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Critiques de Victor del Arbol (596)
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Toutes les vagues de l'océan

Ils vous annoncent un polar, mais ne vous y fiez pas ! C'est bien plus que cela. Laissez tomber la 4ième de couv. Vous en saurez un peu plus, mais bon, rien qui pourra vous préparer à cette bombe littéraire, ce scud venu tout droit de l'ancienne terre soviétique qui va vous envoyez illico presto aux portes de l'enfer, cerné(e) par les marécages de Nazino.

Nazino, cette « île des cannibales » où furent déportées 6 000 personnes, sans nourriture, sans abri, sans rien excepté ce qu'ils avaient sur le dos et dans leurs poches. Ces « éléments socialement nuisibles » sensés coloniser les terres arides pour la gloire de la patrie socialiste vont finir par s'entredévorer, abandonnés à leur sort.

Voilà qui plante le décor, mais ne vous donne que le tempo, tant le rythme du récit est dense et soutenu.

Tout s'est joué là-bas, dans les années 30. Et tout ce qui secoue la Barcelone du XXIième siècle dans cette histoire, a ses racines dans cette terre aride.

Gonzalo Gil ne sait pas vers quoi il s'embarque, quand il décide de poursuivre l'enquête, ou plutôt la quête de sa sœur, agente de police que l'on soupçonne d'un meurtre sanguinaire commis pour venger l'assassinat de son fils et qui s'est suicidée juste avant que la justice ne la rattrape. Cet homme sans histoire (dans tous les sens du terme) va ouvrir les portes de la backroom de l'Histoire, là où se forgent les lignes directrices des grands évènements de nos civilisations : dans la fange et le sang.



Jamais entendu parler de Nazino avant de lire ce livre. Je me suis documentée et me demande pourquoi est-ce que l'on ne nous apprend pas cela à l'école ? Qu'est-ce qui justifie ce silence gêné ou cette évocation à mi-mots avant de tourner vite la page sur les crimes staliniens ? Staline, Franco, Hitler : même combat !

Enfin la question on se la pose par principe, car on en connaît tous plus ou moins la réponse. Vous savez : l'Histoire...

C'est elle qui va façonner les hommes et les femmes de ce récit, les broyer, les ré-éduquer ou les porter aux nues. Et c'est elle qui trônera encore et toujours, la tête haute, contre vents et marées : « L'esclave le plus fidèle est celui qui se sent libre. »



Victor del Arbol est un virtuose des mots et de la narration (à saluer : la traduction de Claude Bleton) ; il vous embarque de Barcelone à Nazino, des années 30 au début des années 2000 avec une allégresse et une dextérité qui ne peuvent que soulever l'admiration et rendent le lecteur fébrile, suspendu à ses mots et ces pages que l'on enrage de quitter quand il nous faut abandonner le livre pour retourner pagayer dans le courant de nos vies.



La dernière page refermée, on se retrouve comme Elias Gil, ce personnage dantesque qui n'aura de cesse de sauver sa peau : « Il était plein de trous, telle une vieille carcasse de bateau, et il lui arrivait de penser qu'il ne pourrait plus flotter, plus jamais. »

¤ ¤ ¤

Les bois flottés finissent toujours par s'échouer sur la côte, rejetés par l'océan. Et les mains des hommes les façonnent à leur guise...
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La tristesse du samouraï

Je ne suis pas une grande spécialiste de la littérature espagnole, mais pour le peu que j'ai pu en lire ce sont des romans qui me marquent.



Ce roman est aussi tranchant et acéré que la lame du katana que peut porter le samouraï.

Un thriller psychologique sans concession : a la fois par son histoire mais également par ses personnages.



Ce roman est extrêmement bien travaillé et l'auteur grâce a des allers retours entre présent et passé emmène le lecteur sur différents chemins.



A travers ce thriller, l'auteur nous immerge également dans un roman historique.

Mais quelque soit la nation - nos histoires sont toutes empruntes de période peu glorieuse - parfois mise dans l'ombre par nos gouvernements respectifs.

Ici, l'auteur nous emmène directement sous la période Franquiste et sous les exactions et la violence de l'époque.



C'est aussi une histoire de vengeance ou la violence est encore très présente. L'auteur pose la question incidieuse : " sommes nous responsables des exactions commises par nos ancêtres ?".



Un sacré roman, avec une atmosphère un peu feutrée, un peu poétique, malgré l'extrême violence.



Un roman que j'ai dévoré, fortement apprécié et dont je sors avec une certaine sentiment de nostalgie.
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Les pigeons de Paris

Une courte nouvelle sur la Nostalgie du passé, dans l'Espagne du siècle dernier des années 50-60.

"La tumeur qui me tue c'est le souvenir" dit Juan, le narrateur, un homme vieillissant, qui dans son village reculé d'Espagne attend devant sa maison, endimanché, et se souvient.

