Le rêve est le tuteur du pauvre, et son pourfendeur. Il nous tient par la main, puis il nous
tient dans la sienne pour nous larguer quand il veut après nous avoir baladés à sa guise à
travers mille promesses. C’est un gros malin, le rêve, un fin psychologue : il sait nous prendre à nos propres sentiments comme on prend au mot un fieffé menteur ; lorsque nous lui confions
notre cœur et notre esprit, il nous fausse compagnie au beau milieu d’une déroute, et nous
nous retrouvons avec du vent dans la tête et un trou dans la poitrine – il ne nous reste plus que les yeux pour pleurer.