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4.09/5 (sur 40 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1950
Biographie :

Yann Benoît est co-auteur avec son gendre, le dessinateur Hervé Tanquerelle, de la bande dessinée La Communauté, qui raconte la création et l’évolution d’une communauté qui a vu le jour peu après mai 1968 dans une vieille minoterie de la commune de Saffré.

Co-fondateur de la communauté située à Saffré entre 1972 et 1985, il vit aujourd’hui à Nort-sur-Erdre depuis l’incendie de la minoterie en 1985.

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
[ vie en communauté dans les 70's ]
- Et ces différences de mode de vie ne vous gênaient pas, devant les voisins [agriculteurs] ?
- Ah non, au contraire ! On ne le cachait pas, on le montrait ! C'était idéologique, donc c'était logique !
- Oui, ça participait de l'idée de l'exemple.
- Exactement.
- Et ça a porté ses fruits ?
- Si tu veux dire par là : 'Est-ce que les agriculteurs se sont laissé pousser les cheveux, ont adhéré aux idées du féminisme et se sont mis en communauté ?' La réponse est non. Mais je crois qu'on était une bouffée d'air frais dans un milieu encore très traditionnel. Surtout pour ceux de notre génération. Ça les interrogeait. Certains venaient souvent chez nous. Et puis je crois tout simplement qu'on a accompagné l'évolution de la société en général.
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[ début des 60's ]
- Nous avions une maison familiale importante à la campagne. Nous y allions à Pâques uniquement avec la famille proche. On jouait avec les enfants des voisins d'en face, qui étaient agriculteurs. On jouait comme des mômes. Et je me rappelle très bien vers 12-13 ans, je m'étais retrouvé là-bas l'été et il y avait toute la famille : les grands-parents, les soeurs, les belles-soeurs, les bonnes... Et cette gamine avec qui je jouais venait servir à table. ME servir à table. Et là je me suis dit, sans y réfléchir vraiment : il y a quelque chose qui ne colle pas. Mais c'était pas encore trop idéologique.
- Oui, tu ne te retrouvais pas dans ce monde-là.
- Il y avait une fêlure. Quelque chose qui n'allait pas. J'ai eu très vite un appel...
- L'envie de rencontrer des gens différents ?
- Voilà. Complètement. Je cherchais ça et je ne voulais absolument pas être bourgeois. Plus tard, quand un copain me disait 'Toi, t'es un bourgeois', je le vivais très mal.
- Cela veut dire que tu l'admettais mais...
- Je ne l'admettais absolument pas ! Je ne voulais pas être bourgeois. C'était ce qu'il ne fallait pas être.
- Et 68 a permis ça ? Pour toi, ce qui comptait, c'était de briser les frontières sociales, la lutte des classes, non ?
(p. 9-13)
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- Oui, toi tu étais plutôt du genre provocateur avec tout ce qui portait un uniforme.
- Héhé. C'est pas faux. [...]
- Tes filles m'ont raconté leur angoisse quand vous vous faisiez arrêter sur la route par des flics.
- Ah oui, mais là, j'étais con. J'étais agressif. J'ai fini plusieurs fois au poste. Depuis, j'ai mis de l'eau dans mon vin, heureusement !
[ il raconte un contrôle ]
« - Papiers du véhicule, s'il vous plaît.
- Non !
- Pardon, Monsieur ?
- Dites donc, vous avez un joli sifflet !
- Vous vous moquez de moi ?
- On peut siffler dedans, Monsieur l'agent ?
- Vous voulez jouer au plus malin ?
[ les filles, à l'arrière : ]
- Arrête Papa !
- On va aller en prison !
[ la femme ]
- Yann, arrête !
[ l'agent ]
- Sortez du véhicule, Monsieur. »
...
- Tu n'avais pas peur des conséquences ?
- Pas trop, non. Tu sais, c'était l'époque 'Charlie', 'Hara-Kiri'. On était 'rentre-dedans'. Flic ou pas flic, on faisait ce qu'on avait envie de faire. C'était l'idée, en tout cas.