En quelques pages, Del Arbol, l'écrivain de romans noirs fleuves nous croque une vue du monde d'Hier et de celle d'aujourd'hui, des espoirs jamais réalisés mais pas regrettés non plus, et d'une brève histoire d'amour de jeunesse, qui rapprochera Juan pour la première fois, d'un livre. " Une vie inventée entre nous deux " en dira Juan, et pourtant au seuil de sa maison, il attend les héritiers de cet amour de jeunesse à jamais disparue....

Un beau texte émouvant.



" Tout est métaphore de quelque chose, si nous laissons de la place à l'irréel, si nous nous éloignons suffisamment pour que les mots soient d'abord des images et ensuite du silence."
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Par-delà la pluie

Février 2014, Séville. À soixante-quinze, Miguel Gandia, veuf depuis quelques années, vit des jours rythmés par une même logique et même routine, la solitude pour seule compagnie, exceptés les deux soirs par semaine où il retrouve ses anciens collègues de la banque au centre équestre. Méthodique, logique, exigeant aussi bien avec lui-même qu'avec les autres, il considère avoir réussi sa vie. Sauf pour sa fille, Natalia, qui n'a pas vécu un mariage heureux, son ex-mari étant violent avec elle. En ce jour de février, alors qu'il s'apprête à rentrer chez lui, il est pris d'un malaise. S'inquiétant pour lui, Natalia l'accompagne aussitôt chez le médecin. Ce dernier lui annonce qu'il est atteint d'un début de démence sénile. Ne supportant pas de le laisser seul chez lui, Natalia propose de l'héberger bien qu'elle ait renoué avec son ex-mari. Une situation que ne tolère pas Miguel, décidant alors de s'installer dans une résidence pour personnes âgées, à Tarifa. C'est ici qu'il va faire la connaissance d'Helena, une femme fantasque et imprévisible, que la vie a souvent malmenée...



Deux personnes âgées qui n'attendent plus vraiment grand-chose de la vie, surtout Migel dont les jours sont comptés, une jeune prostituée à Malmö qui paye encore aujourd'hui les dettes de son grand-père, un policier corrompu, un trafiquant de drogue sans aucun scrupule, une mère qui veut se suicider avec sa fille... et bien d'autres personnages encore, ancrés à Malmö, Tarifa ou Séville, dans les années cinquante ou en 2014, qui peuplent ce roman foisonnant et riche, à la construction implacable. Víctor del Árbol tisse peu à peu les liens qui les unit au fil des pages, s'attardant sur chacun avec une précision méticuleuse, leur donnant corps et âme. En fil rouge, le road-movie de Miguel et Helena, le premier pour sortir sa fille des griffes de son ex-mari et la raisonner, la seconde pour revoir son fils, installé à Malmö. Au fil de leur voyage, des confidences et des secrets révélés. Si, au début, la lecture s'avère complexe, l'on referme ce roman bouleversé, ému et admiratif devant cette intrigue d'une rare maîtrise, devant cette plume dense et étoffée, devant cette multitude de personnages et d'événements qui s'emboîtent, devant tous ces sujets abordés (qu'il s'agisse de la vieillesse, de l'amour, de l'enfance, de la trahison, de la transmission, de la vengeance, du poids du passé...). Tragique, d'une extrême noirceur mais d'une beauté insaisissable...

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Par-delà la pluie

Bouleversant d'humaniTÉS .

Troublant.

Fraichement authentique.

Trop vrai.

Le grand Victor del Arbol est ici excellent.

"Par-delà la pluie" est à lire.

ABSOLUMENT.

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Toutes les vagues de l'océan

Attention, critique superlative en vue ! Vous les sceptiques, les cyniques, ceux qui se méfient comme de la peste de l’ultra positivisme littéraire, de la critique au concentré de guimauve, passez votre chemin. Car je vais entamer le marathon du hyper/super/mega/giga et des superlatifs à gogo. Commençons : j’ai ADORE, j’ai surkiffé, j’ai surmegagigaaimé, Toutes les vagues de l’océan du catalan Victor del Arbol. La sentence est tombée, le couperet ne laisse plus de place au doute. Quelle claque ! Je suis restée en apnée, me trimballant ce lourd pavé de plus de 600 pages dans les transports en commun, entre deux RER, sur le quai, me calant bon gré mal gré parmi la foule que j’ai apparemment gêné avec l’objet de mon affection romanesque (soyez indulgents d’habitude je carbure au livre de poche).

Toutes les vagues de l’océan concentre tous les thèmes chers à Victor Del Arbol : quête du passé familial et poids des secrets, vengeance par-delà les décennies, fatalité (les fautes du passé se répercutant forcément sur le présent), spleen et désillusion, période sombre de l’histoire espagnole et faux-semblants. Tous ces thèmes s’imbriquent au fur et à mesure pour nous livrer une délectable sarabande qui va crescendo, jusqu’au dénouement forcément surprenant et qui vous laisse abasourdis (c’est toujours le cas avec les romans de Del Arbol).



