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Critiques de Vladimir Korolenko (23)
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Le Musicien aveugle

première critique sur cette nouvelle, je vais donc essuyer les plâtres...

Un récit plein de poésie, sans trémolos qui nous raconte l’histoire de Pierre alias Petroussia, aveugle de naissance qui va apprendre à s’orienter, se mouvoir, reconnaître les visages, grâce à l’amour bienveillant de sa mère Anna et de son oncle Maxime, homme qui a beaucoup bourlingué, dans sa jeunesse rejoignant Garibaldi, à la recherche d’un idéal.



« En ces moments, le guerrier mutilé songeait que la vie est une lutte où il n’y a pas de place pour les invalides. Il se disait qu’il était sorti à jamais des rangs, et qu’il était une charge pour autrui ; il se faisait l’effet d’un cavalier désarçonné par la vie et gisant sur le sol. »



Un soir, en s’endormant, il entend des sons différents qui échappent à l’oreille maternelle et comme cela se reproduit, elle comprend que cela provient du chalumeau de Jokhime et la musique va faire son entrée dans l’univers de l’enfant.



Pétroussia utilise ses autres sens pour tenter de percevoir et comprendre ce que ses yeux ne peuvent pas voir.



La découverte du piano que sa mère a acheté car elle en jouait autrefois : mais l’enfant est plus attiré par le chalumeau. Les chansons cosaques l’émeuvent plus que la musique classique. La façon dont la mère entre en compétition avec le paysan est touchante, car dénuée d’animosité.



« Oui, l’instrument viennois avait de la peine à vaincre le chalumeau du petit-russien. Une minute ne s’était pas encore écoulée que l’oncle Maxime frappa tout à coup rudement de sa béquille contre le plancher. »



Vladimir Korolenko livre une réflexion profonde sur la souffrance physique (comme celle de l’oncle Maxime dont le corps est usé) et la souffrance morale : Pétroussia souffre de ne pas être comme les autres, de son hypersensibilité qui fait de lui une véritable éponge et peu à peu le fait sombre dans la mélancolie quand il approche de l’adolescence. L’entrée dans sa vie d’une petite voisine de son âge, Eveline, va encore enrichir la palette de ses émotions.



Les réflexions sur les sons pour exprimer les couleurs, les vibrations sont très belles (le texte a été écrit en 1886) ou lorsqu’il sent par la peau l’évolution de la course du soleil ou de la lune…



Ce récit romantique ne sombre jamais dans le pathos, les mots sont simples mais percutants, une fois le livre commencé, on n’a plus envie d’en interrompre la lecture.



Cet auteur est classé dans les auteurs russes alors qu’il est en fait Ukrainien (le petite Russie disait-on à l’époque où elle faisait partie de la Russie tsariste… J’aime bien l’expression « Petit-Russien » pour parler des Ukrainiens



Un auteur qui m’a beaucoup plu alors que je n’en avais jamais entendu parler et dont j’ai envie de continuer à explorer l’œuvre.



Challenge XIXe siècle 2017
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Le Musicien aveugle

Il fait chaud. Tres. Pas la force de courir les librairies. Ni les bibliotheques de mes amis. Ma pal m'atterre. Je panique a la pensee que je me suis engage a recenser des oeuvres judeo-espagnoles. Je me refugie dans la Bibliotheque Russe et Slave. Ce Korolenko fera l'affaire. Un classique ssez court.



Ca se veut tres psychologique. Comment un enfant aveugle ressent le monde alentour. Comment il s'habitue a sa cecite. Comment en grandissant il passe par des moments, des epoques d'abattement, pour finir par surmonter ses desarrois, ses anxietes, grace a l’attention et l'amour de ses proches, et surtout grace a l'amour d'une jeune fille, une ame soeur.



Korolenko excelle a decrire comment un aveugle peut suppleer a son infirmite. Le tact, le toucher, l'aidera de prime abord, mais ensuite l’ouie peut etre aussi sinon plus importante. L'ouie lui permettra d'apprehender non seulement des mouvements, des agissements autour de lui, mais aussi des sensations, des sentiments, des emotions. C'est le cas du petit Piotr, le heros de ce livre: “Les sons constituaient pour lui la principale et immédiate expression du monde extérieur ; les autres sensations ne servaient qu’à compléter les impressions de l’ouïe, dans lesquelles, comme dans des moules, se fondaient toutes ses images”.



