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Citations de Zoé Valdés (328)


Zoé Valdés
Seule la littérature peut faire coïncider les solitudes.
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Aimer, c'est ce qui m'empêche d'aimer dans la routine. En effet, quand j'aime, je suis trop consciente de ce que j'éprouve car, à chaque fois, je tombe amoureuse avec l'intensité prophétique de l'adolescence.
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"Je ne prétends blesser personne hormis les purs."
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Au cinéma Actualidades, ma grand-mère avait obtenu de la guichetière que je puisse faire mes devoirs dans la salle, sur les fauteuils d'orchestre, avec d'autres enfants qui traversaient, comme moi, le plus pénible des moments. Nous n'avions ni maison, ni vêtements, et à peine de quoi manger; jour après jour nos parents se battaient pour survivre. La guichetière était si gentille qu'elle nous avait autorisés à rester dans le cinéma la nuit; les fauteuils offraient des lits bien plus confortables que ces couchettes humides, en toile de jute, que nous avions à l'auberge. p.83
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Tous les jeudis, un groupe de poètes et d'écrivains, des vieillards pour la plupart se réunissaient autour d'elle ( Dulce Maria Loynaz, poétesse et écrivaine cubaine) et prenait le thé, tout en réfléchissant et en bavardant, au sein de l'Académie.Le régime ne voyait pas ces réunions d'un œil favorable, et elle le savait bien; elle résistait, avec sa brillante intelligence pour seule et unique arme. p.208
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Le Havanais aime dialoguer avec l'écran: quand il est au cinéma, il aime parler, commenter le film-si possible à voix haute-en même temps qu'il le voit.Le Havanais adore intervenir sur le scénario d'un film en hurlant des injures contre le méchant, et en essayant d'empêcher le bon de s'engager dans la rue où, forcément, il va se retrouver nez à nez avec le méchant. p.135
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J'étais tentée de lui parler un peu plus de moi, de Cuba et de l'exil. Lui dire que je ne pleurais plus, que j'avais épuisé mon stock de larmes, malgré ma rage intérieure et brûlante. Lui dire surtout que je me sentais très seule et très fragile, sans l'appui de personne. Mais je ne l'ai pas fait et me suis tue. Mes larmes, je les ai transformées en écriture. Tout ce que j'ai voulu pleurer se retrouve sur le papier. Tout ce que j'ai voulu pleurer, je l'ai écrit.
(p. 32)
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La rue peut se trouver tout au bout de ta vie, la rue peut commencer sur ton visage. Ce vers quoi tu regardes, là est peut-être le chemin.
Partout, la rue peut te poursuivre, et toi, tu peux refuser qu'elle t'atteigne.
Ne tourne pas le dos aux rêves, sinon à la nuit tombée, la ville t'arrachera les yeux.
À minuit, prends un miroir et compte les étoiles, comptes-les jusqu'à trois cents : tu vas voir à quoi tu ressembleras dans quelques années, et c'est alors qu'apparaîtra la rue que tu devras fatalement emprunter. Ah, les vieilles superstitions havanaises !
La rue pourrait bien se trouver tout au bout de ta vie, mais il se pourrait aussi que tu n'arrives pas à compter trois cents étoiles d'un seul coup, ou bien que tu ne parviennes jamais à te trouver dans le miroir.
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Lire me pousse à lire. La lecture est le signe que j’ai encore mon innocence, que je peux encore questionner. Questionner qui ? Quand j’arrive au milieu d’un livre, je cesse enfin d’être moi-même. Car, en lisant, je rêve.
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Zoé Valdés
Faire l’amour est une façon de se reconstruire, de retrouver ses racines, d’enrichir son corps et son âme. C’est une impulsion, un élan vital par lequel on voit les choses d’une autre façon. L’exil est un sujet de punition. Mais la littérature aussi est une punition, la littérature est douleur. Souffrance, vertige, punition… Tout cet univers littéraire m’intéresse, comme les romans de Juan Carlos Onetti ou de Vargas Llosa. Ces écrivains ont travaillé la douleur, la renonciation, la dénonciation de cette douleur. C’est sur ce chemin-là que je me situe.
