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Citations de Witold Gombrowicz (343)


Witold Gombrowicz
Plus c’est savant, plus c’est bête.
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Notre élément, c'est l'éternelle immaturité. Ce que nous pensons ou sentons aujourd'hui sera fatalement une sottise pour nos arrière-petits-enfants. Mieux vaudrait donc accepter dans tout cela dès maintenant la part de sottise que révélera l'avenir. Et cette force qui vous contraint à vous définir trop tôt n'est pas, comme vous le pensez, d'origine entièrement humaine. Nous nous rendrons compte bientôt que le plus important n'est plus de mourir pour des idées, des styles, des thèses, des slogans, des croyances, ni de s'enfermer en eux et de se bloquer, mais bien de reculer un peu et de prendre ses distances avec tout ce qui nous arrive.
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Witold Gombrowicz
L’homme dépend très étroitement de son reflet dans l’âme d’autrui, cette âme fût-elle celle d’un crétin.
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Ainsi quand un pianiste tape du Chopin sur une estrade, vous dites que la magie de cette musique, dans l'interprétation géniale d'un génial artiste, a transporté les auditeurs. Mais en fait, peut-être aucun des auditeurs n'a-t-il été réellement transporté. S'ils n'avaient pas su que Chopin était un génie et le pianiste aussi, peut-être auraient-ils écouté avec moins d'ardeur. Il est également possible que si chacun, pâle d'enthousiasme, applaudit, bisse et se démène, c'est parce que les autres aussi se démènent et poussent des cris... Tous manifestent leur enchantement parce que chacun se modèle sur ses voisins.
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Witold Gombrowicz
Ce qui a été enfanté dans une totale douleur est accueilli de la façon la plus partielle, entre un coup de téléphone et une côtelette. D’un côté l’écrivain donne son âme, son cœur, son art, sa peine, sa souffrance, mais de l’autre le lecteur n’en veut pas, ou s’il le veut bien, ce sera machinalement, en passant, jusqu’au prochain coup de téléphone. Les petites réalités de la vie nous détruisent. Vous êtes dans la situation d’un homme qui a provoqué un dragon mais qui tremble devant un petit chien d’appartement
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Messieurs, il existe en ce monde des milieux plus ou moins ridicules, plus ou moins honteux, humiliants et dégradants, et la quantité de bêtise n'est pas partout la même. Par exemple, le milieu des coiffeurs paraît à la première vue plus susceptible de bêtise que celui des cordonniers. Mais ce qui se passe dans le milieu artistique bat tous les records de sottise et d'indignité, au point qu'un homme à peu près convenable et équilibré ne peut pas ne pas rougir de honte, écrasé par ce festival puéril et prétentieux. Oh ces chants inspirés que personne n'écoute ! Oh ce beaux discours des connaisseurs, cet enthousiasme aux concerts et aux soirées poétiques, ces initiations, révélations et discussions, et le visage de ces gens qui déclament ou écoutent en célébrant de concert "le mystère de la beauté" ! En vertu de quelle douloureuse antinomie tout ce que vous faites ou dites dans ce domaine devient-il risible ? Lorsque dans l'histoire un milieu donné arrive à des telles sottises convulsives, on peut conclure avec certitude que ses idées ne correspondent pas au réel et qu'il est tout simplement farci de fausses conceptions. Vos conceptions artistiques atteignent sans nul doute au summum de la naïveté : et si vous voulez savoir pourquoi et comment il faudrait les réviser, je puis vous le dire sur-le-champ, pourvu que vous prêtiez l'oreille.
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« Tout autour on sentait déjà cet effritement de l’être qu’apporte immanquablement la nuit. »
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-Que faites-vous là ?
-Rien, rien, rien, rien, rien, rien,répondit-il, puis il eut un sourire bienheureux.
-Qu'est-ce qui vous amuse ainsi?
