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4.54/5 (sur 46 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Port-d'Envaux (Charente-Maritime) , le 06/09/1939
Mort(e) à : Paris , le 06/05/1993
Biographie :

Vincent La Soudière (de son vrai nom Vincent de La Soudière) est un écrivain et poète français.

Après des études à Sainte-Croix de Neuilly, il se dirige sans conviction vers la Sorbonne, pour étudier la philosophie, qu’il abandonne rapidement. À l’orée des années 1960, sa famille subit un grave revers de fortune ; Vincent de la Soudière connaît alors une vie précaire, faite de petits métiers et de grands voyages, qui durera jusqu’à sa mort.

Vincent La Soudière se tient en retrait du monde littéraire, malgré ses échanges et rencontres avec Henri Michaux et Emil Cioran.

En 1993, celui qui avait dit : « je ne suis pas de taille à exister » se suicide le 6 mai à Paris.

"Chroniques antérieures" reçut un accueil discret, sa parution n’étant connue que du seul milieu littéraire. Au cours de son travail sur Emil Cioran et Armel Guerne, Sylvia Massias découvre des écrits et des lettres de Vincent La Soudière, qui l’amènent à s’intéresser de plus près à cet écrivain de l’ombre. En 2003, après avoir obtenu une bourse du Centre national du livre, elle rassemble des aphorismes extraits des derniers cahiers et carnets de Vincent La Soudière, qu’elle présente sous le titre de Brisants.

La critique commence à s’intéresser à cet inconnu, à commencer par le poète et traducteur Alain Suied.

En 2010, Sylvia Massias publie C'est à la nuit de briser la nuit, le premier volume des Lettres à Didier (1964-1974), une correspondance qui en compte trois, avec près de huit cents lettres écrites par Vincent La Soudière à un ami, Didier. En réalité, cette correspondance n’en est pas vraiment une : les lettres de Didier manquent. Par ailleurs, le choix a été fait de supprimer les mentions épistolaires d’introduction et de conclusion, ainsi que toutes les allusions privées concernant la vie de Didier. L’impression donnée aux lecteurs est celle d’un monologue intérieur, qui s’étire de 1964 à 1993, monologue rendu possible par cette amitié hors du commun. « Une correspondance qui a des allures de journal », écrit Richard Blin, ajoutant : « Le résultat est assez saisissant, puisque nous devenons l'interlocuteur privilégié d'un homme dont l'exigence de liberté et la révolte s'éprouvent au feu de la négation. »

"Les Lettres à Didier" assurent à Vincent La Soudière un début de reconnaissance
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Source : Wikipedia
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Dans le cadre d'un entretien pour "Les nuits rêvées de France Culture", Martin de La Soudière, le frère du poète, confie à Marc Floriot quelques mots rapides à l'égard de Vincent. C'est une des seules mentions du poète à la radio française. Son œuvre, majoritairement posthume, commence à peine d'être découverte. Elle n'aurait sûrement point apparue sans l'impulsion de Sylvia Massias, universitaire, et Juan Asensio, critique littéraire.


Citations et extraits (109) Voir plus Ajouter une citation
Il peut être angoissant, à de certaines heures, d'avoir à supporter le poids de sa propre existence, le fardeau de sa vision personnelle. Alors, on sait que l'on est seul, seul devant sa liberté : espace effrayant, image de cauchemar. "Être seul pour être soi". Et l'on cherche fébrilement à se décharger de son effroi... dans une croyance, quelle qu'elle soit. L'on reprend pied comme l'on peut , avec un estomac qui digère bien, un voyage pittoresque, une fille à baiser, un livre à écrire ou un dieu à adorer. C'est qu'il n'est de liberté humaine qu'incarnée, et qu'il faut bien qu'une figure, n'importe quelle figure, réponde à notre attente angoissée. p 217
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À QUI VIENT L'INTERROGER...

À qui vient l'interroger, la nature maintenant tourne le dos. Le ciel, ni la mer, ni les arbres, ni les herbes du printemps, ne rentrent plus dans nos yeux, car ils n'y sont plus accueillis. L'homme, exclusivement préoccupé de soi - de sa puissance-, présente une sorte d'autisme, doublé d'athymhormie.
Fantaisies qui ne pèsent pas lourd sur la tartine quotidienne.
Assis sur le trône de ses atomes, il se meurt devant le palais de la nature.
Il n'a pas su créer de civilisation, de religion. Il est perdu. Il n'en a plus pour longtemps.
Il peint des planches en plein naufrage. Répare des cheminées en plein séisme!
On attend, on espère un rapide dénouement, quel qu'il soit...
On s'adresse déjà des condoléances...
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Le matin a croqué la nuit ; mais il en garde une trace, comme une balafre bénie qui empêche à jamais tout esprit de victoire. (p. 78)
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Le museau dressé vers le ciel étoilé, j'appelle, j'attends.
Nous sommes des milliards à ne pas comprendre, dressés vers le ciel comme le chien vers la main de son maître. Et l'approche de l'aube fera taire nos muets appels.

Par- dessus les provinces de ce monde se parle un Esperanto de désespoir. Nous avons tout perdu et, le jour, cherchons des épluchures dans les mares et la fange.

