AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.23/5 (sur 3630 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Deir-el-Qamar, Liban , le 16/10/1968
Biographie :

Wajdi Mouawad est un auteur, metteur en scène, dramaturge, comédien et cinéaste.

Il quitte son pays natal en 1978 à l’âge de dix ans à cause de la guerre civile au Liban. Sa famille immigre en France à Paris, puis au Québec dans la ville de Montréal en 1983. De 1990 à 1999, il codirige la compagnie Théâtre Ô Parleur. En 1998, sa création "Willy Protagoras enfermé dans les toilettes" est élue meilleure production montréalaise par l’Association québécoise des critiques de théâtre. De 2000 à 2004, il dirige le Théâtre de Quat'Sous à Montréal. Ses nombreux succès outre-Atlantique, tels que "Littoral" (1997) ou encore "Incendies" (2003), lui apportent la reconnaissance du public et lui offrent la possibilité de revenir en France. L'ensemble de son travail sera à maintes reprises remarqué et récompensé par des prix. Ainsi, en 2000, il est lauréat du Prix littéraire du Gouverneur général du Canada dans la catégorie théâtre. Il devient par la suite réalisateur et scénariste en 2004 en adaptant au cinéma sa pièce "Littoral". En 2005, le Molière du meilleur auteur francophone de théâtre lui est attribué pour "Littoral", mis en scène par Magali Leiris avec Renaud Bécard, mais il le refuse afin de dénoncer les théâtres sans comité de lecture et les directeurs de théâtre qui jettent les manuscrits. En mars 2006, à Chambéry, en France, il crée "Forêts" qui, après "Littoral" et "Incendies" constitue le troisième volet d’une tétralogie sur le thème de la transmission et de l’héritage. À partir de septembre 2007, Mouawad occupe le poste de directeur artistique du Théâtre français du Centre national des Arts du Canada à Ottawa. En 2009, son dernier volet, "Ciels", est présenté avec le reste de la quadrilogie au festival d'Avignon, dont il est l'artiste associé au Festival d'Avignon et reçoit le Grand prix du théâtre de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre dramatique. En 2010, "Incendies", une adaptation cinématographique de la pièce éponyme, réalisée par Denis Villeneuve, sort en salle au Québec après avoir été présentée dans plusieurs festivals et remporté de prestigieuses récompenses au cours des mois précédents. Son roman, "Anima" (Actes Sud, 2012), obtient de nombreux prix dont le prix Méditerranée 2013.
En avril 2016, il est nommé à la direction du Théâtre national de la Colline à Paris. En 2019, il est lauréat du Grand Prix de littérature dramatique décerné sous l'égide d'ARTCENA pour "Tous des oiseaux".

site officiel : http://www.wajdimouawad.fr/
+ Voir plus
Ajouter des informations
Bibliographie de Wajdi Mouawad   (39)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (45) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de
Wadji Mouawad est dramaturge, romancier, metteur en scène, Grand prix du théâtre de l'Académie française et il dirige actuellement le Théâtre national de la Colline depuis 2016. Cet homme d'origine libanaise est venu donner son point de vue sur la question "Que faire de notre héritage culturel?". "On a semé en moi la graine de la détestation, qui consistait au fond à détester tout ce qui n'était pas de mon camp et mon clan", a expliqué Wadji Mouawad, qui a grandi au Liban pendant la guerre civile, dans une "culture de la détestation". Aujourd'hui, il a choisi de réfléchir à la manière dont son héritage personnel l'encombre dans la situation que nous vivons actuellement, et notamment le conflit israélo-palestinien, et plus particulièrement depuis les attentats du 7 octobre 2023. Selon lui, il n'est pas possible d'être neutre du fait de notre héritage. Après ce constat, il en vient à se poser la question suivante : "Est-ce que notre héritage ne devient pas un obstacle à notre capacité à l'empathie?".
+ Lire la suite

Citations et extraits (504) Voir plus Ajouter une citation
Il y a des êtres qui nous touchent plus que d'autres, sans doute parce que, sans que nous le sachions nous-mêmes, ils portent en eux une partie de ce qui nous manque.
Commenter  J’apprécie          2230
Wajdi Mouawad
"Nogent-sur-Marne, le 12 avril 2020

Mon cher petit garçon,

T’écrire ces quatre mots me bouleverse. Ils rendent si réel l’homme que tu es, en cet aujourd’hui qui est le tien, quand, dans celui qui est le mien, tu n’es encore qu’un enfant.

