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Citations de Vladimir Arséniev (38)


La faune de ces steppes marécageuses se compose principalement d’animaux à plumes. Qui ne s’est jamais trouvé sur le cours inférieur du Liefou en période de migration ne peut imaginer ce qu’on y voit. Des milliers et des milliers d’oiseaux s’étiraient vers le sud, par volées grandes ou petites. Certains allaient dans le sens contraire, d’autres filaient transversalement. Les colonnes tantôt s’élevaient en l’air, tantôt se laissaient descendre, toutes striant le ciel, qu’elles fussent proches ou lointaines, surtout en bas, à l’horizon qui paraissait tendu d’une toile d’araignée. Cela me subjuguait. C’étaient les aigles qui volaient le plus haut. Les ailes déployées, puissantes, ils planaient en décrivant de larges cercles. Les distances leur importaient peu ! Certains tournoyaient à une altitude telle qu’on les distinguait à peine. Plus bas volaient les oies, à une hauteur néanmoins respectable. Prudents par nature, ces oiseaux fendaient l’air en ordre rectiligne, battant des ailes à contre-mesure et remplissant le ciel de leurs cris perçants. Bernaches et cygnes les côtoyaient. Plus près de la terre étaient les canards, bruyants et pressés. Il y avait là des volées de pesants colverts, facilement reconnaissables au sifflement de leurs ailes, et, à ras de terre, des sarcelles et autres espèces de petite taille. Parfois se montraient buses et crécerelles. Ces falconidés dessinaient de jolis ronds dans l’air et faisaient de longs surplaces à l’affût de leurs proies à terre, l’œil acéré, l’aile trépidante. De temps à autre, ils s’écartaient, reprenaient leurs rondes et, pliant soudain les ailes, piquaient vers le sol puis, ayant frôlé l’herbe, remontaient prestement dans les airs. Blanches comme neige, des mouettes agiles, gracieuses, et des sternes élégantes, véloces, pailletaient l’azur du ciel. Les courlis volaient avec légèreté en exécutant des virevoltes d’une étonnante beauté. Des hardes au long bec, en plein vol, jetaient des regards de-ci de-là, comme en quête d’un endroit où se poser. Des pluviers marins préféraient ne pas quitter les dépressions marécageuses : sans doute se laissaient-t-ils guider par des nappes d’eau stagnante. Et cette masse immense filait vers le sud. Un tableau majestueux ! (P.74-75)
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On dira : un passé lointain. Mais qui dira qu'il s'est cicatrisé ? Telle est l'œuvre d'Arseniev : lointaine et présente. Ces forêts qui brûlent et cette faune qui périt par la faute des hommes qui les bafouent, ces peuples uniques qu'on acculture, ces vieux savoirs qu'on méprise, cette planète qu'on abîme... C'est Dersou, c'est nous.
Yves Gauthier (Introduction p. 31)
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Arseniev avait écrit en 1930, lors de l'un de ses ultimes voyages : "Au cours des vingt dernières années, le kraÏ de l'Oussouri a changé terriblement. Les forêts primaires et vierges ont brûlé, et les mélèzes, bouleaux, ormes ont poussé à leur place. Aujourd'hui, les locomotives à vapeur sifflent là où rugissait le tigre. De vastes cités russes s'étendent là où étaient des campement de trappeurs solitaires. Les Toungouses se sont enfuis vers le nord et le nombre de bêtes sauvages dans la taïga a baissé sensiblement.... Si la nature est détruite, l'être humain le sera ...
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Dans la taÏga oussourienne, il faut toujours prévoir la possibilité de se trouver face à face avec des fauves. Mais rien n'est plus désagréable que de se heurter à un être humain. La bête, généralement se sauve à la vue d'un homme et ne l'attaque que si elle est pourchassée... Un être humain est tout autre chose, il n'y a pas de témoins oculaires dans la taïga, aussi la coutume a-t-elle créé une tactique singulière / l'homme qui en aperçoit un autre doit tout d'abord se cacher et tenir sa carabine prête...
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Quelqu'un d'autre va bien arriver ici, répondit le Gold. Il verra cette baraque et sera heureux d'y trouver du bois sec, des allumettes et de quoi manger pour ne pas périr. »
J'en fus profondément saisi. Ainsi, Dersou pensait d'avance à quelque passant inconnu. Il ne verrait cependant jamais cet anonyme et celui-ci, à son tour, ne saurait point à qui il serait redevable du feu et de la nourriture. Je me rappelai à ce propos que nos soldats brûlaient toujours, en quittant un bivouac, ce qui restait de combustible dans le bûcher.

1444 - [p. 28]
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J'avais toujours pensé que l'égoïsme est le propre de l'homme primitif et que les sentiments d'humanité étaient inhérents aux seuls civilisés. Ne m'étais-je pas trompé ?

