AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.06/5 (sur 17 notes)

Nationalité : Espagne
Né(e) à : Séville , le 26/04/1898
Mort(e) à : Madrid , le 13/12/1984
Biographie :

Vicente Aleixandre Merlo est un poète espagnol de la Génération de 27.

Il reçoit le Prix national de Poésie en 1934 (pour "La destruccion o el amor" (1933)) et le Prix Nobel de littérature en 1977. Il est membre de l'Académie royale espagnole à partir de 1949.

Tout en poursuivant des études de droit, il découvre la poésie en 1917 (Rubén Darío, Gustavo Adolfo Bécquer, Antonio Machado... ainsi que les symbolistes français). Sa santé commence à se dégrader en 1922. En 1925, se déclare une néfrite tuberculeuse qui se termine par l'ablation d'un rein.

En 1925, il commence à écrire de la poésie. Il publie ses premiers poèmes dans la Revista de Occidente en 1926, fréquentant Cernuda, Altolaguirre, Alberti et García Lorca. A la fin de la Guerre d'Espagne, et malgré ses idées de gauche, il ne s'exile pas. Il devient un maître pour les jeunes poètes.

Son œuvre poétique présente des étapes contrastées. Dans la première, sous l'influence du surréalisme, l'individualisme prime, le ton visionnaire et une espèce de panthéisme amoureux. Sa vision est plus pessimiste avec un langage difficile. Le sommet de cette étape est "Sombra del paraíso" (1944).

Sa seconde étape commence en 1945 et en elle prévaut le sentiment de la collectivité, caractérisé par une posture d'intégration du poète dans le monde, connu comme son étape humaine. Son style se fait plus sensible, plus accessible. Les deux livres fondamentaux de cette étape sont "Historia del corazón" (1954) et "En un vasto dominio" (1962).

Il y a une étape finale, dans laquelle on peut considérer une évolution biologique où Aleixandre aperçoit le bout du chemin. Dans cette période, il utilise une voix sereine et tragique pour chanter l'imminente venue de la mort. Les livres de cette époque d'enquête sont "Poemas de la consumación" (1968), "Sonido de la guerra" (1972) et "Diálogos del conocimiento" (1974).
+ Voir plus
Ajouter des informations
Bibliographie de Vicente Aleixandre   (10)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Mer du paradis

Me voici face à toi, mer, encore…
La poussière de la terre sur les épaules,
encore imprégné de l’éphémère désir épuisé de l’homme,
me voici, lumière éternelle,
vaste mer infatigable,
ultime expression d’un amour sans limites,
rose du monde ardent.

Lorsque j’étais enfant,
c’était toi la sandale si fraîche à mon pied nu.
Une blanche montée d’écume au long de ma jambe
doit m’égarer en cette lointaine enfance de délices.
Un soleil, une promesse
de bonheur, une félicité humaine, une candide corrélation de lumière
avec les yeux d’autrefois, de toi, mer, de toi, ciel,
régnaient, généreux sur mon front ébloui,
étendant sur mes yeux leur immatérielle mais accessible palme,
éventail d’amour ou éclat continu
qui imitait des lèvres pour ma peau sans nuages.

Au loin la rumeur pierreuse des sombres chemins
où les hommes ignoraient leur fulguration vierge encore.
Pour moi, enfant gracile, l’ombre du nuage sur la plage
n’était pas le pressentiment menaçant de ma vie dans sa poussière,
ce n’était pas le contour bien précis où le sang un jour
finirait par se figer, sans éclair, sans divinité.
Comme mon petit doigt, plutôt, tandis que le nuage suspendait sa course,
je traçai sur le sable fin son profil ému,
et j’appuyai ma joue sur sa tendre lumière transitoire,
tandis que mes lèvres disaient les premiers noms d’amour :
ciel, sable, mer…

Le grincement au loin des aciers, l’écho tout au long des arbres
fendus par les hommes,
c’était pour moi là-bas un bois sombre mais beau.
Et mes oreilles confondaient le contact blessant de la lèvre
crue, de la hache sur les chênes
avec un implacable baiser, sûrement d’amour, dans les branches.

