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Critiques de Xavier Mauméjean (283)
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Bloodsilver

J'aime faire des lectures qui remettent en question certaines certitudes, je pensais ne pas avoir d'intérêt pour les uchronies, j'évitais d'ailleurs consciencieusement le genre jusqu'à présent, il me manquait simplement le bon titre et le malentendu qui a permis cette rencontre.

Pour ce qui est de l'uchronie, l'auteur revisite la colonisation du nouveau monde par les européens du 17ème siècle et parcourt l'histoire de ce qui deviendra les Etats-Unis d'Amérique jusqu'en 1907 en y ajoutant un ingrédient supplémentaire de taille.

Que se serait-il passé si les vampires de la vieille Europe avaient débarqué en même temps que les premiers colons ?

La très bonne idée de Johan Heliot sera de mettre en scène plusieurs figures emblématiques de l'Amérique, et ce, de façon chronologique en commençant par le procès des sorcières de Salem, le règlement de compte à OK Coral avec Doc Holliday et les frères Earp, ou encore le massacre de Wounded Knee. L'auteur va aussi revisiter les biographies de Billy the kid, des frères Dalton ou encore Mark Twain (l'auteur des "Aventures de Tom Sawyer"), j'ai aussi beaucoup apprécié l'histoire de la firme "Winchester", très instructive.

Du point de vue scénaristique c'est parfait ! La lente progression de l'emprise sur le nouveau monde des "Brookes", surnom donné aux vampires, est d'une logique implacable et inéluctable. Ils ont pour ainsi dire l'éternité devant eux et finiront probablement par épuiser toute résistance, notamment celle de la "Horde sauvage" créée pour éradiquer les vampires et que nous verrons s'opposer à l'avancée du convoi.

Le convoi transportant l'argent est le fil rouge du récit, car le nerf de la guerre est la seule arme efficace contre les vampires : l'argent, celui qui permet de fabriquer les seules balles létales contre cet adversaire immortel ou presque, argent que les brookes chercheront à s'accaparer partout où des gisements seront découverts...

Les brookes auront aussi besoin d'étendre leur influence pour asseoir leur emprise et se parer d'une aura de respectabilité, il faudra donc "museler" la presse et la littérature, ce qui sera évoqué dans les chapitres consacrés à Mark Twain, ce scénario ne laisse rien au hasard, et à l'arrivée cette lecture se révèle addictive !

Si j'ai aimé cette lecture, c'est aussi en raison du style qui me convient à merveille, clair et concis, agréable et bien écrit, bref, pour ce qui me concerne c'est parfait.
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Car je suis légion

« Babylone, Babylone,

Babylone, tu déconnes,

Babylone, Babylone,

Bientôt, t'écraseras plus personne »

Celles et ceux qui n'ont plus vingt ans depuis (très) longtemps se souviennent probablement de cette chanson de Bill Deraime. Elle résume bien l'ambiance qui règne dans « Car je suis légion » où, c'est le moins que l'on puisse dire, la cité légendaire de Babylone, la cité du Roi des rois Nabuchodonosor se met à déconner à plein tube (une expression de centenaire, ou je me trompe ???)

Esprits cartésiens et logiques, fuyez ce livre ! Tout n'y est que confusion, irrationalité et mysticisme. A Babylone, les dieux sont partout. Omniprésents, omnipotents, ils règnent sur la vie des hommes et des choses. A Babylone, même le vol d'une mouette peut être sujet à interprétation divine… Et quels Dieux ! Pas des miséricordieux, des magnanimes, des bienveillants. Des vrais monstres, plutôt ! Des pervers, des méchants, des vindicatifs, des déments, des égorgeurs… Je n'aimerais pas les rencontrer au coin de ma rue, ceux-là…

Les plus puissants parmi eux se nomment Inanna et ses légions de prostituées, Tiana et sa horde de fous-furieux, et Marduck, producteur de toute verdure, créateur de céréales, garant de la fertilité des ventres et du sol.

Fatigué, ce dernier, pour une raison qui m'a échappé, décide de se reposer. N'en demandant pas tant, Tiana et ses enragés en profitent pour semer le chaos dans Babylone… Devenus complètement fous, ayant perdus leurs repères, les babyloniens s'étripent et s'égorgent durant des jours et des nuits.

Mais Sarban est là qui veille, petit homme qui ose se mesurer aux Dieux fous. Aidé malgré tout par Innana, la seule personne à peu près sensée au milieu de tous ces extravagants, il parvient in extremis à sauver Babylone du désastre.

Ce livre m'a déçu. Malgré quelques moments de pure poésie, j'ai trouvé le style impersonnel, sans âme. Un style engourdissant tandis que des femmes et des hommes en train de s'étriper se noient dans un bain de sang. C'est vraiment étrange.

Je l'ai lu en compagnie de mes amies Srafina et Fifrildi. Je vous invite à lire leurs critiques, à coup sûr plus constructives et objectives que la mienne. J'ai en effet la sensation de ne pas avoir tout compris…
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Henry Darger : Dans les royaumes de l'Irréel

Je suis très embêtée, parce qu'une biographie de Henry Darger en français, assortie en sus d'un essai, c'était quasiment inespéré. Il faut savoir qu'on ne dispose que de très peu d'ouvrages en français sur cet artiste et écrivain: le catalogue d'exposition de 2015 du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, L'Histoire de ma vie, très courte autobiographie de Darger, et, à présent, le livre de Xavier Mauméjean. Problème : c'est en partie gâché par un travail éditorial bâclé (à croire que les relectures ne sont pas pratiquées aux Forges de Vulcain). Mais pas que. J'en reparlerai en fin de critique.





J'étais aux anges quand j'ai reçu le livre, vu que j'attends depuis des années de pouvoir me renseigner davantage sur cet artiste rangé dans la catégorie Art Brut. N'ayant pas acheté le catalogue du MAMVP* à temps, impossible de mettre la main dessus (ce qui est chose faite depuis peu, le hasard faisant parfois bien les choses). Et je n'ai pas boudé mon plaisir, malgré les réticences que j'ai mentionnées plus haut.





Pour ceux qui auraient eu l'outrecuidance de ne pas lire ma précédente critique de L'Histoire de ma vie - ou, pire, qui ne s'en souviendraient pas ! -, je m'en vais présenter Henry Darger. Darger est un artiste américain né à la toute fin du XIXème siècle, bien connu dans le cercle des amateurs d'Art Brut, un peu moins chez les amateurs d'art tout court, et beaucoup moins, pour ne pas dire pas du tout, du grand public. Et vu ce qu'on connaît de lui, c'est-à-dire sa peinture, c'est bien logique. Ses dessins sont en bonne partie tirés de reproductions de dessins publicitaires ou de comics, car il n'était pas dessinateur au sens où on l'entend habituellement (en revanche, on ne peut nier son sens de la composition). le style en a heurté plus d'un. Quant à l'histoire que ses œuvres picturales racontent, elle est empreinte d'une grande violence. Jugez-en plutôt : cette histoire raconte l'affrontement de deux royaumes (en gros), celui des Glandeliniens, qui ont renié le dieu chrétien et vénère des idoles, et Abbieannia, royaume qui, lui, a conservé la pratique de la religion chrétienne (vous avez donc deviné que Darger était chrétien... mais ça n'est pas si simple). Les Glandeliniens, après avoir torturé et massacré de toutes les façons possibles les femmes et les enfants de leur royaume, s'en prennent aux royaumes voisins. Je vous fais grâce de la totalité des horreurs qu'ils commettent, mais on a droit à moult étranglements, démembrements, énucléations et autres joyeusetés, sans parler des éviscérations, très marquantes dans les peintures de Darger. Les enfants sont les principales victimes des Glandeliniens, et se révoltent avec pour leader une fillette du nom de Annie Aronburg, puis, après l'assassinat de cette dernière, se réunissent autour des sept princesses d'Abbieannia, filles du roi Vivian et appelées les Vivian Girls. J'espère ne pas m'être plantée dans le résumé...





Mais d'où vient cette histoire de Glandeliniens et d'enfants massacrés qui peuplent les peintures de Darger ? de ses écrits, tout bêtement. Darger a été régulièrement exposé, surtout aux États-Unis, mais on ne sait pas grand-chose de ses textes. Et pour cause : à peu près 35 000 pages écrites, dont seul L'Histoire de ma vie (à peu près 100 pages dans l'édition française de poche) a été publiée. Son grand-œuvre, c'est (tenez-vous bien) The Story of the Vivian Girls, in What is Known as the Realms of the Unreal, of the Glandeco-Angelinian War Storm Caused by the Child Slave Rebellion, qu'on traduit en français tout en l'abrégeant (c'est un peu long , il faut bien l'avouer) par : Dans les royaumes de l'Irréel. On parle plus généralement de l'histoire des Vivian Girls ; une suite de 8 000 pages existe, racontant d'autres mésaventures. Darger a également écrit des textes sur les phénomènes météorologiques, deux journaux, une fiction, qui fait directement suite à L'Histoire de ma vie, sur l'histoire d'une tornade, et des Miscellanées, quoique ça puisse être (Xavier Mauméjean n'ayant pas jugé utile de nous renseigner sur ce point). C'est au roman principal que se rattachent les œuvres picturales de Darger ; mais presque personne ne l'a lu (15 000 pages non publiées, forcément, hein), et ne parlons même pas des autres textes, l'autobiographie mise à part. Par conséquent, on a traité Darger comme un artiste plasticien, et fort peu comme un écrivain. Or, ce que s'attache à démontrer Xavier Mauméjean, c'est que sont les textes qui sont au cœur de l'œuvre de Darger.





