Citations de Victor Hugo (8571)
Tu fais de beaux serments par le sang dont tu sors,
Et je vais à ton père en parler chez les morts !
DON CÉSAR : Dans la ruelle, au bout de la Place-Mayor,
Entre au numéro neuf. Une maison étroite.
Beau logis, si ce n'est que la fenêtre à droite
A sur le cristallin une taie en papier.
LE LAQUAIS : Maison borgne ?
DON CÉSAR : Non, louche.
(RUY BLAS, Acte IV, Scène 3, v. 1732-1736).
L'argot, c'est le verbe devenu forçat.
La mort est sous un toit comme sur un navire.
Tel qui dompte la mer sur la terre chavire,
Tel se perd dans les flots encor plein d’avenir.
Les uns - ô nautoniers, vos destins sont les nôtres ! -
Reviennent pour ne plus repartir, et les autres
S’en vont pour ne plus revenir!
A ces démons d'inimitié
Oppose ta douceur sereine,
Et reverse leur en pitié
Tout ce qu'ils t'ont vomi de haine.
La haine, c'est l'hiver du cœur.
Plains-les ! mais garde ton courage.
Garde ton sourire vainqueur ;
Bel arc-en-ciel, sors de l'orage !
(Il fait froid)
A quoi songeaient les deux cavaliers dans la forêt
La nuit était fort noire et la forêt très sombre.
Hermann à mes côtés me paraissait une ombre.
Nos chevaux galopaient. A la garde de Dieu !
Les nuages du ciel ressemblaient à des marbres.
Les étoiles volaient dans les branches des arbres
Comme un essaim d'oiseaux de feu.
Je suis plein de regrets. Brisé par la souffrance,
L'esprit profond dHermann est vide d'espérance.
Je suis plein de regrets. O mes amours, dormez !
Or, tout en traversant ces solitudes vertes,
Hermann me dit : Je songe aux tombes entr'ouvertes !
Et je lui dis : Je pense aux tombeaux refermés !
Lui regarde en avant ; je regarde en arrière.
Nos chevaux galopaient à travers la clairière ;
Le vent nous apportait de lointains angelus ;
Il dit : Je songe à ceux que l'existence afflige,
A ceux qui sont, à ceux qui vivent - Moi, lui dis-je,
Je pense à ceux qui ne sont plus !
Les fontaines chantaient. Que disaient les fontaines ?
Les chênes murmuraient. Que murmuraient les chênes ?
Les buissons chuchotaient comme d'anciens amis.
Hermann me dit : Jamais les vivants ne sommeillent.
En ce moment, des yeux pleurent, d'autres veillent.
Et je lui dis : Hélas d'autres sont endormis !
Hermann reprit alors : Le malheur, c'est la vie.
Les morts ne souffrent plus. Ils sont heureux ! J'envie
Leur fosse où l'herbe pousse, où s'effeuillent les bois.
Car la nuit les caresse avec ses douces flammes ;
Car le ciel rayonnant calme toutes les âmes
Dans tous les tombeaux à la fois !
Et je lui dis : Tais-toi ! respect au noir mystère !
Les morts gisent couchés sous nos pieds dans la terre.
Les morts, ce sont les coeurs qui t'aimaient autrefois !
C'est ton ange expiré ! c'est ton père et ta mère !
Ne les attristons point par l'ironie amère.
Comme à travers un rêve ils entendent nos voix.
La colère peut-être folle et absurde ; on peut être irrité à tort ; on n'est indigné que lorsqu'on a raison au fond par quelque côté. Jean Valjean était indigné.
Cette âme est pleine d'ombre, le péché s'y commet. Le coupable n'est pas celui qui y fait le péché, mais celui qui y a fait l'ombre.
Moi, je parlais tout bas. C'est l'heure solennelle
Où l'âme aime à chanter son hymne le plus doux.
Voyant la nuit si pure et vous voyant si belle,
J'ai dit aux astres d'or : Versez le ciel sur elle !