La présence de poissons près du bord, leur argent nubile,
l’or non souillé encore par les doigts de personne,
la glissante écaille de la lumière, c’était comme un éclat dans les miens.
Jamais je ne serrai cette forme fuyante d’un poisson dans toute sa beauté,
la resplendissante liberté des êtres,
ni ne menaçai une vie, parce que j’aimais beaucoup: j’aimais
sans connaître l’amour ; je vivais seulement…
Les barques qui au loin
confondaient leurs voiles avec les crissantes ailes des mouettes
ou laissaient une écume pareille à des soupirs légers,
trouvaient dans ma poitrine confiante un envoi,
un cri, un nom d’amour, un désir pour mes lèvres humides,
et si je les voyais passer, mes petites mains se levaient
et gémissaient de bonheur à leur secrète présence,
devant le rideau bleu que mes yeux devinaient,
voyage vers un monde promis, entrevu,
auquel mon destin me conviait avec très douce certitude.

Sur mes lèvres d’enfant chanta la terre ; la mer
chantait doucement fouettée par mes mains innocentes.
La lumière, faiblement mordue par mes dents très blanches,
chanta ; sur ma langue chanta le sang de l’aurore.

Tendrement dans ma bouche, la lumière du monde m’illuminait.
Toute la montée de la vie grisa mes sens.
Et les bois murmurants me désirèrent parmi leurs verts feuillages,
car la lumière rose était le bonheur dans mon corps.

C’est pourquoi aujourd’hui, mer,
la poussière de la terre sur les épaules,
encore imprégné de l’éphémère désir épuisé de l’homme,
me voici, lumière éternelle,
vaste mer infatigable,
rose du monde ardent.
Me voici face à toi, mer, encore…

- - -


Mar del paraíso

Heme aquí frente a ti, mar, todavía…
Con el polvo de la tierra en mis hombros,
impregnado todavía del efímero deseo apagado del hombre,
heme aquí, luz eterna,
vasto mar sin cansancio,
última expresión de un amor que no acaba,
rosa del mundo ardiente.

Eras tú, cuando niño,
la sandalia fresquísima para mi pie desnudo.
Un albo crecimiento de espumas por mi pierna
me engañara en aquella remota infancia de delicias.
Un sol, una promesa
de dicha, una felicidad humana, una cándida correlación de luz
con mis ojos nativos, de ti, mar, de ti, cielo,
imperaba generosa sobre mi frente deslumbrada
y extendía sobre mis ojos su inmaterial palma alcanzable,
abanico de amor o resplandor continuo
que imitaba unos labios para mi piel sin nubes.

Lejos el rumor pedregoso de los caminos oscuros
donde hombres ignoraban tu fulgor aún virgíneo.
Niño grácil, para mí la sombra de la nube en la playa
no era el torvo presentimiento de mi vida en su polvo,
no era el contorno bien preciso donde la sangre un día
acabaría coagulada, sin destello y sin numen.
Más bien, como mi dedo pequeño, mientras la nube detenía su paso,
yo tracé sobre la fina arena dorada su perfil estremecido,
y apliqué mi mejilla sobre su tierna luz transitoria,
mientras mis labios decían los primeros nombres amorosos:
cielo, arena, mar…

El lejano crujir de los aceros, el eco al fondo de los bosques partidos por los hombres,
era allí para mí un monte oscuro, pero también hermosos
Y mis oídos confundían el contacto heridor del labio crudo
del hacha en las encinas
con un beso implacable, cierto de amor, en ramas.