Gonzalo Gil est un avocat quadragénaire plutôt mou (si ce n’est médiocre), englué dans un mariage morne avec une épouse à la fortune familiale indéniable. Acculé à s’associer à son beau-père, brillant avocat barcelonais qui le presse d’accepter en ne l’épargnant pas d’un mépris de classe, il tente tant bien que mal de mener sa barque. Jusqu’au coup de fil qui va tout changer : sa sœur ainée (avec qui il n’a quasiment plus de contact), effondrée d’avoir perdu son fils de 10 ans, Roberto, assassiné par un mafieux russe (sur qui elle enquêtait), s’est suicidée. Tout n’est pas clair dans cette histoire et Gonzalo Gil ne tarde pas à le découvrir à ses dépens. Trafic d’êtres humains, esclavage sexuel des enfants, pots de vins, magouilles immobilières, notre avocat se trouve vite empêtré dans les fils de la Matriochka, sorte d’organisation mafieuse aussi sombre qu’insaisissable. Parallèlement, nous suivons les jeunes années d’Elias Gil, le père de Gonzalo, jeune ingénieur idéaliste et communiste, parti visiter l'accueillante URSS stalinienne ; nous sommes en 1933. Convaincu d’avoir atteint en ce sol communiste la quintessence de l’idéal de partage, de fraternité et d’égalité, il perd très rapidement ses illusions en étant envoyé sans aucune forme de procès (et sur simple accusation de trahison) dans l’antre de l’enfer, aux confins des marges de la Russie civilisée. Il y rencontrera l’amour dans les bras de la belle Irina, mais aussi ce que l’être humain peut avoir de plus haineux en la personne d’Igor Stern, l’indicible aussi. Il en ressortira vivant mais ne sera plus jamais le même : quand on rencontre l’horreur, en sort-on soi-même épargné ? Ne devient-on pas finalement, poussé à des choix extrêmes, ce qu’on a toujours refusé d’incarner ? Ce lourd passé familial, qui sème sur sa route tant de drames, emportera avec lui toute une famille mais aussi des gens innocents, des camps staliniens au camp de réfugiés espagnols d’Argelès sur Mer, de la Barcelone républicaine à l’Espagne franquiste, et jusqu’à aujourd’hui.

Je pourrais écrire des pages entières tant j’ai aimé ce roman. Mais je préfère vous en laisser découvrir toutes les subtilités et vous laisser happer par la force des sentiments en jeu et cette imbrication de destins. Vous serez embarqués sur le grand huit de l’histoire, malmenés par des révélations successives qui vous feront douter. Vous serez émus et choqués tout à la fois, estomaqués par le talent de Victor Del Arbol qui nous livre un récit sombre et sans concession. Peu d’espoir dans ce roman mais tant de passion ! KO j’ai été, et KO je suis encore à l’heure où je rédige cette critique. Indéniablement mon énorme/mega/giga coup de cœur 2015 !
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Les pigeons de Paris

Un village isolé au cœur de l'Espagne, un sentier poussiéreux qui mène à une vieille maison. Une chaleur si écrasante que Juan – Juanito comme l'appelaient les vieux autrefois – a retiré son t-shirt, malgré les mouches qui agacent et butinent. Assis sur cette vieille chaise en bois, il attend, adossé à la façade en pierre, puisant dans un sachet de graines de tournesol. Il attend qu'ils arrivent... Enfin le bruit d'un moteur. Des voitures noires. Les voilà, ces étrangers. Méfiants, hostiles. Des fonctionnaires impatients venus ici constatés une évidence, dresser un procès-verbal, dans cet endroit qui, pour eux, ne vaut rien. Mais pour Juan, ceci est la terre de ses souvenirs...



Dans cette nouvelle, Víctor del Árbol nous plonge au cœur des souvenirs de Juan, dont sa rencontre, ineffable et prégnante, avec Muse, son amour de jeunesse. Que veulent ces hommes en costumes, là, sur le pas de sa porte ? L'auteur entremêle habilement le passé, où l'on prenait le temps de vivre, et le présent, où l'on court après l'argent, après le temps, les progrès, ainsi que la petite et la grande Histoire de l'époque où l'Espagne avait encore des valeurs. L'ambiance se veut un brin nostalgique. Une nouvelle qui fait la part belle aux sentiments, à l'amour, à l'espoir et aux souvenirs. L'écriture, poétique et tendre, sert à merveille ce texte lyrique et envoûtant.



Merci pour le prêt, Cécile...
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La veille de presque tout

La Corogne, août 2010. Germinal Ibarra, de la fenêtre de son bureau, regarde les étoiles filer dans le ciel. Taciturne, peu bavard, cherchant dorénavant un sens à son travail d'inspecteur, il préfère bosser de nuit. Sa femme, Carmela, lui reproche ses absences, notamment vis-à-vis de leur fils, Samuel, atteint du syndrome de Williams. Depuis 3 ans maintenant, c'est à dire depuis qu'il a retrouvé puis sauvagement assassiné l'homoncule, le violeur et le tueur de la petite Amanda, il erre dans sa propre vie et n'est plus que l'ombre de lui-même. Après un détour au club, il reçoit un appel du commissariat. Une jeune femme, présentant de multiples blessures, vient d'être admise aux urgences et réclame Ibarra à son chevet. Ce dernier aura bien du mal à reconnaître Eva Mahler, riche héritière de l'empire Malher et maman de la petite Amanda...