Et j'ai dit à vos yeux : Versez l'amour sur nous !
L'orgueil est en nous comme la forteresse du mal.
L'excès de la douleur, comme l'excès de la joie, est une chose violente qui dure peu. Le coeur de l'homme ne peut rester longtemps dans une extrémité. La bohémienne avait tant souffert qu'il ne lui en restait plus que l'étonnement. Avec la sécurité, l'espérance était revenue. Elle était hors de la société, hors de la vie, mais elle sentait vaguement qu'il ne serait pas impossible d'un rentrer. Elle était comme une morte qui tiendrait en réserve une clef de son tombeau.
Je m'appelle monsieur de compte de Néant. Etais-je avant ma naissance ? Non. Serai-je après ma mort ? Non. Que suis-je ? Un peu de poussière agrégée par un organisme. Qu'ai-je à faire sur cette terre ? J'ai le choix. Souffrir ou jouir. Où mènera la souffrance ? Au néant. Mais j'aurai souffert. Où mènera la jouissance ? Au néant. Mais j'aurai joui. Mon choix est fait. Il faut être mangeant ou mangé. Je mange. Mieux vaut être la dent que l'herbe. Telle est ma sagesse.
Naît-on deux fois ? Oui. La première fois, le jour où l'on naît à la vie ; la seconde fois, le jour où l'on naît à l'amour.
La richesse lexicale de L'Homme qui Rit est littéralement exubérante. Cette richesse concerne à la fois les noms propres et les noms communs. Elle peut avoir recours au latin classique ou macaronique, à l'espagnol, au patois normand ou biscaïen, à l'argot des métiers ou à ce que nous appelons aujourd'hui le "franglais". Elle correspond à la volonté de Victor Hugo de charger son roman d'ornements et de l'enrichir de toute la culture qu'il a acquise en un demi-siècle, un peu comme le gothique, avec le temps, s'était mis à flamboyer.
(Avertissement de Roger Borderie au début de l'édition "folio classique")
Une querelle. Pourquoi ?
Mon Dieu, parce qu'on s'adore.
À peine s'est-on dit Toi
Que Vous se hâte d'éclore.
Le coeur tire sur son noeud ;
L'azur fuit ; l'âme est diverse.
L'amour est un ciel, qui pleut
Sur les amoureux à verse.
De même, quand, sans effroi,
Dans la forêt que juin dore,
On va rôder, sur la foi
Des promesses de l'aurore,
On peut être pris le soir,
Car le beau temps souvent triche,
Par un gros nuage noir
Qui n'était pas sur l'affiche.
Viens ! — une flûte invisible
Soupire dans les vergers. —
La chanson la plus paisible
Est la chanson des bergers.
Le vent ride, sous l'yeuse,
Le sombre miroir des eaux. —
La chanson la plus joyeuse
Est la chanson des oiseaux.
Que nul soin ne te tourmente.
Aimons-nous ! aimons toujours ! —
La chanson la plus charmante
Est la chanson des amours.
Eponine et Azelma ne regardaient pas Cosette. C'était pour elles comme un chien. Ces trois petites filles n'avaient pas vingt-quatre ans à elles trois, et elles représentaient déjà toute la société des hommes : d'un côté l'envie, de l'autre le dédain.
Les enfants ont des coeurs faits comme le matin Ils ont une innocence étonnée et joyeuse; Et pas plus que l'oiseau gazouillant sous l'yeuse, Pas plus que l'astre éclos sur les noirs horizons, Ils ne sont inquiets de ce que nous faisons, Ayant pour toute affaire et pour toute aventure L'épanouissement de la grande nature; Ils ne demandent rien à Dieu que son soleil; Ils sont contents pourvu qu'un beau rayon vermeil Chauffe les petits doigts de leur main diaphane Et que le ciel soit bleu, cela suffit à Jeanne.
Souffrir,rêver, puis s’en aller. C’est le sort de la femme.
Et c'était un esprit avant d'être une femme.