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Critiques de Willy Vlautin (92)
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Devenir quelqu'un

On se dit que cette histoire a été maintes fois racontée : celle d'un innocent corrompu par l'expérience de la vie, d'un jeune homme au coeur de verre enfermé dans une guerre civile intérieure. Et pourtant, on se laisse embarquer dans celle racontée par Willy Vlautin . Devenir quelqu'un a la limpidité évidente des chansons de Neil Young ou de certains films de Clint Eastwood ( Millions dollars baby notamment ).



A première vue, l'écriture semble trop simple avec ses phrases nettes qui créent des images claires, parfois surdétaillées sur un quotidien ordinaire voire trivial. Très terre à terre, qui plus est porté par un récit traditionnel qui ne cherche pas à séduire par une extraversion avant-gardiste. Et puis le charme opère. En toute simplicité donc, avec une empathie incroyable pour les personnages, tous des sans éclat, des invisibles, des qui travaillent dur, des qui vivent dur. Impossible de ne pas s'attacher à Horace, jeune métis ( mi indien paiute, mi irlandais ) qui cherche désespérément à échapper à un sentiment étouffant d'échec, rongé par l'abandon de ses parents, plein de honte et de dégoût pour ce qu'il est. Il veut devenir boxeur et faire carrière au Mexique. Mais son rêve américain est exténuant car il doit renoncer au confort et à la sécurité de son emploi de rancher, à la liberté du plein air et à l'amour de ses quasi parents adoptifs.



Tout est tragédie des petites choses dans ce roman, tout est mélodramatique en sourdine, Willy Vlautin avance en douceur pour décrire avec subtilité les tourments d'Horace, ses combats de boxe n'étant que le reflet de sa vie : pas forcément doué mais il sait encaisser. Rapidement, le regard se porte au-delà d'Horace, vers M.Reesse, le vieux rancher père adoptif. C'est lui le personnage clef. Celui qui crée le passage à l'acte d'Horace : s'il n'est pas champion, il ne pourra accepter l'amour des Reese, ne sachant accepter l'amour qui est déjà là ne se sentant pas digne d'être aimé ainsi. M.Reese est aussi le catalyseur, celui qui montre comment les êtres humains en viennent à s'appuyer les uns sur les autres, incarnant l'espoir, l'entraide, la compassion, lorsqu'Horace sombre dans la solitude désespérante. M.Reese est un superbe personnage à l'humanisme magnifique.



On n'est pas très loin d'un conte philosophique très incarné et bourré de sensibilité, empreint d'un idéalisme optimiste, sur une ligne de crête qui pourrait faire aussi basculer le roman vers quelque chose de mièvre, de gentillet. Ce n'était peut-être pas loin, mais ce n'est pas le cas car Willy Vlautin a construit intelligemment son roman, l'air de rien, avec une fluidité invisible. Jusqu'aux dernières pages, superbes. Jusqu'à la dernière phrase, terrible. Je ne l'avais pas vu arriver, cette dernière phrase. Elle offre un tout autre éclairage au roman. Elle m'a bouleversée aux larmes et résonne aussi bien avec le titre originel ( Don't skip me out / Ne me laisse pas tomber ) qu'avec le titre français, en miroir.

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Motel Life

T’es pas un loser, p’tit. En fait, j’ai l’impression que si. C’est comme ça, mec. La loose, je la sens en moi, j’la ressens même. L’archétype du pauvre type. Si tu savais comme ce qualificatif me colle à la peau. La vie dans une putain de vie, une vie qui bascule en vadrouille dans le Nevada. Une nuit d’hiver à Reno, nuit froide nuit d’ivresse, l’esprit se bouscule à l’intérieur et puis un bruit, un choc, laisser le cycliste au bord de la route. Prendre la route dans une vieille Dodge, modèle 74, le vieux Tom Waits qui braille dans les haut-parleurs de la caisse et prendre la fuite.



Je l’ai senti de suite que cette nuit allait mal finir. Dès que le pigeon s’est écrasé contre ma fenêtre, la brisant et laissant entrer le froid s’engouffrer sous la couette. Jerry Lee et Frank, deux frangins qui fuient leur destin et leur propre vie. De motel en motel. Fucking Life.



L’Amérique en mode désenchanté ? L’histoire sans espoir. Et là, ça me parle forcément. C’est mon univers, version d’un pauvre type au sourire disparu, d’un mec qui se sent pas à sa place dans ce monde de bruit, de paroles et de lumières, ou tout va trop vite, même un cycliste dans le noir sur une route enneigée sans lumière face à une vieille caisse aux phares blafards et à la carrosserie blême. Est-ce que des gars comme Jerry Lee et Frank peuvent s’en sortir ?



Le néon du motel clignote, comme prêt à s’éclipser sous la lueur bleue de la nuit. Le parking désert s’illumine de sa tristesse, une pluie fine pleure sur ces vies, je vois la lune se refléter sur une dernière flaque. Ne pas se retourner.
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La route sauvage (Cheyenne en automne)

Charley a déménagé à Portland, où il ne connaît personne. Mère absente, et père très peu présent, notre poor lonesone boy s’attache à Lean on Pete, un cheval de course malheureusement en fin de carrière.

La route est rude pour l’adolescent livré à lui-même dans une Amérique miséreuse où on prend pas mal de coups, au propre comme au figuré. On ne peut vraiment pas reprocher à Willy Vlautin de chercher à surfer sur le business de la littérature feel good, ni d’abuser sur la dose de joie de vivre.

Côté écriture, RAS, rien de particulier, si Willy Vlautin a fait tout son possible pour qu’elle soit archi-basique, c’est réussi, le lecteur aura bien du mal à déceler dans La Route sauvage le moindre effet de style. Mais bon, Charley méritait mieux, ce n’est pas parce qu’on parle d’un pauvre gamin qu’on est obligé d’avoir une écriture aussi pauvre. Ni d’être aussi répétitif: les cocas que Charley boit, les hamburgers qu’il mange, j’en ai eu une indigestion tant ils occupent une portion importante de la narration - mon organisme de lectrice a besoin de quelque chose de plus diversifié.