Trois mois plus tôt, Costa da Morte. À bord de la décapotable de son mari, Paola fuit. C'est dans cette pension, tenue par Dolores, qu'elle s'arrêtera. Loin de chez elle. Réservée, un peu en retrait, elle fera tout de même connaissance avec Mauricio, ce vieux chapelier argentin, et son petit-fils, Daniel...





Víctor del Árbol nous plonge dans un roman choral saisissant où s'entremêlent plusieurs histoires et plusieurs époques. L'on fait ainsi connaissance avec Ibarra, flic de son état, qui navigue entre deux eaux depuis qu'il a tué l'assassin d'Amanda. Un homme fatigué de vivre. Alternant habilement passé et présent, l'auteur tisse au fil des pages une galerie de personnages approfondie. Des personnages tourmentés, rongés, semblant tous porter leurs morts, fuir quelque chose ou avoir des comptes à rendre. Tous cherchant une raison de vivre. De Málaga à Punta Caliente en passant par Buenos Aires, de l'Espagne franquiste à la dictature argentine, l'auteur creuse peu à peu dans leur passé et dévoile petit à petit les actes de chacun mais aussi les liens existant entre eux. L'ambiance, à la fois mélancolique et pesante, accentue toutes ces souffrances et donne vie à ces morts si présents. Un roman dense, fouillé, émouvant et d'une profonde noirceur dans lequel l'auteur aborde différents thèmes tels que l'amour, le remords, la filiation, la vengeance, la vie et la mort mais aussi le poids du passé que chacun porte en soi. De sa plume poétique, noire et riche, Víctor del Árbol nous offre un roman âpre, cru et bouleversant.
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Toutes les vagues de l'océan

..."C'est une histoire qui n'aurait pu exister que dans un roman, dans l'esprit malade et dérangé d'un écrivain".



Auto dérision d'un auteur?

Il est vrai que Victor Del Arbol a imaginé un fresque familiale très noire, aux accents de requiem, aux parts d'ombre et de lumière des individus.



Gonzalo Gil aurait pu poursuivre tranquillement sa vie tièdement heureuse de père de famille et d'avocat sans envergure, si le suicide de sa sœur, enquêtrice de la police, suite à la froide exécution pour l'exemple de son jeune neveu, ne l'avait entraîné dans les industries mafieuses sur fond de prostitution enfantine.



Ce coup du destin va l'obliger à ouvrir un album de famille chargé de deuils et de douleur, reflet de ce que l'Espagne a vécu depuis la guerre de 1936. Comme une mise en miroir, les décennies et les personnages vont se télescoper pour suivre la destinée dramatique de son père Elias, héros communiste pour certains, dangereux et cruel salaud idéologue pour d'autres.



Des camps staliniens de Sibérie et à la police secrète du communisme, des combats de la guerre d'Espagne à l'exil français des républicains et à la guerre de 39/45, Gonzalo va lever la chape de silence et de secrets. Il nous fait vivre ces années de plomb du fascisme espagnol, où les choix politiques des individus déterminent le pire ou le meilleur pour l'avenir des familles et des descendants, sur plusieurs générations.



Voici un livre comme je les aime!

Des personnages denses et travaillés dans leur psychologie, un contexte familial fort et un panorama social documenté, une construction de fiction en tiroirs pour des tracés individuels ballotés par les soubresauts historiques et politiques. C'est un puzzle fait de trahisons et de massacres, une écriture foisonnante de détails, une belle puissante narrative pour illustrer un chemin semé d'embûches, de remise en question de la figure du père, et de l'adaptation héroïque de l'homme pour survivre en dépit des conséquences.



La littérature espagnole se nourrit de cet héritage sombre et dramatique du 20ème siècle, de cette descente aux enfers subie par sa population dans une guerre civile fratricide. Et quand ces fictions sont portées par des talents comme celui de Victor Del Arbol, on s'incline, sans crainte devant 600 pages, en ne voulant pas que la lecture s'arrête...captivée jusqu'à la dernière page.



Constat implacable: la violence engendre toujours la violence, quel que soit la part d'humanité en chaque individu.
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Par-delà la pluie

Victor del Arbol, une des grandes plumes de la littérature mondiale reconnues depuis longtemps, auteur notamment "LA TRISTESSE DU SAMOURAI ( critique ici même) " et la Maison du Chagrin sans oublier le dernier en date "La veille de presque tout "( voir critique) est l'un des très grands auteurs de romans noirs encore vivants , et même auteurs de romans tout court, tant ses romans, d'une ambition et d'une classe folle, dépassent largement le simple cadre du roman de genre ( une étiquette que del Arbol n'aime pas beaucoup d'après ses interviews.