Les melodies traditionnelles que tire un des employes de sa maison d'un simple chalumeau le transporteront. La musique sera le moyen de surmonter son infortune, ses chagrins, sa detresse. Elle lui permettra avec le temps de s'affermir, de se reveler au monde comme un grand musicien.



Korolenko reussit, en une prose simple, a faire imaginer au lecteur ce que l'aveugle imagine, a lui faire comprendre ce que ce dernier peut percevoir. Il a de tres belles pages sur les sons de la nature, sur les bruits que font les hommes inconsciemment, et surtout sur la musique et les emotions qu'elle peut faire naitre. J'ai aime comment l'oncle de l'aveugle lui traduit les couleurs: “quand arrive l’automne, dans le feuillage alangui, les fruits se gonflent de sève et rougissent. Le fruit est plus rouge du côté qui reçoit le plus de lumière ; toute la force de la vie, toute la passion de la nature végétale paraît se concentrer en lui. Tu vois qu’ici aussi la couleur rouge est la couleur de la passion, dont elle est, du reste, le symbole. C’est la couleur de la tendresse, de l’enivrement, la couleur du courroux, de la fureur ; c’est l’emblème de la vengeance implacable. Ce n’est pas pour rien que les masses populaires, quand la passion les soulève, cherchent l’expression du sentiment commun dans un drapeau rouge qui flotte au-dessus d’elles comme une flamme...” […] la couleur blanche, c’est la couleur de la neige glacée ; c’est aussi la couleur des nuages les plus élevés qui planent dans le froid inaccessible des hauteurs célestes ; c’est la couleur des cimes des montagnes, cimes majestueuses mais infertiles... C’est l’emblème de l’impassibilité, de la haute sainteté, l’emblème de la future vie immatérielle... Quant à la couleur noire... — Je sais, interrompit l’aveugle : c’est l’absence des sons, des mouvements... c’est la nuit... — Oui, et c’est pour cela que c’est l’emblème de la mort... Pierre tressaillit et dit d’une voix sourde : — Tu as dit toi-même : de la nuit. Mais est-ce que pour moi tout n’est pas noir... toujours et partout noir ? — Ce n’est pas vrai, répliqua vivement Maxime ; pour toi existent les sons, la chaleur, les mouvements”.



Un livre touchant en de nombreuses pages qui finit en un happy end. Parce que la vie, toute vie, est toujours, ou du moins devrait etre toujours selon Korolenko, teintee d'espoir.

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Les ombres

Socrate vient d’être condamné, accusé d’avoir détruit la foi aux dieux. Il a été dénoncé par ses élèves Mélite et Anite.



Ont-ils eu raison ou tort de le dénoncer là est la question. Le peuple d’Athènes demandait sa condamnation car Socrate disait : « je suis ton œstre, j’aiguillonne ta conscience pour que tu ne t’endormes pas. Ne dors pas, veille et cherche la vérité, ô peuple d’Athènes »



Il est bon de réfléchir à la raison pour laquelle Socrate a été condamné et le bienfondé de ce motif. S’il est facile de condamner, est-on sûr de ne pas commettre une injustice ?



Après sa mort, Socrate se retrouve dans les ténèbres et échange des réflexions avec Elpide, un « croyant ». Les ténèbres font vraisemblablement allusion aux enfers, alors que survient un orage, l’orage des pensées, le côté sombre de l’homme… Il s’agit d’une discussion entre un philosophe et un tanneur que tout oppose, sous la forme de « deux ombres qui cheminent » égarées dans les ténèbres.



Socrate est mort, empoisonnée par la cigüe, comme chacun sait, alors que Elpide est décédé d’une hydropisie et a souffert trois jours avec de mourir, soulevant au passage une autre question : y-a-t-il une mort plus noble que l’autre ? Sous-entendu, les dieux de l’Olympe seront-ils plus indulgents avec l’un qu’avec l’autre ?