Cette biographie est intéressante à plus d'un titre. C'est tout le contexte historique qui est présenté, avec notamment la vie à Chicago et la façon dont on traitait les enfants pauvres qu'on considérait comme fous ou faibles d'esprit ; particulièrement édifiant : le chapitre où il est question d'une visite chez un médecin qui décide que Darger n'est pas net parce qu'il se masturbe (pour le coup, c'est le médecin qui a l'air obsédé par la masturbation, toutes les réponses aux questions de son formulaire se soldant par le mot "Masturbation") et qu'il faut donc l'envoyer dans un asile. Ben oui, à l'époque, la masturbation est considérée comme un mal absolu et c'est démontré par des médecins de façon... pas du tout scientifique (la religion y mettant largement son grain de sel). Et quant aux soins apportés aux patients des asiles pour indigents, faibles d'esprit, et ainsi de suite, je vous laisse imaginer ce que ça pouvait bien donner.





Mais pour moi, le chapitre essentiel de ce livre, c'est celui où Mauméjean explique comment un incident survenu dans la vie de Darger a eu des conséquences énormes sur son œuvre littéraire. Une enfant avait été assassinée à Chicago, Darger avait suivi l'affaire dans les journaux et possédait une photo de la fillette découpée dans un journal. Or cette photo finit par disparaître, et Darger multiplia les tentatives pour la retrouver, dont des prières à Dieu, suivies d'invectives et d'abjurations de sa foi (temporaires et pas forcément effectives, mais en tout cas clamées), vu que les prières restaient sans effet. Xavier Mauméjean démontre que la perte de cette photo a eu des effets, non seulement considérables, mais aussi assez inattendus, dans l'histoire des Vivian Girls. Annie Aronburg, la première leader de la révolte des enfants, est le double littéraire d'Elsie Paroubek, l'enfant assassinée dans le Chicago de Darger. Mais on voit vite que ça va beaucoup plus loin que ça, et que si Darger est chrétien et du côté des Vivian Girls, il est aussi du côté des Glandeliniens qui renient Dieu, d'où des personnages s'appelant Darger dans les deux royaumes, dont l'un d'entre eux est bizarrement à l'origine de grands troubles à cause de la perte d'une photographie d'Annie Aronburg. C'est dire à quel point Darger vit à la limite de deux mondes. Et tout l'intérêt du chapitre, c'est que l'argumentaire de Mauméjean s'appuie uniquement sur les textes et la biographie (et bien entendu sur les travaux de chercheurs qui ont davantage étudié l'œuvre de Darger que lui-même), et non sur une interprétation un peu lâche. On a ici un très bon aperçu de la manière dont Darger conçoit ses écrits.





Pour ce qui est de la partie essai, qui regroupe plusieurs thématiques, je suis un peu moins enthousiaste. Déjà, parce que j'avais pas mal réfléchi aux questions de la nudité et de la violence commise par des adultes sur des enfants chez Darger. Mais je mentirais de façon éhontée si je disais que je n'ai rien appris. Et de toute façon, il était nécessaire de traiter des thématiques de la nudité, de la violence, de la sexualité, alors que les peintures de Darger montrent beaucoup d'enfants nus et, régulièrement, des fillettes affublées de sexes masculins. C'est le genre de choses qui donnent lieu à moult interprétations douteuses. Pour ma part, j'avais toujours vu la nudité des personnages comme une manière de souligner leur innocence et leur impuissance, comme je voyais dans le mélange des sexes une sorte de référence à un état androgyne et pur. Xavier Mauméjean m'a confortée là-dessus, bien qu'il mesure ses propos en précisant qu'il ne s'agit que d'une interprétation de plus, puisque Darger ne s'est jamais expliqué sur ces points (mais sur les autres non plus, à vrai dire, vu qu'il créait dans son coin et n'a jamais proposé d'exégèse de son œuvre). En revanche, je n'avais pas beaucoup réfléchi aux personnages adultes, et certainement pas au caractère systématique de la violence infligée par les Glandeliniens. C'est là aussi bien argumenté, notamment l'aspect nihiliste de cette violence, puisque les Glandeliniens, comme mentionné plus haut, tuent leurs propres femmes et leurs propres enfants, avant que d'aller massacrer ceux des autres (par conséquent, leur société va s'effondrer faute de descendants). Bien. Le hic dans cet essai sur les thématiques dargeriennes, c'est le chapitre sur la religion, franchement pas clair. Ça part dans tous les sens, donc c'est peu pertinent, et c'est dommage car on voit bien que c'est très important chez Darger. On en retirera tout de même que les tourments infligés aux enfants ressemblent étrangement à ceux subis par les légendaires martyrs chrétiens - sauf que je ne suis pas sûre que ce soit dit dans le chapitre sur la religion, je me demande si ce n'est pas plutôt dans celui sur la violence. Passons.





Passons, oui : passons à ce qui ne va pas, mais alors pas du tout. Je vais commencer par le style de Xavier Mauméjean, assez sec, avec un manque de transitions notoire, qui rend parfois la lecture moyennement agréable. Je me suis même demandé s'il n'avait pas tout simplement repris sa thèse sur Darger (puisqu'il en a écrit une), sans s'encombrer de fioritures. C'est plutôt étonnant de la part de quelqu'un qui est également romancier. Mais surtout, il ne s'est pas relu, ou alors à toute vitesse, et, ce qui est encore pire, c'est que personne aux Forges de Vulcain ne semble l'avoir relu non plus. D'où un amas de coquilles insupportable, exaspérant, inadmissible ; des passages entiers répétés à l'envi (je pense connaître par cœur l'adresse du drugstore où Darger photocopiait ses dessins, tellement c'est dit et redit) ; des expressions ou passages en anglais non traduits ; des confusions entre certains mots, comme "agonir" et "agoniser" (ce qui n'est pas tout à fait la même chose, hum) ; des contradictions carrément dérangeantes (la petite sœur de Darger est semble-t-il morte à la naissance, et puis ensuite elle a été adoptée, adoptée, adoptée, et encore adoptée, et puis, oh ben non, finalement, dans la chronologie, on nous dit qu'on ne sait pas ce qu'elle est devenue ! Ah ben tiens !) Ajoutons à cela un manque patent de bibliographie (si c'est une mode que de ne plus proposer de bibliographie, c'est une mode franchement pénible), ce qui oblige à se référer aux 849 notes : comme c'est pratique ! Et pas une seule reproduction des œuvres picturales de Darger, alors qu'une soixantaine sont citées (sur un total d'environ 300 œuvres). C'est ce que j'appelle du travail bâclé, et pas à moitié. Comment peut-on prétendre publier un ouvrage que, probablement, pas mal d'amateurs d'Art Brut attendaient, et le saccager ainsi ? Et comme l'a fait très justement remarquer Witchblade, comment peut-on vendre 25 euros un livre aussi maltraité sur le plan éditorial ? En gros, c'est comme si on vous demandait de payer pour lire des épreuves non corrigées. Et même si j'ai apprécié d'avoir accès à ce livre malgré tous ces atroces défauts , je ne félicite pas la maison d'édition Aux forges de Vulcain. C'est rien de le dire !



* Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris









Masse critique Non fiction


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Le Jour des fous

Aperçu chez mon petit libraire, j’ai sauté immédiatement dessus. Ma surprise fut que le présent ouvrage est signé des éditions NéO (pour Nouvelle Éditions Oswald) avec cette magnifique couverture signée par l’un des grands maître artistique Jean-Michel Nicollet.



Une éruption solaire à produit une vague de radiation sur la Terre. Ceux qui ne se suicident pas, deviennent fous ou génies. L’histoire se déroule en Angleterre. On y découvre un personnage torturé du nom de Greville (Matthew de son prénom). Il vit ou plutôt survit. Il s’est construit un petit nid douillet tel Robert Neville – « Je suis une légende » de Richard Matheson –, à cela près qu’il n’est pas le dernier être humain sur Terre.



Edmund Cooper suit la lignée des auteurs anglais spécialisés dans le récit post-apocalyptique. Ainsi je pourrais citer entre autres James Graham Ballard, John Wyndham. Mais ce qu’il les différencie des deux écrivains précités, c’est une richesse à la fois scénaristique et de l’action. Parce que lire un Ballard, qu’est-ce que c’est chiant.

L’écriture de Edmund Cooper est folle. Il part du principe que tout est mort et que les animaux (les êtres humains font partie du règne animal) ont évolué et sont devenus des sortes de mutants ou plus sérieusement, redevenus sauvages. L’homme n’est plus au sommet de la chaîne alimentaire. Les rats sont les pires ennemis, les chiens sont en meutes et sèment la terreur, les chats sont sournois, les cochons sont des bêtes féroces cannibales (à ne pas confondre avec anthropophages).



