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Citations de Ève de Castro (248)


Un génie a des cors aux pieds comme un homme ordinaire. Il a l'haleine aigre. Des flux de ventre. Il prend froid, il crache. Il se voûte, il perd ses dents, et au lit l'âge l'épargne à peine moins qu'un autre.

Mais ce qui le distingue du commun des mortels résiste au temps.

Pierre Corneille est un chêne. Une montagne battue par les vents.

Il vit des saisons qui ne sont pas les nôtres. Les siennes peuvent durer sept mois ou sept années, elles n'obéissent pas au calendrier. Il connaît en octobre des printemps bourgeonnants, en mars des étés glorieux, en janvier des automnes inquiets, en août des hivers où tout en lui se dénude. Sa dernière hibernation a été si longue que j'ai douté de le voir revenir parmi les vivants.

Il a cent ans, il a mille ans.
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Le cœur des hommes est un chaudron de sorcière, Monsieur, le siècle où nous vivons cache la crasse sous les dentelles et la sanie de l'âme sous la poudre, les courbettes et les faux repentirs. Je sais des prêtres vautrés dans le crime, des manants qui battent à mort leur femme, des bourgeois qui vendent leur fille à des monstres, des seigneurs qui torturent les enfants, des princes qui tirent au fusil les gens comme des lapins, et des rois qui au lieu de donner l'exemple de la vertu, violent, mentent et trahissent.
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Je vais te dire Vladimir Ilitch, ce que la faim fait aux gens.
Quand ils ne trouvent plus rien, vraiment plus rien de solide ni de liquide à se mettre dans le ventre, ils déterrent les cadavres. Ils le font en cachette, ils ont honte. Mais les hordes grossissent, la honte s’efface devant l’urgence, ils piochent en plein jour. Les fossoyeurs touchent leur part, l’horreur fait recette. Les dépouilles sont tronçonnées, vendues, bouillies, revendues. On enterre à tour de bras, mais pas assez vite pour nourrir les vivants.
Alors les affamés mangent ceux qui meurent sous leur toit. Parents, conjoint, enfants. Ils pleurent, ils se flagellent, ils se traînent à genoux devant les icônes. La faim ronge toujours. Ils regardent leurs proches, ils voient de la viande sur pied. Cette pensée s’empare de leur âme, ils égorgent l’oncle qui les emmenait pêcher, la tante qui les a bercés.
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On ne découvre combien on a été heureux que quand on cesse de l'être.
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A cette époque, je parlais souvent à Dieu. Je lui ai parlé longtemps, et beaucoup. Quand j'ai compris que l'homme creuse sa tombe sans que le ciel réagisse, j'ai arrêté. Pries-tu encore, Volodia ?
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– En Italie, d'où vient ma famille, nous avons une prière qui dit : « Seigneur, donnez-moi la force de changer ce que je peux changer, l'humilité d'accepter ce que je ne puis changer, et la sagesse de reconnaître la différence. » C'est une prière qui s'adresse plus à soi-même qu'à Dieu, mais à l'occasion elle pourrait vous servir.
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Si vous voulez vivre en paix, ne vous mariez pas. L'état conjugal a des avantages, j'en conviens, dont le plus concret est de disposer soir et matin de seins rondelets et autres merveilles à baiser et mignoter, sans compter le soin qu'une femme prend de votre logis, de vos habits, de votre table, de votre santé. Mais chaque médaille a son revers et, croyez-moi, la face cachée de ce bonheur-là porte presque toujours des cornes, et bien souvent des pieds fourchus.
Moi qui sur le théâtre moquais la condition d'époux, j'aurais dû me méfîer davantage.