On va ainsi suivre le questionnement : Socrate avait-il raison, ou pas ce qui nous entraîne sur une réflexion sur la foi, la croyance, la piété ou le doute… L’homme peut-il trouver la lumière en lui ou à l’extérieur ? Cela me rappelle une phrase du Bouddha « Sois à toi-même ta propre lumière, sois à toi-même ton propre refuge ».



Au passage, l’auteur aborde aussi un problème d’actualité : le blasphème…



Vladimir Korolenko évoque aussi le sacrifice fait aux dieux pour obtenir telle ou telle chose dans la vie, l’espoir est -il dans la foi en un esprit supérieur ou est-il en nous ?



J’ai choisi ce texte court, en pensant au départ que c’était une nouvelle, car j’ai beaucoup aimé « Le musicien aveugle », roman par lequel j’ai découvert Vladimir Korolenko, et en fait, ce petit texte m’a entraînée très loin dans la réflexion. C’est le genre de texte philosophique qu’on met plus de temps à lire qu’un roman de 300 pages, tant le propos est dense. Et c’est encore pire pour rédiger une chronique sans dévoyer le texte.



Si vous ne connaissais pas l’auteur, je vous engage à découvrir « Le musicien aveugle »



Un grand merci au site https://bibliotheque-russe-et-slave.com/index1.html dans lequel je vais souvent chercher des livres surtout du XIXe siècle depuis quelques années.



Cette lecture vient clore pour cette année ma participation au challenge « Le mois de l’Europe de l’Est »
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Le Musicien aveugle

"Le Musicien aveugle" est un roman de l 'écrivain Ukrainien

Vladimir Korolenko .L ' Ukraine était, autrefois, désignée par la Petite-Russie .Ce livre nous plonge dans la société rurale de l 'Ukraine au début du siècle .Il s 'agit d' une famille qui a un enfant ,le seul d 'ailleurs qui est naît avec un grand handicap : il est aveugle ! Ses parents l 'accueille normalement .L ' enfant est entouré de parents bienveillants .Une mère aimante et non possessive .Un père débonnaire et effacé car pris par son travail .Dans la maison,on trouve aussi l 'oncle Maxime qui est unijambiste ,il est mutilé au cours de ses combats en Italie aux côté du révolutionnaire Garibaldi . Dans la maison , on y trouve aussi la servante et Jokhime , le serviteur .Le roman dresse un tableau du développement intellectuel de l 'enfant :Pierre .On doit lui apprendre tout ce qui lui sera utile dans sa vie ultérieure .Son éducation va lui apprendre les choses de la vie qui lui sont hélas inaccessibles comme les couleurs , par exemple .Pierre dit Pétroussia a un grand avantage : le sens de l'ouïe est très

développé chez-lui .Il saisit toutes les nuances des sons .Il

aime la musique , il est initié par Jokhim qui joue le chalumeau , une sorte de flûte .Sa mère lui procure un piano .Il découvre le monde extérieur grâce à l 'ouïe . Des

fois , il passe des moments difficiles : déprime ,angoisse ,..

La providence mettra sur sa route une jeune et belle fille :

Evelyne .Cette amitié évoluera en amour .Ils finiront par se marier .

La lecture de ce roman , donne l' occasion de découvrir

un grand auteur .Ce dernier arrive à décrire l 'indicible et

nous faire sentir ce que ressent Pétroussia car toute l 'action se passe dans l 'âme du héros .

l''auteur nous donne à lire un très beau livre .Ce dernier

est une profonde réflexion sur la souffrance physique et la souffrance morale .

La lecture est aisée et captivante à la fois .



























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Le songe de Makar

Ceux qui connaissent Agafia Livkova savent que la Sibérie n'est pas un monde hospitalier. Mais que savons-nous vraiment de ce pan de monde qui semblait si grand, comparé à la petite Europe, quand on contemplait les vieilles cartes de géographies accrochées au mur de l'école ? Guère plus aujourd'hui qu'à l'époque, souvent. Notre monde s'arrête à l'Oural. Derrière, on imagine des espaces immenses, des forêts où vivent le loup et l'ours, que chassent des Dersou Ouzala ayant fui on ne sait quoi... Et puis, un Goncourt-reporter part s'y ennuyer quelque mois et y boire de la vodka, et nous casse le mythe. Quelle époque.