À l’inverse de la trilogie éponyme de James Herbert, les rongeurs sont ici plus réalistes. J’ai été bien plus admirateur par le rendu de ce sujet de Edmund Cooper. Preuve, s’il en faut, que ce roman se veut tourné vers la survie, thème qui me plaît tout particulièrement. Au-delà des bêtes immondes, on y trouve aussi des cinglés, ces humains qui ont survécu – appelé “transnormal“. Cela va d’une secte de moines au seigneur féodal. Je rajouterai un petit bémol. J’aurais bien aimé avoir quelques dingues solitaires.



« Le jour des fous » est un roman ambitieux, mais de courte durée avec seulement 252 pages pour un récit intense. L’ensemble est admirablement écrit – à cela je dénote quelques répétitions, dû peut-être à la traduction de Gérard Colson –, où l’on peut y déceler de l’ironie, un certain humour, de la mélancolie, de la noirceur et du pessimisme.



J’ai été happé par l’univers d’une Angleterre revenue sauvage où la nature a repris le pas sur l’homme. J’ai aimé ce roman plein d’action où l’on se prend d’affection pour les personnages. Voilà un excellent récit post-apocalyptique bien plus profond et mieux travaillé que l’insipide « La route » de Comac McCarthy – roman surcoté. Voilà un vrai récit d’aventures où l’être humain doit survivre. Avec un peu plus d’effet d’hémoglobine le rendu aurait gagné en réalisme. Enfin, l’épilogue parachève en beauté le tout sur une note de mélancolie.
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Steampunk : De vapeur et d'acier

Quel titre que ce De vapeur et d’acier ! Ronflant et mécanique à souhait, celui-ci nous lance d’emblée dans ce qui apparaît comme une des grandes réussites des littératures de l’imaginaire en 2013.



Dans sa préface, Philippe Druillet nous met bien en garde avant un voyage sans aucun doute extraordinaire et palpitant ; il a bien raison, car avec les textes de Xavier Mauméjean et les dessins de Didier Graffet nous voilà partis pour une plongée dans un univers steampunk aux multiples temporalités historiques. Le principe est simple : les deux auteurs ont collaboré en apportant chacun de leur côté des idées de textes ou des idées de dessins que l’autre a ensuite complété de sa propre spécialité. Et, dans de nombreux cas, nous pouvons deviner lequel des deux (soit un dessin de Didier Graffet, soit un texte original de Xavier Mauméjean) a inspiré la deuxième partie de la création. L’un comme l’autre se complètent de manière admirable.

Les passionnés antiquistes, médiévistes et modernistes auront sûrement aimé voir davantage d’histoires antiques (il y en a quelques-unes quand même), mais surtout médiévistes et modernistes ; le concept rétro-futuriste ne leur sied peut-être moins que les XIXe et XXe siècles, et surtout l’époque victorienne, qui sont évidemment les plus gâtés quand nous parlons steampunk, tradition oblige. Les deux auteurs, sur leur lancée, semblaient prêts à remettre le couvert (un deuxième tome aurait pu proposer des compléments très appréciables sur certains manques, selon les lecteurs ; malheureusement, la réduction drastique de la publication de fiction chez Le Pré-aux-Clercs semble faire cesser toute idée de prolongement pour le moment.

Il est difficile de ne retenir que quelques histoires, mais allez, pour donner un avant-goût. Retenons quelques pépites scénaristiques comme « 1492 » (le rêve de toute uchroniste), « Miss Octopus » (la femme indépendante par excellence), « La cité au bord du temps », « Taupus Mechanica » (un épais mystère en quelques mots très simples), « Pékin 55 » (original et qui s’appuie sur la connaissance de l’Asie chez Xavier Mauméjean) ou même « L’ombre de l’épouvante » (forte influence des comics et de la psychanalyse en un cocktail détonnant). Xavier Graffet se surpasse dans la grande majorité des illustrations, nous offrant même des dessins intermédiaires pour certaines histoires sûrement plus inspirantes encore, notez surtout « La conspiration des poudres » (Guy Fawkes aurait été fier), « L’avant-poste » « Le veilleur », « Le Titan des mers », « L’ombre et la proie » (monstrueux de réalisme) et un génial « Nova Roma » où la culture antique imprègne les évolutions technologiques meurtrières. Et encore, ce n’est là qu’un aperçu ! C’est dire que cet ouvrage de référence ouvre un nombre de portes scénaristiques aussi incroyable que foisonnant. Nous avons là un manuel phénoménal sur l’imaginaire steampunk, si vous manquez d’idées, lisez De vapeur et d’acier !



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Effluvium

"Effluvium" est un beau-livre réalisé pat les éditions Bragelonne dans lequel le graphiste Didier Graffet et l’auteur Xavier Mauméjean collaborent de nouveau pour donner ses lettres de noblesses au steampunk français. Je ne vois pas trop l’intérêt de faire démarrer l’uchronie rétrofuturiste avec Hiéron d’Alexandrie dans l’Antiquité pour se retrouver avec un énième XIXe siècle à vapeur avec l’Angleterre et Londres, la France et Paris, les États-Unis et New-York, la Russie et Moscou dans à peu près les mêmes situations qu’IRL et avec les mêmes thématiques qu’IRL… Mais qu’importe on est là pour les dessins, et quels dessins !

L’ouvrage est découpé en 4 parties (Le temps d’avant le temps, Icare la verticalité, Dédale l’horizontalité, Souvenir du futur), mais on reste dans une version 2.0 du précédent ouvrage des mêmes auteurs intitulé "Steampunk : De vapeur et d'acier". Je trouve même que la nouvelle version est moins originale car assez répétitive (même si semble-t-il c’est un peu voulu) : on retrouve de pages en pages les architectures verticales et les véhicules horizontaux. Après c’est un véritable plaisir que de retrouver le travail de Didier Graffet en format A3 voire A2 accompagné des descriptions/explications de Xavier Mauméjean, et on oubliera vite fait bien fait la préface superfétatoire de Mathieu Gaborit toujours meilleurs copineur qu’auteur…





PS : c’est toujours rageant de recevoir un colis abîmé surtout quant le contenu est un beau-livre… Mais pour en avoir parlé avec tous les libraires que je connais, c’est de la faute des distributeurs qui veulent à tout prix réaliser des gains marginaux en recrutant ces sur-camionnettes / sous-camions autorisés par les sociaux-traîtres de l'Union Européenne pour contourner la législation et faire en sorte que les gros engrangent encore plus de pognon au détriment des petits : ils oublient ou il détériorent les colis SYSTÉMATIQUEMENT !!!
Lien : http://www.portesdumultivers..
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Steampunk : De vapeur et d'acier

Amateurs d'uchronie, d'histoire, de dirigeables et de machinerie, lancez-vous sans tarder dans « De vapeur et d'acier », formidable aventure rétro-futuriste concoctée par les soins de Xavier Mauméjean et Didier Graffet. Le premier est auteur, le second illustrateur, et la combinaison de leurs deux talents aura permis l'élaboration de ce remarquable ouvrage qui repose sur un principe très simple mais néanmoins accrocheur : et si les hommes étaient parvenus à maîtriser les secrets de la vapeur et à dominer la machine dès l'Antiquité ?



Ni une ni deux, voilà nos deux auteurs partis pour revisiter toute notre Histoire en tenant compte de cette arrivée précoce du progrès technique. S'esquisse alors sous les yeux émerveillés du lecteur un monde fantastique, fait de merveilles, d'explorations et de découvertes ou innovations plus surprenantes les unes que les autres : usine flottante, cité diaphane, armement de pointe, créatures hybrides... Et que dire de cette ville de Paris qui fit construire à l'occasion d'une exposition universelle un véritable réseau ferroviaire aérien proposant aux touristes une vue panoramique de la capitale ! Tout au long de ces cent-vingt pages, un texte associé à une illustration nous relatent quelques événements marquants s'étant déroulés à diverses époques (de l'Antiquité au XXe siècle) et en divers lieux (Europe, Asie, Pôle nord, océan, jungle...) de cette histoire alternative. Certains présentent également un personnage atypique, réel ou imaginaire : des malfrats renommés tels que Ned Kelly, la bande à Bonnot ou bien Miss Octopus, cambrioleuse internationale maîtrisant quantité de gadgets et fort séduisante ; le bossu de Notre-Dame reconverti en automate rêveur ; Frankenstein...



C'est un véritable plaisir de découvrir les textes de Xavier Mauméjean dont on ne peut qu'admirer la fertile imagination. Chacun de ses écrits pourraient en effet sans mal donner lieu à une nouvelle, voire même un roman, tant les idées sont originales et tant on aimerait poursuivre un peu plus longtemps le voyage dans cet univers fascinant. Venez donc assister à la chasse au Squodron, monstre amphibien géant, menée par une véritable pêcherie flottante, ou bien à la traque sans précédent lancée à Londres pour capturer Jack l'Eventreur au moyen de Rôdeurs aériens et de la « Métropolitan Air Police » (qui figure d'ailleurs sur la couverture). Venez découvrir Nova Roma, la nouvelle ville éternelle, qui décide au XXe siècle de renouer avec la tradition des jeux de l'arène grâce à ses mortelles courses d'unicycles, ou encore l'antique cité de Troie, défendue par une flotte de trières aériennes menées par le redoutable Hector. Découvrez aussi comment une invasion martienne a bien failli venir à bout de la civilisation terrestre ainsi que l'impressionnant dispositif mis en place le long du littoral anglais afin de prévenir toute autre attaque extraterrestre.



