Les gens connaissent très peu cette maladie mentale qui n’est pas suffisamment prise au sérieux. Les psychiatrisés sont des exclus de la société, des marginaux, des incompris. En fréquentant les institutions psychiatriques et les psychiatres, car j’en ai vu beaucoup, j’ai constaté que la plupart des personnes victimes de troubles mentaux vivent ce que je vis et font face à la même incompréhension. En mettant des mots sur des maux, on banalise nos souffrances, mais on ne les mesure pas.
Il existe des médicaments qui soulagent rapidement la douleur physique, mais ceux qui peuvent soulager la souffrance psychologique mettent des semaines, et même des mois à agir. À ceux qui souffrent dans leur corps, on tend la main. À nous, on donne des conseils : « Mets-toi un coup de pied dans le derrière », « Prends sur toi » ou la phrase que je ne peux plus entendre, qui me colle des nausées : « Tu as trois beaux enfants. »
La maladie mentale, peu de gens le savent, c’est d’abord une souffrance physique. J’ai subi des douleurs inimaginables pour une personne saine d’esprit. Ces souffrances m’ont donné envie de sortir de mon être parce qu’elles étaient invivables, au point que me faire frapper par un camion me paraissait moins douloureux.
Je peux faire du mal de façon consciente sans me préoccuper du tout des conséquences. Je n’ai plus de sentiments, tout ce que je veux, c’est parvenir à mes fins de n’importe quelle façon. Quand je descends, je dégringole. Mais quand je monte, je m’envole. La vie, pour moi, ce n’est que des montagnes russes.
L’amour des parents pour leur enfant, c’est d’abord, me semble-t-il, la proximité. Comme pour les animaux. Le confort de l’odeur de la mère ou du père, le rituel, les habitudes. Et quand un enfant se sent rejeté, quelque chose de définitif se brise en lui. Peut-être que c’est le sentiment du lien lui-même : soit la faculté de l’attachement, soit, ce qui revient au même, l’angoisse du rejet.
Une beauté pure qui s’ignore, Nathalie Clément, avec ses yeux bleus genre piscine olympique, et ses cheveux noirs. Californienne pour le corps, romaine pour le visage, elle n’a pourtant jamais prêté attention à son physique. La plupart des hommes qui lui ont couru après ont pédalé dans la choucroute: elle n’avait pas un regard pour eux et aucun goût pour les jambes en l’air. Elle cherchait l’amour, pas le plaisir. Un parcours qui l’a menée à sa perte.
On décrit la maladie plutôt que de s’occuper du malade. Savoir ce qu’il ressent, souffrir ce qu’il souffre, aucun dictionnaire ne l’enseignera jamais, et j’ai pensé qu’il fallait que cela s’arrête.
Donner la vie, c’est tellement beau, tellement valorisant! Je ne me sentirais pas complètement femme si je n’avais pas eu mes trois enfants. Ils sont ma raison de vivre.
Parfois, dans une vie, les moments les plus courts sont les plus décisifs. Il suffit d’un regard. Un geste. Un mot.
Ça va si vite, tu sais… On croit qu’on a toute la vie devant soi… Et puis hop, on devient vieux!