Nicolas s'accoude souvent sur le mur pour observer les joueurs de boule lyonnaise. Il y en a un, surtout, qui retient son attention: sa casquette vissée sur le crâne, il sirote son pastis en inspectant le terrain, réfléchit, resirote son pastis, puis se décide: il soupèse interminablement sa boule, prend son élan - six pas, en courant - la lance avec un art infaillible. Il se rassied et commande un autre pastis. Et ainsi de suite.
"Est-ce cela le bonheur? se demande NIcolas. Cet homme-pastis semble tellement bien ici, chez lui! San doute sirote-t-il son verre sur ce boulodrome depuis la nuit des temps..."
Les grandes villes sont comme les grandes personnes: quelquefois gaies, quelquefois tristes, la plupart du temps ni l'un ni l'autre.
Au repas,il ne peut avaler une bouchée.Son confident lui manque."Mais au fait,argumente maman,vaguement soutenu par papa,tu as un autre ours en peluche.
Ils sont repartis à la maison. Là, le drame éclate: Mirko, son ours en peluche, a disparu. Il a beau le chercher partout, en repassant trois fois au même endroit: Mirko s'est fait la malle. Peut-être est-il parti vers le Pays-de-Maman, l'ayant vue pleurer? se demande-t-il. Je n'aurais pas dû lui en parler, ça lui a donné des idées.....
Il quitta sa peau de Nicolas-Miklos et devient Nicolas,tout simplement. Il abandonna donc la moitié de lui-même,sans en avoir clairement conscience.
La cuisine, c'est d'abord l'antre de Mémé: l'antre de Mémé-Vulcain.