Bref, très contournable à mes yeux - mais ce n’est que mon avis, et il dénote parmi les critiques élogieuses de Babelio.
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Devenir quelqu'un

Voilà un livre qui m’a réellement touchée et qui restera quelque temps encore dans mon esprit. Pourtant, ce n’était pas forcément une mission facile car je suis dans une période où j’enchaîne les bouquins de littérature noire. Je ne sais pas si c’est la saison qui veut ça ou un découragement sans fond quant à une reprise future de notre vie normale mais j’ai absolument besoin de me déconnecter quand je rentre chez moi le soir après le boulot.



Pourtant, aux premiers abords, sa quatrième de couverture m’avait bien attirée. Et puis chemin faisant dans mes thrillers, polars et romans policiers, ce n’était plus vraiment à l’ordre du jour. Néanmoins, dès les premières pages, l’auteur, Willy Vlautin, m’a fait évader, voyager aux confins de cette Amérique profonde, bien loin des strass et des paillettes de métropoles telles que New York ou Los Angeles.



C’est en compagnie de Horace Hopper que j’ai fait un bout de chemin. Horace est un jeune homme de vingt et un ans, abandonné par sa famille et qui s’est élevé seul comme homme de ferme dans un ranch du Nevada en compagnie de la famille Reese. Malgré une place importante qu’il y tient auprès de ce couple âgé, ses origines indiennes le hantent et son rêve serait de devenir boxeur professionnel.



Ce roman est une véritable quête d’identité d’une justesse implacable. C’est comme si on lisait le journal intime de l’auteur qui aurait transposé sa place dans celle de son héros, Horace. Écrit avec beaucoup de pudeur et de finesse, Willy Vlautin ne tombe jamais dans les clichés et accorde une place de choix à chacun de ses personnages.



Malgré les coups du sort, Horace Hooper est un héros idéaliste à la fois attachant et combattif, dans sa vie comme sur le ring. Ça pourrait être l’histoire vraie de tellement de jeunes qui cherchent leur place dans notre société qui les a abandonnés à leur destin. J’ai beaucoup apprécié et me suis fort attachée à ce personnage décrit avec beaucoup d’empathie et tellement d’espoirs, tout comme à ceux du couple Reese. Ce véritable western des temps modernes m’a entièrement conquise.



Au travers de ce livre « Devenir quelqu’un », Willy Vlautin a su me charmer et je ne manquerai pas de découvrir les autres livres constituant sa bibliographie avec beaucoup d’intérêt.



Je remercie les Editions Albin Michel et le groupe Picabo River Book Club pour l’envoi de ce livre.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Devenir quelqu'un

« Devenir quelqu’un », roman linéaire au style sec et sans fioritures, nous narre les pérégrinations de son héros Horace Hoover qui tente de devenir boxeur professionnel. L’emploi d’un schéma narratif classique est rafraîchissant. Willy Vlautin n’est pas un adepte des allers-retours temporels, des digressions pseudo-philosophiques, ni de la multiplication des points de vue. Il nous raconte une histoire « à l’ancienne », celle d’un jeune homme de vingt-et-un ans, moitié indien païute, moitié irlandais qui quitte le ranch où l’a accueilli quelques années plus tôt le couple Reese pour confronter son rêve à la réalité.



Fasciné par les boxeurs mexicains et fan de heavy-metal, Horace a été abandonné très jeune par sa famille et mène une existence austère de rancher au coeur du Nevada, auprès du couple vieillissant qui l’a accueilli jeune adolescent. Le jeune homme au physique léger et fin trahissant ses origines païutes est devenu au fil des années l’enfant adoptif d’Eldon et Louise. Si ces derniers lui ont offert un foyer ainsi que la possibilité de finir ses études, il s’est rendu avec le temps indispensable au fonctionnement du ranch.



Mal à l’aise avec ses origines indiennes, Horace tente sans succès d’apprendre l’espagnol, s’invente un double mexicain « Hector Hidalgo », court ses six kilomètres quotidiens, fait des centaines de pompes et d’abdos, et réalise que pour « devenir quelqu’un », il lui faut quitter le Nevada et prendre la route du sud qui mène à une obscure salle de boxe de Tucson.



Willy Vlautin revisite avec une simplicité presque déconcertante le roman d’initiation, et nous emmène sur les traces du jeune homme qui quitte l’harmonie de la vie rustique de rancher pour plonger dans les méandres d’un monde de managers véreux, d’entraîneurs alcooliques, de salles hostiles et d’adversaires plus expérimentés qui frappent à la vitesse de l’éclair. Les scènes de combat sont stupéfiantes : en dépit d’une technique que l’on devine un peu frustre, Horace se révèle un redoutable encaisseur doté d’un punch dévastateur, et va toucher du doigt son rêve de boxer en professionnel.



Malgré un sentiment de déjà-vu, le livre se dévore tant le lecteur s’attache progressivement à son héros en quête d’identité qui fait face avec un courage étonnant à l’adversité, et incarne à la perfection une forme d’innocence prise au piège d’un monde pourri jusqu’à la moelle. L’autre personnage clé du roman est un vieil homme attachant qui souffre de terribles spasmes dorsaux : Eldon Reese aime Horace comme un fils, réalise qu’il n’est plus en état de tenir le ranch sans son aide, et comprend surtout que ce dernier risque de se perdre dans sa quête de gloire pugilistique.



« Devenir quelqu’un » est un roman comme on n’en fait plus, le récit d’un jeune homme au coeur pur dont le véritable combat est celui qu’il mène contre ses démons intérieurs. Horace ne comprend pas pourquoi ses parents l’ont abandonné si jeune, a honte de ses origines indiennes, ne se juge pas digne de l’amour que lui portent les Reese, et cherche à travers la boxe une manière de sortir la tête haute du tourbillon de haine de soi qui menace de l’emporter.



