Élodie Loisel

Kenric, on peut le dire est un très beau garçon. Il a cette bouille des gamins heureux, les yeux d’un bleu cristal, à la limite du surnaturel, parsemés de pépites dorées, les traits angéliques. Ses cheveux possèdent différentes teintes qui varient du blond cendré au châtain clair suivant les humeurs du soleil. De petites tâches de rousseur saupoudrent un nez fin et parfait.

De taille moyenne et de corpulence sportive, c’est ce que l’on devine lorsqu’on le voit pour la première fois. C’est le genre de garçon au visage doux, au sourire charmeur et sympatique. Ses amis vous diront qu’il est sincère et droit, fidèle et drôle, il a toujours le mot pour rire et ne rate aucune occasion pour amuser les autres.

Sa mère vous dira que c’est l’amour de sa vie, la prunelle de ses yeux, qu’il ressemble à son père, disparu sans laisser de trace au mois de juin il y a dix-huit ans. Si vous demandez à sa copine elle vous dira qu’il l’a faite craquer au premier regard et que toutes les filles du lycée sont jalouses d’elle. Si vous demandez à ses profs, non… Ne demandez pas à ses profs car sa moyenne générale a été en chute libre toute l’année et au mois de septembre il va devoir mettre les bouchées doubles. Ses enseignants vous diront qu’il doit être moins rebelle. Ses désobéissances quotidiennes, son insolence et son dégout certain pour l’autorité risquent de lui jouer de grandes surprises pour la prochaine rentrée scolaire. Par contre demandez à son professeur de guitare, car il vous dira qu’il a le rythme dans la peau, une voix sensuelle et un look de rock star.
Pour résumer, notre héros est plutôt joli garçon, il est drôle et honnête, un look décalé, il n’aime pas l’école et cultive une certaine arrogance. Il possède pas mal de copains, une petite amie, une mère aimante, une gueule d’amour ensommeillée en cette fin de mâtinée de vacances scolaires et une idée géniale qui vient de lui traverser l’esprit. Il n’a jamais encore pris ce genre d’intiative mais l’enjeu est bien trop tentant.

Mon âme retrouve enfin les tréfonds de mon corps dans le tourbillon de ce vide infernal.

Un écho explose à l’intérieur de ma tête alors que celle-ci heurte le sol de cet endroit maudit. Un sommeil terrifiant s’est engouffré en moi, je suis paralysé, mes yeux ne peuvent s’ouvrir, mes lèvres restent closes.

Le grincement sinistre de ce bruit inquiétant m’obsède. Tout mon corps lutte tandis que mon âme s’enfuit, jamais je ne parviendrai à sortir de cette torpeur.

Deux hommes me soulèvent avec force et tentent de me maintenir debout. Je résiste à la mort autant qu’il me semble possible de le faire.

Des lianes végétales se détachent du sol et encerclent les mains et les pieds du traître. Il est complètement prisonnier.

Il pousse des cris épouvantables. Le siège l’engloutit devant eux dans un tourbillon de lumière. Stigmatisé par une dernière image figée à jamais dans son âme, il reconnaît l’expression terrifiante de Merlin à travers les yeux de son héritier mais il n’est déjà plus là.

Les larmes pourraient m’être salutaires, mais elles n’osent même pas tomber sur mes joues rougies par la honte.

Ce titre ne pouvait que lui revenir; le plus têtu, le plus impatient de tous, également le plus caractériel, mais aussi, et avant tout, le plus courageux, le plus fier, le plus doué et certainement aussi le plus sincère d'entre eux.

Une sensation bizarre, un sentiment étrange, en découvrant cet endroit, le cœur de Kenric se serre.
Combien de fois a-t-il imaginé le paradis perdu dans ses rêves ? Certainement mille, sûrement beaucoup plus !
Mais jamais, non jamais, il ne s’est douté de l’image qu’il avait ici à cet instant précis.
Un faible rayon de lumière transperce comme une lame le ciel noir et sans étoile de ce lieu autrefois féerique.

Comment pourrais-je un jour te remercier ? Je n’étais plus qu’une ombre, une ombre que tu as illuminée.
Ranimé par ta chaleur et ta douceur, j’ai compris que je n’attendrai pas longtemps avant de recommencer.
Tu n’as pas fui, tu t’es à peine débattue, sachant déjà ce qui t’attendait. Un amour, tu as été.

Je ne porte aucun maquillage pour aller travailler et cela ne m’avantage guère. Je parais plus vieille. Les cernes violacés sous mes yeux me donnent facilement cinq ans de plus que mon âge véritable. Je grimace à la pensée que, dans trois ans, je passerai la barrière fatidique de la trentaine. J’ai une taille normale pour une femme : 1 mètre 64 et je suis plutôt mince ; je suis attentive à mon alimentation, je fais du sport, j’ai arrêté de fumer et je ne bois qu’en de rares occasions. J’espère ainsi rallonger mon espérance de vie d’au moins 10 ans. Pour un médecin, c’est la moindre des choses de montrer l’exemple.

Les bijoux que je porte sont comme moi : très discrets. J’aime me définir de cette façon. J’ai hésité longtemps pour les chaussures et j’ai finalisé mon choix sur un style décontracté. Malgré le fait que je ne sois pas de grande taille, je vais porter ma paire d’Adidas, celle avec des motifs fleuris, ça va le faire ; pour danser en boîte de nuit, ces baskets sont carrément plus pratiques. Entre l’esthétique et le confort, je fais un choix osé et surtout confortable.

C’est hyper compliqué, ce fameux trait de crayon noir. Mon eye-liner fait toujours des siennes et je n’arrive pas à contourner parfaitement ma paupière. Je tremble à chaque fois un peu. Je retiens mon souffle, le crayon en main, sa pointe caressant délicatement la fine peau qui recouvre mes yeux verts, et voilà qu’un bruit provenant de l’extérieur me fait sursauter. Oh non ! C’est pas vrai, j’ai un trait vertical qui me défigure jusqu’au sourcil.