Alors que la famille de Simon est réunie autour de la tombe de son grand-père, Luciano Malusci, un secret lui est révélé par l'indiscrétion d'un oncle : Malusci aurait eu un fils illégitime, qui vivrait toujours sur les rives du lac de Constance. Habité par l'envie de découvrir qui est ce fils tenu à l'écart du clan, Simon se met à enquêter, porté par un sentiment de perte et de fragilité, à un moment où il se sépare lui-même de sa compagne et mère de ses deux fils. Tissant avec habileté un double récit alternant enquête familiale et traversée du deuil amoureux, Sylvain Prudhomme livre un roman émouvant, qui met en lumière l'humanité de personnages pris en étau entre leurs contradictions et de leur ambivalence. Par la grâce de son écriture, il invite le lecteur à un cheminement mélancolique où le destin de ces êtres entre en résonance avec les trajectoires de tout un chacun. La lecture du roman sera faite à deux voix, par l'auteur et le comédien Pierre Baux.
Sylvain Prudhomme est l'auteur d'une dizaine de livres parmi lesquels Par les routes (prix Femina 2019), Les Grands et Les Orages (L'Arbalète), tous salués par la critique et traduits à l'étranger.
Comédien, Pierre Baux est également directeur du festival 543 de Coustouges qu'il a cofondé en 2020 avec Antoine Caubet et Violaine Schwartz.
Lecture à deux voix, suivie d'une rencontre animée par Sarah Polacci
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Tout le monde sait qu'il y a des gens qui se noient dans la mer, des gamins qui dorment sous les ponts, des arrestations arbitraires et violentes, il suffit de regarder autour de soi à Paris, il suffit d'allumer la télé, mais d'une certaine manière, ça reste une abstraction. Trois cent mille personnes.
Ça reste un chiffre.
Difficile à incarner.
[...] Ici, on est en démocratie.
J'avais toutes ces voix dans mon ordinateur, déclinant, chacune, comme une variation sur le même thème, l'absurdité de la bureaucratie, l'arbitraire de notre justice, les affres de l'attente, le hasard des chemins parcourus, le douleur de tout abandonner derrière soi, le courage de survivre, la peur encore, l'espoir aussi, la vie qui s'invente malgré tout, pas à pas, sur la route de l'exil, dans la frange de notre société.
J'ai écouté et réécouté ces histoires.
Ces épopées modernes.
Ces récits de vie héroïques.
Je les ai orchestrés sur la page.
Sur le papier.
Ce qui m'a frappé, c'est l'envie de dire.
Pour qu'on sache.
Et la douceur des voix.
L'émotion retenue.
Pour continuer à dire.
Petit un : chanter.
Petit deux : faire les courses.
Petit trois : balayer.
Chaque chose en son temps.
Dis-moi la vérité. Elle est où la vérité ? À l'intérieur ou à l'extérieur de ma tête ? Elle est dedans ou dehors ? Qu'est-ce qui compte le plus ? Le dedans ? Le dehors ? Elle est où, la vie réelle ?
Tout est mensonge. Dis-moi que je suis réelle. Dis-moi que mes souvenirs sont réels. Puisque je m'en souviens, c'est qu'ils existent dans le réel de mes pensées. Et comment je m'appelle dans le réel ? Et dans le réel de mes pensées ?
Je me suis rendue à l'évidence. Elle était rentrée dans ma tête, elle s'était faufilée à l'intérieur, la nuit pendant mon sommeil, comme un ver dans une pomme, ou un perce-oreille, ou une tumeur, ou un virus, ou la gale. Maintenant, je m'y suis habituée.
J'ai le cafard, j'ai le cafard.
Voyez-vous, la Camarde, elle est là, quelque part,
Elle guette mon départ.
Mais viens donc, j'en ai marre,
Peu m'importe de crever aujourd'hui ou plus tard
H. – Faut faire des choses simples
Des gestes quotidiens.
La joie des gestes quotidiens.
Ça va être magnifique ici.
Il y a tout à inventer.
C’est comme une page blanche.
J'ai décidé d'apprendre le français, vite, pour pouvoir bien expliquer mon problème.
Il y a des bénévoles là-bas qui donne des cours.
Mais dans le foyer, la vie était difficile, aussi.
Attendre.
On ne fait que ça.
Il n'y a pas de date limite.
Le jour où vos parents sont morts, pourquoi n'avez-vous pas récupéré votre carte d'identité?
Mais la maison avait brûlé.
Pourquoi n'êtes-vous pas allé à la mairie?
À treize ans, ça ne m'est pas venu à l'esprit.
Maintenant, la première chose que je prendrais, en cas de problème, ce serait mes papiers, mais à treize ans, la seule chose que je voulais, c'était mourir.
fermez vos gueules, j'ouvre la mienne