La fin de ce très beau roman éclaire le récit d’une lumière glacée et lui donne rétrospectivement une forme de supplément d’âme. Tout en pudeur et en retenue, Willy Vlautin utilise l’immersion de son héros dans les eaux troubles du monde de la boxe pour nous conter avec maestria la plongée d’une âme intègre au coeur des ténèbres.
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La route sauvage (Cheyenne en automne)

COUP DE COEUR ♥!♥♥

Un road-trip initiatique sombre et surtout courageux. ☺

*

Je m'attelle (!) à nouveau à un roman issu de la collection « Terres d'Amérique » que j'apprécie tellement. Encore une fois on se retrouve dans l'Amérique des grands espaces et des « laissés-pour-compte » que le pays a laissé sur le bord de la route.

*

J'avoue que je ne suis pas très copine avec les chevaux. Ils me font moyennement peur, me fascinent aussi un petit peu. Donc au vu du résumé parlant de ces équidés, j'ai laissé trainer ce roman dans ma bibliothèque. Puis tout de même intriguée par le succès du film adapté, « Lean on Pete » (que je n'ai pas encore vu), je l'ai débuté et plus lâché , lu d'une traite (ce qui est rare actuellement entre toutes les corvées de la rentrée, pfiou!)

Alors, oui, j'ai kiffé énormément !

*

L'émouvante histoire de Charley, jeune homme de 15 ans, à la dérive, accompagné d'un cheval, traversant deux Etats hostiles:

Dans l'Oregon, une petite ville poussiéreuse, un été étouffant ; Charley et son père emménagent dans un quartier miteux, voisins d'un hippodrome sur le déclin. Le jeune homme désœuvré va vite se retrouver à travailler pour un vieux propriétaire de chevaux, grincheux et radin. Charley a vraiment besoin d'argent pour survivre. Puis, au fil des jours, apprivoisera un canasson prénommé Lean-On-Pete, un candidat pour l'abattoir. Le jeune homme volera ce cheval et partira sur les routes dangereuses sur près de 2000 km. Pour revoir sa tante.

*

Un road-trip bouleversant qui nous bringuebale dans des chemins hautement dangereux, vers un inconnu avec un grand I .

De multiples expériences qui vont façonner ce jeune garçon. A travers un système de « débrouille » fascinant qui pourrait servir d'exemple à toute une jeunesse gâtée par la technologie. C'est une leçon de vie et de courage.

Ici, pas de bling-bling, pas de chichis ; ici c'est l'Amérique du désespoir. Le récit est si réaliste, les situations sont terribles mais vraisemblables malheureusement. Charley est toujours dans l'instant présent, il doit survivre littéralement (toujours manger, c'est un ado, il a besoin de calories), dormir, se protéger des intentions malveillantes et surtout avancer. Toujours faire plus de kilomètres pour rejoindre son but.

Qu'en-est-il du cheval? Juste à signaler que j'aurais voulu le voir un peu plus longtemps avec Charley. Car la solitude est une bien mauvaise compagne.

*

C'est vraiment une très belle lecture. Triste, mais aussi pleine d'espérances pour ce garçon honnête. Un texte précis, sobre et rempli d'une grande humanité. A faire lire d'urgence à nos ados.



PS: Sur le #picaboriverbookclub, d'autres membres ont eu le coup de coeur pour ce roman. Rejoignez-nous pour en discuter.
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Devenir quelqu'un

Je remercie chaleureusement les Éditions Albin-Michel et sa collection « Terres d’Amérique » pour cette lecture et leur confiance !