1445 - [p. 36]
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Je me souvins alors d'avoir entendu dire par Dersou que l'écureuil amassait des provisions abondantes, parfois pour une période de deux ans. Pour en empêcher la détérioration, il les sort de temps à autre et les fait sécher sur du chablis, quitte à les rapporter le soir à son terrier.

1480- [p. 76/7]
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Nous n'avions pas fait deux cents pas quand nous retombions sur la piste du félin. Il nous avait de nouveau suivis pendant notre retour, mais maintenant encore, comme la première fois, il sentit notre approche et évita une rencontre. Dersou s’arrêta, tourna le visage du côté où le tigre s’était apparemment embusqué et lança d'une voix sonore où perçaient des notes indignées : «Pourquoi nous suis-tu?… Que te faut-il Amba? Nous marchons sur le sentier, sans te déranger. A quoi bon nous pourchasser? La taïga n'est-elle pas assez grande?»
Brandissant son fusil, le Gold était dans un état d'excitation où je ne l'avais jamais encore vu. A en juger d'après son regard, il avait la foi profonde que ce tigre, cet «Amba», écoutait et comprenait ses paroles. Dersou était convaincu que le fauve allait accepter le défi ou bien nous laisser en paix et s’en aller ailleurs. Au bout de trois minutes, le vieux poussa un soupir de soulagement, alluma sa pipe, mit sa carabine sur l’épaule et reprit le chemin d'un pas assuré. Son visage redevint à la fois indifférent et concentré. C'est qu'il venait de confondre le tigre et de l'obliger à partir.
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Au coucher du soleil, lorsque disparurent les insectes du jour, d'un volume tant soit peu apréciable, il en arriva d'autres, presque imperceptibles à l'oeil et appelés "mokretz". Une démengeaison brûlante qu'on ressent aux oreilles est le premier indice de l'apparition de ces horribles êtres infimes. La seconde sensation est celle d'une toile d'araignée se posant sur votre visage. C' est le front qui en souffre le plus. Mais les insectes pénètrent aussi dans les cheveux, les oreilles, le nez et la bouche...
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En Russie d'Europe, on considère comme héroïque d'aller tout seul à la chasse à l'ours. Ici, par contre, chaque jeune gars affronte ce fauve en tête à tête. Le poète Nekrassov avait chanté un paysan vainqueur de quarante ours. Or, nous apprîmes que les frères Piatichkine et Miakichev avaient abattu chacun, et toujours isolément, plus de soixante-dix de ces animaux. À leur suite se rangent les Siline et les Bobrov, dont chacun tua plusieurs tigres, tandis qu'ils ne savaient plus le nombre exact d'ours figurant à leur palmarès. Mais le jour où ils voulurent s'amuser à cueillir avec des cordes un ours vivant, ils faillirent le payer de leur vie.
Chacun de ces chasseurs portait des traces de griffes de tigre et de défenses de sanglier, chacun avait affronté la mort et n'y avait échappé que par un heureux hasard.
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C'était le moment où le soleil commençait à apparaître. Au début, tel un être vivant, l'astre semble émerger des eaux en nous regardant pour se détacher ensuite de l'horizon et monter lentement dans le ciel
"Que c'est beau !" m'écriai-je.
"C'est l'homme principal, riposta le Gold en montrant le soleil. S'il périssait, tout périrait autour." Après un petit intervalle, il poursuivit : "Le feu et l'eau sont aussi des hommes puissants. S'ils disparaissaient, ce serait la fin de tout."
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Si pour moi, citadin, cette bouteille vide n'avait en effet aucune valeur, elle était précieuse pour l'homme des bois. Mais mon étonnement ne fit que croitre à mesure que le Gold tirait ses biens, un à un, des profondeurs de la besace.

C'était un mélange extraordinaire : un sac vide ayant contenu de la farine, deux vieilles chemises, un rouleau de courroies minces, une pelote de cordes, de vieilles ountes, des cartouches usées, une poudrière, du plomb, une boîte de capsules, de la toile de tente, une peau de chèvre, du thé en forme de briquettes, qu'enveloppaient des feuilles de tabac, une boîte de conserve vidée, une alene, une petite hache, une autre boite en fer-blanc, des allumettes, un silex, un briquet et de l'amadou, du goudron servant d'allume-feu, encore un petit récipient, du fil solide fait en veines d'animal et deux aiguilles, une bobine vide, une espèce d'herbe sèche, du fiel de sanglier, des dents et griffes d'ours, une ficelle où étaient enfilés des sabots de porte-musc et des griffes de lynx; deux boutons de cuivre et quantité d'autres choses.

