A peine arrivée au milieu de la pelouse, j'ai fait demi-tour pour retourner prendre mon appareil photo. Pourquoi? Je crois que j'ai ma petite idée maintenant, après tant d'années. Je voulais capturer ce moment, cet aimable groupe assemblé dans le jardin par un doux soir d'été anglais, le capturer et le garder prisonnier à jamais. Je sentais confusément qu'il était en mon pouvoir d'arrêter la marche impitoyable du temps et de figer cette scène, cet instant fugace: les dames et les messieurs dans leurs beaux atours qui riaient, insouciants, paisibles. Je les saisirais vite, pour l'éternité, grâce aux propriétés techniques de mon merveilleux appareil. J'avais entre les mains le pouvoir d'arrêter le temps, ou du moins le croyais-je.