Les graphismes de Didier Graffet sont pour leur part tout bonnement magnifiques, tant en ce qui concerne la précision des traits que les couleurs, les jeux de lumière... On ne se lasse pas de parcourir ces splendides illustrations qui, combinées aux textes de Xavier Mauméjean, enflamment sans mal notre imagination . Parmi les plus impressionnantes figurent sans aucun doute cet « éden aérien », illustrant l'expédition entreprise par Darwin et représentant un dirigeable rempli de végétaux volant dans un magnifique ciel bleu, entouré de verdure et de perroquets multicolores. D'autres images ne manquent également pas de faire sensation. C'est le cas du « Veilleur », illustrant la décision des Rhodien au Ier siècle après JC de reconstruire leur colosse muni d'une tête et d'un bras amovibles, de « La conspiration des poudres », représentant la destruction de la tour de Big Ben, victime d'un spectaculaire attentat , ou encore de « 1492 », image frappante illustrant l'arrivée de la flotte mécanique de Christophe Colomb en Amérique sous les yeux ébahis des Indiens.



Vous l'aurez compris, ce « De vapeur et d'acier » fut un véritable coup de cœur dont il serait dommage de passer à côté et qui ne manquera pas de ravir les amateurs d'histoire. La collaboration entre Xavier Mauméjean à l'écriture et Didier Graffet aux graphismes fonctionne parfaitement, à tel point que l'on souhaiterait que ce voyage dans notre passé revisité se poursuivre bien plus longtemps. Une expérience de lecture inoubliable et un ouvrage qui rend un bel hommage au mouvement steampunk. Chapeau !
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Le Jour des fous

J’ai découvert ce livre grâce à la critique enthousiaste de Masa, je l’ai acheté assez rapidement pour finalement l’enterrer dans ma PAL. Je le ressors enfin car ça fait un bon moment que je l’ai remis sur le devant de ma bibliothèque.



Le démarrage est assez spécial mais en même temps, avec la couverture et le titre, il fallait s’y attendre. Le personnage principal a essayé de se suicider avec son épouse, et encore il n’en est même pas sûr, après avoir écrasé un chat. Pendant qu’il est en prison pour purger sa peine d’homicide involontaire, l’auteur vient à nous parler du monde qui l’entoure et de ce qu’une vague de chaleur exceptionnelle entraîne sur le monde entier. Certains passages m’ont fait sourire, d’autres beaucoup moins, mais plus à cause de la stupidité des gens décrits par l’auteur. Ce roman me fait penser à une dystopie avant l’heure, puisqu’elle a été éditée en 1966, ou du post-apocalyptique, au choix. Le début était intéressant mais j’ai trouvé que le reste s’essoufflait un peu en nous montrant comment Greville survivait dans ce nouveau monde débarrassé des humains normaux. Mais bon, pour être honnête, je ne savais pas exactement ce que ce que j’allais avoir comme type d’histoire. Au cours de ses déambulations, il rencontra différentes personnes qui lui contèrent leur vie d’avant et comment ils ont survécu jusqu’ici. L’histoire alterne donc entre le train-train quotidien de Greville sur son île et ses différentes rencontres. Plus j’avance dans l’histoire et moins elle m’intéresse. J’aime bien certains des personnages et j’ai eu une petite pincée au cœur quand on les perd mais en même temps, je me force à finir le roman juste pour en avoir le fin mot. Les sourires sont bien loin… Le dernier chapitre est plus que surprenant, je ne m’attendais absolument pas à ça mais j’ai quand même bien fait de le lire jusqu’au bout. La fin rehausse un peu la monotonie subie depuis le milieu du roman. Malgré une traduction révisée et complétée, il manque des mots de temps en temps, principalement le « de », ou il y en a trop.



Comme vous l’aurez compris, malgré une certaine lenteur, c’est finalement une bonne découverte du style et de l’imaginaire de l’auteur. C’est très spécial mais en même temps, c’est bien construit avec des personnages intéressants auxquels on finit par s’attacher. Si vous êtes amateurs de romans fantastique originaux, je vous conseille de le découvrir pour vous en faire votre propre idée. Pour ma part, je ne sais pas encore si j’en tenterais d’autres de cet auteur.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Car je suis légion

Suite à ma lecture en début d'année, de Gilgagmesh, Roi d'Ourouk de Robert Silverberg en compagnie de BazaR, l'envie de mieux découvrir l'époque mésopotamienne s'est imposée. Avec Fifrildi et Eric76 c'est chose faite.

Ici, l'auteur situe l'action à la fin de la période de l'Empire Néo-Babylonien (- 626 à - 539 av JC) du temps de Nabuchodonosor II, en – 565 av JC.

Sarban, homme comblé dans son travail, juge il fait partie de la caste des accusateurs de la ville de Babylone. Il est marié à Matali et ont un petit garçon. Il va devoir affronter le chaos organisé par Tiamiat, déesse des eaux primordiales et maîtresse des forces du chaos et antagoniste du grand dieu Marbuk, dieu protecteur de la ville de Babylone avec Innania, déesse de la fertilité, ses enfants..

Après Gilgamesh, petit à petit je me familiarise avec le panthéon mésopotamien, et il est fourni, il y a de quoi s'y perdre. ;-)

Sarban dans sa mission sera aidé de Casdim, juge aux dons oniriques et du jeune Tâmin, novice accusateur qui se retrouvera en plein coeur de l'action.

« Car je suis légion », nous plonge dans la bataille des dieux, plus que des hommes, puisque la religion a un rôle primordial dans la société babylonienne. L'auteur qui est diplômé en philosophie et en sciences des religions, nous livre ici un panel de personnages représentant les strates de la société, les accusateurs sorte de juges/guerriers, enlevés depuis leur plus tendre enfance à leur famille et élevés en Académie dédiée à Marduk. Les prêtresses d'Innana/Ishtar que Matali femme de Sarban, a quitté pour l'épouser. Des mercenaires, des guerriers, des ennemis de Babylone.

Je ne peux pas dire que j'ai été très emballée au début, l'intérêt s'est fait sentir dans la deuxième partie du livre, lorsque l'enquête de Sarban démarre. Et avec elle, plus d'action, plus de vie. La première partie est très descriptive des liens des hommes avec les dieux et ça en devient un peu indigeste. Surtout pour quelqu'un qui ne sait trop se situer dans ce panthéon.

Plus les mots originaux que je ne cherchais plus à me mettre en tête, car cela brouillait la perception de ma lecture. Heureusement que la deuxième partie raccroche le lecteur : elle nous mène dans les jardins suspendus de Babylone, la tour de Babel et la résolution un peu hermétique de l'histoire. On a l'impression d'un mélange des genres, histoire, fantastique sans trop voir où est la frontière du réel et du mysticisme.

Néanmoins je n'ai pas trop aimé le style de l'auteur. Les chapitres se suivent abruptement, sans vraiment de liaison. Je n'ai pas ressenti de vrais émotions aux aventures des héros.

Donc vous l'aurez deviné, une lecture en demi-teinte. Heureusement que nous étions tout trois Fifrildi, Eric et moi pour nous entraîner. Merci à eux pour cette lecture commune qui malheureusement de nous a pas emballée.

L'époque me plaît bien, et par petits peu je vais me lancer dans la lecture de « Mésopotamie, de Gilgamesh à Artaban » de Bertrand Lafont : plus de 3000 ans d'histoire c'est pas rien.

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El Gordo

Écrivain dont le talent n’est plus à démontrer, Xavier Mauméjean aime particulièrement jouer avec l’Histoire en y insufflant magie et surnaturel. Son nouveau roman, El Gordo, ne déroge pas à la règle mais prend, pour une fois, un côté plus intime puisque l’auteur y parle sans le dire de souvenirs familiaux et d’une époque qui le touche plus particulièrement, celle de la guerre d’Espagne.

Revenons donc en 1936 pour découvrir le voyage improbable et incroyable d’un jeune garçon dans un pays en guerre…



Dans le petit village de Hole, en Angleterre, un garçon de douze ans du nom de William se met en tête d’aller remettre le billet gagnant d’un tirage spécial de la Loterías y Apuestas del Estuado, le fameux « El Gordo » , au bureau 67 de la Gran Vía à Madrid. Le seul minuscule problème de ce projet pour le moins ambitieux, c’est que Madrid comme le reste de l’Espagne est alors en guerre et que Nationalistes et Républicains mettent le pays à feu et sang. En y croisant un autre garçon muet qui deviendra son fidèle écuyer, William commence à croire que la chance est avec lui.

Et c’est d’ailleurs peut-être le cas tandis que deux mages s’affrontent en coulisses : l’ésotériste Julius Evola et le fameux poète Federico García Lorca, chacun essayant d’influer sur le conflit en cours.

Xavier Mauméjean ne cache jamais sa volonté de réécrire le célèbre Don Quichotte dans une Espagne en pleine guerre civile. Il ne cache pas non plus son amour de la nuance et son envie de dépeindre l’Histoire tel qu’elle est et non pas telle qu’on voudrait qu’elle soit.

El Gordo se range à côté d’Alice au Pays des Merveilles, de Zéphyr, Alabama ou encore du Magicien d’Oz. Des livres avec des enfants mais pas forcément pour enfants. Les deux héros, William et Passe-Montagne, sont ballottés d’un front à l’autre, d’un camp à l’autre, d’une ville à l’autre.