La presencia de peces por las orillas, su plata núbil,
el oro no manchado por los dedos de nadie,
la resbalosa escama de la luz, era un brillo en los míos.
No apresé nunca esa forma huidiza de un pez en su hermosura,
la esplendente libertad de los seres,
ni amenacé una vida, porque amé mucho: amaba
sin conocer el amor; solo vivía…

Las barcas que a lo lejos
confundían sus velas con las crujientes alas
de las gaviotas o dejaban espuma como suspiros leves,
hallaban en mi pecho confiado un envío,
un grito, un nombre de amor, un deseo para mis labios húmedos,
y si las vi pasar, mis manos menudas se alzaron
y gimieron de dicha a su secreta presencia,
ante el azul telón que mis ojos adivinaron,
viaje hacia un mundo prometido, entrevisto,
al que mi destino me convocaba con muy dulce certeza.

Por mis labios de niño cantó la tierra; el mar
cantaba dulcemente azotado por mis manos inocentes.
La luz, tenuamente mordida por mis dientes blanquísimos,
cantó; cantó la sangre de la aurora en mi lengua.

Tiernamente en mi boca, la luz del mundo me iluminaba por dentro.
Toda la asunción de la vida embriagó mis sentidos.
Y los rumorosos bosques me desearon entre sus verdes frondas,
porque la luz rosada era en mi cuerpo dicha.

Por eso hoy, mar,
con el polvo de la tierra en mis hombros,
impregnado todavía del efímero deseo apagado del hombre,
heme aquí, luz eterna,
vasto mar sin cansancio,
rosa del mundo ardiente.
Heme aquí frente a ti, mar, todavía…


(Traduit de l'espagnol par Claude Couffon et Roger Noël-Mayer)
Commenter  J’apprécie          150
SUPPLIQUE

Langues déliées, blondes chevelures,
nymphes ou poissons, fleuves et l'aurore.
Sur la crête de l'air des bandes se révèlent
oiseaux, plumes, nacre ou rêve.
Rire!
Cent forces, cent sillages, cent battements de cœur,
un monde dans les mains ou sur le front,
un sentier ou des girafes de blancheur,
un orient de perles sur la lèvre,
sentir à fond le ciel sur un rythme bleu.

Bonheur, bonheur, navire au fil du bras,
à la jointure la plus délicate
par où si nous prêtons l'oreille
on entend la rumeur de la caresse extrême.

Une douleur toute petite, s'il en existe,
est une enfant ou du papier à peu près translucide;
on peut y voir les veines et le dessin,
on peut y voir les baisers encore immergés.

Fleuves, poissons, étoiles, pointes, désir,
tout passe - marbre et sons -;
de sourdes nattes passent emprisonnant
cette frêle voix venue des cœurs.

(extrait de "Des épées comme des lèvres", 1930-1931) p. 42
Commenter  J’apprécie          140
Cobra

Le cobra tout en oeil,
forme abandonnée l'après-midi (bas, nuage),
forme parmi les feuilles sèches,
entouré de cœurs soudain arrêtés.

Des montres comme pulsations
dans le calme des arbres sont oiseaux aux gorges suspendues,
baisers aimables pour le cobra rampant
dont la peau est soyeuse ou froide ou bien stérile.

Cobra sur cristal,
crissant comme un frais couteau qui déchire une vierge,
fruit du matin,
dont le velours est encore dans l'air en forme d'oiseau.

Pupilles comme lagunes,
œil comme espérance,
nudités comme feuilles
cobra passe lascif fixant son autre ciel.

Le monde passe et repasse,
chaîne de corps et de sangs qui se touchent,
lorsque toute la peau s'est enfuie comme un aigle
qui cache le soleil. Oh ! cobra, aime, aime !

Aime des formes ou des navires ou des plaintes,
aime tout lentement, corps contre corps,
entre cuisses de froid ou entre des poitrines
de la taille de glaces compactes.

Lèvres, dents ou fleurs, ou longues neiges ;
terre en-dessous, convulsée, dérivant.
Aime le fond sanglant où brille
l'escarboucle conquise.
Le monde vibre.
Commenter  J’apprécie          80
Ciudad del paraíso

Siempre te ven mis ojos, ciudad de mis días marinos.
Colgada del imponente monte, apenas detenida
en tu vertical caída a las ondas azules,
pareces reinar bajo el cielo, sobre las aguas,
intermedia en los aires, como si una mano dichosa
te hubiera retenido, un momento de gloria, antes de hundirte
para siempre en las olas amantes.

