AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.87/5 (sur 349 notes)

Nationalité : Belgique
Né(e) à : Anderlecht , le 12/11/1959
Biographie :

Vinciane Despret est une philosophe des sciences belge, professeur à l'Université de Liège et à l’Université Libre de Bruxelles.

Vinciane Despret a suivi une formation de psychologue, avant de reprendre des études de philosophie. Après avoir commencé, un peu par hasard, à s'intéresser à l'éthologie, elle s'oriente vers la philosophie des sciences. Inspirée dans sa démarche par Isabelle Stengers et Bruno Latour, elle se propose de suivre les scientifiques sur leurs terrains, dans leur pratique, et de comprendre comment ils rendent leurs objets d'études intéressants.

En 2015, elle a été élevée au rang de chevalier du Mérite wallon.

Ajouter des informations
Bibliographie de Vinciane Despret   (32)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (63) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Carte Blanche à Sciences Humaines Intervenants: Vinciane DESPRET, philosophe, professeure à l'université de Liège, Jean-Marie LACLAVETINE, éditeur et écrivain, Héloïse LHÉRÉTÉ, directrice générale du magazine Sciences Humaines, Adèle VAN REETH, directrice de France Inter Les morts hantent les vivants. Ils leur parlent, les inspirent, s'installent en douceur dans leur vie intérieure et travaillent leur existence. Les trois auteurs que nous proposons de rassembler ont enquêté, chacun à leur manière, sur "la vie des morts". A mille lieues des théories du deuil, qui enjoignent à l'oubli et à la reconstruction, Jean-Marie Laclavetine (écrivain et éditeur), Adèle van Reth (journaliste, philosophe et écrivaine) et Vinciane Déprêt (anthropologue) racontent cette conversation secrète et quotidienne que beaucoup d'entre nous entretenons avec nos chers disparus. Ces hommes, femmes, enfants que nous avons aimés ne laissent pas seulement un manque. Ils sont aussi une présence, réelle, à la fois triste et réconfortante. Ils imprègnent en profondeur les vivants et guident leurs pas.

+ Lire la suite
Podcasts (2) Voir tous


Citations et extraits (71) Voir plus Ajouter une citation
Vinciane Despret
Nous reste-t-il assez d'incertitudes
Pour garder aux possibles un peu d'espoir ?
Nous reste-t-il de l'imagination, assez l'habitude
Pour voir des lucioles briller dans le noir ?
Commenter  J’apprécie          351
S’il y a des territoires qui tiennent à être chantés ou, plus précisément, qui ne tiennent qu’à être chantés, s’il y a des territoires qui tiennent à être marqués de la puissance des simulacres de présence, des territoires qui deviennent corps et des corps qui s’étendent en lieux de vie, s’il y a des lieux de vie qui deviennent chants ou des chants qui créent une place, s’il y a des puissances du son et des puissances d’odeurs, il y a sans nul doute quantité d’autres modes d’être de l’habiter qui multiplient les mondes. Quels verbes pourrions-nous découvrir qui évoquent ces puissances ? Y aurait-il des territoires dansés (puissance de la danse à accorder) ? Des territoires aimés (qui ne tiennent qu’à être aimés ? Puissance de l’amour), des territoires disputés (qui ne tiennent qu’à être disputés ?), partagés, conquis, marqués, connus, reconnus, appropriés, familiers ? Combien de verbes et quels verbes peuvent faire territoire ? Et quelles sont les pratiques qui vont permettre à ces verbes de proliférer ? Je suis convaincue, avec Haraway et bien d’autres, que multiplier les mondes peut rendre le nôtre plus habitable. […]