Sur le chemin, ils croisent des personnages haut-en-couleurs telle que Talia, une tueuse impitoyable et aviatrice hors-pair, Doña Pilar, une maitresse de maison et préceptrice particulièrement rigide ou encore un sniper aveugle capable de lire dans les tranches d’encyclopédie !

À cette galerie savoureuse, on ajoutera bien volontiers Evola et Lorca qui immiscent une magie subtile et insidieuse au cœur même du récit.

Sous son vernis de naïveté pourtant, El Gordo parle de choses cruelles, de drames, de morts, de peines, de pertes.

Xavier Mauméjean, même s’il tente de réenchanter le réel à coup de Mecanismo et de duende, ne peut empêcher la guerre de montrer sa face hideuse, de révéler l’homme dans ce qu’il a de plus terrible.

Trouver un coupable, un méchant n’a ici que peu de sens, c’est à peine si Evola, pour des raisons fictionnelles, peut remplir ce rôle.

La réalité, comme souvent est plus complexe et personne ne sort grandit d’un conflit, qui plus est fratricide.



Pour autant, El Gordo n’est pas une histoire pessimiste.

Elle est, au contraire, une façon de trouver de la beauté dans un monde sombre et ensanglanté. Xavier Mauméjean préfère le regard de deux gamins, libre ou encagoulé, à celui forcément plus cruel des adultes.

Si l’Histoire prend une grande place dans El Gordo, l’espoir y trouve également son mot à dire. Le fantastique qui irrigue le récit du début à la fin, les personnages un peu fous qui transpercent régulièrement l’épopée de leur originalité, l’amitié solide comme l’acier trempé qui unit en silence Passe-Montagne à William, tout cela donne la sensation que l’humanité, au fond, n’est pas perdue. Jamais. Que même dans les moments les plus sombres, il reste toujours quelque chose à sauver. Que l’amour de son prochain, qu’il soit rouge ou noir, trouve toujours un chemin.

Grâce à son style impeccable et remarquable, Xavier Mauméjean brasse les références littéraires et historiques pour dépeindre le souvenir douloureux d’une guerre qui semble presque aussi absurde et improbable que l’objet du voyage de nos deux héros en herbe. Bien sûr, on se débattra régulièrement pour démêler le vrai du faux tant l’auteur apparaît comme joueur avec son lecteur, mais ce qui reste sur le cœur, au fond, c’est cette saveur désuète et sincère qui transforme une histoire candide en un conte philosophique et en un exercice littéraire cathartique qui finit, ultimement, par émouvoir vraiment.



Faux-conte pour enfants et vrai roman sur l’enfance et la guerre, El Gordo incarne le meilleur de Xavier Mauméjean : une plume, une érudition et une roublardise qui font des merveilles. Parfois difficile mais toujours sincère, El Gordo rejette l’emporte-pièce et s’éprend de nuances, trouvant l’espoir dans le noir au cœur de la plus farfelue des aventures littéraires.
Lien : https://justaword.fr/el-gord..
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American Gothic

Une fois de plus, Xavier Mauméjean nous emmène sur les marges de l’imaginaire collectif. Après, notamment, Le Cycle de Kraven (La Ligue des Héros et L’Ère du Dragon) et Liliputia, il parcourt encore l’imaginaire américain en fouillant à sa manière l’Hollywood à l’heure du maccarthysme, entre rêve américain et construction d’une légende nationale.





Tout comme le sujet, dès les premières pages, la manière dénote de la majorité des romans. Nous avons affaire à une série de petites enquêtes et de témoignages à la fois complémentaires et disparates sur Daryl Leyland, l’auteur-anthologiste de Mother Goose (Ma Mère l’Oie). 1953, Jack L. Warner décide d’adapter ce best-seller aux États-Unis au cinéma et de là découle une formidable machinerie pour dépoussiérer la biographie de cet auteur bien méconnu. De récits détaillés en témoignages éclairs, Xavier Mauméjean saute de personnalité en personnalité avec une facilité déconcertante, au point de parfois perdre le lecteur, mais sans jamais trahir ses différents personnages.



Adepte de biographies mémorables de personnages de fiction comme Hercule Poirot ou Sherlock Holmes, Xavier Mauméjean connaît l’art de mêler le réel et la fiction, l’Histoire et l’histoire, sur le bout des doigts. D’ailleurs, après 150 pages, déjà le doute finit par s’installer : que nous raconte-t-on et surtout est-ce vrai ou faux ? Les témoins se contredisent, les fausses vérités font face aux vrais mensonges et l’exercice devient captivant. Et ce d’autant plus que tout du long de cet ouvrage nous cherchons à éclairer l’œuvre de Daryl Leyland par l’exposé de sa propre vie : ce procédé largement utilisé dans l’enseignement du français au collège-lycée est foncièrement combattu par Xavier Mauméjean, et notamment dans un chapitre magistral vers la fin.



La difficulté dans cet ouvrage pour le lecteur sera alors de saisir le sujet véritable de ces enquêtes entrelacées. L’auteur prend la place d’un certain François Parisot, traducteur passionné des contes américains de Ma Mère l’Oie, afin de retracer l’enquête menée un certain Jack Sawyer, pour le compte de Jack L. Warner, au sujet de ce Daryl Leyland particulièrement mystérieux. En y ajoutant d’autres auteurs fondateurs du XXe siècle comme L. Frank Baum (Le monde d’Oz), nous pouvons constater déjà la multiplicité des références de ce roman. Pour autant, l’une d’elles est clairement mise à l’écart : ces contes semblent bien différents de ceux du même nom réunis par Charles Perrault. Bien vite, ces mêmes contes deviennent le support principal de l’histoire tout en apparaissant comme un écran de fumée dissimulant la vie bien trop chargée en drames de Daryl Leyland.



Cet American Gothic prend place dans la collection Pabloïd des éditions Alma présentée comme suit : « Dans La Tête d’Obsidienne, d’André Malraux, Pablo Picasso affirme que les thèmes fondamentaux de l’art sont et seront toujours : « la naissance, la grossesse, la souffrance, le meurtre, le couple, la mort, la révolte et peut-être le baiser ». Il les appelle emblèmes. » Xavier Mauméjean a ainsi opté pour la souffrance, puisque nous suivons les souffrances continues de Daryl Leyland depuis sa jeunesse jusqu’à sa mort, son rapport au corps souffrant et ses problèmes physiques en pagaille. Les thèmes de ces contes renvoient ainsi à ces contrariétés de la vie : la peur des récoltes, la cruauté des adultes envers les enfants, etc. ; c’est la jeune Amérique qui se forge face au Vieux Continent. Et le parallèle avec le célèbre tableau American Gothic prend tout son sens.



L’auteur en profite alors pour déconstruire une légende urbaine d’envergure avec la répétitive mais captivante notion de « patchwork », métaphore à peine voilée de ce façonnage d’une figure de l’Amérique montante. Avec cette image du « patchwork », filée tout au long du roman, l’auteur appuie même fortement sur la mythification de ces petits contes : venus de nulle part, incroyablement adaptables et surtout tout de suite incorporés à l’imaginaire collectif américain. En mettant en abîme des littératures engageantes et un cinéma opportuniste, il multiplie les liens avec, pêle-mêle, le cinéma, la littérature populaire, la télévision et le monde de l’édition, tant de casquettes que l’auteur lui-même a un temps portées. C’est finalement ce mélange des genres que fait de cet American Gothic un roman bien atypique.





À travers cette soixantaine de petits chapitres, c’est un des fondements même de l’imaginaire américain que Xavier Mauméjean déconstruit. À l’image du fameux tableau American Gothic, tout le monde ne trouvera pas ce roman fascinant, pourtant il y a bien quelque chose à fouiller, à démystifier, ici. Comme c’est bien la souffrance qui est le thème sous-jacent le plus primordial, la pensée de l’auteur ne pouvait évidemment pas nous être servie de façon simple. À chacun de se torturer un peu l’esprit !



[Davantage de contenus sur http://bibliocosme.wordpress.com/2014/05/06/american-gothic/ ]



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Steampunk : De vapeur et d'acier

Bienvenue dans un univers de grande aventure, peuplé à parts égales de démons mécaniques et de merveilles mécaniques !

