Plongée ces jours-ci dans -Mémoires d'une jeune fille rangée-, je m'aperçois grâce à Simone de Beauvoir, qu'il faut dire aux enfants les sentiments qu'ils nous inspirent et qu'il est délicieux d'éprouver à leur contact. Tu as bon cœur, mon chéri, et tu devrais parler à ton papa. C'est un homme secret, mais tellement bon. Souviens-toi qu'il n'a jamais connu son père. Un mot de ta part lui délierait la langue aussitôt. Un mot suffit pour se dire les choses, et peu importe qui fait le premier pas. Tu ne le regretteras pas, mon chéri. Tu m'ôteras un tel poids du cœur ce jour-là. Et crois bien que je lui parle à lui comme je te parle à toi. Mauriac a bien raison d'épingler le mutisme imbécile des familles ravagées par le malentendu. (p. 156)