AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4/5 (sur 1 notes)

Nationalité : Belgique
Biographie :

Titulaire d'une licence en criminologie, il est chercheur à l'Université catholique de Louvain et aux Facultés universitaires Saint-Louis. Ses travaux portent sur les différents modes de réaction sociale face aux comportements problématiques tels que l'abus sexuel, l'usage de drogues ou la petite délinquance.

Ajouter des informations
Bibliographie de Vincent Francis   (2)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
Un magistrat du parquet, pourtant dans la même situation que les magistrats A et B, affirme ne plus ressentir le besoin de se couvrir professionnellement. Voici l'extrait de son entretien ; je ne fais plus comme mes collègues, j'ai décidé de ne plus systématiquement faire appel au psy pour préparer ma défense en cas de récidive d'un délinquant sexuel que je prends en charge. J'ai fait un examen de conscience et je me suis dit que ce n'était plus humainement possible." A y regarder de plus près, ce cas négatif permet d'une part, d'affiner notre thèse puisqu'il révèle qu'une prise de position individuelle peut aller à contre sens d'une logique bien ancrée dans un milieu professionnel précis et, d'autre part, de conforter cette thèse. En effet, ce magistrat ne dit-il pas : "contrairement à mes collègues... j'ai décidé de ne plus... ce n'était plus humainement possible."
La rencontre de cas négatifs se faisant de plus en plus rare au fur et à mesure que nous progressions sur le terrain, laisse à penser que nous sommes arrivé à un degré satisfaisant de saturation de nos données. C'est-à-dire que l'apport ultérieur de données empiriques ne viendrait que confirmer notre modèle analytique. Ceci n'exclut pas qu'il puisse encore être enrichi, ou que dans des contextes politiques et sociaux différents, il doive être réaménagé.



Commenter  J’apprécie          10
... face à un type de délinquant sexuel précis, les magistrats rencontrés ne croient manifestement pas en l'efficacité d'une thérapie sous contrainte.Ce type de délinquant sexuel rétif à tout thérapie se définit par une personnalité dont la composante principale est la capacité de manipuler. Auteur d'abus sexuels, il est avant tout "abuseur de confiance : confiance de la victime, confiance de la justice, confiance des psys".
Commenter  J’apprécie          20
... le fait de savoir que son patient contraint par la justice à suivre une thérapie n'est presque jamais évoqué pour justifier une position particulière du thérapeute à l'égard des attentes judiciaires (ce qui est logique puisque les positions relevées ne concernent que les thérapeutes qui acceptent l'intrusion d'une contrainte judiciaire dans la demande). Par contre, le fait de savoir que la justice revendique leur coopération est toujours évoqué par les thérapeutes pour expliquer la manière dont ils intègrent leurs pratiques thérapeutiques dans les processus pénaux (ce qui est également logique puisque notre étude s'intéresse aux positions de thérapeutes qui se construisent face aux attentes du monde^pénal et non pas à celles qui, à un autre niveau, se construisent face aux demandes des patients).
Commenter  J’apprécie          10
[Coopération]