Des naturalistes en voyages d'exploration à bord de nefs volantes, des justiciers en des criminels en power armor steampunk, l'explosion cataclysmique d'un laboratoire dans l'archipel de Kratatoa, Prague attaquée par un kaijû insectoïde, une pêcherie industrielle de créatures du Dévonien, une machine excavatrice à la recherche d'une civilisation disparue au coeur du Sahara, chasseur tropical à fusils pneumatiques, harponneur des glaces en scaphandre, cité volante soviétique, Titanic titanesque, Weird West, la Forteresse Noire, dernier baston ferroviaire de l'armée de Nestor Makhno désormais hanté par une créature des ténèbres, le Prométhée des pôles, l'Ecumeurs des airs, le Tueur de Whipechapel, Notre-Dame de Paris, l'Île du Docteur Moreau, la guerre des mondes dans l'Arizona, l'épopée du Paris-Pékin, l'escadrille Lafayette, les travaux de Tesla, l'Accident Tungunska, la découverte de la Terre Creuse…

Mais aussi une Troie bronzepunk, Héron d'Alexandrie transformant Rhodes en cité à vapeur, les nouveaux jeux du cirque de la Ville Eternelle, les versions clockpunk de la découverte de l'Amérique et de la recherche de l'Eldorado, la Conspiration des Poudres ou Chronopolis la cité au bord du temps…



Les textes de Xavier Mauméjean et les illustrations de Didier Graffet se marient à merveille : non seulement ils forment un formidable roman graphique qui explorent tous les voies du rétro-futurisme, mais bien malin saura qui du texte et de l'illustration a précédé et/ou inspiré l'autre ! le Pré aux Clercs a réalisé un ouvrage somptueux, presqu'un chant du cygne car depuis celui-ci ils ne publient plus grand chose…
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Car je suis légion

J’avais envie de lire ce roman depuis longtemps. Aussi, quand Srafina m’a proposé cette LC en compagnie d’Eric76, je n’ai pas hésité. Merci à eux pour les échanges même si au final, je ressors déçue de cette lecture.



Le prologue était très prometteur avec l’histoire de ce petit garçon, Sarban, choisi pour suivre l’enseignement de l’ordre des accusateurs dans la célèbre ville de Babylone au 6e siècle avant JC. C’est à mon sens, la partie la mieux écrite du livre. Ensuite, j’ai un peu décroché avec le style de l’auteur que j’ai trouvé fort différent.



Le roman proprement dit commence bien des années plus tard. Sarban a terminé sa formation, est marié et père d’un petit garçon. Des éléments de l’entre-deux sont dévoilés au fur et à mesure de l’histoire, ce qui a satisfait ma curiosité. Sarban est un personnage intéressant et attachant tout comme Matali, son épouse. Elle a beau être une femme d’une grande beauté et borgne, elle a du répondant et n’est pas du genre à se laisser intimider.



Rapidement les « prêtres annoncent la suspension du temps et des lois. Babylone sombre dans la folie et dans le sang sans que les juges aient le droit d'intervenir. » J’ai eu l’impression de me retrouver de but en blanc dans un film de Tarantino avec les scènes d’une extrême violence qui ont suivi. Je ne leur ai trouvé aucun sens.



En parallèle de ces événements, Sarban enquête sur un meurtre qui repose sur le principe qu’il n’a pas été commis dans le cadre de la « suspension du temps et des lois ». Cela ne m’a pas semblé plus plausible mais je dois reconnaître que cette enquête a éveillé ma curiosité pour un temps.



Finalement,



Pour terminer sur quelque chose de positif, je dois dire que j’ai quand même apprécié quelques scènes dont celle du procès à la fin que j’ai trouvé fort réussie. Ce qui m’a surtout plu c’est tout ce qui se passe en dehors de la période de suspension. Pour le reste, je n’ai pas compris grand-chose.









Challenge SFFF 2021

Challenge livre historique 2021

Challenge mauvais genres 2021
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Bloodsilver

Etant donné que j'ai acheté ce livre il y a des lustres, et que je l'ai attrapé dans ma PAL sans relire le 4ème de couverture (ce qui est une excellente méthode de lecture quand on n'aime pas être spoilé), je me souvenais juste que c'était une uchronie se passant à l'époque des westerns.



C'est donc avec surprise que j'ai avancé au fil des pages.

Ce n'est pas un roman. Ce ne sont pas des nouvelles non plus. C'est un édifice, une construction, étrangement bâtie, certes, mais innovante et très intéressante.

Tous les grands noms des époques successives y sont, bien dépeints, époques rudes, hommes rudes, et c'est drôlement bien fait. On se balade d'époque en époque, de personnage en personnage, ils sont tous différents même si similaires, on croise tous les grands bandits de "légende" qui, ici, se révèlent être une sorte d'association de "chasseurs de vampires", rétrogrades, par rapport au sens de l'évolution de l'Histoire (la "fausse"), et qui refusent de s'adapter.



Je ne connais pas tous les événements dont il est question dans ce livre (mais quelques-uns, quand même, comme la fusillade d'Ok Corral), mais je suppose que tous ont été étudiés et exploités au mieux par les auteurs, notamment les circonstances des décès de tous ces hors-la-loi, parfaitement adaptés à l'uchronie ici inventée...



A dire vrai, j'ai adoré l'ensemble des "époques". Sauf une, que je n'ai pas compris, celle de la "veuve Winchester" et sa baraque pour les fantômes (mais quelle écriture fabuleuse !), une allégorie qui a du m'échapper, mais en ce moment je suis pas au top...



A part celle-là, je me suis régalé. Je découvre deux auteurs de talents que je ne connais pas (ou peu pour Heliot), et j'avoue que ça m'a donné envie d'en découvrir plus, de chacun d'eux.
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Bloodsilver

Avec « Bloodsilver », Johan Héliot et Xavier Mauméjean (qui se cachent ici sous le pseudonyme de Wayne Barrow) tissent une magnifique fresque relatant ce qu'aurait pu être l'histoire des États-Unis si les « Brookes » (comprenez les vampires) y avaient débarqué au XVIIe siècle afin d'y créer leur propre état, loin du Vieux Continent. De l'arrivée des Brookes à bord de l'Asviste, comme les premiers pionniers avant eux sur le Mayflower, à leur progressive acceptation par les habitants du pays, en passant par l'organisation des Brookes en Convoi s'enfonçant de plus en plus loin dans le territoire, la création de la Confrérie des Chasseurs en réponse à cette incursion, les persécutions, les fragiles tentatives de cohabitation entre les deux communautés..., ce sont près de trois siècles d'une histoire réinventée qui défilent devant nos yeux ébahis. Chaque chapitre, de longueur très variable, correspond ainsi à une année, un personnage, un moment clé de l'histoire de la Famille (les vampires) ou des Chasseurs (leurs plus farouches opposants).



Le mode de narration peut, il est vrai, engendrer dans un premier temps une certaine frustration (notamment lorsque, comme moi, on ne s'attendait pas à passer d'une époque à une autre aussi rapidement) mais on se laisse malgré tout vite happer par le récit et le talent incontestable des deux auteurs dont l'association fonctionne à merveille. En même temps que l'histoire des Brookes se sont aussi et surtout les plus grands événements de l'histoire des États-Unis du XVIIe au début du XXe siècle que les deux auteurs nous proposent de revivre : le procès des sorcières de Salem, la vie des plus grands hors-la-loi du pays désormais entrés dans la légende et ici reconvertis en Chasseurs de Brookes, Lincoln et sa lutte pour la tolérance, le massacre des Indiens à Woundedknee... Difficile de ne pas se sentir transporté, aussi bien par le récit que par l'ambiance de l'époque, particulièrement bien rendue : les hommes sont rudes, attachés à leur terre et à leur fusil, on admire ces héros hors-la-loi qui dévalisent banque sur banque, on se méfie aussi bien des Brookes que des Noirs ou des Indiens...



Enfin, c'est avec un très grand plaisir que l'on croise certaines des personnalités les plus importantes de l'époque : le révérend Cotton Mather, Billy the Kid, la bande des Dalton, Mark Twain (l'auteur des aventures de Tom Sawyer et d'Huckleberry Finn), Doc Holliday, Sarah Winchester et sa célèbre maison aux esprits... Certains chapitres se font, évidemment, plus passionnants que d'autres (« Le jour du jugement » retraçant le procès des sorcières de Salem ; « Le poids de son absence » narrant le combat solitaire d'un homme ayant tout perdu ; « Coffeyville » et « Un type honnête », consacrés respectivement à l'histoire du tout dernier braquage des Dalton et à la vie du bandit John Henry Holliday...) mais dans l'ensemble le résultat est plus qu'à la hauteur et c'est avec une pointe de nostalgie que l'on referme ce roman et que l'on quitte cette grandiose époque de la conquête de l'ouest. Une excellente découverte qui aura bien mérité le grand prix de l'imaginaire français en 2008.
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Henry Darger : Dans les royaumes de l'Irréel

Livre reçu dans le cadre de la masse critique de Février. Ce livre m'a intrigué car je ne connais pas du tout cet auteur et seulement de nom l'auteur de cette biographie. J'ai un de ces romans dans ma pal mais je n'ai pas encore eu l'occasion de le lire. Ce livre sera donc une totale découverte. Je remercie donc Babelio et les éditions Aux forges de Vulcain pour l'envoi.