Cette lettre je l’adresse donc à l’homme que tu n’es pas encore pour moi, mais que tu es devenu puisque te voilà en train de la lire. Tu l’auras trouvée sans doute par hasard sur cette clé où je consigne en secret les trésors de ton enfance. J’ignore l’âge que tu as, j’ignore ce qu’est devenu le monde, j’ignore même si ces clefs fonctionnent encore mais j’ai espoir que, la découvrant, tu trouveras un moyen de l’ouvrir.

Et par la magie de l’écriture, voici que cette lettre devient la fine paroi qui nous relie, et entre l’aujourd’hui où je t’écris - où tu commences à déchiffrer les phrases, où tu as peur dans le noir, où tu crois à la magie - et celui où tu me lis, chaque mot de ma lettre a gardé sa présence ; si à l’instant j’écris je t’aime, voilà qu’à ton tour, des années plus tard, tu lis je t’aime. Et que t’écrire d’autre que je t’aime, alors que nous vivons ce que nous vivons en ce confinement dont tu n’as peut-être plus qu’un vague souvenir ? Quoi dire de plus urgent que l’amour ?

En ces journées étranges où rode une mort invisible et où le monde va vers son ravin, un ravin qui semble être l’héritage laissés aux gens de ta génération, un père, plus que de raison, s’inquiète pour son fils. Je te regarde. Tu dessines un escargot. Tu lèves la tête et tu me souris. "Qu’est-ce qu’il y a papa ?" Rien mon garçon.

Je ne sauverai pas le monde. Mais j’ai beau ne pas le sauver, je peux du moins te désapprendre la peur. T’aider à ne pas hésiter le jour où il te faudra choisir entre avoir du courage ou avoir une machine à laver. T’apprendre surtout pourquoi il ne faudra jamais prononcer les mots de Cain et, toujours, rester le gardien de ton frère. Quitte à tout perdre. J’ignore d’où tu me lis, ni de quel temps, temps de paix ou temps de guerre, temps des humains ou temps des machines, j’espère simplement que ton présent est meilleur que le mien. Nous nous enterrons vivants en nous privant des gestes de l’ivresse : embrassades, accolades, partage et nul ne peut sécher les larmes d’un ami.

Mais si ton temps est pire que celui de ton enfance, si, en ce moment où tu me lis, tu es dans la crainte à ton tour, je voudrais par cette lettre te donner un peu de ce courage dont parfois j’ai manqué et, repensant à ce que nous nous sommes si souvent racontés, tu te souviennes que c’est la bonté qui est la normalité du monde car la bonté est courageuse, la bonté est généreuse et jamais elle ne consent à être comme une embusquée, qui, à l’arrière vit grâce aux sang des autres. Nul ne peut expliquer la grandeur de ceux qui font la richesse du monde. Donne du courage autour de toi et n’accepte jamais ce qui te révulse.

Quant à moi : je t’aime. Ton père t’aime. Sache cela et n’en doute jamais.

Ton père".