Les romans de del Arbol, comme leurs titres d'ailleurs l'invitent fortement, distillent en effet une charge poétique indéniable qui ne laisseront pas insensibles les chanceux qui oseront s'y aventurer.



C'est évidemment le cas pour son dernier roman en date, "Par delà la pluie, sorti en France en tout début d'année, dans la fidèle collection noire d'Actes Sud, la bien nommée Actes Noir.



Une fois de plus, del Arbol s'engage sur un genre a prioriement bien ciblé, ici le road movie, mais pour en faire quelque chose particulièrement ambitieux et à la construction très aboutie.



Une intrigue dans laquelle il sera notamment question de tenter de refermer les blessures traumatisantes de l'enfance, et de personnages complexes, généralement marqués par la vie mais qui tentent une hypothétique résilience. Une intrigue dont la maitrise d'ensemble laisse béat d'admiration .



Dense et bouleversant, Par-delà la pluie brasse une multitude de thématiques. comme la valeur de la mémoire, le déterminisme social, les relations père-fils, la dépendance liée à l'âge, la liberté individuelle, la transmission d'une génération à une autre, la culpabilité face à l'histoire et plus particulièrement comme souvent chez l'auteur les stigmates de la guerre d'Espagne.



La souffrance intérieure qui anime les deux protagonistes principaux, Helena et Miguel, emporte avec elle toute la charge émotionnelle de ce roman polyphonique qui possède irrémédiablement une grande résonance poétique témoignant d'une plume hors du commun..
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Le Poids des morts

Avoir un passé aussi terrifiant que l'Espagne marque et laisse des traces. C'est lourd et ineffaçable. Tous ces morts, ces disparus, ces torturés, ces violées, ils sont portés dans les coeurs pour toujours.

Voilà "Le poids des morts" . Un condamné, une mise à mort publique et on remonte le temps. Des personnages qui sont liés par un passé troublant, par une vie partagée, par l'amour , par la passion mais, des personnages terriblement tourmentés.

Saluons le talent de Victor Del Arbol qui peut nous raconter l'horreur sans jamais s'abîmer dans le spectaculaire.

Un récit très noir sans être trash/glauque. C'est le noir de l'âme des hommes qu'il raconte. L'histoire d'une violence bien (trop) réelle, présente, qui oblige les choix d'une vie et qui entraîne dans son sillon tous ceux qu'elle rencontre.

Victor Del Arbol maîtrise l'art de raconter le pire avec l'élégance et la noblesse des mots. Ce qui rend l'histoire encore plus terrifiante.

Le récit relaté dans "Le poids des morts", n'est assurément et malheureusement qu'une anecdote comme trop bien d'autres de cette période ténébreuse de l'histoire espagnole.
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La tristesse du samouraï

Pourquoi tant de haine ? Et pourquoi se transmet-elle de génération en génération, au lieu de disparaître enterrée en même temps que ses protagonistes initiaux ?

Sans répondre à ces questions, « La tristesse du samouraï » livre une histoire dans laquelle la fameuse haine susvisée fait partie de l'héritage familial, et semble ne pouvoir s'éteindre qu'avec l'anéantissement d'un des deux clans rivaux, voire des deux, dans une sorte d'apocalypse expiatoire qui paraît inévitable après une telle accumulation de violence, de torture et de folie meurtrière.

En l'occurrence, le « péché originel » a été commis par Isabel Mola en 1941, dans un coin perdu d'Estrémadure en Espagne. Femme adultère, elle commandite avec son amant l'assassinat de son mari violent et phalangiste. L'opération échoue, et il en coûtera très cher à Isabel et à tous ceux qui, volontairement ou non, se trouvent mêlés à cette histoire qui se joue sur le plan tant privé que politique. Car cette petite histoire s'inscrit dans la Grande, celle de la guerre civile espagnole, et celle de la tentative de coup d'Etat en 1981. En effet, alors qu'on aurait pu croire l'affaire enterrée sous la chape de la dictature, elle ressurgit « accidentellement » 40 ans plus tard. Et on comprend alors que pendant toutes ces années, les protagonistes ont cherché à se détruire les uns les autres, sans hésiter à reporter leur soif de vengeance et de pouvoir sur les générations suivantes, qui, loin d'apaiser les rancoeurs, poursuivront l'escalade.



C'est très noir et très violent, terriblement malsain, à la limite du nauséeux. Les hommes de cette histoire ont manifestement un problème avec les femmes. Manipulations à tout-va, allers-retours présent/passé, l'intrigue est très touffue (j'ai failli plusieurs fois prendre des notes tellement je m'y perdais) et pas toujours très vraisemblable (qu'est-ce que c'est que ces épisodes en Russie en 1944 ? est-ce bien crédible? était-ce bien nécessaire?). Mieux vaut aussi avoir quelques notions d'histoire espagnole contemporaine, parce que les événements auxquels il est fait allusion ne sont guère développés. le style n'apporte rien, et aucun des personnages (à peine les victimes) ne suscite l'empathie. Quant au titre, j'ai trouvé assez saugrenu ce « fil rouge » du katana et des histoires de samouraïs, qui ne cadre pas du tout avec le contexte. Trop artificiel. le reste est trop glauque, trop sombre, trop dur, trop...excessif.
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Par-delà la pluie