-Quoi? Rien! C'est justement ça: "Rien!" Eh, c'est un calembour, euh... C'est "rien" qui m'amuse, voyez-vous, excellent Monsieur, honorable compagnon d'aventures, parce que "rien" est justement ce qu'on fait toute la vie. Le pauvre type se lève, s'assoit, il parle, il écrit...et rien. Le pauvre type achète, il vend, il se marie, il ne se marie pas, et rien. Le pauvre type, le voilà assis sur un tronc d'arbres, et rien. Du vent.
Il laissait tomber ses paroles avec nonchalance, comme de mauvaise grâce.
Je dis :
-Vous parlez comme si vous n'aviez jamais travaillé.
-Travaillé? Eh bien vous!... Oh là là! Et comment! La banque! la banquoche! la grosse banque qui me gli-gli-gli dans le ventre. Une baleine. Hum. Trente-sept ans! Et quoi? Rien!
Il réfléchit et souffla sur sa main.
-Ça a fui.
- Qu'est-ce qui a fui?
Il répondit d'une voix nasale, monotone:
- Les années se dissolvent en mois, les mois en jours, les jours en heures, en minutes et en secondes, et les secondes fuient. On ne peut pas les attraper. Ça fuit. Que suis-je ? Je suis une certaine quantité de secondes - qui ont fui. Résultat: rien. Rien.
Il devint rouge et cria :
-C'est du vol!
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Et je revins dans la salle à manger où, dans un immense plat d'argent, s'exhibaient les restes du chou-fleur. Le ventre de la comtesse aurait pu faire croire qu'elle était au septième mois, le baron plongeait presque dans son assiette son organe de nutrition et la vieille marquise mâchait, mâchait infatigablement, en remuant les mâchoires comme - oui, je dois le dire - comme une vache.
- Divin, merveilleux ! Répétaient-ils. Charmant, incomparable !
Tout à fait désorienté, je goûtai de nouveau le chou-fleur, avec réflexion, avec attention, mais je cherchai en vain quelque chose qui pût justifier, ne fût-ce qu'en partie, l'attitude si étonnante de la compagnie.
-Mais qu'est-ce que vous lui trouvez donc ? demandai-je en toussotant, timide, un peu honteux.
-Ha, ha, ha ! il le demande ! s'écria d'une voix aiguë le baron qui mangeait tout son saoul, d'excellente humeur.
-Est-ce que vraiment vous ne sentez pas, jeune homme ? demanda la marquise sans s'arrêter un seul instant d'avaler.
-Vous n'êtes pas gastronome ! remarqua le baron avec une nuance de regret, courtois, mais moi... Moi je ne suis pas gastronome, je suis gastrosophe !
Et, à moins que mes sens ne m'aient trompé, quelque chose en lui s'enfla tandis qu'il prononçait cette phrase en français, de sorte qu'il fit sortir de ses joues gonflées le mot "gastrosophe" avec une fierté toute nouvelle.
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Je remarquai que la fraîche verdure qui était en moi, ce pédant la broutait comme une vache. Extraordinaire impression quand un pédant pait votre verdure dans une praire tout en se trouvant dans votre appartement : il est assis sur une chaise et il lit, en même temps il paît et il broute.
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Un Dieu ou des idéaux ne sont pas nécessaires pour découvrir la valeur suprême. Il suffit de rester trois jours sans manger pour qu’un morceau de pain devienne cette valeur ; nos besoins sont à la base de nos valeurs, du sens et de l’ordonnance de notre vie.
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Mais ce qui se passe dans le milieu artistique bat tous les records de sottise et d'indignité, au point qu'un homme à peu près convenable et équilibré ne peut pas ne pas rougir de honte écrasé par ce festival puéril et prétentieux. Oh ces chants inspirés que personne n'écoute ! Oh ces beaux discours des connaisseurs, cet enthousiasme aux concerts et aux soirées poétiques, ces initiations, révélations et discussions, et le visage de ces gens qui déclament ou écoutent en célébrant de concert "le mystère de la beauté" !
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Notre obligation fondamentale est en effet de plaire au goût, nous devons plaire, femme et enfants peuvent mourir, notre coeur se déchirer, pourvu que ce soit avec goût, avec bon goût!