Mais voilà, je prends l'affaire comme tout ce qui me tient à cœur: je l'embrasse à pleine bouche. Au sortir du couvent Armande ignorait qu'il faut un coq sur la poule pour que d'un œuf sorte un poussin. Il semble que quelques mois à notre table aient suffi à l'instruire, quand le moment vient de nous coucher ensemble, je la trouve plus à mon goût que ne l’escomptais.
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Depuis des mois, les petits n'ont aperçu ni le soleil ni la lune, mais d'instinct ils sentent que dehors le soir tombe. C'est l'heure traîtresse où la solitude s'enroule en écharpe et étrangle le goût de vivre. L'heure où le courage fond sous les larmes qui remontent dans la gorge. L'ombre descend sur le monde, portant dans ses plis la terreur.
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Tu prônes la nécessité du sacrifice sur l'autel de la liberté. Tu prétends lutter pour la délivrance du peuple russe. Mais que sais-tu de nos souffrances, camarade Lénine ? Dans ta chair, qu'en sais-tu ?
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Ainsi va notre monde, Ninon. Ceux qui se rendent irremplaçables gagnent une place près du Soleil, les autres restent des ombres, et le sort des ombres est de se fondre dans la nuit.
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Mathilde plume les volailles de la reine Marie-Thérèse, la femme du roi, qu'on surnomme l'Espagnole parce qu'elle a des suivantes et des chiens pareillement nains, qu'elle prononce « cétté poute » en parlant de Mademoiselle de La Vallière, la maîtresse de son mari, et qu'elle se barbouille à toute heure de chocolat chaud. Lorsque le roi est au château avec sa famille, ce qui n'est guère plus de deux fois le mois parce qu'il réside principalement au Louvre ou à Saint-Germain, Mathilde plume en moyenne quinze poulets, faisans, oies, canards, pintades par repas, plus les cailles, les ortolans, les grives et les palombes lorsque c'est la saison.
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La guerre de Sa Majesté ressemble à un opéra de Monsieur Lully. De la musique, des héros sanglés dans des cuirasses très seyantes, des plumes et des rubans un peu partout, des armes étincelantes sur lesquelles les taches de sang font comme des mouches sur la gorge des dames, des dames, justement, nombreuses, ravissantes et largement décolletées, de la poudre aux yeux et des forteresses qui tombent aussi courtoisement que des châteaux de cartes.
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Les mains. Ce que les lèvres taisent, les mains l'avouent. Observez leur forme, leur respiration, leurs silences. Vous saurez comment la femme que vous désirez s'abandonne ou se masque, comment elle prendra soin de vous, si elle vous enchaînera, vous meurtrira, vous trahira. Vous saurez la franchise, la bonté, la mélancolie, la paresse, l'envie, la volonté, le goût de l'argent, celui du plaisir, celui du meurtre. On ne vous trompera que si vous décidez de prêter le flanc. Personne ne vous surprendra.
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Les Jésuites en général et les maîtres de philosophie en particulier ne vous apprendront jamais à penser, ils se contenteront de vous enseigner comment on a pensé avant vous.
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Le problème avec ma mère, c'est qu'elle a l'intransigeance de mon père, la vertu en plus et l'intelligence en moins.
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Il n'y a pas de sens.
Juste l'habituelle déprime de novembre, deuil des beaux jours et deuil des illusions, quand l'âme perd son bronzage revient le temps des suicides, des liftings, des divorces. Rien à déchiffrer, pas de leçon à tirer. Des émotions autosuggérées, brèves décharges synaptiques, des souvenirs que l'on se fabrique pour se consoler de devoir vieillir, et mourir, et finalement tout oublier.
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Pourquoi désirer être Apollon quand on est déjà Louis XIV ?
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Moi, la Toussaint, ça me file le cafard. Encore une tradition imbécile, comme si les morts bouffaient des chrysanthèmes à date fixe.
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Les coups ne sont rien à côté de la faim. Tu peux te sauver devant les poings et le fouet, tu peux te cacher, parfois tu peux rendre les gifles. Tu n'échappes pas au garde-manger vide et au puits à sec.
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Le pouvoir, l'argent et les fièvres de jarretelle m'indiffèrent. Je laisse ton père à ses hochets, et il ne s'enquiert pas de mes journées.
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