[…] … la demande du patient –délinquant est-elle suffisamment forte que pour pouvoir engager une thérapie ? Pour certains, l’aveu des faits est la condition indispensable de l’engagement d’une relation thérapeutique véritable. Les patients qui, témoignant d’une distorsion cognitive, ne considèrent pas leur comportement comme problématique et qui dès lors ne ressentent aucune culpabilité sont plus difficilement traitables. Un thérapeute d’inspiration cognitivo-comportementale évoque ces patients : « Pour eux, c’est la société qui dit ça, … en fait, pour eux, il n’y a pas de problème. » Pour d’autres thérapeutes adeptes de la coopération, le constat, indépendamment des faits reprochés, que « quelque chose ne va pas » suffit à prendre en considération la demande.
Commenter  J’apprécie          10
Pour beaucoup de thérapeutes, le rappel de l'interdit n'implique pas pour autant la mobilisation de la loi pénale. Il fait davantage l'objet d'un travail avec le patient en puisant dans ses propres ressources et celles de son entourage. Il s'agit de restaurer ce qui fait défaut dans une cellule familiale. Le suivi doit permettre au patient de prendre conscience de son problème, d'assumer la responsabilité des relations qu'il établit avec les autres. Un thérapeute de premier rang ajoute : "Cette responsabilité implique qu'il reconnaisse les faits et qu'il soit prêt à les réparer." [...] Le recours à l'action pénale consiste ici en un substitut au manque de ressources familiales. Il autoriserait malgré tout, par la suite, un travail thérapeutique plus en profondeur.
Commenter  J’apprécie          10
... pas plus que l’expert, présent lors des interrogatoires, le substitut ne peut adopter dans ses pratiques une autre logique que celle de son univers, à moins d'en sortir un court instant. L'expert, quant à lui, ne peut proposer son aide qu'après l'interrogatoire et ce, dans un autre lieu (un service d'aide aux victimes par exemple), c'est-à-dire en dehors du lieu où règne la logique pénale. Ceci illustre bien à quel point il est difficile d'attribuer une place à la victime dans le procès pénal, alors que tout le monde s'accorde à dire qu'il est grand temps qu'elle soit partie prenante à son procès.Il faut bien admettre [...] que "si la légitimité de la revendication [de la victime] semble indiscutable, ses modalités d'application sont moins aisées."
Commenter  J’apprécie          10
Face à ce type de personnalité, les magistrats dans leur ensemble disent se sentir fort démunis. Seules ce qu'on pourrait appeler les psychothérapies "subies" laissent entrevoir un petit espoir. Il s'agit des techniques thérapeutiques médicamenteuses et des techniques d'apprentissage d'inspiration cognitivo-comportementale. Qu'il soit sous contrainte judiciaire ou non, qu'il le veuille ou non, le délinquant, dans ce cadre thérapeutique, ne pourra pas manipuler la chimie et les effets du conditionnement qu'elle produit sur ses pulsions comme il ne pourra pas manipuler un apprentissage conçu selon la mécanique stimulus/réaction. Il ne pourra que subir passivement la modification de son comportement.
Commenter  J’apprécie          10

... les thérapeutes, dans leur souci d'éviter la judiciarisation, doivent trouver un équilibre entre le danger potentiel que représente la situation pour la victime et ce qu'ils pensent être capables d'assumer personnellement, c'est-à-dire de prendre comme risque dans le cadre de leur pratique thérapeutique. Cet équilibre implique que la situation de maltraitance ne perdure pas (enjeu qui peut entraîner la prescription d'un éloignement volontaire) ou du moins, qu'elle soit suffisamment supportable au regard des bénéfices espérés d'un suivi thérapeutique. [...] Autrement dit, un travail ambulatoire au sein de la famille est-il encore possible ?
Commenter  J’apprécie          10
En exacerbant cette exigence du risque zéro [...] dans le travail judiciaire, "l'affaire Dutroux", dans sa dimension sociale et politique, a donné le jour à une logique toute pragmatique : celle qui consiste à se prémunir des critiques de son inefficacité. [...] Ce qui importe, c'est de "se couvrir" en cas de récidive, c'est-à-dire, selon l'expression maintes fois entendue dans les couloirs des palais de justice, "ouvrir le parapluie". La pénalisation de l'abus sexuel a aussi sa politque de réduction des risques : celui que court le magistrat dans la prise en charge d'un délinquant sexuel.
Commenter  J’apprécie          10
… idée d’une instrumentalisation du climat ambiant propice à la prise en considération de la problématique de l’abus sexuel. En effet, deux phénomènes sont apparus. D’abord, l’augmentation des fausses allégations avancées par un conjoint dans le cadre d’une procédure de divorce pour obtenir le droit d’hébergement subsidiaire (ancien droit de garde) et ensuite l’augmentation des fausses allégations avancées par des pseudo-victimes qui, idolâtrant les enfants-victimes médiatisés, ont voulu leur ressembler en affirmant avoir vécu une histoire semblable.
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Vincent Francis (2)Voir plus

¤¤

{* *}