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Citations de Yann Queffélec (605)


À treize ans, bientôt quatorze, elle en paraissait dix-huit avec ce corps déjà mûr, cette bouche sanguine, ces yeux bleus en amande, et ces longs cheveux vermeils comme un feu sur les épaules.
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Elle ricana :
"Evidemment, avec tes oreilles décollées..."
Ludo se renfrogna. Ses oreilles le torturaient. Depuis qu'il disposait de vrais miroirs, il passait des heures à détailler ce visage à la fois beau, grotesque, et parcouru d'expressions contraires aux humeurs qu'il éprouvait [...]. Une tentative de recollage à la glu s'était soldée l'espace d'une matinée par un faciès mongoloïde, puis par deux plaies vives à l'envers des lobes qui avaient mis près d'un mois à cicatriser.
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Tu peux tempêter, papa, me brûler au feu de tes yeux bleus, un jour je deviendrai toi : toi et personne d'autre, et surtout pas moi.
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A vivre en plein bois dans ce manoir troué comme un vieux gant les Tarassévitch passaient pour des incarnations membraneuses à l'instar des vampires et, les premiers temps, c'était l'effroi lorsque Vladimir descendait au village en camionnette, toujours lui, toujours seul. Avec sa houppelande et son air démoniaque, il en imposait tel un mage, et la peur du mauvais sort figeait les ricanements sur les bouches et ployait les nuques. Ah c'était fou d'imaginer la douce Carmilla couchée dans les bras d'un pareil satan.
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un livre qui prend aux tripes et ne laisse pas indemne.
La vie de Ludo est une sorte de no man's land affectif qui en fait un sauvage...
Exceptionnel dans le genre
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Un jour les choses iraient au plus mal pour ses frères et lui. La loi les protégeait. Une loi disait : Tu es un citoyen. Cent autres lois répondaient : Barrez-vous les émigrés. La loi n'était pas raciste. Elle se foutait bien de la couleur du sang. Elle avait horreur de la misère, soeur de la révolte et du pénitencier. La loi disait : Intégrez-vous, soyez français. Cent autres lois vous désintégraient.
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Elles étaient trois cités en gradins sur la colline du Forum, au nord de Marseille, trois résidences pour émigrés en transit. La cité Basse, la cité du Midi, la cité Dorée.
La cité Basse, proche de la Méditerranée, la plus ancienne, accueillait les gitans : caravanes, poulaillers, bungalows, prêts à rester, prêts à partir.
La cité du Midi, en contre-haut, occupait le demi-pourtour ouest de la colline et semblait accaparer les rayons du couchant. Elle hébergeait les émigrés soumis, un mélange d'Italiens, d'Espagnols, d'Arabes, de Polonais dont les aînés s'étaient maintes fois battus sous pavillon français.
Encore au-dessus, la cité Dorée, la plus chaude en été, regroupait les déracinés de fraîche date : les clandestins, les fraudeurs, les mortifiés. Ils n'avaient jamais les bons tampons sur leurs permis, n'avaient plus de permis, de passeports, de travail, de fric.
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Je me disais: allons, pas de sentiments, du nerf, mais quand le coeur craque et s'ouvre en deux, sous la douleur, les sentiments se ruent, la raison crève.
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Le brouillard d'hiver jeta son désarroi sur les couleurs et les âmes. L'après-midi, la nuit tombait vite et dans un paysage où les feux du port allumés d'avance amorçaient tôt la fin du jour.
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Tromper une femme qui vous aime et vous a confié son amour c'est un peu la tuer, non, mettre fin à ses jours qu'elle croyait uniques au monde, et doués d'une éternité que la mort ne ferait qu'emporter ailleurs.
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Tu m'as manqué... Ça va droit au coeur, ces mots-là, ça repêche les souvenirs là où il n'y avait plus aucun souvenir l'instant d'avant.