Avec « Devenir quelqu’un » Willy Vlautin signe son cinquième roman, tous paru chez Albin-Michel dans la collection « Terre d’Amérique« . Et quel roman ! J’ai lu peu de livres aussi beaux sur la boxe et sur tout ce qui gravite autour de ce sport. L’envers du décor de la boxe. Horace Hopper le note dès son réveil, dans un vieux cahier qui lui sert de journal : « Je veux devenir quelqu’un ». C’est son obsession, le but qu’il s’est fixé dans la vie, sa vie. Horace a vingt et un ans, il mesure un mètre soixante dix et pèse cinquante sept kilos. Il a des origines irlandaises et indien paiute. Il est écartelé entre ces deux cultures blanche et indienne. Il s’est fait tatouer le biceps gauche avec les inscriptions suivantes : « Slayer » (tueur) écrit à l’encre rouge, « Hell Await » (l’Enfer attend » à l’encre noire et un crâne cornu, couleur charbon aux yeux écarlates. Car Horace est passionné de boxe et ne rêve que de devenir champion de ce sport. Il souhaite même devenir Mexicain parce que ceux sont, selon lui, les meilleurs boxeurs, les plus courageux. Son short de boxeur porte l’inscription « Hidalgo » avec une petite mitraillette de chaque côté du nom. Horace a été abandonné par ses parents qui ne s’en sont jamais occupé après leur divorce. Il vit dans un ranch du Nevada avec Mr et Mrs Reese, un couple âgé et sa famille de cœur. Le départ prochain d’Horace angoisse Mr et Mrs Reese. Ils le considèrent comme leur fils. On ressent beaucoup d’amour de la part d’Eldon et de Louise pour Horace. Ce dernier a permis de sauver Mrs Reese de la dépression dont elle souffrait lorsque ses enfants ont quitté le ranch pour vivre leur vie. Pour le dissuader de partir, Eldon propose même à Horace de reprendre le ranch où ils élèvent des moutons, du bétail avec leurs chevaux, et leurs chiens. C’est une grande preuve de confiance et d’amour. Mais dans la tête d’Horace, tout est clair, il sera champion de boxe. Son sang irlandais et indien lui fait honte et il souhaite s’inventer une nouvelle vie. Est-ce un mirage comme ce que l’on vit lorsque dans sa jeune vie tout est encore possible ? Eldon craint qu’il ne connaisse le même sort que lors de son premier combat au tournoi de Golden Gloves du Nevada à Las Vegas. Horace avait été défait. Ce souvenir hante le jeune homme. Horace paniquait quand il était sous pression. Mais il était décidé et Horace partit donc à Tucson en Arizona. Là-bas, il connaît la solitude des grandes métropoles. Il trouve un travail, il s’entraîne dur et s’invente un nom mexicain : il se fait appeler « Hector Hidalgo » et il fait appel à un entraîneur, Ruiz. Il remporte son premier combat et le tournoi mais il a toujours le trac et sa nervosité est palpable. Willy Vlautin dresse les portraits des rencontres que fait Horace ou « Hector Hidalgo ». Beaucoup de tendresse, d’humanité, d’émotions dans ce roman puissamment évocateur du monde de la boxe. Horace a un grand cœur. Il rencontre des paumés de la société américaine, descend dans des hôtels miteux avant les combats. Il gagne mais encaisse beaucoup trop de coups. Willy Vlautin alterne entre des chapitres sur la vie au ranch et d’autres sur le parcours de boxeur d’Horace. Ce dernier fait des combats au Mexique et découvre la misère des quartiers chauds. Il y a aussi beaucoup de tendresse et d’amour entre Eldon et Louise au ranch. Horace leur manque. Ce dernier a du courage et l’inconscience de son âge. Une histoire criante de vérité, sensible et déchirante comme un cri dans la nuit, celui d’un appel à l’aide. On achève « Devenir quelqu’un », la gorge nouée avec le sentiment d’avoir vécu une expérience de lecture inoubliable. Le style d’écriture est remarquable. C’est sombre et dans un même temps c’est la vie telle qu’elle est, avec ses aspérités, sa beauté et ses ravins où l’on s’effondre pour ne plus se relever. « Devenir quelqu’un » de Willy Vlautin est mon coup de cœur absolu de ce début d’année. D’une beauté cinématographique que ne renierait pas un certain Clint Eastwood. Publié chez Albin-Michel dans la très belle collection « Terres d’Amérique ». « Devenir quelqu’un » de Willy Vlautin c’est le roman à ne pas manquer en cette rentrée littéraire.
Lien : https://thedude524.com/2021/..
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La route sauvage (Cheyenne en automne)

"Pourquoi me suis-je engagée dans ce roman si triste?" me suis-je dit plusieurs fois, alors que je ne pouvais m'empêcher de tourner les pages. Et puis, comment abandonner - encore une fois - Charley, si jeune, si désespéré et encore si innocent?

Oui, le récit est tragique, mais si bien écrit, si vrai, si touchant! Dès les premières pages, on comprend que Charley marche sur un fil, qu'il suffit de peu, si peu, pour que sa vie flanche, pour qu'il se retrouve sans rien, poussière dans le monde... et c'est ce qui lui arrive. Quand son père se retrouve à l'hôpital, il se raccroche à Lean On Pete, ce cheval de course condamné à l'abattoir auquel il s'attache malgré les avertissements de ceux qui essaient de le protéger. Malheureusement, tous ceux qu'il rencontre vivent en marge de la société et sont eux-mêmes tellement dans l'insécurité que leur intérêt pour Charley ne suffit pas à le sauver. Quand son père meurt, il n'a plus que sa tante avec qui son père a coupé les ponts depuis cinq ans. Commence alors un long voyage à pied, le garçon et le cheval, de L'Oregon au Wyoming.

Le roman, comme je l'ai dit plus haut, est d'une grande désespérance, mais que la pureté de Charley sauve de la noirceur. Les descriptions de cette Amérique en marge semble d'une grande justesse et nous parle de nos jeunes à nous, ceux qu'on croise sur les trottoirs et dans les gares, perdus, abandonnés.

Vraiment, un roman bouleversant.
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Motel Life

La scoumoune, la lose, la malchance et bien d'autres qualificatifs du même acabit peuvent se poser, se superposer à la vie de Jerry Lee et de son frère Franck.

Un duo plus malchanceux c'est bien difficile à trouver dans ce monde. Franck traîne son frère qui cumule malheur sur malheur comme d'autres traînent leur misère. Ils sont un aimant à problèmes même si certains leur tombent dessus bien malgré eux.

Franck se montre si attachant à vouloir s'occuper du mieux qu'il peut de son frère qui ne lui cause que des tracas et pas des moindres. Il est d'une gentillesse qui est tout à son honneur.

L'auteur dresse le portrait de deux pauvres gars dont le malheur les rend encore plus attachants. Les quelques bribes d'espoirs qui jalonnent la vie de Franck ne durent pas et son frère le renvoie à chaque fois vers leurs vies misérables.

Un roman touchant, une histoire que j'ai appréciée, un auteur à suivre.
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Devenir quelqu'un

Après Cheyenne en automne, Willy Vlautin s'attache à nouveau au parcours d'un jeune orphelin américain, cette fois-ci par le personnage d'Horace, en partie de sang amérindien et abandonné par ses parents. Après avoir passé son adolescence auprès des Reese, un couple âgé qui lui ont donné l'amour dont il avait toujours été privé, Horace veut se lancer dans une carrière de boxeur professionnel et quitte seul le ranch pour Tucson, laissant derrière lui Eldon et Louise, tristes de le voir partir, seuls face à la vieillesse.

La boxe est pour Horace - qui se renomme Hector - sa seule planche de salut, l'unique occasion, selon lui, de se faire aimer, respecter et reconnaître et pour cela il troque son identité contre celle d'un Mexicain, pensant dans sa naïveté que les Mexicains sont les meilleurs boxeurs.

Vlautin a une écriture très cinématographique, plus visuelle qu'attachée à la psychologie des personnages, mais par le biais d'un récit linéaire qui se veut volontairement monotone, suivant les protagonistes au jour le jour, transparaît petit-à-petit le sentiment de solitude des personnages et une certaine mélancolie toutes les deux déjà très présentes dans Cheyenne en Automne.