J'avais été très séduit, il y a quatre ans, par Toutes les gouttes de l'océan (rebaptisé depuis, semble-t-il, Toutes les vagues de l'océan), oeuvre de l'écrivain espagnol Victor del Arbol. Dans son dernier roman, Par-delà la pluie, je retrouve la même brutalité sordide dans les faits racontés et dans la façon de les raconter. Je retrouve le même ancrage du récit dans la mémoire tragique de l'Histoire, en l'occurrence celle de la dictature franquiste en Espagne dans les années quarante et cinquante.



Je retrouve aussi la même pluralité de personnages, de lieux et d'intrigues, dans laquelle je me suis senti un peu perdu au début, ne voyant pas ce qui les reliait. Mais l'incontestable cohérence de l'ensemble apparaît peu à peu, comme un puzzle à construire à l'aveugle, qui ne révèlerait son image finale qu'à la pose des dernières pièces.



On dit que Par-delà la pluie est un roman noir. Est-ce le cas ? L'auteur a conçu la partie de l'ouvrage située en Suède comme un polar, au demeurant très captivant, dont les chapitres s'intercalent avec ceux de la fiction principale en Espagne. Mais ces deux parties sont tellement différentes et indépendantes – au-delà de quelques liens – que je me demande si Victor del Arbol n'est pas prisonnier de l'image qu'on a de lui et qu'il a contribué à façonner, celle d'un auteur de roman noir.



N'est-ce pas en fait la problématique à laquelle sont soumis les personnages principaux du roman ?



A soixante-quinze ans, Miguel vit seul. Depuis sa jeunesse, il porte des lunettes d'écaille et une moustache à laquelle il apporte un soin maniaque : un masque à l'image de l'homme qu'il voudrait que l'on voie en lui. Il a mené une vie professionnelle et familiale on ne peut plus classique, régie par une vision très stricte de ce qu'il devait faire. Un parcours limpide dont il a longtemps pensé qu'il était réussi. Mais Miguel est désormais confronté à des difficultés qu'il ne sait pas résoudre et il ressent de surcroît les tous premiers effets d'un Alzheimer.



Encore belle à soixante-dix ans, Helena vit seule, elle aussi. Quand elle avait onze ans, sa mère s'est suicidée devant elle, après avoir cherché à l'entraîner dans la mort. Elle a mené depuis une vie compliquée et éprouvante, dont on ne connaîtra les tenants et aboutissants que vers la fin du livre, car elle les camoufle, en même temps que sa peur de l'avenir, derrière du persiflage et de l'extravagance : son masque à elle.



Les contraires s'attirent souvent, Helena et Miguel pourraient en attester. Pour sortir de leur faux-semblant, ils vont entreprendre ensemble ce que l'auteur nomme « un road movie symbolique ». (Ce n'est pas un hasard si les deux femmes qui ont le plus compté pour Helena s'appellent Thelma et Louise). Un voyage censé les amener d'Andalousie jusqu'en Suède. Un voyage semé d'écueils : préparez-vous à des rebondissements. Un voyage qui pourrait les aider à regarder en face leur passé, celui de leur père, celui de leur mère, et celui de leur pays.



Au travers des péripéties surprenantes imaginées par l'auteur, la narration aborde plusieurs questions de société actuelles, parmi lesquelles le problème des femmes battues par leur conjoint. Mais le sujet central du livre est la peur de vieillir, notre peur de vieillir. Elle ne serait pas notre peur de la mort, mais au contraire notre peur de la vie, faute de lui avoir donné un sens adapté à ce que nous sommes réellement, et non pas à ce que nous croyons vouloir être, empêtrés dans une mémoire que nous n'assumons pas. Et il n'est jamais trop tard pour conjurer notre peur et vivre la vie comme elle vient.



Un livre qu'on ne lâche pas. de très belles pages, des passages émouvants. Mais aussi, parfois, des approximations dans l'expression. Peut-être un problème de traduction.



Par-delà la pluie !... « Par-delà les confins des sphères étoilées… », écrivait Baudelaire. Dans le dernier chapitre, libéré de sa peur de l'avion, Miguel sillonne pour la première fois l'immensité profonde, au-delà des souvenirs mouillés qui chargeaient de leur poids son existence brumeuse.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Par-delà la pluie

Le poids de la mémoire est la pierre de voûte de tous les romans de Victor del Arbol.

L’auteur catalan explore inlassablement l’incommunicabilité des traumas familiaux.

Les victimes souhaitent s’affranchir des ténèbres d’un passé qu’elles n’ont pas connu mais qui conditionne en tous points leur rapport au monde.



Par-delà la pluie confirme la règle et soulève des questions essentielles : Faut-il déterrer le passé ? Toutes les vérités sont-elles toujours bonnes à dire ?