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Il partit en claquant la porte, comme il l'avait fait la fois précédente, et descendit en faisant ce que les communistes savent faire de mieux : en vomissant des injures et des insultes.
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Le jeune poète homosexuel [René Crevel] avait demandé à Eluard de le rapprocher d'André Breton, afin de gommer les divergences entre surréalistes et communistes, ce qu'Eluard laissa sans suite. Ce fut le début des ruptures et des persécutions.
Les communistes suspectaient les surréalistes, les accusant d'être traîtres et trotskistes. Dora signait des pétitions, des lettres, courait ici et là en dénonçant cette politique destructrice, mais sans perdre une once de confiance dans l'art et l'idéologie à laquelle elle s'accrochait comme à une planche de salut.
Dora, la grande artiste, la muse du surréalisme, allait même devenir extrémiste et totalitariste. Cette époque étriquée [années 1930] s'y prêtait, mais l'on pouvait aussi tomber plus bas et flirter avec le fascisme. Elle avait adopté le communisme comme seule arme, avec cette naïveté propre aux artistes culpabilisés de ne se vouer qu'à la création.
(p. 185-186)
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Après un tel tableau si Claudia Schiffer et Linda Evangelista réunies (ce sont les top models belles, riches et célèbres du moment) se foutent à poil devant moi, je leur vomis dessus.
Les musées ? Oui, j'y suis allée à plusieurs reprises. Le Prado est très mal éclairé, les tableaux, disposés n'importe comment !
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Le soir tombe jusqu'au fond de mes entrailles. La ville regrette ta noble odeur de cheval et ton paisible sein gorgé de lait lunaire. La ville est une bête, apaise-la avec tes sanglots, coups de fouet dans la nuit, et la graine de la soumission regagnera ton ventre. Ta destinée s'achèvera où elle a pris sa source, dans la caverne matrice. Belle parabole : je suis venue de toi, à toi je reviendrai.
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Je suis une rescapée. Une survivante — je ne cessais de me le répéter comme pour mieux oublier ce que les uns tiendraient pour négligeable, tandis que les autres ne voudraient pas même entendre prononcer le mot «guerre». Je m'efforçais de donner de ma constance, le meilleur de moi-même, pour oublier le plus vite possible et m'enfoncer dans l'ignominie du silence. Je ne savais pas quelle guerre m'avait crachée dans ce jardin public, mais les images de cadavres amoncelés me hantaient, et je voulais laver mon esprit du sang qui s'infiltrait par les charnières des portes, dévalant les escaliers des édifices en ruine. Je restais ainsi, les bras croisés sur ce banc d'un pays étranger, comme pour éviter que le liquide écarlate ne m'aveugle pour toujours.
Là-bas, comme ici, l'étrangère, c'était moi. Et non les soldats venus de l'au-delà pour nous sauver d'autres soldats censés nous protéger mais qui faisaient feu sur nous a bout portant. Entre les mains des premiers, la paix, toute symbolique rendait un son de boîte à musique ridicule.
Assise près de cet arbre dénudé depuis je ne sais combien de temps, j'avais perdu la mémoire, je savais seulement que je venais d'un autre pays, d'un pays où je n'étais pas libre. Non, là-bas non plus.
