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Citation de AnnadeSandre


Si je m'arrête, je supprime Simone de Beauvoir. C'est elle qui m'a aidée à écrire mes livres, j'ai continué d'écrire pour elle.

Elle s'appelait Paule Allard, elle était une de leurs amies. Elle m'a reçue dans la salle de rédaction de la revue, elle m'a montré le premier numéro des Temps Modernes. Je le tenais sans le tenir. Avec trop de respect. Elle n'était pas encore en librairie mais elle se portait bien, leur revue. Vibrante malgré l'épaisse couverture, cette actualité choisie, pesée, passée au crible.
J'ai vos épreuves.
Elle les cherchait. Mes épreuves. Un mot à double sens. Mon coeur battait plus vite, ma main tremblait à cause de mes chagrins d'enfant imprimés noir sur blanc.
Paule Allard les assemblait, mes épreuves à corriger. Comment parviendrais-je à rectifier le regard bleu acier de ma mère, l'hémorragie de Fidéline ? me disais-je. Je perdais mon identité, Paule Allard mettait les crises de fureur de ma mère, la douceur céleste de Fidéline dans ma main.
Elle me les reprit. Elle les enfermait dans une enveloppe, mes épreuves.
La lucidité du linotypiste me découragea. Je me demandais ce qu'il en pensait. Un juge, parmi les rotatives monstrueuses, jugeait mon texte sans desserrer les lèvres. Des verbes, des adjectifs se seront affaiblis, d'autres se seront fortifiés dans l'imprimerie. Mon texte ? Rejoué sur un échiquier. Mon style ? Le souffle d'une asthmatique.
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