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Merde merde merde merde. Pourquoi trouve-t-on ce mot grossier ? Et pourquoi réfréner l'envie de le prononcer, alors qu'ils sont si rares, les mots qui procurent pareille jubilation ? Est-ce parce que le mot ressemble trop à la chose : l'invoquer, c'est déjà se soulager ?
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Le couvert était dressé, le dîner n'allait pas tarder.
En entrant dans la salle de jeux, il eut un mouvement de recul. Il ne pourrait jamais s'habituer. Tous les enfants étaient là, mal à l'aise, penchés, adonnés à leurs tics natals, poussant des vagissements et de petits cris, fixant l'air béatement, debout dos au mur ou serrés autour de la table, et trompant Dieu sait quelle attente avec des bouts de laine et des regards entendus ; l'un d'eux semblait consulter un album sur les galaxies qu'il pointait d'un doigt vibrant.
Ils avaient fait leur journée. Ils avaient lancé des volants, ratissé les allées, coupé du carton, dessiné des étrangers, rendu grâce au ciel, écouté la Petite musique de nuit - " mais non Benoît, Mozart n'est pas un étranger, c'est un grand musicien, mais oui, un enfant si tu veux..." Ils avaient tout avalé : Mozart, les pingouins, la purée du dîner, les cachets blancs du sommeil, les coups de sifflet, les milliers d'instants qu'il faut passer pour ne rien vivre et de pas qu'il faut sacrifier pour aller nulle part, ils allaient s'endormir ignorants du sommeil. Ludo les vit alors se tourner vers lui, le doigt sur les lèvres, et lui faire "chuuut" avec solennité. Il répondit par un cri sans fin.
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Un être humain ne peut savoir à l'avance de quel jour il sera la cible, de quel petit rien il se souviendra toute sa vie, et ce jour il ne le reconnaîtra des années plus tard qu'après un minutieux examen rétrospectif de sa mémoire, et pour peu qu'il ait conservé ses agendas. Ce jour reviendra tous les jours, et retrouvée, cette pensée ne le quittera plus.
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« A dix-sept ans l’avenir n’était pas indéchiffrable pour moi comme souvent pour les jeunes, j’étais guidée par l’amour de la mer », écrivit Florence Arthaud.
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Encore une île et Toni saurait. Encore une île et Clochy rendait son âme aux diables. Encore une île et Mamina guérissait, les salamoks retournaient en enfer : fini les esprits méchants qui tourmentent les vieillards et mordent au cou les enfants endormis.
Toni ramait au crépuscule à travers les marais déserts et la rame grinçait. Pas une âme en vue. Le brouillard calfeutrait l'horizon, le chaland filait sur les joncs noyés. Jambes nues à l'arrière du bateau, les larmes aux yeux, il suppliait : s'il vous plaît sauvez-la, s'il vous plaît. Lanciné par l'angoisse il voyait sa grand-mère à l'hôpital, le visage épuisé, les salamoks à l'affût près du lit, sauvez-la, sauvez-la.
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Yann Queffélec
On ne déballe pas son coeur avec des mots.
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Il tendit le bras vers l'allée de sycomores, où l'on vit rouler sur le pré une 2 CV rouge vif.
-...La surprise se trouve à l'intérieur.
Ioura fit le tour de la voiture et ne fut pas longue à brandir et se chausser d'un paire de sandales à lanières de ruban rose.
-D'authentiques tropézienne ma chérie, les mêmes que Françoise Sagan, dans les années soixante, mettait pour conduire pieds nus dans son coupé sport entre Saint Tropez et Nice.
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Un freluquet génial, Rimbaud pour ta gouverne, a beau soutenir que "je" est un autre, on n'est pas plus avancé. S'il n'est domicilié, cet autre, dans aucun moi profondément voulu, tu restes un étranger.
L'astuce, elle est répandue, consiste à s'identifier à un métier : je suis boucher, je suis pâtissier, ... , et l'homme, à défaut de jamais devenir ce qu'il est, devient ce qu'il fait.
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Je me disais : je suis né, mais QUI s'est permis de décider pour moi ? Ce n'était pas une mise au monde, c'était une mise à mort.
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