Retrouvez l'interview audio d'Éric Lange, par Fabrice Dubesset sur le site Instinct Voyageur. 50 minutes de plaisir avec Éric : « Le Sauveteur de touristes », « Allo la Planète », etc.
C'est ça le manque. L'interdiction de consommer librement, d'aller au restaurant, dans un bar, au cinéma, de rencontrer les autres.
Alors je m'isole et pratique le loisir du pauvre, la télévision.
Ilian parlait le globish, la langue mondiale, un anglais sans beaucoup de grammaire mais assez de mots simples pour le comprendre sur tous les continents. Donc pas besoin de traduire.
La matière première du tourisme, c’est par définition le touriste. Et nous en sommes tous. Ou alors, nous le deviendrons un jour. Au moins une fois dans notre vie.
J’ai enfin brisé les chaînes qui me retenaient attaché au système ! Nous sommes sans doute nombreux à regretter secrètement d’accepter de servir le maître qui nous tient la gamelle. Tenus en laisse par l’estomac, la peur de manquer.
Il faut bien de temps en temps prendre conscience de ce que l'on voit chaque jour, ne plus regarder le monde par le filtre de la caméra mais le toucher, car il est là avec toutes ses souffrances, son sang, ses morts qui pourrissent, leur odeur de vieille viande et la peur, le dégoût. Vivre dans la guerre n'est pas supportable. Sauf si on y est obligé. Alors, on en devient un rouage et on change pour survivre.
Nous comparons les prix, les dates, les taux de fréquentation, les sites à visiter, le climat et nous décidons en fonction de tous ces critères quel petit bout du monde nous louerons. Ce sera un morceau exotique avec du soleil et la grande palme verte qui danse tranquillement derrière la fenêtre, et le lagon, et la barque qui passe, comme sur la photo. Ou bien un parcours compliqué dans une forêt, une montagne lointaine, un désert forcément inhospitalier avec des embûches convenues mais assez réelles pour nous permettre de croire à la grande aventure quinze jours ou six mois.
Le monde numérique est un monde égalitaire, solidaire, responsable puisque tous auront accès à tout et seront donc impliqués dans tout : la politique, la science, l’économie, les arts. C’est un monde participatif, une démocratie virtuelle qu’il faut s’approprier. Il parle de transformer notre fonctionnement, de s’inspirer de la hiérarchie horizontale d’Internet où chacun possède des connaissances utiles aux autres, pour la transposer aux sociétés humaines, basées elles sur une structure verticale, où chacun écrase forcément les autres.
...on inventait en Occident une nouvelle activité qui allait révolutionner l’économie mondiale, le tourisme de masse. Les compagnies aériennes se sont multipliées, les prix des billets d’avion ont baissé, le mot « charter », ancêtre du « low cost » a fait son apparition dans le vocable populaire, on a élevé des hôtels et des clubs dans les pays ensoleillés, écrit Lonely Planet, le Guide du Routard, inventé l’Imodium et rapidement, les premiers contingents de touristes ont débarqué à Bangkok.
L’euphorie est sincère mais ne dure pas plus d’une dizaine de jours après quoi, le premier symptôme de ma déchéance apparaît : la solitude. Toutes les personnes vivantes que je connais, les amis, les femmes, les relations professionnelles, dépendent du monde médiatique et m’effacent prudemment de leur fichier comme le vulgaire virus que je suis devenu. Je ne leur en veux pas. Me fréquenter c’est presque une complicité, déjà une faute
Chaque être humain, même le plus humble, le plus ignorant, possède une expérience qui lui est propre. En la partageant, il offre à tous une connaissance supplémentaire et il bénéficie à son tour du savoir collectif ainsi réuni. Imagine une organisation horizontale et non verticale. Une société humaine dont le fonctionnement est copié sur celui du Net. Elle n’est plus pyramidale. C’est ce que nous faisons.