Retournons donc un peu dans le légendaire. Faisons la connaissance de Makar. Un paysan misérable, accroché à un coin de terre péniblement défriché, passant le peu d'argent qu'il gagne dans de l'eau-de-vie frelatée. Nous sommes la veille de Noël, et il est ivre mort. Et voilà qu'il s'est mis en tête qu'un renard était pris dans l'un de ses pièges. Avec sa peau, on pourrait acheter une bouteille de plus… Mais il s'égare dans la forêt. Épuisé, abruti par l'alcool, il s'endort dans la neige. On ne se réveille pas de ce genre de sieste.



Et voilà que même mort on n'a jamais la paix. Voilà que le petit pope du village, mort il y a bien longtemps, est venu le chercher. Viens, suis-moi, on va te juger…



Un petit conte écrit à la fin du XIXème siècle avec verve et talent. On y trouve le souffle des légendes épiques de Baba Yaga, l'esprit de la ‘Légende Dorée' et une immense compassion pour un peuple misérable. Si par ce point il rejoint Tolstoï l'auteur, Vladimir Korolenko, s'en écarte par son humour, et par le fait d'avoir réussi à mettre en oeuvre ses idéaux : c'est lors de son exil en Sibérie qu'il écrivit cette histoire.



À certains égards, il évoque aussi un Rabelais où l'on boirait de l'alcool coupé d'eau et de tabac, et l'on festoierait de neige en gelée et de graviers sauce caillou. Et l'on croise un beau défilé de fou. En fait, peut-être tenons-nous là les prémisses de ce qui aurait pu devenir l'humanisme russe…



Quant aux gravures qui l'illustrent, elles ont été faites avec toute la finesse de cet art.
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Le songe de Makar

Que voilà un beau conte qui nous rappelle tout l'imaginaire russe, la Taïga, l'importance du pope et de la Vodka. Si le pope en boit, alors on est comblés !



Un beau conte avec sa belle morale, où le mot populaire prend son vrai sens, le plus noble. Où le petit peuple brandit la dureté de sa vie en étendard.



Dommage que mon édition (différente de celle affichée sur Babelio) se soit sentie obligée de mettre entre parenthèses de explications ou traductions plutôt que des renvois en bas de page.

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Le Musicien aveugle

Allez, petit détour par la littérature russe avec un classique plutôt méconnu chez nous, et le livre qui passe pour le chef-d'oeuvre de Korolenko: Le Musicien aveugle.



Korolenko n'est pas au panthéon des auteurs russes les plus renommés, mais il a connu une certaine notoriété à la fin du XIXe siècle en France avec la traduction de cet ouvrage qui sera même distribué aux enfants sous forme de livre de prix.



Il raconte le parcours (depuis la naissance quand même) d'un aveugle qui deviendra musicien, connaîtra l'amour, la paternité et la notoriété. Ce qui surprend de prime abord c'est la grande simplicité d'écriture ; la capacité d'évocation avec des moyens fort limités. Korolenko ne se disperse pas, il va à l'essentiel, et en même temps, il parvient si bien à traduire ce qu'il veut, en particulier en terme de sentiments, qu'il n'a pas besoin de multiplier les circonvolutions et les jolies tournures pour donner à éprouver à son lecteur. Au demeurant, saluons la traduction française, car la langue russe a généralement cette simplicité qui a souvent du mal à être rendue en français par un nombre de mots aussi restreint et des phrases sans rallonge intempestive.



L'histoire est tout aussi simple que la langue, et l'on sent le caractère rustique du décorum et des gens. Korolenko donne une franche cohérence à son ouvrage, et sans doute est-ce là sa grande force. Il se dégage de ce livre une puissante sincérité et un réalisme qui pour son optimisme derrière les épreuves, n'est pas sans rappeler la vague des romans naturalistes à connotation morale qui a essaimé en France à la même époque contre le misérabilisme. Car oui, aussi réaliste que soit ce roman, il n'est pas misérabiliste, et c'est d'ailleurs un point à souligner: dans ce roman russe, tout le monde ne devient pas fou ou ne meurt pas à la fin!