(p. 123-124)
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- Je me souviens très bien de la première naissance de petits lapins à la Minoterie. On était très émus. Ça peut paraître idiot, mais c'était la première 'naissance communautaire' ! Ça voulait dire que ça marchait, qu'on pouvait produire des bêtes.
- Les naissances, c'est bien mignon, mais vous aviez bien conscience qu'il allait falloir les tuer ces bêtes, pour les manger !?
- Ohla ! Ça a été un gros problème, mon Hervé ! Ça a été un gros problème !
- Aucun de vous n'avait de l'expérience dans la zigouille ?
- Pas trop, non ! Le premier poulet que j'ai tué, il était malade... Je l'ai coincé dans un trou et je n'ai rien trouvé de mieux que de lui jeter des caillasses ! Ça a été horrible parce qu'il a résisté longtemps... très longtemps. Ça a été la même histoire avec les premiers dindons... Ou les premiers canards...
(p. 82-84)
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- Bon, et alors ?
- Et alors quoi ?
- Ben, ta conclusion, sur tout ça !
- Ah ! Eh bien... Déjà, avec du recul, je vois bien que ce qui me motivait et que je basais à l'époque sur des pratiques sociales, et disons, politiques, c'était beaucoup plus une recherche affective qu'autre chose. Ensuite, je suis convaincu que croire fortement qu'une structure sociale pourra permettre à chacun de vivre une histoire personnelle fabuleuse est de l'utopie pure. Tout simplement parce que, sous la structure, les histoires personnelles restent sous-jacentes et ressortent toujours et d'autant plus fortement qu'elles ont été le plus souvent refoulées. C'est exactement ce que l'on a vécu. Tout ce qu'on voulait casser est revenu au fil du temps... Par contre, je crois que chaque personne, même si les manières d'agir étaient différentes, a cru sincèrement à la réussite de cette aventure. Mais chacun avait ses propres motivations, totalement différentes selon son milieu, son passé. C'est ça, l'utopie, un désir fort d'autre chose qui va balayer tout. Sauf que ça ne marche jamais et pourtant, il y aura toujours quelqu'un pour chercher la bonne formule.
(p. 342-343)
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[ témoignage d'une femme sur son enfance dans la Communauté ]
- Que ce soit en vacances ou en temps normal, vous étiez constamment entourés. C'était pas un peu lourd, parfois ?
- Tu pouvais t'isoler si tu le souhaitais. Je sais que les livres ont été un refuge en ce qui me concerne. Mais si tu t'ennuyais, tu savais qu'il y avait forcément quelqu'un à aller voir. Avec les adultes, c'était idem. Tu avais tes parents, bien sûr, mais tu pouvais facilement aller chez les autres en cas de besoin ou quand eux-mêmes le proposaient. C'était notamment le cas quand nos parents s'engueulaient :
« - Euh... Yann et Brigitte* se disputent, alors...
- Faut pas s'inquiéter. C'est normal de s'engueuler parfois.
- Brigitte, elle dit que Yann, il est con !
- Ah... »
(p. 317)
[ * leurs parents, qu'ils appellent par leurs prénoms ]
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On était de plus en plus attirés par la campagne. On devait se dire qu'il serait bien de transférer l'atelier à la campagne, et de chercher des maisons autour. Mais au lieu de chercher des maisons individuelles, on cherchait des maisons à deux ou trois couples. Mais on ne pensait pas du tout "communauté".
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-Vous vous êtes cantonnés à la sérigraphie ?
-Non. En fait ceux qui travaillaient à l'extérieur n'avaient qu'une envie, c'était de venir travailler à la communauté.
-Et alors ?
-Et alors, on s'est diversifiés. C'était le plein essor de l'artisanat. Pas mal de gens étaient partis à la campagne et faisaient du tissage, de la peinture sur soie, de la poterie, etc.
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