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À l'état de veille, j'étais aussi indéfini, aussi déchiré qu'en rêve. Je venais de franchir le Rubicon de la trentaine, j'avais passé un certain seuil, les papiers d'identité et les apparences extérieures faisaient de moi un homme mur - que je n'étais pas - mais qu'étais-je donc? Un homme de trente ans qui jouait au bridge? Un homme qui travaillait à l'occasion et par intermittence, qui s'acquittait des petites activités courantes et avait des échéances?
Quelle était ma situation? J'allais dans les cafés et dans les bars, je rencontrais des gens et échangeais avec eux des paroles, parfois même des pensées, mais mon état restait peu clair et je ne savais pas moi-même où était l'adulte et où était le blanc-bec. Ainsi à ce tournant des années, je n'étais ni ceci ni cela, je n'étais rien et les gens de mon âge, qui étaient mariés et occupaient une position déjà bien définie (sinon devant la vie, du moins dans l'administration), me traitaient avec une méfiance justifiée.
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Pour ce qui touche au marxisme, je ne vois pas l’utilité de ce viol pratiqué sur eux-mêmes par des bourgeois de naissance et d’éducation qui s’efforcent de s’identifier au prolétariat en invoquant la doctrine. Du vent, tout ça !
Et du luxe… Ces analyses sans fin, ces états d’âme archisubtils, ces scrupules trop dramatiques, cette façon de couper les cheveux en quatre sentent le luxe ; et l’odeur du luxe n’est pas une odeur de sainteté.
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Ah, me créer une forme propre ! Me projeter à l'extérieur ! M'exprimer ! Que ma forme naisse de moi, qu'elle ne me soit pas donnée de l'extérieur !
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Witold Gombrowicz
Un génie sérieux viendra-t-il un jour pour regarder en face les petitesses concrètes de l'existence sans éclater d'un rire obtus? Et qui saura opposer à ces petitesses sa grandeur ? Eh toi, mon style, trop pétillant, trop léger !
Page 105
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La littérature est extrêmement facile ; c'est pourquoi elle est extrêmement difficile. Un récit, un poème, un roman --- rien de plus simple, n'importe quelle ménagère en est capable. Mais de là à pénétrer sur ce terrain où la parole devient incisive...
Pour y parvenir, voici ce que je vous propose : aucune docilité, aucune modestie. Cessez d'être des petits enfants sages. Soyez présomptueux, arrogants, désagréables. Une bonne dose d'anarchie et d'irrespect absolu vous serait utile. Soyez également délicats, narcissiques, hypersensibles, égocentriques et égoïstes. Et puis -- attrapez aussi quelques maladies chroniques. En outre -- soyez fantaisistes, irresponsables, ne craignez pas la bêtise et la bouffonnerie. Sachez que la crasse, la maladie, le péché, l'anarchie sont vos aliments.
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Rien de plus artificiel que les descriptions de jeunes filles et les comparaisons recherchées que l'on forge à cette occasion. Les lèvres comme des cerises, les seins comme des boutons de rose... Oh, s'ils suffisait d'acheter chez le marchand quelques fruits et légumes! Et si une bouche avait vraiment le goût d'une cerise mûre, qui pourrait tomber amoureux? Qui se laisserait tenter par un baiser réellement doux comme une friandise?
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Je remarquai de bonne heure que mon père évitait comme le feu le contact de ma mère. Pis encore, il évitait sa vue et, quand il lui parlait, il regardait en général de côté ou s'examinait les ongles. Rien de plus triste en son genre que ce regard obstinément baissé. Parfois, cependant, il la regardait en biais, avec les marques d'un dégoût sans bornes. [...] Et comment dans ces conditions expliquer mon existence? Comment étais-je venu au monde? Je pense qu'on m'avait conçu dans une sorte de contrainte, les dents serrées, en faisant violence à l'instinct - autrement dit, je suppose que mon père a lutté un certain temps contre son dégoût au nom du devoir conjugal (il plaçait plus haut que tout son honneur viril) et qu'un bébé, moi, a été le fruit de cet héroïsme.
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