FERDINAND, à Miranda
C’est étrange. Votre père a quelque émotion
qui le travaille fortement.
MIRANDA
Jamais, jusqu’à ce jour,
je ne l’avais vu agité par une aussi violente colère.
PROSPERO
Mon fils, vous avez l’air ému,
comme si vous étiez alarmé… Rassurez-vous, seigneur.
Nos divertissements sont finis. Nos acteurs,
je vous en ai prévenu, étaient tous des esprits ; ils
se sont fondus en air, en air subtil.
Un jour, de même que l’édifice sans base de cette vision,
les tours coiffées de nuées, les magnifiques palais,
les temples solennels, ce globe immense lui-même,
et tout ce qu’il contient, se dissoudront,
sans laisser plus de vapeur à l’horizon que la fête immatérielle
qui vient de s’évanouir ! Nous sommes de l’étoffe
dont sont faits les rêves, et notre petite vie
est enveloppée dans un somme… Monsieur, je suis contrarié…
Passez-moi cette faiblesse… Mon vieux cerveau est troublé…
Ne soyez pas en peine de mon infirmité…
Retirez-vous, s’il vous plaît, dans ma grotte,
et reposez-vous là. Je vais faire un tour ou deux
pour calmer mon âme agitée.
FERDINAND ET MIRANDA
Nous vous souhaitons le repos.