Le lundi 27 septembre 2010, Zakaria Moumni, mon mari, l’homme de ma vie, venait de se volatiliser à l’aéroport de Rabat. Et moi, j’étais assise dans mon canapé, à plus de deux mille kilomètres du Maroc, dans notre deux-pièces de la banlieue parisienne. Je ne connaissais rien du Maroc. Rien d’autre que Zak, les palmiers et le soleil. Je ne savais rien du Makhzen, le tout-puissant Palais Royal. Je ne savais pas, alors, que ses occupants avaient le pouvoir de vous faire disparaître, du jour au lendemain, en toute impunité.
C’est une histoire folle et aujourd’hui encore, la plupart des gens ont peine à la croire tant elle paraît absurde et irréelle. Il y est question d’injustice et de violence, d’un roi et de ses conseillers, et surtout, d’un immense, d’un prodigieux amour. Tout y est vrai. Un jour, peut-être, je la raconterai à nos enfants comme une fable, celle d’un jeune homme un peu tête de mule, incorrigiblement naïf et épris de justice qui a demandé l’application d’un droit et s’est heurté à un mur. Et puis, soudain, le mur s’est transformé en gouffre et nous y avons été précipités.
Être blanche au milieu des Tahitiens ne passait pas inaperçu et elle comprit qu’il valait mieux avoir un rapport direct avec eux plutôt que les dévisager comme un touriste dans un zoo.
On dit souvent que le bonheur s’apprécie rétrospectivement. Qu’il est fragile. On dit aussi que tôt ou tard, l’adversité surgit et qu’il nous faut l’affronter.
Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice. »
MONTESQUIEU.