Vraiment, c'est une lecture très recommandable, car même si Le Musicien aveugle n'est pas très fourni en rebondissements et ne se démarque pas follement de nombreux ouvrages publiés à cette époque (ce n'est pas le roman qui m'a fait dire "ouah! quelle originalité!"), c'est très bien écrit et il y a de ce parfum tourbé non dénué de poésie de la vie du temps en Petite Russie. Une belle découverte qui en plus ne vous prendra pas trop de votre temps car ça se lit vite.







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Les ombres

Je poursuis ma découverte de Vladimir Korolenko ( 1853-1921), un humaniste remarquable, défenseur inlassable des humbles et des opprimés. Son écriture est pleine de sensibilité mais aussi d'humour.

Cette nouvelle de 1890 est originale, intéressante et agréable à lire. Korolenko imagine une suite à l'Apologie de Socrate de Platon. Socrate a été condamné parce qu'il mettait la foi en doute. D'abord certains Athéniens ( l'intelligentsia) sont pris de remords, se mettent à douter eux-mêmes de leurs dieux, se demandent surtout s'ils n'ont pas commis une injustice et souhaitent ardemment que le sage s'échappe. Mais celui-ci préfère la Vérité et fait ses adieux. Ensuite ( c'est la partie la plus intéressante) Ctésippe, un disciple de Socrate fait un songe. Il voit Socrate après sa mort. le sage est une ombre qui erre dans les Ténèbres. Sur son chemin, il rencontre une autre ombre, celle d'Elpide, un riche tanneur mort d'hydropisie après une lente agonie. Celui-ci est très croyant. Ils commencent à dialoguer...Plus tard, Socrate va dialoguer avec Cronide ( Zeus) lui-même.



Lu gratuitement sur la Bibliothèque russe et slave ( 41 pages). Existe aussi en audio (1h15).
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Le songe de Makar

Pour avoir refusé de prêter serment de fidélité à Alexandre III, Vladimir Korolenko, défenseur inlassable des opprimés, fut arrêté en 1879 exilé dans le Grand Nord puis en Sibérie orientale où il passa cinq ans. C'est là bas, chez les Iakoutes, qu'il écrivit ce conte.

Makar "le Malchanceux" est un vieux paysan rustre qui vit à Tchalgan un village au fin fond de la Taïga sibérienne. Il parle mal le russe, s'habille de peaux de bêtes, travaille comme un forçat. Mais c'est aussi une fripouille qui ne survivrait pas sans "son comptant de vodka et de mensonges". Souvent quand il est ivre, il songe à gravir la montagne si lointaine que même le Grand Toyone ( Dieu) ne saurait l'en dénicher. Là bas, il ne paierait pas d'impôts...

Et voilà qu'un jour, à la veille de noël, suite à une affaire très peu chrétienne et bien imbibée, Makar se retrouve transporté dans un monde étrange et néanmoins familier. Guidé par le petit pope Ivan, il comparaît alors devant le Grand Toyone et son fils...

J'ai beaucoup aimé ce conte merveilleux, rempli de folklore russe et plein d'humour. Il valorise les humbles, les proscrits et parle de justice sociale. Selon les examinateurs et leurs critères, les actions de Makar seront jugées différemment...

Lu sur la BRS dans une traduction moyenne de 1894 ( 53 pages)
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Le songe de Makar





Ceci est un conte comme l’est Le curé de Cucugnan de Daudet.

Un pauvre homme vivant en Sibérie, essaie de survivre du mieux qu’il peut. Il triche un peu dans ses transactions, il va visiter les pièges des autres et boit de la vodka largement diluée dans l’eau qu’on lui vend comme pure. Car chacun pour s’en sortir trompe l'autre.

Mais voilà qu’il meurt, qu’on le mène à travers la taïga où il croise nombre de pauvres âmes comme lui, vers le Grand Toyone. Vers le jugement, la pesée des âmes.



Un conte qui montre la dureté de la vie des pauvres Sibériens. J’ai été prise par ce récit.