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“Tristesse érotique

parfois tu m’as prise pour un serpent ça c’est l’amour
nous battre à coups de mots qui défigurent la perfection
le simulacre d’être un couple à l’étroit
dans un sarcophage
je t’aime aujourd’hui alors que l’herbe m’a coupé les
chevilles
car tu n’embrasses pas en te prétendant immortel
redoutant à chaque seconde que je meure
et voilà l’amour oh que de tendre mort il renferme
La joie viendra quand cette époque sera un soir pleureur dans un
fauteuil
quand je n’aurai plus mes vingt-sept ans
la suffocation de nous coucher et d’avoir un enfant
sera alors une lenteur perverse sur mes toisons
toi tu aimes en disant que je serai la même à
soixante ans
car la solution est que passe le temps comme une
rage
et que la jeunesse ne tende pas de pièges à mon sexe
comme l’amour est égoïste
en me pensant plus vieille tu m’imagines plus tienne
chacun de nous revendique le droit d’aimer davantage
comme s’il s’agissait d’une compétition aussi simple
d’atteindre le fond tous deux plus clairs quel marathon
intense
Quand l’amour est tant de turbulence
qui essore notre vie
et en même temps la polit en lui offrant le canapé le
plus confortable
je suis ravie de rêver de toi l’exclusif
avec toi je me dispute la solitaire
attendant que le sperme de la veille afflue dans
mes cheveux
car il n’y a pas de doute c’est l’amour de ceux qui
se pincent
pour être sûrs de ne pas s’évanouir dans l’orgasme
de ceux qui n’ont pas besoin de s’égarer à chaque
saison
dans le jus étranger d’autres aisselles
rien de plus excitant que de planter mes ongles
dans tes fesses de torero et de me sentir comme le
taureau
qui mijote entre l’épée et le sang
il n’est pas d’autre préambule que de reconnaitre
ton geste
et de me vautrer dans le sable de mon cauchemar
l’amour c’est la liberté d’uriner sur ton visage
pendant qu’en pleine extase tu écoutes Mozart
mais surtout ne pas nous confondre avec l’obligation
d’être
crasseusement impeccables ou impeccablement pourris
comme ceux qui se parfument pour déféquer leur âme
ça c’est l’amour regarder par la fenêtre et ne rien voir
balbutier au téléphone je ne sortirai pas non je ne
sortirai pas
et repousser le cyanure ou l’escalier.”
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Il s'agissait de cela, c'était cela la vie, juste aimer une autre personne, faire l'éloge de l'autre, pour ensuite l'assassiner. Elle s'était trompée, elle avait confondu l'amour avec l'érotisme à l'époque où elle avait connu Georges Bataille, celui qui la consacrerait comme amante avide, éperdue d'ardeur ; pour laisser place à un autre type d'amour, l'artistique, l'amour avec le surréalisme ; enfin vint l'amour définitif, le grand amour, l'amour avec Pablo Picasso, et pour finir, l'amour avec le communisme. Après tous ces excès, seule la désillusion pouvait finalement l'attendre.
(p. 51-52)
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Seigneur, ce que j’ai soif, tout d’un coup ! Elle poussa la porte vitrée du café Floridita, le bar-restaurant préféré de ce jouisseur nommé Hemingway. Le chasseur vient lui barrer le chemin du comptoir. Dis donc, ma poule, tu n’as rien à faire ici. Parle pour toi, mon trésor. J’ai du flouze pour payer. Et elle brandit sous le nez du gorille un billet de vingt dollars tiré de son soutien-gorge. Je veux boire un daïquiri. C’est pas un crime, petit père ? Bien sûr que non, si t’as de quoi payer, y’a pas de lézard, mulata. Je ne suis pas une mûlatresse, mon ange, je suis brune. C’est du pareil au même selon toi ? Tu es aveugle ou quoi ? Ce videur ne manque pas de culot, je lui balancerais bien une baffe qui le laisserait paraplégique.
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« Fais attention, fais attention à toi, tu es tout ce que j’ai au monde ! » Maman ne savait pas que cette phrase qu’elle répétait à tout moment, en ardente litanie, accentuait ma culpabilité aussi de l’abandonner, de la laisser seule avec sa bouteille de rhum et sa nostalgie du seul homme qu’elle eût aimé : mon père. « Une tête brûlée qui nous avait abandonnées pour partir avec une autre », soulignait ma grand-mère avant de mourir.
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Et si les villes devenaient soudain une seule et même métropole bâtie avec nos souvenirs ? Et si les ruines de La Havane s'entremêlaient à celles d'Athènes ? Et si les ponts de Paris débouchaient sur les carrefours de Buenos Aires ? Et si les fontaines de Rome prenaient leur source au lac de Belgrade ? Et si les temples de Beyrouth avaient des portes qui s'ouvraient sur Jérusalem ? Et si la Tamise de Londres irriguait le Manzanares de Madrid ? Et si les putes de Barcelone allaient battre le pavé au Caire ? Et si tout n'était qu'un seul et unique baiser, dans le silence des rues vénitiennes ?
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