- Qu'est-ce que tu lis ?
- Gertrude Stein.
Je n'avais jamais entendu parler de cette écrivain.
- La poétesse ? continua-t-il en me voyant secouer la tête. Tu sais...Rose est une rose est une rose ?
Comme j'avais toujours l'air de tomber des nues, il précisa :
- La dernière année, ma mère était obsédée par ses écrits. Elle avait passé son temps à lire les poètes victoriens, et quand elle a découvert Gertrude Stein, elle m'a confié qu'elle lui avait été d'un grand réconfort.
- Qu'est-ce que cela veut dire, Rose est une rose est une rose ? interrogeai-je.
Je fermai d'un cou sec le livre de biologie et mes yeux tombèrent sur une tête de mort. Je tapotais l'orbite vide.
- Que les choses sont comme elles sont, répondit-il.
- Rose est une rose...
-... est une rose, acheva-t-il avec un petit sourire.
Je songeais à toutes les roses du jardin en contrebas, aux différentes nuances de leurs pétales, à leur fraîcheur.
- Sauf quand elle est jaune, fis-je remarquer. Ou rouge,, ou rose, ou fermée, ou fanée.
- C'est ce que j'ai toujours pensé, approuva Grant. Mais je ne voudrais pas priver Mme Stein du plaisir de me convaincre.
Il replongea le nez dans son bouquin.