Challenge XIXème siècle 2017

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Le Musicien aveugle

Au vue des précédentes critiques je m’attendais presque à un chef d’oeuvre oublié et j’ai été un peu déçue. En même temps, malgré tout, c’est à l’évidence un auteur injustement oublié, en Russie il était de moins en moins dans la ligne bolchévique, en Occident il avait été traduit puis oublié (il faut dire qu’en plus il est mort en 1921 sans avoir eu vraiment d’ennuis avec le régime). J’ai trouvé cette lecture très "19ème siècle", avec un romantisme un peu à la limite du mièvre pour ce qui concerne les états d’âme de l’aveugle, alors que le propos de l’auteur fait aussi preuve de naturalisme et d’une tendance réaliste dès qu’il dépeint le contexte, les situations,… J'ai trouvé le mélange un peu bizarre. Pourtant j’ai trouvé aussi beaucoup de qualités à ce récit. D’abord la façon dont il évoque le monde sonore puis la musique, cela m’a fait un petit peu penser à Janko le musicien, et surtout aux premiers tomes de Jean-Christophe. Romain Rolland avait d’ailleurs sans doute connaissance de ce texte ! Toutes ces pages sont remarquables. Il y a aussi la peinture de la société ukrainienne de l’époque, et les personnages de Maxime et de ses amis, révolutionnaires dans l’âme. Et puis surtout, il y a le thème du handicap, central et remarquablement traité, avec une certaine modernité. Toutes ces qualités font que malgré quelques poncifs romantiques Le musicien aveugle est un récit original et attachant.
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Le Musicien aveugle

Pour moi, une sublime découverte dans le numérique gratuit de la Bibliothèque russe et slave.

Comment un enfant aveugle de naissance, va-t-il grandir, souffrir et s'épanouir dans une obscurité éternelle?

Entre une mère aimante, un oncle aussi garibaldien que mutilé et passionné, un joueur de chalumeau et une amie curieuse et attentionnée, le jeune Pierre va évoluer, se débattre, se ravir, se désespérer. Il construira sa propre musique, qui sera son arc-en-ciel à lui.

C'est là le tour de force de Vladimir Korolenko, d'avancer sans apitoiements autres que ceux -éphémères- de son héros, et de détailler les couleurs des sons puisque Pierre devient musicien.... Sons qui viennent d'une nature aussi diverse que prévoyante!

Le procédé simple et presque naïf qu' utilise l' oncle Maxime, pour relativiser son malheur aux yeux morts de son neveu, s'avère aussi subtil que touchant. C'est à partir de là que l'aveugle repartira de l'avant pour ne plus s'arrêter.

Telle est la puissance d'évocation de Korolenko, que je puisse presque entendre la musique au piano qui clôt le récit de ce Musicien aveugle.
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Une Jeune fille étrange

Une lecture étrange

J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans la nouvelle. Toute la première partie m'a donné une petite migraine. Alors je vous la résume. Cela vous évitera de prendre un Doliprane.



Le narrateur est un prisonnier politique, condamné à l'exil. Il est escorté par deux gendarmes ( je le prenais pour un touriste qui voyageait en traîneau avec ses domestiques). Une tempête de neige les contraint à passer la nuit dans une pauvre isba. L'hôtesse n'a rien à leur offrir et puis elle leur donne du pain, des oignons et du thé ( je me suis dit c'est elle, c'est la jeune fille étrange ! Et bien non !). Elle les invite à passer la nuit chez elle. Et là le narrateur n'arrive pas à dormir et l'un des gendarmes non plus ! (C'est là que j'ai compris que ce n'était pas un touriste ! ). Et le gendarme se met à raconter l'histoire d'une jeune fille à l'accent étrange, condamnée comme le narrateur à l'exil ( Tilt !).