Constitué de plusieurs histoires qui se croisent et se fuient, tout comme la vie, ce roman feuilleton est une sorte de road-movie qui traverse des pays mais qui surtout revient dans le temps, là où sont nés tous les traumatismes que les personnages portent dans leurs chairs.



Ce voyage est une métaphore de la vie qui passe et de comment nous construisons ce que nous sommes à travers nos souvenirs.

Il est beaucoup question de sables mouvants de l’Histoire qui engloutissent les fantômes, telles des portes tournantes.



Dans ce roman paru en 2017, l’on ressent la profondeur, l’acuité du regard et la maturité de l’écriture de Victor del Arbol.

Il se distingue véritablement en tant que passeur d’histoires qui jongle avec un découpage presque cinématographique à tous les niveaux de la narration.



Nous ne pouvons pas échapper à ce que nous sommes.

Rien ne pèse autant que la mémoire.

Victor del Arbol déterre ce qu’on veut taire, oublier, minimiser, par confort par fuite, par douleur



Mais il rappelle combien il est nécessaire de nous libérer de nos peurs et de nos amarres, seul chemin vers le bonheur et la renaissance.



On referme ce roman avec en tête nos propres souvenirs d’enfance, nos craintes, nos peurs et nos doutes.





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Toutes les vagues de l'océan

" La première goutte qui tombe est celle qui commence à briser la pierre

La première goutte qui tombe est celle qui commence à être océan"

C'est sur ces lignes que se termine ce roman digne des plus grands! Polar, thriller, trafics en tous genres, pédophilie,blanchiment d'argent, pègre russe ou autre j'en passe et des meilleurs bien sûr il y a tout çà mais est-ce vraiment ce que je retiendrai de ce roman ? Certainement pas . Victor Del Arbol nous offre un livre aux multiples facettes humaines, historiques; avec lui c'est un siècle de l'histoire de notre monde qui défile.Comment le passé d'Elias Gil, connu comme le héros sans faille du parti communiste espagnol , réchappé par miracle de l'enfer de Nazino, privé d'un oeil, ennemi juré d'Igor Stern rescapé lui aussi de Nazino devenu un roi de la pègre russe, comment ce passé donc peut-il être aussi encombrant pour Gonzalo Gil son fils ? Comment peut il expliquer l'engagement de Laura Gil , sa soeur dans une lutte sans merci contre un réseau international , lutte qui la conduira au suicide ? Qui sont tous les acteurs de ce drame, quels masques portent ils, qui sont les bons qui sont les méchants ? D'ailleurs y a t'il des gentils et des méchants ?

Vous l'aurez compris je suis assommée ! Mais devant une telle littérature qu'importe surtout quand la remarquable traduction de Claude Bleton est au rendez-vous A lire sans aucune hésitation .

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Le fils du père

Avant de tuer Martin Pearce, il était professeur d’université. Il venait de dépasser la quarantaine, sa vie aurait dû suivre son cours, mais à un moment donné, les choses ont changé. Personne ne sait pourquoi il a commis ce meurtre. De l’unité de soins psychiatriques où il se trouve en attente de son procès, Diego se remémore des vieilles histoires, des rancœurs qui auraient dû rester enterrées. Il se souvient de tout, il a l’impression d’être une merde, il était l’aîné, il aurait dû les protéger.



Des années trente à nos jours, Victor Del Arbol retrace la relation d’un fils avec son père et brosse le portrait de quatre générations d’une famille à travers l’Histoire de l’Espagne du XXe siècle. Des personnages marqués par la violence, les secrets, les blessures et le poids du passé. Un roman sombre, dur, souvent cru porté par une écriture puissante et fascinante. Une histoire d’abandon, de dépassement, de résilience et d’amour.



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Avant les années terribles

Arrivé à Barcelone encore adolescent, Isaïe a lutté d’arrache-pied pour gagner son droit au bonheur. Il s’apprête à connaître les joies de la paternité et pense avoir tourné le dos pour toujours à une Afrique féroce qui embrigade des enfants. Quand il reconnaît, dans l’embrasure de son atelier, un ancien camarade (ou plutôt frère d’armes), il perçoit d’instinct que sa paisible existence vient de voler en éclats. L’émissaire exerce désormais des fonctions officielles, et Isaïe se laisse convaincre de retourner en Ouganda afin de participer à une conférence sur la réconciliation nationale.

Mais à peine arrivés à Kampala, sa femme est enlevée...





C’est par un incessant aller-retour entre passé et présent que l’auteur nous embarque dans la vie d’Isaïe, Ougandais d’origine et réfugié à Barcelone.

Une vie cassée, fracturée dans sa courte période d’adolescent, propulsée au coeur des ténèbres. Un récit conté à la première personne par Isaïe lui-même qui ne cache aucune émotion, aucun détail de sa vie et de son enrôlement, aucun fait même le plus sordide.