J'ai trouvé la narration, au début, un peu trop simple, lassante parfois, mais elle s'emballe peu à peu pour finir en climax et laisser un goût de tristesse et de gâchis face à la fragilité de ce garçon en mal de confiance.

Encore un beau roman de cet auteur, pour ma part.
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Devenir quelqu'un

Touchant, ce roman est le portrait d'un jeune Amérindien aux yeux pleins d'étoiles malgré son manque de confiance et le mépris qu'il a pour lui-même. Il rêve de devenir boxeur, mais au-delà, son fantasme est aussi celui de l'American Dream, l'envie d'enfin s'élever au-dessus de ses origines le faisant oublier l'essentiel et ceux qui l'aiment. Le style de Willy Vlautin est sec et repose sur des dialogues nombreux et enlevés, ce qui n'empêche pas l'ensemble de rester assez visuel (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/06/07/devenir-quelquun-willy-vlautin/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Devenir quelqu'un

Horace Hopper est un métis indien païute et irlandais. Il se sent rejeté, il n'a aucune estime de lui, car son père l'a abandonné quand il a divorcé de sa mère pour aller fonder une famille ailleurs et sa mère l'a aussi abandonné, c'est sa grand-mère qui l'a recueilli sans jamais lui manifester d'amour. Très jeune, il va travailler dans le ranch des époux Reese, qui le considèrent comme leur fils et voudraient qu'il reprenne le ranch, car Mr Reese commence à se faire vieux et souffre du dos. Horace veut d'abord se prouver à lui-même qu'il est capable d'être quelqu'un, il veut devenir un boxeur célèbre et revenir au ranch après.

Il se construit un personnage, il sera un boxeur mexicain, car jamais un indien paiute n'est devenu célèbre comme boxeur, il essaie donc de ressembler à un mexicain, vêtements, coupe de cheveux, il se met à manger des plats mexicains, apprend l'espagnol avec des DVD, change de nom, arrête d'écouter du heavy métal....

Il part vivre à Tucson, trouve un boulot minable un logement sordide, un entraîneur alcoolique et véreux. Il souffre de la solitude, il ne connaît personne, personne ne lui parle. Il se referme sur lui-même, sa vie devient sans intérêt, répétitive , travail, entraînement, combats où il encaisse beaucoup de coups, trop, mais il a une faculté pour encaisser et se retrouve même à l'hôpital en morceaux. Il fréquente des loosers, des paumés, il se met à boire, entraîné par les autres et commence à perdre ses objectifs. Horace qui voulait se trouver, se réaliser, est en train de se perdre.

J’ai beaucoup aimé ce roman dont la fin m'a beaucoup émue. C'est un excellent roman à l'ancienne, linéaire, avec un style fluide, sans effets, sans fioritures. Un roman qui ferait un bon sujet de film pour Clint Eastwood.

Livre lu dans le cadre du partenariat Albin Michel avec le Picabo River Book Club, dans la très bonne collection terres d'Amérique.

Je remercie Léa et les éditions Albin Michel de m'avoir permis de découvrir ce roman.
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Devenir quelqu'un

Horace Hopper est un jeune homme qui a toujours été écartelé entre ses origines indiennes et irlandaises.



Abandonné par sa mère à l’âge de 12 ans, puis adopté par un couple de rancher, Horace Hopper veut à tout prix échapper au sentiment d’échec qui lui colle à la peau.



Il décide de quitter le ranch du Nevada dans lequel il a grandi et que les propriétaires aurait voulu qu'il gère à leur place, pour s’installer en ville et tenter d’accomplir son rêve ultime : devenir champion de boxe.



Car, Horace Hopper, sans doute un poil trop idéaliste, se rêve champion, mais comme on n'est pas dans un conte de féées mais dans un roman ultra réaliste de l'Amérique des laissés pour compte, tout ne se passera pas forcément comme il l'avait imaginé.



Un parcours plein d'épreuves, envers et contre tous, pour enfin trouver sa place dans le vaste monde et devenir enfin quelqu'un ..

Le dernier roman du romancier et musicien Willy Vlautin nous touche profondément par sa petite musique très sensible et terriblement mélancolique et à la fois pleine d'espoir sur cette Amérique des humbles et des déclassés.

Une Amérique que l'auteur ne cesse de peindre roman après roman, un peu comme Bruce Springsteen le fait dans ses morceaux à la filiation évidente ( on pense aussi au récent film de Max Winckler, La loi de la jungle qui parlait aussi de boxe et de l'Amérique des loosers.



Vlautin parle de la si difficile quête d'identité et d’espoir dans un très beau récit iniatique qui interroge avec pas mal de délicatesse le sentiment d'appartenance à une terre et à une communauté ou bien encore la lutte contre la solitude qui nous tenaille et qui nous colle à la peau notamment dans les grandes villes.

A noter que Willy Vlautin est aussi le leader de feu le groupe Richmond Fontaine, et qu'il a composé avec son groupe un album en 2017, Don’t Skip Out on Me, qui est le titre original du roman et évidemment une bande son plus qu'appropriée pour accompagner cette belle lecture.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Motel Life

♫ There is a winding road across the shifting sand

And room for everyone living in the Promiseland ♪♪



Sûr que le rêve américain, comme on ne l'ignore pas, tout le monde peut le vivre, tout le monde ! Suffit juste de le vouloir. C'est d'ailleurs ce qui fait la grandeur des États-Unis d'Amérique (America, the beautiful...)

Mais bien sûr, faut voir à pas faire son vilain chameau et y mettre de la mauvaise volonté. Parce qu'il semblerait que c'est le cas de 94% de la population qui n'aurait qu'à se baisser pour cueillir la réussite offerte à tous mais qui ne fait aucun effort... Voilà ! Je vois que ça pour expliquer pourquoi cette notion à la con tombe encore moins souvent que la foudre sur la cafetière de ceux qui ont crû que si on en parle autant de ce foutu rêve, c'est forcément qu'il existe.