N'étant pas une grande habituée des biographies, j'alterne cette lecture avec une autre plus légère afin de pouvoir la lire jusqu'au bout. de nombreuses notes parsèment la lecture mais l'éditeur a eu la bienveillance de les récapituler à la fin du livre, la plupart concernant la provenance des citations. En plus d'être une biographie d'Henry Darger, ce livre retrace quelques travers de la société américaine du siècle dernier et ce, sur différents sujets… C'est très instructif. Par contre, il est dommage que certains titres des oeuvres picturales de Darger n'ont pas été traduites en français. le fait d'alterner explications avec des extraits rompt la monotonie de cette biographie et permet de découvrir un auteur vraiment à part qui mêle des évènements véridiques avec la fiction. En tout cas, je tire mon chapeau à Xavier Mauméjean pour la somme de travail et de recherches que cela a dû engendrer pour lui. La première partie concerne donc la vie de Darger avec beaucoup de détails alors que c'était un artiste inconnu du grand public. Tout a été découvert par son logeur peu de temps avant son décès en 1973 à l'âge de 81 ans. La seconde partie de ce livre revient sur des éléments de ces oeuvres littéraires : personnages ou thèmes récurrents. Cet auteur avait vraiment une imagination débordante, bien que quelque fois un peu bizarre, et très détaillée, son univers était vraiment très différent de la moyenne et, pour ma part, jamais rencontré. Ces créations littéraires étaient certes très longues, entre 4000 et 15000 pages, mais elles auraient été intéressantes à découvrir. Heureusement, grâce à M. Mauméjean et à Mme Homassel, c'est le cas dans ce livre avec un certain nombre d'extraits aussi hallucinants les uns que les autres. Par contre, il y a quelques répétitions entre les deux parties notamment les affabulations des médecins américains de l'époque. Et après on nous parle des méfaits des nazis mais les médecins du début du XXème siècle n'étaient guère mieux. du fait de son éducation et de son travail, la médecine et la religion ont une grande part dans ses écrits, même si la logique y semble assez pervertie. Par contre, n'étant pas très versée dans la religion, j'ai eu beaucoup de mal à lire les rhétoriques liées aux écrits de Darger. C'est à se demander si le livre a été relu car de nombreuses coquilles semblent provenir d'erreurs de frappes, certaines phrases ne veulent rien dire car des mots sont en trop (ex p 65, fin de la p208, fin de la p228, p237), on a aussi des lettres en trop (ex p139)…



Comme vous l'aurez compris, malgré les coquilles oubliées, l'anglais non traduit et certains passages, cette lecture restera une bonne découverte de cet auteur au style haut en couleurs qui alterne religion et violences abjectes dans des univers très originaux et imagés. Je réitère qu'il est dommage que son oeuvre écrite n'a pas été éditée sous forme de tomes. Quand on voit certaines séries longues entre 10 et 15 tomes, c'est tout à fait possible ! Mais à qui reviendrait les droits d'auteur vu qu'il n'a plus de famille ?… Curieux bonhomme que ce Henry Darger... que je vous conseille vraiment de découvrir par le biais de cette biographie. Pour ma part, j'essaierai peut-être les écrits de ceux qui ont pris son univers en exemple.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Bloodsilver

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce livre qui, certes m’a dérouté au début, m’attendant à un roman sur des vampires et me retrouvant avec des nouvelles où les vampires ne sont que secondaires se consacrant plus à une fresque uchronique sur la naissance des États-Unis, mais qui finalement offre un travail vraiment intéressant et fascinant. Le côté western apporte aussi vraiment un plus, offrant une ambiance sauvage, violente où le mot liberté dépend de chacun et où, justement, la présence des vampires vient accentuer tout cela. Dommage que parfois justement les auteurs oublient un peu les suceurs de sang. Pour peu qu’on s’intéresse à cette période de l’Amérique on se retrouve emporté par cette réécriture de l’histoire dont mon seul regret et que, sur certains aspects, reste quand même trop proche de l’histoire. Le background ainsi que les différents personnages, qu’il soit fictifs ou ayant existé, se révèlent vraiment denses, travaillé, humains et soignés. Une histoire qui nous dévoile que les convictions du début ne sont pas celles de la fin, où l’humanité peut aimer ce qu’elle a rejeté et inversement. Le style des auteurs se révèle vraiment efficace et entrainant. Après comme à chaque recueil de nouvelles certains textes arrivent à happer plus le lecteur que d’autres, mais dans l’ensemble je ne me suis pas ennuyé, même si j’ai ressenti une très légère lassitude sur la fin.



Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Rosée de feu

Kamikaze. Un terme que l'on ne prononce pas aujourd'hui sans un léger frisson de crainte mâtiné de colère et qui n'a désormais que peu de chose à voir avec sa définition d'origine. Kami Kaze, au Japon, c'est avant tout le Vent Divin, un typhon légendaire qui serait parvenu à stopper les tentatives d'invasion mongoles du XIIIe siècle. Ce n'est que face à la menace d'une défaite déshonorante au profit des Américains lors de la guerre du Pacifique que le mot a plus tard été repris par les Japonnais. Il désigne alors la première unité d'attaque spéciale née en 1944 et composée de jeunes pilotes volontaires dont l'objectif était de faire s'écraser leur avion ou leur sous-marin sur les navires américains et alliés. Ce n'est désormais plus une surprise, Xavier Mauméjean semble vouer une véritable passion pour l'Histoire dont il s'inspire largement pour décor de ses romans : L’Angleterre victorienne pour « Mémoires de l'homme éléphant », la ville antique de Babylone dans « Car je suis légion », l'Amérique des premiers pionnier dans « Bloodsilver »..., ce ne sont pas les choix qui manque. Cette fois, c'est à la seconde guerre mondiale qu'entend s'intéresser l'auteur, et plus particulièrement à un aspect bien particulier du conflit : ces fameux attentats-suicides en masse lancé par l'armée japonaise afin de freiner coûte que coûte l'avancée des Américains sur leur sol.



Sans être pour autant un très grand roman, « Rosée de feu » se sera en tout cas révélé une lecture fort divertissante, et ce à plus d'un titre. Comme souvent, le plus grand point fort de Xavier Mauméjean réside dans son habilité à proposer un récit immersif car abondamment documenté. Le roman est ainsi truffé de petites anecdotes véridiques, bien que parfois légèrement teintée de fantasy pour le bien de l'histoire : l'horrifiant récit du suicide collectif des civils de l'île de Saipan à l'arrivée des Américains ; le massacre de Nankin perpétré par les troupes japonaises ; ce soldat luttant sur une île tellement isolée que l'on ne l'a informé que des années plus tard que la guerre était terminée depuis 1945... On voit également défiler un certain nombre de personnages historiques qui parleront sans aucun doute aux amateurs de cette période historique : l'amiral Onishi, chef des forces aériennes à l'origine de la création du corps des kamikazes, les plus grands chefs de l'état-major... Xavier Mauméjean nous dresse là le portrait sans fard d'une société fortement éloignée de la notre, encore fortement imprégnée du code d'honneur des samouraïs remontant au XIIe et où la reddition n'est pas une option envisageable. Et c'est justement là toute la force du roman qui, loin de mettre en scène des fanatiques fous furieux et haineux, porte au contraire un regard dénué de tout jugement et de toute condamnation sur ces jeunes hommes avant tout portés par leur sens de l'honneur et par l'amour qu'ils portent à leur pays et ses traditions.



Le roman se constitue ainsi de trois points de vue différents qui se succèdent au fil des chapitres : celui d'un jeune garçon plein d'admiration pour ces vaillants soldats japonnais qui vont donner leur vie pour leur pays ; celui de son grand frère, affecté au poste de pilote, et qui déchante pour sa part bien vite face aux horreurs de la guerre ; et enfin celui d'un militaire en partie à l'origine de la création du corps des kamikaze. Les émotions des personnages sont rarement explicitées et la narration adopte souvent un ton froid et concis qui n'empêche malgré tout pas le lecteur de se prendre d'affection pour la plupart des personnages. Le seul véritable bémol du roman tient en fait aux légères touches de fantasy rajoutées par l'auteur. Car au lieu d'avion, ce sont des dragons que pilotent ces kamikazes japonais ! Un élément qui n'est pas sans laisser penser à la série « Téméraire » de Naomi Novik mettant en scène des dragons utilisés comme véritable corps d'armée à l'époque des guerres napoléoniennes, mais qui n'apporte ici que peu de choses et qui aurait mérité d'être davantage exploité (notamment en ce qui concerne les liens entretenus entre pilote et dragon). Les scènes de combat aérien sont pour leur part un peu trop nombreuses et parfois difficilement compréhensibles car trop chaotiques.



Avec « Rosée de feu » Xavier Mauméjean s'attaque avec succès à un sujet rarement abordé lorsqu'il est question de la Seconde guerre mondiale. Un récit très instructif qui ne commet par l'erreur de tomber dans le jugement moral ou le pathos et nous offre au contraire une vision la plus impartiale possible concernant le Japon et ses traditions, y compris celles qui passeraient pour du fanatisme aux yeux des lecteurs occidentaux. Dommage que le seul élément « fantasy » de l'histoire ait été un peu trop maladroitement intégré au roman. Encore une belle réussite pour Xavier Mauméjean !
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Ganesha : Mémoires de l'Homme-Eléphant

Qui n'a aujourd'hui jamais entendu parler d'elephant-man, un homme au corps assez difforme pour qu'on aille jusqu'à le comparer à l'imposant pachyderme ? Cet homme, c'est Joseph Merrick, un jeune anglais ayant vécu à l'époque victorienne et souffrant d'une maladie génétique baptisée « syndrome de Protée » ayant affecté la croissance de ses tissus et produit des déformations sur l'ensemble de son corps. Une personnalité historique connue de tous à propos de laquelle on ne retient finalement que peu de chose, si ce n'est son bref passage par le « Freakshow » qui lui vaudra son surnom d'Elephant-man. Et si Joseph Merrick pouvait nous parler, que nous dirait-il ? Par le biais de ces « Mémoires de l'homme-éléphant », Xavier Mauméjean donne enfin la parole à celui que beaucoup considéraient alors comme une simple bête de foire et nous propose de revisiter ici l'histoire de cet homme exceptionnel. Le roman est cela dit loin de se cantonner à n'être qu'une simple énième biographie romancée de Joseph Merrick, et c'est justement là que réside tout son charme. Car si l'auteur reconstitue effectivement par bribes la plupart des éléments connus du passé de son protagoniste (son enfance à Leicester, ses années en tant que « bête de foire »...), l'intrigue se focalise principalement sur la dernière année de la vie de l'homme-éléphant et sur les quelques enquêtes qu'il aurait alors eu à résoudre.