C’est un roman éprouvant mais riche car il questionne sur la mémoire, sur les souvenirs que l’on garde ou que l’on transforme pour les rendre acceptables et ceux que l’on veut oublier, sur ses actes voulus ou subis, et sur la construction de soi. Un roman aussi sur l’innocence et la culpabilité, sur l’envie de comprendre, de pardonner et de se pardonner. Un roman sur le destin d’un enfant-soldat victime et bourreau, sur lequel plane l’ombre de Joseph Conrad et de son roman « au coeur des ténèbres ».



Un livre glissé entre mes mains, avec moult recommandations, par le propriétaire de la petite librairie Opuscule de Montpellier que je remercie. De son coup de coeur, j’en ai fait le mien.
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La tristesse du samouraï

Personne n'est jamais complètement innocent...d'une certaine façon les enfants paient pour les crimes commis par les parents.

Ce roman espagnol d'une incroyable cruauté est parfaitement monté délivrant petit à petit les rouages d'une implacable mécanique se déroulant

sur plus de 40 ans.

En passant d'une époque à une autre sur cette période nous assistons, dans une violence latente ou explosive, à la genèse, la maturation et aux achevements désastreux des destins croisés et entremêlés de tous les protagonistes, englués dans un passé familial, social et politique qui finit par les submerger.

Implacablement, obnubilés et aveuglés par le pouvoir et les haines recuites dans le maelström originel des années du franquisme et de la seconde guerre mondiale, supportant le poids de leurs passé et destin, ils exerceront leurs vengeances quelles qu'en soient les conséquences pour eux ou leur proches, et iront au bout d'une manipulation ou d'un sacrifice, sans états d'âmes, tel le samouraï habité par sa mission.

A propos de samouraï, le titre quasi poétique du roman à une explication et un intérêt très particuliers, pleinement dévoilés sur la fin.



Tout est minutieusement calibré, la mécanique du roman s'engraine et s'enchaîne avec évidence et sans temps morts, forçant le respect.

Un grand roman servit par une très belle plume, morbide, malsain, poisseux, sadique, d'une cruauté rarement tutoyée à ce point (et notamment envers des enfants), et donc à déconseiller aux âmes trop sensibles.



Je vais me précipiter vers d'autres romans de Del Arbol, en espérant retrouver la même qualité d'intrigue et d'écriture.
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Le fils du père

Victor del Arbol fait fort. Et c'est bon. Il a ce don, cet écrivain, de toujours raconter un pan de l'histoire de l'Espagne intrinsèquement mêlée à son récit. J'adore ça.



Ici, une triste histoire familiale sur 3 générations, de père en fils, où le malheur et l'autodestruction semblent génétiques.



Diego Martin écrit. Il écrit depuis sa cellule d'une unité psychiatrique. Diego le professeur d'université, l'auteur, le spécialiste de Dostoïevski, est enfermé. Pour meurtre, celui de Martin Pearce.



Et écrire fait que l'on se souvient. Ces souvenirs comme des démons perfides qui remontent et qui nous sont révélés petit à petit. Et voilà qu'apparaît le cercle vicieux de l'histoire de son grand-père, de son père et de lui-même. Une famille infectée. Et une Espagne déchirée dans ce XXe siècle.



Plus qu'un thriller où l'on cherchera à comprendre pourquoi Diego Martin a tué Martin Pearce, c'est un roman social noir sinon sombre très sombre. Un roman de rancoeurs, de querelles, de statut social, de maltraitance et de violences en continue. Et pourtant. Il y a là aussi, l'amour. L''amour, oui, mal dit, mal transmis, mal démontré et la résilience et la survie.



Je salue la construction monumentale de ce roman, les personnages marqués par l'agressivité et la détresse. Des hommes prisonniers de leur condition sans trop d'espoir d'avenir meilleur. Des personnages avec des envies féroces de libération, criant d'authenticité. Une écriture intense et une histoire fascinante.



Un récit sur la filiation et sur l'histoire espagnole et comme d'habitude avec Victor del Arbol un très bon et beau roman.
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Les pigeons de Paris

Ne méprisez pas les nostalgies d’un vieil homme. Juan vous attends sur le pas de sa porte. Ils sont jeunes et beaux et sont près à faire table rase du passé. C’est le 1er livre d’Arbol que je lis. Ce livre a été traduit par Claude Bleton. Ceux sont les enfants de Clio. L’hydre à plusieurs têtes et mon oncle survécu à la débâcle. Il ne devint un héros que longtemps après sa mort. Je ne suis plus une ombre qu’un mort ou un maure. Les églises ne sont plus bonnes qu’à prendre en photo surtout si elles sont anciennes. J’étais un petit vieux qui regardait partir les uns après les autres ses voisins. Elle était partie pour ne pas en parler. Clio de Permanbouc , de Rio à Tokyo. Du Brazil au Japon, de la galerie des offices aux Jardins Boboli de Florence. pour faire quoi ! Pour tomber en amour ou avoir un accident de voiture a Djakarta. Qu’il est doux le mensonge que l’on boit avec deux doigts de liberté . Le prix du café ou à bu Hemingway.
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