Du coup, fatalement, y'a des exclus.

Et pas besoin de lire plus de trois pages de Motel Life pour comprendre que Frank et Jerry Lee Flannigan, frères dans la petite vingtaine, en font partie. Deux chouettes gars, dans le genre doux et sympas mais qui prennent un mauvais départ dès l'adolescence en perdant leur mère et unique parent, se retrouvant seuls au monde, sans réelles ambitions, arrêtant l'école, vivotant de petits boulots ingrats, buvant de la bière et du whisky bon marché à longueur de journée et couchant dans les motels les plus minables qui soient.



Et puis, quand on a la poisse... Voilà que par une nuit glacée, Jerry Lee écrase un gamin surgit de nulle part, et, d'un moral déjà pas brillant, on assiste carrément à sa descente aux enfers. Il pourra bien sûr compter sur son petit frère chéri pour l'aider et le soutenir mais comment supporter le poids d'une culpabilité que quatre épaules ne suffisent pas à porter ? Alors Frank, narrateur de Motel Life plutôt indolent quand il s'agit de raconter le quotidien, s'exalte au récit d'histoires qu'il invente pour lui et Jerry Lee qui les adore et les réclame, et soudain les problèmes paraissent secondaires et l'avenir moins sombre. Malheureusement toutes ces fables ont une fin, souvent heureuse, antinomique de leurs vies.



Avec ce premier roman, Willy Vlautin nous offre un instantané d'une Amérique qui cache sa misère sous le tapis, véritable hymne à tous les oubliés de l'american dream qui auraient pourtant mérité, eux aussi, d'avoir une part du gâteau et pas la plus petite.
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Devenir quelqu'un

Tout le monde, un jour, à voulu être quelqu’un… Quelqu’un qui compte, quelqu’un dont on se souvienne, quelqu’un d’autre…



Tout le monde a voulu, un jour, prouver qu’il/elle était quelqu’un, capable de se débrouiller seul, de faire ses preuves et d’aller au bout de ses rêves.



♫ J’irai au bout de mes rêves ♫ Où la raison s’achève ♪ comme le chantait JJG.



Le rêve d’Horace Hopper est de devenir champion de boxe. Il est persuadé que s’il le veut, qu’à force d’entrainement, il y arrivera et il n’écoute pas la voix de la raison d’Eldon Reese, son employeur et père de substitution. Le voici parti pour la grande ville, lui qui a vécu dans les montagnes du Nevada.



Ce roman met en scène le parcours initiatique d’un jeune homme dont toute sa vie ne fut qu’une vie de merde : abandonné à sa grand-mère par sa mère, son père était déjà foutu le camp bien avant, cible des autres à l’école, métissé Indien, il se rêve Mexicain et refuse ses origines. Vu sa fiche, on aurait pou croire que quelqu’un lui en voulait, pour lui avoir déjà fait subir toutes ces emmerdes.



L’histoire a un goût de déjà-lu ou de déjà-vu : un gamin maltraité par la vie et les Hommes, venant de la rase campagne, qui part à la ville pour réaliser son rêve de devenir champion de boxe alors qu’il part d’une feuille à peine écrite dans ce sport.



Il est innocent, le gamin, on le sent bien et les autres aussi le perçoive. Lâché dans la jungle, il essaiera de s’en sortir du mieux qu’il peut… Le rêve Américain, ce vieux mythe, lui semble à sa portée et notre jeune homme fera comme bien d’autres avant lui : lâcher la proie pour l’ombre.



Horace est hanté par ses échecs passés, pensant qu’il n’a rien fait de bien dans sa vie, même si Eldon Reese, le vieux rancher qui l’a recueilli avec son épouse, lui dit le contraire.



Le récit ne s’encombre pas du superflu, Horace boxe dans les poids plumes et le récit est expurgé de ce qui pourrait lui donner du gras. On se doutera qu’il y a des combats de boxe truqués, des magouilles, des choses louches, des sommes d’argent gardées par ceux qui n’y avaient pas droit et qu’on a manipulé Horace, mais sans que jamais les choses soient dites noir sur blanc.



On croisera de la misère humaine, aussi, mais sans jamais approfondir le sujet, ces rencontres n’étant que de celles que l’on fait parfois sur la route de notre vie. À peine rencontrée, aussitôt oubliée.



Mêlant adroitement les passages où Horace tente de devenir boxeur et se prend des coups dans la tronche avec ceux de la vie du couple Reese sur son ranch, on se rend compte que la vie est ironique : Horace va chercher loin une carrière alors qu’il aurait pu être un rancher et les Reese, sans Horace, ne savent plus s’en sortir avec leurs moutons. Il était utile à quelqu’un et ce crétin est parti.



Plusieurs fois j’ai eu envie de colles des baffes à Horace, que j’ai trouvé mou du genou à certains moments, quand il doutait et parfois, je l’ai trouvé trop timoré lorsqu’il voulait prouver à tout le monde et avant tout à lui, qu’il allait devenir quelqu’un. Or, il était déjà devenu quelqu’un…



Il m’aura manqué de l’empathie pour Horace, mais il me pardonnera sans doute, lui qui sait encaisser les coups mieux que personne, au sens propre comme au sens figuré et qui, quand il les rend, le fait avec une force énorme. Toute sa vie fut ainsi.



En fait, le personnage le plus important, le plus empathique, ce sera Eldon Reese, le vieux rancher qui a pris Horace sous son aile, qui sera ce qui se rapprochera le plus du père pour Horace et qui n’a pas réussi à le retenir parce que le gamin se sent indigne de son amour. Horace, t’es con, tu sais !



Un roman sombre que la quête d’identité, sur la non acceptance de ce que l’on est, le refus de ses origines ancestrales et la volonté de prouver que l’on peut devenir quelqu’un, quelque soit le prix à payer.