Wajdi Mouawad
Commenter  J’apprécie          5911
Wajdi Mouawad
Le scarabée est un insecte qui se nourrit des excréments d’animaux autrement plus gros que lui. Les intestins de ces animaux ont cru tirer tout ce qu’il y avait à tirer de la nourriture ingurgitée par l’animal. Pourtant, le scarabée trouve, à l’intérieur de ce qui a été rejeté, la nourriture nécessaire à sa survie grâce à un système intestinal dont la précision, la finesse et une incroyable sensibilité surpassent celles de n’importe quel mammifère. De ces excréments dont il se nourrit, le scarabée tire la substance appropriée à la production de cette carapace si magnifique qu’on lui connaît et qui émeut notre regard : le vert jade du scarabée de Chine, le rouge pourpre du scarabée d’Afrique, le noir de jais du scarabée d’Europe et le trésor du scarabée d’or, mythique entre tous, introuvable, mystère des mystères.
Un artiste est un scarabée qui trouve, dans les excréments mêmes de la société, les aliments nécessaires pour produire les œuvres qui fascinent et bouleversent ses semblables. L’artiste, tel un scarabée, se nourrit de la merde du monde pour lequel il œuvre, et de cette nourriture abjecte il parvient, parfois, à faire jaillir la beauté.
Commenter  J’apprécie          492
Wajdi Mouawad
La question “d’où êtes-vous ?” n’a plus de sens pour moi et la seule question à laquelle je peux répondre c’est “où êtes-vous le mieux ?"
Commenter  J’apprécie          503
À quoi tu décides de tenir ? Et pourquoi ? Tu n'en sais rien. L'enfant, lui, tient à un morceau de tissu. C'est rien, mais il y tient. Un morceau de tissu, une chevelure, une peau. Une femme. Des yeux. Un regard. Une femme avec des mots et une façon de mettre tous ces mots-là ensemble. Une façon de se taire et d'hésiter puis de marcher, d'embrasser. Tu crois t'être habitué à la beauté de son visage, et puis, des années plus tard, en rentrant, ça te surprend. Dans le reflet du miroir, un profil en contre-jour et tout ressurgit comme au premier instant quand ça t'est apparu la première fois et que ton coeur a chaviré et s'est mis à battre et que tu ne voulais plus que la vie soit différente de ce qu'elle était à ce moment-là. À quoi tu tiens et à quoi tu décides de tenir et ce que tu perds à la fraction de seconde où tu la perds. Je l'aimais. Elle était libre, brillante. Elle était belle, elle était drôle. Je l'aimais.
Commenter  J’apprécie          450
Les humains sont seuls. Malgré la pluie, malgré les animaux, malgré les fleurs et les arbres et le ciel et malgré le feu. Les humains restent au seuil. Ils ont reçu la pure verticalité en présent, et pourtant ils vont, leur existence durant, courbés sous un invisible poids
Commenter  J’apprécie          430
Il y a deux jours, les miliciens ont pendu trois adolescents réfugiés qui se sont aventurés en dehors des camps. Pourquoi les miliciens ont-ils pendu les trois adolescents ? Parce-que deux réfugiés du camp avaient violé et tué une fille de Kfar Samira. Pourquoi ces deux types ont-ils violé cette fille ? Parce que les miliciens avaient lapidé une famille de réfugiés ? Pourquoi les miliciens l'ont-ils lapidée ? Parce que les réfugiés avaient brûlé une maison près de la colline du thym. Pourquoi les réfugiés ont-ils brûlé la maison ? Pour se venger des miliciens qui avaient détruit un puits d'eau foré par eux. Pourquoi les miliciens ont détruit le puits ? Parce que des réfugiés avaient brûlé une récolte du côté du fleuve au chien. Pourquoi ont-ils brûlé la récolte ? Il y a certainement une raison, ma mémoire s'arrête là, je ne peux pas monter plus haut, mais l'histoire peut se poursuivre encore longtemps, de fil en aiguille, de colère en colère, de peine en tristesse, de viol en meurtre, jusqu'au début du monde.
Commenter  J’apprécie          400
L’humain est un corridor étroit, il faut s’y engager pour espérer le rencontrer… L’humain et un corridor et tout humain pleure son ciel disparu. Un chien sait cela et c’est pour cela que son affection pour l’humain est infinie
Commenter  J’apprécie          380
La disparition des êtres est un coquillage vide. Tu le colles à ton oreille et dans ce vide quelque chose bruit.
Commenter  J’apprécie          380
Wajdi Mouawad

Il y a des êtres qui nous touchent plus que d'autres,sans doute parce que, sans que nous le sachions nous-mêmes,ils portent en eux une partie de ce qui nous manque.

( " Anima")
Commenter  J’apprécie          360

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Wajdi Mouawad Voir plus

Quiz Voir plus

Les trois mousquetaires

De quelle couleur est le cheval de d'Artagnan ?

Rouge
Bleu
Noir
Jaune

16 questions
1030 lecteurs ont répondu
Thème : Les Trois Mousquetaires de Alexandre DumasCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..