J'y reconnu certaines que j'avais semées jadis en cours de route. Évidemment, Derzou les ramassait pour les emporter.
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Ayant vainement attendu les soldats,nous retournâmes pour aller à leur rencontre. Une vingtaine de minutes nous suffit pour revenir à la bifurcation, où nous vîmes de suite que les soldats n'avaient pas remarqué notre signal et s'étaient engagés sur l'autre chemin. Dersou se mit à pester:
" Quelles gens! disait-il avec colère. Ca se promène la tête ballante, tels des enfants. Ca a des yeux sans savoir regarder. Quand ça vient vivre dans la montagne, c'est condamner à périr."
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"Pourquoi jettes-tu de la viande au feu ? me demanda-t-il d'un ton mécontent. Comment peut-on la brûler sans motif ? Nous partirons demain, mais d'autres hommes viendront ici et voudront manger. Or la viande jetée au feu sera perdue."
"Qui donc va venir par ici ?" lui demandai-je à mon tour.
"Mais voyons ! fit-il tout étonné. Il viendra un raton, un blaireau ou une corneille ; à défaut de corneille, une souris ou, enfin, une fourmi. La taïga pullule d'hommes."
Cette fois, je me rendis compte que Dersou pensait non seulement aux humains, mais aux animaux, même à d'aussi infimes bêtes que les fourmis. Aimant la taïga et tout ce qui la peuplait, il en prenait soin autant qu'il pouvait.
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"Comment t'appelles-tu ?" demandai-je à l'inconnu.
"Dersou Ouzala", répondit-il.
Cet homme m'intéressait. Il avait quelque chose de particulier. Parlant d'une manière simple et à voix basse, il se comportait avec modestie, mais sans la moindre bassesse... Au cours de notre longue conversation, il me raconta sa vie. J'avais devant moi un chasseur primitif qui avait passé toute son existence dans la taïga. Il gagnait par son fusil de quoi vivoter, échangeant les produits de sa chasse contre du tabac, du plomb et de la poudre que lui fournissaient les Chinois. Sa carabine était un héritage qui lui venait de son père.
Il me dit qu'il avait cinquante-trois ans et que jamais il n'avait eu de domicile. Vivant toujours en plein air, ce n'est qu'en hiver qu'il s'aménageait une yourte provisoire, faite soit en racine, soit en écorces de bouleau. Ses souvenirs d'enfance les plus reculés, c'étaient la rivière, une hutte, un bûcher, ses parents et sa petite sœur.
"Il y a longtemps qu'ils sont tous morts", conclut-il son récit, et il devint rêveur.
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« Attends, capitaine, dit-il. Je pense que nous devons coucher ici. »
« Pourquoi ? » lui demandai-je.
« Ce matin, les oiseaux avaient hâte de manger ; maintenant, comme tu vois, il n'en reste plus un seul. »
De fait, c'est toujours avant le coucher que les oiseaux montrent le plus d'animation ; or, la forêt était à ce moment d'un calme sépulcral. Les oiseaux avaient tous disparu d'un coup, comme sur un mot d'ordre. (une tempête de neige se préparait)

1494 - [p. 152]
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Tout ce qui m'était incompréhensible lui paraissait simple et clair. Il lui arrivait de trouver des pistes à tel endroit où je ne pouvais rien apercevoir, malgré tous mes efforts.
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Tout ce qui m'était incompréhensible lui paraissait simple et clair. Il lui arrivait de trouver des pistes à tel endroit où je ne pouvais rien apercevoir, malgré tous mes efforts. Lui, par contre, savait remarquer qu'il était passé par là une vieille biche avec son jeune, âgé d'un an. Ces deux animaux, expliquait-il, y avaient brouté des pousses de spirée, mais s'étaient précipitamment enfuis, apparemment effrayés par quelque chose. Ces observations n'étaient point faites par pose, puisque nous nous connaissions trop intimement. Dersou les exposait simplement par cette habitude invétérée de ne négliger aucun détail et de tout considérer avec attention. S'il ne s'était pas appliqué dès son enfance à étudier des pistes, il serait depuis longtemps mort de faim. Me raillant doucement, Dersou secouait la tête et me disait :
"Tiens, tu es un vrai enfant ; tu te promènes la tête ballante, sans rien voir malgré tes yeux et sans comprendre les choses. Ce sont bien là ces habitants de la ville ! Ils n'ont nul besoin de chasser le cerf ; s'ils en veulent manger, ils l'achètent. Mais ça périt quand ça va vivre tout seul dans la montagne."
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Aimant la taïga et tout ce qui la peuplait, il en prenait soin autant qu'il pouvait.
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Rentré à la fanza, je me mis comme d'habitude à écrire mon journal. Deux Chinois s'assirent de suite à mes côtés pour observer ma main et s'étonnèrent de la rapidité de mon écriture. Comme il m'arriva de tracer machinalement quelques mots sans regarder le papier, ils poussèrent un cri d'admiration. Aussitôt plusieurs autres Chinois sautèrent de leurs couches et au bout de quelques minutes je fus entouré de presque tous les habitants de la fanza, chacun me demandant sans fin de répéter mon exploit.

1446 - [p. 70]
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