Nuits illuminées des grandes villes, consommatrices aveugles de kilowatts, fêtes sauvages et sans mémoire, à quoi, à qui destinez-vous vos magies convulsées ?

Hérésies incarnées de la Haute Finance, vous distribuez en miettes votre gâteau géant pour affamer les peuples en mal d'être. Cependant qu'un Prince noir, nu avec une ceinture de crocodile, parcourt à hautes foulées votre monde et le mien, et en prend les mesures.
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Jusqu’où pouvons-nous dire que nous avons tout raté, tout dévoyé, tout dévoré ? Il doit bien exister quelque part, ici ou là, des rescapés de la catastrophe d’exister et qui repartent avec courage sur des chemins défoncés.
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« Ma bien-aimée est noire » comme la nuit, mais sa beauté resplendit comme douze étoiles. Mille clartés qui ont dissipé la ténèbre intenable.
     
Qui a crié ? J’ai entendu un cri aussi sonore que mille bracelets s’entrechoquant. La beauté de ce cri surpasse toute musique ; la beauté de ce cri résonne comme mille « oui » qui traversent les astres, transpercent les grandes ténèbres, trouvent la nuit universelle et, à force d’être proférés, l’inclinent contre leur épaule et de toute angoisse guérit l’univers même.
     
J’ai entendu un cri long de plusieurs nuits sans jours, long comme une viole de douceur inconcevable.
     
Qui a crié à travers les domaines interdits ? Qui a crié, nu à la face des astres? Qui a crié, qui m’a trouvé ? Tapi, tout petit, dans l’antre du léopard ? Qui s’est élevé au-dessus de la voûte océane ? Qui m’a pris dans son cri et m’a amené en un lieu aux faces ineffables, planté hors du jour et de la nuit ?
     
Que ce cri soit béni et me tienne soumis dans ses échos d’or fin ! Que ce cri fasse de moi son prisonnier et veuille me garder en sûreté au-delà de la dernière nébuleuse, tout proche et tout loin ; aussi lisse, aussi doux que la peau de ma bien-aimée.
     
Alors que ce cri n’ait pas de fin, ô bouche inexprimable ; continue de me porter sur tes ailes. Ô cri ! Approche de moi ce qui n’a pas encore de nom ! Sous cette livrée sonore, je veux indéfiniment Te vénérer.
     
pp. 33-34.
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ROCHERS QUE SCULPTE...
     
      Rochers que sculpte l'haleine bouillante et desséchée de ce vent qui de ravins en ravins a parcouru des âges de poussière.
      De sa main gigantesque, il vous isole et vous étourdit ; faisant de votre être une sorte de schisme en face du monde et de ses cultures.
      Là, votre âme se repose à l'infini, répandue sur les mille aspérités de la pente sans eau.
      D'un coup d'épaule, elle a fait verser la loi multiface de son chagrin et de sa joie. Aucune économie, aucun procédé humain ne peut désormais la reprendre.
Le monde existe peut-être encore, mais il se tient comme hypothéqué derrière le cercle du troisième horizon.
      Et quand la nuit descendra sur cet espace calleux, elle aura beau accomplir son oeuvre de ravissement, le ciel pourra bien se teinter de brique et d'émeraude, et la chaîne des minuscules vallons s'iriser comme joues de femme, ce ne sont pas des mots humains, des pensées humaines qui descendront sur vous avec émotion ; mais le regard innommé de quelque face intérieure, un sens absolument étranger à tout usage connu qui, avec les gémissements du vent plus doux, posera son suprême sceau sur votre front égaré.
      La sérénité de ce moment – aux dimensions d'une Époque – n'a pas d'égal. La mémoire s'est comme évanouie dans le poudroiement des chemins délaissés. Il ne subsiste plus qu'une attente sans limites – une attente de rien – à laquelle aussitôt répondent les choses alentour, tressaillant d'une extase répétée et surnaturelle.
      Cette sublime attente, cette soif enfin pure et royale, il semble que les choses en aient déjà sous nos yeux et depuis toujours connu l'accomplissement, comme si, à la faveur de votre délicieuse pauvreté, elles se fussent emparé du coeur de votre coeur et l'eussent rempli à ras bord de cette eau radieuse dont l'espoir vous obsède encore et vous anéantit.
     
     
Troisième Temps : L'homme nouveau – Clôture de l'histoire et révélation eschatologique. (pp. 234-235)
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C'est Djellâl-Eddȋn-Rȏumȋ qui chantait :
"Je demandais : ȏ mon idole, où est ton temple ?"

Elle me répondit :
"Dans les débris de ton coeur ruiné.
Je suis le soleil : mes rayons pénètrent dans tes décombres,
ȏ passionné, que ton palais s'écroule !"

Et encore :
"En ta présence, je ne dors pas à cause de tes charmes.
Sans ta présence, je ne dors pas à cause de mes larmes.
Ȏ Dieu ! en ces nuits je veille..."

Aussi longtemps que de telles paroles sortiront d'une bouche d'homme, le monde se retiendra de capituler.
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Père, père, avant de mourir, dis-moi le mot que j’attends depuis ma naissance.
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Car c'est à la nuit de briser la nuit. Et de cette estocade naîtra une blanche échelle de corde pour surmonter la terreur.
Lettre 69, 10 juillet 1968, p154
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