il puisse voir une chose pareille de tout le reste de sa vie. C'était une occasion, une aventure particulière qui ne se présenterait plus.
Mais on sait bien que l'homme n'a le loisir que de suppositions…

Chapitre 15.
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« Je dois vieillir, ça se voit, — se disait Pavel, pour expliquer son désarroi. — Les jeunes, eux, comprennent ; il ne leur vient pas à l'idée de douter. S'ils agissent de cette façon, c'est qu'il le faut. […] Comme si je ne comprenais pas que le nouveau ne peut se construire sur du vent et naître de rien, qu'il faut, pour y arriver, sacrifier parfois ce qui nous est cher et familier et fournir de grands efforts. Oui, cela, je le comprends parfaitement. Et je comprends bien que, sans la technique, on ne peut rein faire aujourd'hui, ni aller nulle part. Chacun peut le comprendre. »
Mais comment admettre ce qu'on avait fait du village ? Pourquoi avait-on exigé de ceux qui vivaient ici une peine inutile ? Combien, pour économiser un jour, avait-on perdu d'avance, et pourquoi tout cela n'avait-il pu être calculé ? Évidemment, on peut aussi ne pas se poser de questions, se laisser vivre et porter par le courant. « Mais c'est que tu es concerné : savoir combien vaut chaque chose et à quoi elle sert, découvrir la vérité — c'est pour cela que tu es un homme. »

Chapitre 9.
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Une fois, un tuberculeux m'a fait un aveu fort intéressant. Si j'avais voulu, m'a-t-il dit, il y a longtemps que je serais guéri, mais je n'ai aucun intérêt à être un homme en bonne santé. Vous ne comprenez pas ? Moi non plus, au début, je n'ai pas compris. Mais il m'a expliqué : quatre, cinq mois par an, il est à l'hôpital, aux frais de l'État, ou bien en sana où il pêche, se promène dans les bois, et l'État lui paye cent pour cent de son salaire. On le soigne gratuitement, la nourriture est évidemment la meilleure qui puisse être, il a un logement de première qualité, il a tous les biens matériels, tous les privilèges en tant que malade. Puis, il rentre du sana et, bien conscient de ce qu'il fait, il se met à boire, à fumer, surtout lorsqu'il remarque une amélioration, bref, tout pour ne pas être privé de ces privilèges. Il y est déjà habitué, il ne peut plus s'en passer.
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Mais en novembre, quand vint le moment de quitter l'hôpital, ce moment attendu avec une telle impatience qu'il aurait aussi bien léché ses blessures pour le hâter, ce fut le coup de massue : rejoindre l'unité. Pas de permission, rejoindre l'unité. Il avait été tellement certain de rentrer chez lui que pendant longtemps il n'arriva pas à réaliser la chose, il crut qu'il s'agissait d'une erreur, il courut trouver les médecins, se mit à expliquer, à s'énerver, à crier. Personne ne voulait l'entendre : "apte à combattre". Un point c'est tout. On le mit à la porte de l'hôpital, revêtu d'un uniforme, un livret de soldat et un carte de rationnement à la main.
"Vas-y, Andreï Gousskov, rattrape ta batterie. La guerre n'est pas finie."
La guerre se poursuivait.
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