Comment expliquer les rapts d'enfants de plus en plus rapprochés dans le quartier pauvre de Londres ? Les manigances ourdies par un financier iranien en visite à la capitale et dont les enjeux sont loin de se limiter à ceux de la couronne anglaise ? Ou encore le massacre de toute une famille par un homme pourtant sans histoire et qui n'aurait épargné qu'un seul membre qui représentait pourtant sa principale cible ? Du fond de sa chambre de l'hôpital de Withechapel où il finira ses jours, Joseph Merrick se penche saison après saison sur quatre affaires, toutes plus tordues les unes que les autres et à propos desquelles on souhaite faire appel à sa sagacité. Le roman n'étant en lui-même pas très épais, les dites enquêtes sont relativement brèves mais se révèlent toutes aussi captivantes que bien ficelées. Il faut dire que Xavier Mauméjean sait comment s'y prendre pour poser une ambiance ! Que ce soit par le biais de petites anecdotes tour à tour amusantes, intrigantes ou effrayantes, ou grâce à quelques scènes glauques (voire même parfois oppressantes), l'auteur immerge avec talent le lecteur dans cette société victorienne de la fin du XIXe siècle, des bas-fonds à la haute-société en passant par l'univers médical à propos duquel il s'est de toute évidence abondamment documenté (sont notamment évoqués les thèses de certains chercheurs, le fonctionnement des « hôpitaux », la gestion des malades...).



Mais on aurait tort de limiter la seule qualité du roman à son intrigue. Car la principale force du livre tient en réalité à la remarquable idée de Mauméjean de laisser flotter un doute quant à la véritable personnalité de Joseph Merrick. Car si la société londonienne s'est pour sa part laissée convaincre qu'il s'agissait bien d'un homme rendu monstrueux par ses difformités, le jeune homme, lui, possède une toute autre explication à son état. Il serait Ganesha, divinité indienne de la sagesse et de l'intelligence, fils de Shiva : le dieu à tête d'éléphant ! Et c'est là où le talent de Mauméjean se fait le plus admirable, car il parvient tout au long du roman à faire osciller le lecteur entre l'une et l'autre de ces théories. Alors, simple mortel ou dieu ? La question reste ouverte... Parmi les autres points positifs du roman, saluons aussi la qualité de son écriture, pleine d'ironie et de références et clins d’œil tant littéraires qu'historiques ou mythologiques plus ou moins subtiles (comme cette anecdotique référence au dieu grec Protée...). Il est également louable de la part de l'auteur d'avoir eu la volonté de gommer tout pathétisme dans son roman. Oui on s'attache à Merrick, oui on s’émeut de ses souffrances et de sa solitude, mais jamais Mauméjean ne commet l'erreur de tomber dans le larmoyant ou l’auto apitoiement.



Vous l'aurez compris, ces « Mémoires de l'homme-éléphant » furent un véritable coup de cœur. Xavier Mauméjean rend ici un bel hommage à celui qui, toute sa vie, fut rejeté et considéré comme un monstre, le tout en proposant une approche originale de son histoire et de l'origine de son mal. A ceux qui souhaiterait en apprendre davantage sur le personnage, sachez qu'une bande dessinée lui a récemment été consacrée, et qu'il existe également un film réalisé en 1980 par David Lynch. Le roman de Mauméjean mérite en tout cas d'être lu, que vous soyez ou non familiers avec l'histoire de l'homme-éléphant.
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Dimensions Galaxies Nouvelles

Une fois n’est pas coutume, la collection Fusée de Rivière Blanche n’accueille non pas une anthologie issue d’un appel à textes sur un sujet précis (comme Dimension de Capes et d’Esprit ou Dimension Antiquité, par exemple), mais plutôt une anthologie issue d’une revue. En effet, Pierre Gévart nous dégote ici un condensé de nouvelles déjà publiées une première fois dans les premiers numéros de Galaxies, nouvelle série (quand il en a repris la direction).





Le casting réuni pour cet ouvrage a de quoi faire des envieux, jugez plutôt : Xavier Mauméjean (« Engadine ») ; Frédéric Serva (« Hommes d’équipage, les papillons tissent les voiles de vos vaisseaux ») ; Daniel Paris (« Les Baobabs de Mars ») ; Jean-Michel Calvez (« Méduses ») ; Timothée Rey (« Boulonnaille ») ; Laurent Queyssi (« Nuit noire, sol froid ») ; Alain Dartevelle (« La Vie Synchrone ») ; André Ruellan (« Devoir d’achat ») ; Jacques Barbéri (« Le Génome et la mort ») ; Martin Winckler (« Alice in Wonderland ») ; Fabien Clavel (« Le Printemps des murailles ») ; Pierre Stolze (« Mon ascenseur parle avec un accent allemand ») ; Sybille Fairmach (L’Avocat et la Prisonnière ») ; Dominique Douay (« Le Prisonnier en son royaume ») ; Christian Vilà (« Rosée des lianes ») ; Sylvie Denis (« Les Danseurs de la Lune double ») ; Aliette de Bodard (« Chute d’un Papillon au point du jour »).



Indéniablement, je n’ai eu, au premier abord, que peu de véritables coups de cœur parmi ces nouvelles. Dans ces moments-là, je m’interroge sur l’intention de cette anthologie : il s’agit de retracer les premiers numéros dirigés par Pierre Gévart et non de faire un ouvrage où nous progressons au fur et à mesure dans un thème donné. Et c’est là que le lecteur peut davantage retourner sa lecture pour en sortir autre chose. La thématique de l’emprisonnement, du cloisonnement, se fait jour, mais de façon lentement amenée ; l’anthologie n’est pas du tout construite autour de cela, dans ce but, ce qui change tout à fait notre appréciation, mais qui empêche le lecteur de lire les nouvelles dans l’ordre ? Il y a forcément un auteur ou une référence que vous connaîtrez, et tout simplement je conseillerais de commencer par ce bout-là. Personnellement, c’est la nouvelle de Fabien Clavel qui a débloqué ma lecture.



Outre que nous retraçons plutôt précisément la construction progressive de cette revue, Galaxies nouvelle série (nouvelle formule donc), nous avons là une vraie anthologie faite pour mettre en avant ses auteurs : c’est non seulement l’occasion de découvrir rapidement l’œuvre d’un auteur qui nous est inconnu, mais surtout de prolonger l’aventure avec d’autres qui peuvent nous être plus familiers. De ce point de vue-là, la nouvelle de Fabien Clavel est très intéressante et m’a parfaitement convenu, puisqu’il nous narre un conte sur l’oppression insidieuse, le conditionnement et la routine assassine : « Le Printemps des murailles » est un récit efficace et implacable (tout en l’insérait dans ses différentes thématiques habituelles). Egalement un peu connaisseur de Xavier Mauméjean, j’avoue que l’auteur m’a un peu perdu dans sa courte nouvelle, « Engadine », sur une « solitude du majordome » un peu étrange dans un univers où l’on ne peut que deviner un certain automatisme contraignant. Pour le reste, je pourrais vous parler de l’ascenseur infernal façon Pierre Stolze ou bien « Le Prisonnier en son Royaume » d’un Dominique Douay que je découvre et que je ne tarderai pas à relire chez Les Moutons électriques. L’intention de certains auteurs pour nous introduire dans leur univers particulier : citons ainsi au débotté, la « Rosée des lianes » psychédélique et onirique de Christian Vilà, les touchants et uchroniques « Danseurs de la Lune double » de Sylvie Denis où l’auteur crée une histoire jeunesse pour adultes avec juste ce qu’il faut de subversif, les étranges « Méduses » de Jean-Michel Calvez qui recèlent une angoisse bien maîtrisée, donnant ainsi envie (là aussi) de découvrir cet auteur reconnu, et enfin l’ultime nouvelle « Chute d’un Papillon au Point du Jour » où Aliette de Bodard (une habituée des prix littéraires reçus pour ses nouvelles et ça se ressent parfaitement ici) dévoile une enquête parfaitement maîtrisée dans un univers aztéquo-asiatique qui est probablement très proche de ce qu’elle développe dans sa saga en cours des Chroniques Aztèques. Veillons malgré tout à ne pas trop déflorer cette quantité d’entrées en des univers complexes dont la fenêtre d’exploration nous est finalement bien petite.





Merci donc à Rivière Blanche, car découvrir ces anthologies est toujours enrichissant dans la connaissance d’auteurs méconnus ou débutants, et également (bien sûr) d’auteurs déjà familiers mais par des textes à part dans leur bibliographie. En lecteur averti, il faut savoir s’approprier ce matériau pas forcément accessible très facilement ; c’est un effort à faire, mais qui rapporte à hauteur de ce qu’il coûte.



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