C’est le combat de Horace contre ses démons intérieurs, contre ses origines, contre le monde entier, ce sont les coups qu’il a encaissés durant toute sa courte vie (il n’a que 21 ans) et la possibilité qu’il a de les rendre, même si ce n’est pas aux bonnes personnes puisqu’il est sur un ring et que ce n’est pas la vraie vie, ce qu’il se passe dessus.



C’est l’histoire éternelle d’une personne qui ne se sentait pas digne de recevoir l’amour des gens qui l’avaient recueilli, d’un jeune homme qui n’avait pas compris tout ce qu’il avait déjà accompli, qu’il pouvait être fier de son parcours, qu’il était devenu quelqu’un, même s’il ne le savait pas, même s’il ne voulait pas l’entendre.



La dernière phrase est terrible et elle m’a cassée en deux…


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Ballade pour Leroy

J'imagine que ça s'est passé comme ça : un matin Willy Vlautin se lève avec l'envie d'écrire un livre. En y réfléchissant pendant son petit déjeuner il se dit que non, finalement il a bien envie d'écrire deux livres. Il a envie d'écrire un livre un peu noir mais surtout hyper réaliste sur les petites gens et les petites choses de la vie de tous les jours. Il a envie aussi d'écrire un roman de science fiction trépidant, un roman d'anticipation en fait, avec de l'aventure, des poursuites, et de l'amour. Zut mais comment faire se dit-il en se brossant les dents ? Surtout que Willy Vlautin n'est pas un procrastinateur, non, il ne veut pas remettre au lendemain ni l'une ni l'autre de ses idées. La question le poursuit lorsqu'il quitte son appartement, salue le concierge et passage, achète son journal au petit kiosque au bout de la rue et traverse le parc pour gagner du temps. C'est seulement une fois arrivé à son arrêt de bus qu'il trouve la solution : il va écrire les deux livres en même temps. Donc voilà, il tient son idée, il n'y a plus qu'à la mettre en pratique. Il y pensera ce soir, en rentrant du bureau parce qu'il a bien conscience que ça ne va pas être simple, d'écrire deux livres en même temps, surtout quand on a déjà deux boulots en même temps. D'un autre côté, son boulot de nuit à la station service lui laisse quand même pas mal de temps pour cogiter et pourquoi pas pour écrire...

C'était difficile donc mais vous savez quoi ? Il l'a fait ! Avec cette Ballade pour Leroy Willy Vlautin nous offre un livre deux en un. Il a trouvé la bonne astuce en plaçant son personnage central dans le coma, ce qui lui permet de dissocier les deux univers : l'univers banalement triste de la réalité d'un côté, et d'autre part, l'univers délirant du cauchemar quasi perpétuel qui habite l'inconscient de Leroy.

Il y a de toutes petites zones d'interférences entre les deux univers qui correspondent aux moments où Leroy ouvre les yeux, retrouve un peu de conscience pour des instants qui se feront de plus en plus rares et qui font qu'il mêle parfois quelques informations provenant de la vie réelle à son délire.

Mais comment en est-il arrivé là au fait ? Leroy était soldat. Leroy a fait l'Irak. Leroy s'est pris une bombe artisanale en pleine face et Leroy revient au pays sous forme de légume. Fin de l'histoire. On n'en parle pas plus que ça dans le livre, ce n'est pas le propos, Vlautin ne donne pas dans le mélo, il ne veut pas spécialement parler de la guerre, par contre on comprend que des mecs comme Leroy, il y en a plein un peu partout aux états-unis, dans des instituts spécialisés, lâchés en plein nature ou alors croupissant au fond d'une prison. Durant ma lecture, j'ai souvent pensé à Yellow birds de Kevin Powers, un livre inoubliable qui nous dit un peu la même chose : la guerre, d'une manière ou d'une autre, on n'en revient jamais. Jamais entier. Jamais « comme avant ». Jamais tout à fait.

Fin du topo sur la guerre. Oui mais alors de quoi parle ce livre ?

Bonne question. Ce livre parle de tout et de rien, ou plutôt du rien qui devient tout, du rien que sont les petites histoires des petites vies des petites gens dans les petites villes et en même temps du tout que représente en réalité ce rien pour justement ces petites gens dont ces petites vies sont tout ce qu'ils ont. D'ailleurs, ça c'est valable pour tout le monde hein, une vie c'est tout ce qu'on a, c'est pas comme au flipper “same player shoot again”, mais ça vous le saviez déjà n'est-ce pas ?

Quand bien même, lisez ce livre, vous verrez, dans ces pages on croise plus que des personnages, on croise des personnes, des vraies personnes avec des vraies histoires et on finit par s'y attacher vraiment parce que c'est beau aussi la réalité rien que la réalité, le quotidien sans fard, la banalité grise dans laquelle on distingue parfois (heureusement) quelques étincelles de profonde humanité. Ce livre est là pour nous rappeler que, quelque part, nous sommes tous des Working class Hero...



Pour être tout à fait franche, si j'ai (beaucoup) aimé la partie réaliste du roman, j'ai beaucoup moins accroché avec le délire de Leroy qui prend de plus en plus de place et n'apporte pas grand chose à mon sens. Pas à cette dose en tout cas. Il n'empêche que globalement J'ai vraiment apprécié cette première rencontre avec monsieur Vlautin.
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Devenir quelqu'un

Horace Hopper, jeune métis issu d'un mélange indien païute et blanc de sang irlandais est abandonné par ses parents. Il a été recueilli par Eldon et Louise Reese. Il se sent bien avec eux et travaille au ranch, courageux et décider. Dans la vie, il a un objectif devenir champion de boxe. Il admire les boxeurs mexicains, ce sont ses modèles. Il prendra un nom mexicain pour y arriver Hector Hidalgo.

Pour réaliser son rêve, il va partir à Tucson. Là, il va devoir repartir de rien, trouver un travail, un entraîneur et une salle de boxe. Delà, il va apprendre que la vie n'est pas si facile.

