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Citation de Ledraveur


LA SIGNIFICATION DU MOT WAKAN
Si nous entendons par religion le fait de « lier ensemble » suivant le sens étymologique du terme anglais (ou français), nous sommes bien obligés d'accepter l'équivalent lakota qu'en ont donné les missionnaires chrétiens, dans leur tentative de traduction des Écritures. Ils rendent en effet la « religion » ou la « prière » par “wocekiye”, d'après “wo”, préfixe indiquant un substantif, et “cekiya” « solliciter, prier ». Et pourtant, la façon dont les Oglala conçoivent la totalité des êtres ou pouvoirs surnaturels régnant sur leur univers diffère profondément de la théologie chrétienne. Pour les Oglala, la totalité des phénomènes naturels ou culturels sont susceptibles de transformations qui exigent un changement total ou partiel de comportement vis-à-vis d'eux. Les causes de ces transformations et l'explication des changements de comportement concomitants sont rassemblés sous le concept de “taku wakan” « choses sacrées ». Les phénomènes considérés comme “taku wakan” peuvent être transformés temporairement ou en permanence. Ceux qui le sont en permanence sont désignés collectivement comme “Wakantanka”, qu'on traduit traditionnellement par « Grand-Esprit » ou « Grand Mystère », d'après “wakan”  « sacré » et “ tanka” « grand, vaste, gros ». Ce terme a, par convention, servi à traduire le mot “Dieu”. Bien que singulier de forme, “Wakantanka” est pluriel du point de vue du sens. Ce n'est pas “Wakantanka” qui est personnifié, mais certains de ses aspects. Ainsi, le soleil, la lune, la terre, les vents, les éclairs et d'autres phénomènes naturels sont de fréquentes manifestations ou personnifications non de “Wakantanka” lui-même, mais de ses différents aspects.
L'homme existe en tant que partie intégrante de la nature et, loin de souhaiter en maîtriser les vicissitudes, il cherche à vivre en harmonie avec elle. Foncièrement impuissant, l'homme réclame compassion lorsqu'il est confronté au danger, à la misère ou à l'inexplicable. Quand il a ainsi besoin d'une aide surnaturelle, il proteste de son impuissance en psalmodiant « Wakantanka unsimala ye » (“Wakantanka”, aie pitié de moi). La relation de l'homme à la nature est en effet toujours “unsike”, « pitoyable ». En suppliant “Wakantanka”, l'homme s'adresse à la totalité de l'aide surnaturelle à sa disposition. On peut également s'adresser à “Wakantanka” avec la métaphore de la parenté. Ainsi, un Oglala peut dire : « Ho Tunkafila Wakantanka... » (Eh ! Grand-Père “Wakantanka”...), ou « Ate Wakantanka » (Père “Wakantanka”). On utilise Grand-Père lorsque l'on fait appel à “Wakantanka” lui-même indépendamment de ses manifestations, et le mot Père pour invoquer l'un de ses aspects, comme par exemple le soleil. La même métaphore de la parenté est utilisée pour différencier la terre comme pouvoir de faire pousser des choses (“unci” « grand-mère ») de ses produits réels et manifestes (“maka ina” « terre-mère »).
p. 83-84
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