Pero tú duras, nunca desciendes, y el mar suspira
o brama, por ti, ciudad de mis días alegres,
ciudad madre y blanquísima donde viví, y recuerdo,
angélica ciudad que, más alta que el mar, presides sus espumas.

Calles apenas, leves, musicales. Jardines
donde flores tropicales elevan sus juveniles palmas gruesas.
Palmas de luz que sobre las cabezas aladas,
mecen el brillo de la brisa y suspenden
por un instante labios celestiales que cruzan
con destino a las islas remotísimas, mágicas,
que allá en el azul índigo, libertadas, navegan.

Allí también viví, allí, ciudad graciosa, ciudad honda.
Allí, donde los jóvenes resbalan sobre la piedra amable,
y donde las rutilantes paredes besan siempre
a quienes siempre cruzan, hervidores, en brillos.

Allí fui conducido por una mano materna.
Acaso de una reja florida una guitarra triste
cantaba la súbita canción suspendida en el tiempo;
quieta la noche, más quieto el amante,
bajo la luna eterna que instantánea transcurre.

Un soplo de eternidad pudo destruirte,
ciudad prodigiosa, momento que en la mente de un Dios emergiste.
Los hombres por un sueño vivieron, no vivieron,
eternamente fúlgidos como un soplo divino.

Jardines, flores. Mar alentado como un brazo que anhela
a la ciudad voladora entre monte y abismo,
blanca en los aires, con calidad de pájaro suspenso
que nunca arriba ¡Oh ciudad no en la tierra!

Por aquella mano materna fui llevado ligero
por tus calles ingrávidas. Pie desnudo en el día.
Pie desnudo en la noche. Luna grande. Sol puro.
Allí el cielo eras tú, ciudad que en él morabas.
Ciudad que en él volabas con tus alas abiertas.
Commenter  J’apprécie          70
Vicente Aleixandre

Le secret de la poésie ne consiste pas tant à offrir de la beauté qu'à unir, à faire communiquer intimement l'âme des hommes.
Commenter  J’apprécie          80
Día, noche, ponientes, madrugadas, espacios,
ondas nuevas, antiguas, fugitivas, perpetuas,
mar o tierra, navío, lecho, pluma, cristal,
metal, música, labio, silencio, vegetal,
mundo, quietud, su forma. Se querían, sabedlo.
Commenter  J’apprécie          50
"El poeta es el ombre. Y todo intento de separar al poeta del ombre ha resultado siempre fallido. Por eso sentimos tantas veces como que tentamos a través de la poesia de poeta algo de la carne mortal del hombre. Y espiamos, aun sin querelo, aun sin pensar en ello, el latido humano que la ha hecho posible ; en este poder de comunicacion esta el secreto de la poesia que, cada vez estamos mas seguros de ello, non consiste tanto en efrecer belleza cuanto en alcanzar propagacion, comunicacion profunda del alma de los hombres."
Commenter  J’apprécie          30
Un arbre est une cuisse qui se dresse sur la terre
comme la vie rigide.
Il ne veut être ni blanc ni rose,
mais vert, vert toujours comme les yeux durs. (...)
Oui. Une fleur parfois veut être un bras puissant.
Mais jamais vous ne verrez qu'un arbre désire être autre chose.
Un cœur d'homme parfois résonne à coups violents.
Mais un arbre est un sage, et bien ancré domine.
Commenter  J’apprécie          20
[Le poète]
Une robuste poitrine qui repose traversée par la mer
respire comme l'immense marée céleste
et ouvrant ses bras gisants elle touche et caresse
les extrêmes limites de cette terre.
Commenter  J’apprécie          20
Nous savons où nous allons et d'où nous venons.
Entre deux obscurités un éclair.
.
Commenter  J’apprécie          20

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Vicente Aleixandre (24)Voir plus

Quiz Voir plus

quiz acide sulfurique

Comment s’appelle l’héroine ?

Amélie
Pannonique
Jade

10 questions
64 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..