Je ne vous raconte pas la suite. Elle est sur le site gratuit de la bibliothèque russe et slave.
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Le Musicien aveugle

Magnifique roman qui relate l'éveil à la vie d'un aveugle, de son enfance à l'âge adulte, à travers la musique et l'enseignement qui lui est prodigué par son oncle. Littéralement emportée par ce texte, d'une grande finesse psychologique...
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Le songe de Makar

Le Songe de Makar 1883

Vladimir Korolenko (1853-1921)





Korolenko écrit ce conte en 1883, alors que là est sa punition pour avoir grenouillé chez les révolutionnaires de tout poil et n'en avoir pas vu outre le "gentil paysan" qui méritait cent fois qu'on fasse en sorte de le laisser maître chez lui, le complot intellectuel monté contre lui -je dirais objectivement ici - dans les révolutions qui vont suivre où déja les américains mettaient leur nez d'usurpateur !



Ce pauvre bougre dans un village en Iakoutie va de déveine en déveine, chassé comme un malpropre par une ligue d' hommes, la veille de Noêl, tous impliqués dans une beuverie, va être reçu sèchement par sa femme de retour à la maison. On imagine bien que sa femme ne va pas encore lui servir à boire si tant est qu'il reste at home une goutte de je ne sais quelle cuvée ! Il décide alors de partir seul dans la nuit avec son cheval dans la taïga où il va connaître encore des déboires en chassant le renard et finira par se perdre en chemin - quel chemin d'ailleurs pour aller où ? - et mourir d'épuisement.



C'est alors, dans une autre vie, qu'un vieux pope,

Qui m'a tout l'air d' un revenant, (*)

Qui s'appelle Ivan

Tire Makar de son sommeil

Ni d'Eve ni d'Adam ..

et le porte jusqu'à son Grand Maître pour juger s'il s'agit d'un homme de bien ou d'un homme de mal, une seconde chance s'offrant à lui en quelque sorte, moyennant une balance autant insolite que renversante, composée d'un plateau d'or et d'un plateau de bois. La balance va peser dangereusement du côté du plateau de bois, c'est alors que Makar va faire preuve d'une grande inspiration comme jamais en puisant dans des valeurs chrétiennes !..



Cette oeuvre de fiction pour Korolenko qui fut inquiété plusieurs fois pour ses idées révolutionnaires qui lui vaudront la déportation en Iacoutie est la traduction de sa nouvelle vie d'exilé qu'il mettra à profit et il en fera une initiation qui lui apportera la sagesse et un jugement porté sur ses pairs bien plus salutaire que ses prophéties politiques d'antan. L'oeuvre est enlevée, malgré une mise en route un peu poussive qui nous laissait entrevoir un genre d'issue que l'on connaît déjà en bonne part.



Croire que la déportation sous Alexandre III a des vertus curatives que l'on ne soupçonnerait pas , là pour le coup si l'on aime les contes, telle est la gageure de Vladimir Korolenko qui sous sa plume à la fois fraîche et facécieuse nous présente finalement ici un genre plutôt inédit et agréable à lire. Ce conte connaîtra succès à sa sortie ; quand l'ironie est palpable, elle a son bon public ! Il sera traduit en anglais ..



(*) Clin d'oeil à notre poétesse de la station et d'ailleurs

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Le songe de Makar

Ce texte est étrange. Récit, conte, délire initiatique ? Le personnage suit son chemin semé d'encombres, de malchance et de chausses trappes. Luttant pour sa survie, il va la quitter au milieu du récit, par pur et simple manque de courage, de flegme, de "bon bah j'en ai marre, raz-le-bol..." Eh oui, au milieu du texte, le héros s'endort dans la neige et meurt... Fin de l'histoire ? Point du tout ! Il poursuit en tant que "mort" pour un récit toujours aussi vif, dialogué et décalé. Certes, cela m'échappe un peu, beaucoup, à la folie, mais ne m'a pas déplu du tout. La langue est belle et les gravures superbes, presque surréalistes. Ce conte est un curieux voyage dans la Russie profonde. Une expérience singulière pleine de surprises et de malchances.
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Le Musicien aveugle

Le Musicien aveugle (1886)

Vladimir Korolenko





Moi qui ai toujours pensé qu'un malheureux au contact d'un autre malheureux ne faisait que, tel un miroir austère, renvoyer un malheur de plus, et n'avait rien de thérapeutique en tout cas, j'ai même eu l'occasion de le vérifier de nombreuses fois ; eh ben ici j'en suis pour mes frais.



