Mon regard se déporte plus loin. À gauche s'étale un pan de forêt, trembles et épinettes dressés haut, comme si on n'allait jamais les coucher au sol. Je ne peux plus rien voir tomber. Pour l'instant, je laisse Francis entre Val-d'Or et Malartic, avec son chien dans sa maison, ses horaires de jour et de nuit, ses visions fantômes de nous eux à vélo dans sa cour ou dessinant un sentier. Peut-être pas des visions de nous deux, mais des répliques miniatures qui auraient leurs rêves et, un jour, leurs souvenirs fragmentés, une histoire en patchwork au fond du regard.
Dans sa nouvelle maison de son nouveau quartier, on se dit que c'est bizarre, de creuser si profond là où on pensait avoir ses racines, mais qu'on aime autant voir l'or sur ses payes que pas du tout.
Francis. Il me reste ton nom maintenant trop grand pour coller à ce corps d'enfant que j'ai en tête. J'ai fait exprès d'oublier l'image de toi adulte. Je ne dis jamais ''Francis'' à voix haute. Te nommer, c'est prouver ton existence, alors qu'il y a des kilomètre d'absence entre nous.
Personne n'a eu le temps de mourir, mais jamais la 117 n'a compté autant de fantômes.