Je dis habiter, je devrais dire cohabiter, car il n’y a aucune manière d’habiter qui ne soit d’abord et avant tout “cohabiter”.
Commenter  J’apprécie          230
Il s’est d’abord agi d’un merle. La fenêtre de ma chambre était restée ouverte pour la première fois depuis des mois, comme un signe de victoire sur l’hiver. Son chant m’a réveillée à l’aube. Il chantait de tout son cœur, de toutes ses forces, de tout son talent de merle. Un autre lui a répondu un peu plus loin, sans doute d’une cheminée des environs. Je n’ai pu me rendormir. Ce merle chantait, dirait le philosophe Étienne Souriau, avec l’enthousiasme de son corps, comme peuvent le faire les animaux totalement pris par le jeu et par les simulations du faire semblant2. Mais ce n’est pas cet enthousiasme qui m’a tenue éveillée, ni ce qu’un biologiste grognon aurait pu appeler une bruyante réussite de l’évolution. C’est l’attention soutenue de ce merle à faire varier chaque série de notes. J’ai été capturée, dès le second ou le troisième appel, par ce qui devint un roman audiophonique dont j’appelais chaque épisode mélodique avec un “et encore ?” muet. Chaque séquence différait de la précédente, chacune s’inventait sous la forme d’un contrepoint inédit.
Ma fenêtre est restée, à partir de ce jour, chaque nuit ouverte. À chacune des insomnies qui ont suivi ce premier matin, j’ai renoué avec la même joie, la même surprise, la même attente qui m’empêchait de retrouver (ou même de souhaiter retrouver) le sommeil. L’oiseau chantait. Mais jamais chant, en même temps, ne m’a semblé si proche de la parole.
Commenter  J’apprécie          190
... ne pas oublier que ces chants sont en train de disparaître, mais qu’ils disparaîtront d’autant plus si on n’y prête pas attention. Et que disparaîtront avec eux de multiples manières d’habiter la terre, des inventions de vie, des compositions, des partitions mélodiques, des appropriations délicates, des manières d’être et des importances. Tout ce qui fait des territoires et tout ce que font des territoires animés, rythmés, vécus, aimés. Habités. Vivre notre époque en la nommant « Phonocène », c’est apprendre à prêter attention au silence qu’un chant de merle peut faire exister, c’est vivre dans des territoires chantés, mais c’est également ne pas oublier que le silence pourrait s’imposer. Et que ce que nous risquons bien de perdre également, faute d’attention, ce sera le courage chanté des oiseaux.
Commenter  J’apprécie          170
Une femme du village de Mansfield, en Angleterre, avait promis à une amie proche alors très malade, qu'elle déposerait dans son cercueil un paquet de lettres autrefois écrites par son fils défunt. Dans le désarroi du chagrin, elle a oublié. Elle resta désemparée jusqu'à ce que, peu après, le facteur du même village décède. Elle alla voir la famille du facteur et lui demanda la permission de déposer les lettres dans le cercueil de ce dernier. Elle savait qu'elle pouvait avoir confiance : il serait aussi diligent comme facteur dans l'autre monde qu'il l'avait été dans celui-ci.
[p. 43]
Commenter  J’apprécie          160
Vinciane Despret
Il faut beaucoup de patience pour observer les moutons, qui ne bougent pas beaucoup. Ils ont des gestes très éloignés des nôtrres et pour en comprendre la signification, il faut souvent les voir manifester des dizaines de fois tel ou tel comportement, suivi de telle ou telle conséquence. Prenons l’exemple d’un mouton couché dans l’herbe, et qui se lève, le visage en avant. On peut penser qu’il hume l’air, qu’il apprécie la force du vent… Eh bien, Thelma a fini par comprendre après des centaines d’observations qu’en réalité ce mouton propose aux autres de partir dans la direction qu’il indique avec sa tête pointée.
Commenter  J’apprécie          130
Vinciane Despret
La joie est une condition pour aller vers le savoir.
Commenter  J’apprécie          150
(...) les expérimentateurs expérimentés conseillent aux jeunes scientifiques de ne pas travailler avec les chats. Il semblerait en effet que, dans certaines circonstances, si vous donnez à un chat un problème à résoudre ou une tâche à exécuter pour trouver de la nourriture, il va le faire assez rapidement, et le graphique qui donne la mesure de son intelligence dans les études comparatives connaîtra une courbe ascendante assez raide. Mais, [Vicky Hearn] cite ici un de ces expérimentateurs, « le problème est que, aussitôt qu’ils ont compris que le chercheur ou le technicien veut qu’ils poussent le levier, les chats arrêtent de le faire. Certains d’entre eux se laisseront mourir de faim plutôt que de continuer l’expérience ». Elle ajoute laconiquement que cette théorie violemment anti-behavioriste n’a jamais été, à sa connaissance, publiée. La version officielle devient : « n’utilisez pas de chats, ils foutent les données en l’air ».
Commenter  J’apprécie          102
La formidable exubérance des oiseaux, leur inventivité, leur remarquable capacité à faire sentir l’importance du territoire et la beauté mise au service de cette importance.
Commenter  J’apprécie          110
"(…) Notre territoire, notre chez-moi, alors, n’est pas tellement quelque chose que nous dirions « c’est à moi », mais ce morceau d’espace que chacun de nous transforme en y laissant un peu de soi : chez moi, ce n’est pas à moi, mais c’est moi."
C’est ce qui peut expliquer cette étonnante habitude qui conduit de petits oiseaux à construire leur nid dans le même arbre que leur prédateur, qu’il soit faucon, chouette, buse, busard ou épervier, et à vivre au pas de la porte de l’ennemi. On remarque que les oisillons des parents qui ont fait ce choix sont bien moins souvent victimes de prédation que les oiseaux qui nichent plus loin. Une première explication est assez simple à comprendre : en fait, le prédateur chez qui ils habitent empêche les autres prédateurs de s’approcher (ne fût-ce que parce que lui-même doit défendre ses propres petits). Mais comment se fait-il que le faucon, la buse ou l’épervier, qui ne se privent généralement pas de manger les petits oiseaux, n’attaquent pas ceux qui sont à portée de bec ?
Pour l’expliquer, le spécialiste des animaux Jakob von Uexküll proposait d’essayer de comprendre d’abord comment chaque animal perçoit les choses qui l’entourent : une fleur dans un champs pour nous, animaux humains, a la signification « printemps » ou « bouquet », ou « chose à peindre », ou « magnifique tableau ». Pour un abeille, elle signifie tout autre chose (et s’il s’agit d’une orchidée, elle signifiera encore autre chose pour le mâle de certaines abeilles solitaires, puisqu’il croit voir sa femelle dans le cœur de la fleur). Chaque chose que chaque animal perçoit dans son environnement prend pour lui une signification particulière. Ainsi, pour l’épervier ou pour l’oiseau buse, ce qui entoure son nid, ce qui porte son odeur d’oiseau épervier ou buse, c’est encore son nid, c’est-à-dire que c’est encore une extension de soi, on ne l’attaque pas, même si on a très faim.
Commenter  J’apprécie          80

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Vinciane Despret (545)Voir plus

Quiz Voir plus

Léonard de Vinci

En quelle année est né Léonard de Vinci ?

1452
1462
1472

11 questions
92 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , artiste , renaissance , italien , peinture , dessinsCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..