Il se passa alors quelque chose d’extraordinaire. Makar, ce même Makar qui n’avait jamais pu dire plus de dix paroles de suite, sentit tout à coup sa langue se délier. Il se mit à parler, si bien qu’il en fut lui-même stupéfait. Il se dédoubla, pour ainsi dire, en deux Makar : l’un qui parlait et l’autre qui écoutait avec surprise. Il n’en croyait pas ses oreilles. Ses paroles coulaient avec aisance, fougueuses, ardentes. Les mots jaillissaient et couraient à l’envi se ranger en files longues, bien ordonnées. Makar ne perdait pas contenance ; s’il lui arrivait d’hésiter, il se rattrapait aussitôt et il criait deux fois plus fort. Mais l’important était qu’il sentait que son éloquence était persuasive.