La solitude va être sienne, même si Eldon est proche de lui.

Tout au long du récit, on est frappé par la naïveté du héros. L'histoire oscille entre le calme du ranch et la ville agitée de l'autre côté.

Ce livre aborde la crise économique, le racisme, les petites arnaques et les gros mensonges.

Les personnages de Hector et de Eldon sont très attachants.

Ce livre m'a énormément bouleversé.

Suffit-il d'être de bonne volonté pour réussir à devenir quelqu'un ?

Merci au Picabo River book et aux Éditions Terres d'Amérique Albin Michel.

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La route sauvage (Cheyenne en automne)

Relu dans le cadre du Challenge États-Unis de Babelio - le Wyoming n'est en effet pas l'état le plus parcouru par les auteurs états-uniens littérairement parlant -, j'ai été de nouveau touchée par l'improbable amitié entre un adolescent de quinze ans livré à lui-même, et un quarter horse.



Charlie, ballotté depuis bien longtemps par son père d'état en état, s'ennuie l'été, sans les cours et les séances d'entraînement de football américain. Alors il vivote, essaie de rester en forme pour la rentrée en courant régulièrement dans Portland, nouveau lieu choisi par son père, et rencontre Del, propriétaire de chevaux de course, alcoolique notoire, devenant son assistant contre salaire pour s'occuper de ses chevaux. Parmi eux, Lean On Pete, un quarter horse pour lequel Charlie éprouve une immédiate sympathie. Au fil des jours, le cheval devient son confident, jusqu'à ce que deux terribles drames provoquent, sur un coup de tête, le départ de l'adolescent et du cheval pour le Wyoming, état dans lequel habite la tante de Charlie.



C'est le début d'un road-trip doux-amer, entre Oregon et Wyoming, remarquablement narré, entre éprouvant récit d'apprentissage pour Charlie et découverte des conditions de vie des chevaux de course pour le lecteur, Willy Vlautin ayant été pendant longtemps féru de courses hippiques avant de prendre conscience de la réalité de ce sport - ce qui l'a d'ailleurs poussé à écrire ce roman -.



Une lecture que je n'avais pas oubliée malgré les années, ce que m'a bien confirmé cette relecture.
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Motel Life

Très beau roman, très belle découverte grâce au Picabo River Book Club.

L'auteur a une très belle écriture, pleine de sincérité. Il réussit à nous faire quitter la réalité pour nous retrouver aux côtés de ces deux garçons. On est aspirés avec eux dans cette spirale descendante, on a peur pour eux....Vraiment très beau roman....
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Ballade pour Leroy

Avis de Grybouille (Chroniqueur chez Léa Touch Book) :



GROS COUP DE COeUR :



Grybouille en ballade avec Willy



Il y a des livres comme celui-ci qui vous habitent, qui restent en vous, pour lesquels il y aura toujours une place dans vos voyages intérieurs, là au fond de nous lecteurs (trices).



Il y aura ceux qui l'auront lu et ceux qui en entendront parler, pas la même chose assurément…



Ballade pour Leroy, c'est un voyage immobile pour Leroy dans un monde qui continue son mouvement. Tout autour de ce jeune meurtri, en souffrance, la vie continue.

Des vies de gens comme vous et moi qui chacun avec leur vécu se battent tous les jours pour rendre leur avenir meilleur.

Ici pas de cascade, pas de « bling-bling », pas de sensationnel, que de la sincérité, de l'émotion, une énorme découverte qui aurait manqué au p'tit Duc s'il était passé à coté.



Willy Vlautin, un inconnu pour moi avant ses 304 pages m'a retourné… La traduction est au diapason, un binôme qui s'est trouvé pour notre plus grand bonheur livresque.



L'histoire, WWHHHAAAAOOOOOOUUUUUUUUU……

Il fallait vraiment avoir de l'imagination pour sortir de l'ornière de l'histoire du jeune soldat blessé au combat qui revient polytraumatisé d'un lointain théâtre d'opération et qui sept ans après son retour lors d'un moment de lucidité, prend une terrible décision, la sienne…



La froide simplicité des choses.



Un voyage se met en place en compagnie de celle qui est tout pour lui, Jeannette avec qui il a tout partagé, comme la lecture et oui, la lecture comme nous !



Certains personnages,



Jo, adolescente perdue, prise en charge par de jeunes hommes qui profitent d'elle. Veut-elle vraiment être sauvée ?

Mr Flory, entouré des siens, « …Même maintenant alors que je sais que je vais mourir, je n'y crois toujours pas. »

Pat Logan, fils qui hérite d'une société dont il laisse la charge à plus compétent mais jouit des dividendes, un furoncle sur un corps sain.

Freddie Mc Call, le courage à l'état pur, le don de soi, la classe, foi de p'tit Duc…

Darla Kervin, la maman de Leroy, « Une petite amie n'est pas censée s'occuper jusqu'à la fin de ses jours d'un homme qui…C'est le rôle d'une mère… »

Jeannette, un Amour sans faille, éloignée, proche, toujours en symbiose.

Pauline, et Donna son lapin, infirmière d'un jour infirmière toujours… Son père lui dit « Merci »

Mora, serveuse, enfin beaucoup plus qu'une porteuse de nourriture.

Et Leroy, notre maître de cérémonie…



Une phrase qui m'habitera pour toujours car bien avant de lire ce livre j'ai souhaité de toutes mes forces d'oiseau à plumes que tous ces mots collés ensemble soient la clé, la vérité ultime, car le hasard n'existe pas : « … Parce qu'en mourant je me fondrai en Toi. Je ferai partie de Toi. »

Maintenant il nous faut trouver qui est le Toi, le premier qui le trouve le dit aux autres.



Merci à Mr Willy Vlautin,



Grybouille vous laisse à vos choix mais si vous ne le lisez pas, j'appelle l'oncle Jeff !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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