Korolenko m'emmène dans la vie d'un musicien aveugle qui revit sa vie de jeunesse où il fut plutôt bien entouré, par rapport à celle contemporaine où une forme d'irascibilité se fait sentir ; elle semble même irrémissible. Toutefois il va trouver au contact d'aveugles plus malheureux que lui une forme de bonheur inespéré .. Sa sensibilité, sont tact font mouche et l'évitent de tomber dans le piège des clichés sur un sujet pas évident.



Pour l'homme Korolenko maintenant ou le politique, je lui reprocherai toujours non pas son parti pris presque optus contre le tsarisme, mais de s'être fourvoyé dans des mouvements révolutionnaires dont la finalité eut comme point d'orgue l'assassinat de dignitaires du régime dont Alexandre III. Il en a payé certes le prix par des années de camp ; et puis aussi de penser pour les paysans en tentant de les instrumentaliser, ce qui a abouti à la révolution avortée de 1905 et le bolchevisme qu'il finit d'ailleurs par condamner.
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Le songe de Makar

Ce livre m'a vraiment étonnée: au début je l'ai trouvé très inintéressant, le personnage principal pas du tout attachant, rebutant même, un paysage froid, hostile qui ne me plaisait pas, mais comme le livre était court, je me suis dit que je pouvais bien le terminer; et j'ai drôlement bien fait: à la moitié du livre il se passe quelque chose de très très surprenant et le livre bascule complétement, là j'ai été accrochée. Dans la deuxième moitié le livre monte crescendo jusqu'à terminer en apothéose à la toute fin. La fin est saisissante, émouvante, criante de vérité (on sent le cri du cœur). C'est un peu difficile de l'expliquer sans spoiler mais en lisant la petite note sur l'auteur on peut avoir une idée sans rien gâcher:

"Fils d'un juge de province réputé pour son sens aigu de la justice, Vladimir Korolenko restera toute sa vie à l'écoute des plus humbles, cherchant par tous les moyens à améliorer leur quotidien et à faire connaitre au plus grand nombre, au travers de ses écrits, la réalité misérable de leur existence.

Ainsi, à l'image de nombreux intellectuels russes de son époque, apprit-il un métier manuel -cordonnier- pour être plus proche du peuple. Arrêté et déporté en Sibérie orientale pour ses sympathies politiques, il trouve sur place le cadre et les personnages de son récit Le songe de Makar qui connut un énorme succès et rendit son auteur célèbre dans toute la Russie."



Les illustrations sont bleues et noires essentiellement avec du blanc. Contrairement à ce qui se fait le plus souvent: noir et bleu sur blanc, les dessins sont plutôt en fond bleu-noir et en superposition du blanc ce qui donne un aspect qui m'évoque les étoiles dans la nuit, des trous dans un voile qui laisse entrevoir la lumière. Sans être extraordinaires elles accompagnent bien l'histoire.

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Une Jeune fille étrange

Vladimir Korolenko a laissé peu de trace dans la littérature, principalement des nouvelles dont quelques-unes sont traduites en Français. Sa carrière littéraire est fortement marquée par son engagement politique et par l’exil auquel il a été condamné en 1879 pour activités révolutionnaires. Il n’est pas possible de lire Une Jeune Fille étrange sans penser à cela, puisque ce récit nous conte le voyage d’une jeune bien malade mais fière jusqu’au lieu de sa relégation et que Vladimir Korolenko le présente comme un récit que lui aurait fait le gendarme chargé de le conduire en exil.

Il m’a été difficile de comprendre ce que l’auteur voulait dire dans cette nouvelle, quel était son message. J’en retiens une description finalement assez neutre, où l’on compatit certes mais où l’on reste finalement très extérieur au drame personnel qui se joue. Une belle plume pour les descriptions, mais un texte qui m’a paru trop factuel et trop classique pour avoir une réelle portée.
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Les muets

L'auteur y narre les difficultés de la vie d'émigrés russes à la tournure du siècle, plongés dans un monde incompréhensible, le nouveau. Fourmillant de détails, le récit décrit la dureté de la vie dans le monde des promesses et le darwinisme social, ceux qui s'adaptent et ceux qui rêvent du retour. Impossible retour.
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