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« Si notre intelligence bâtit facilement une théorie, seule notre bêtise y croit encore. »
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« La conscience de leur vulnérabilité rend les humains meilleurs, plus tendres. On s’aime mieux lorsque la mort guette.»
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En 1933, il reçut la visite d’un garde forestier éberlué. Ce fonctionnaire lui intima l’ordre de ne pas faire de feu dehors, de peur de mettre en danger la croissance de cette forêt naturelle. C’était la première fois, lui dit cet homme naïf, qu’on voyait une forêt pousser toute seule. À cette époque, il allait planter des hêtres à douze kilomètres de sa maison. Pour s’éviter le trajet d’aller-retour — car il avait alors soixante-quinze ans — il envisageait de construire une cabane de pierre sur les lieux mêmes de ses plantations. Ce qu’il fit l’année d’après.



En 1935, une véritable délégation administrative vint examiner la « forêt naturelle ». Il y avait un grand personnage des Eaux et Forêts, un député, des techniciens. On prononça beaucoup de paroles inutiles. On décida de faire quelque chose et, heureusement, on ne fit rien, sinon la seule chose utile : mettre la forêt sous la sauvegarde de l’État et interdire qu’on vienne y charbonner. Car il était impossible de n’être pas subjugué par la beauté de ces jeunes arbres en pleine santé. Et elle exerça son pouvoir de séduction sur le député lui-même.
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Pour retracer notre vie d’après l’oubli, fallait-il choisir le lumineux ou l’obscur ?
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La nuit était tombée à la vitesse des emmerdes.

C'était une des expressions préférées d'Hugo, considérant que les emmerdes vous tombaient dessus plus vite que la lumière, et à fortiori bien plus rapidement que le bonheur...



- Chap 4 - p.48 -
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Nous avons besoin de contrôler notre vie de couple, pour nous sentir en sécurité, mais nous ne pouvions pas esquiver tous changements et, avec eux, les transitions ! En revanche , nous pouvons décider de notre réaction face à ces chamboulements, à ces périodes de mutation.
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Cette bière est excellente. À votre santé…



Oui, monsieur, j’ai toujours été gros, toujours… Voici une photographie, regardez-la. C’est moi-même, tout nu, âgé de cinq mois, assis sur un coussin de velours, et suçant mon pouce. Dites-moi si, dans le genre, vous avez jamais vu mieux ? On me pesait chaque semaine, sur les balances du boulanger, et il paraît que toutes les commères du quartier venaient voir ça. Ma sainte mère en tirait un grand orgueil.



Combien de fois m’a-t-on répété les paroles de l’accoucheuse qui m’attendait au seuil de la vie : « Madame ! s’était-elle écriée, madame, c’est un garçon : il est rond comme une quenouille ! »



Rond, vous entendez, j’étais rond en voyant le jour, et, depuis lors, on n’a cessé de me comparer à des objets renflés, à un pot-à-tabac, à un traversin, à Balzac. Et toujours aux mêmes, depuis trente-sept ans ! Il faut peser cent kilos, monsieur, pour savoir à quel point les hommes sont à court de comparaisons. Ah ! si les gens savaient ! À quoi bon toujours répéter une vérité désagréable ? Je suis gros, c’est entendu, c’est un fait, vous me l’avez tout assez dit. D’ailleurs je ne m’en cache pas.
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— Et tu ressens quoi, au juste ?



Je sais très bien ce qu'il ressent, mais je veux juste l'entendre de nouveau. Juste pour le plaisir de le lire sur ces lèvres, de savourer chaque syllabe.
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Les écrivains écrivent, les codeurs écrivent. Selon les jours, je les vois jouer un morceau à quatre mains, harmonieux, paisible, ou disputer un match enragé. Je vois le codeur plus inspiré que l’écrivain ne le sera jamais, obsessionnel, rivé à son ouvrage, promis à une nuit de feu perpétuelle qui produira des actions utiles au reste de l’humanité. Je vois l’écrivain accepter que son texte se fasse encoder (sertir dans des chaînes de caractères puis traduire, diviser, subdiviser), que ce qu’il soigne et compose devienne sous les doigts du codeur une sorte de logorrhée, de coulée numérique sans odeur ni saveur ni beauté particulière.

On me trouve naïve, trop sensible aux images, aux clichés des films américains, ce à quoi je réponds, mais c’est vous qui ne les voyez pas ces jeunes hommes qui communiquent avec un puits sans fond, outre-monde, au-delà, dark web, outre-tombe, ou avec Dieu, comme les membres fanatiques d’une yeshiva sans fenêtres (où on ne lirait pas mais où on écrirait) qui chercheraient à refonder les écritures pour verrouiller leur dialogue muet, inverser l’ordre des choses, qui sait, que Dieu fasse enfin ce qu’on lui demande. Deus in machina.

(…)

Les gens du pont ne savent pas ce qui se passe dans la soute quand les soutiers, eux, savent bien ce qui se passe sur le pont, mais les soutiers préfèrent rester dans le noir, faire avancer le bateau et laisser les autres deviser sur le paysage. Mais alors si tout le monde est content, quel est le problème ?

Je suis une femme, j’ai plus de cinquante ans, je suis écrivain et je veux apprendre à coder. Mes proches se moquent de moi, me rappellent que je panique au moindre bug. C’est vrai. j’ai toujours peur que la machine chauffe, implose, s’éteigne, et que dans cette extinction, elle emporte ma mémoire, mes textes, qu’elle me laisse en carafe avec des souvenirs foudroyés. C’est un syndrome récent chez moi, je m’attends toujours à ce que quelque chose explose et, quand je suis en voiture, qu’un choc terrible me percute, même sur une route tranquille. Soudain, l’air, le temps se compressent, avec toute mon existence dedans. En quelques secondes, je visualise mon corps qui s’écrase, s’enroule jusqu’à s’étrangler. Par où commencer ?
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Sur l’un des murs de mon bureau, il y a un grand tableau magnétique. Je l’ai installé après avoir vu la série Homeland, mais jusque-là, je n’y ai accroché que des pense-bêtes, des photos de mes filles, des numéros de téléphone que je n’ai jamais composés. J’enlève tout. Je cherche un portrait de Grace Hopper (avec vernis à ongles), je l’imprime et je l’accroche au centre du tableau. Juste à côté, je mets une photo de Boris, puis des images de jeunes hommes entre eux, dans la guerre, le rock, un vestiaire, une boîte, une chambrée, une salle de garde, un bar, une cité.

Je sais bien que je n’ai ni meurtre ni coupable à trouver mais j’ai un mystère à élucider. Je me prends pour Carrie Mathison (l’héroïne de Homeland), j’espère voir à force de regarder. J’adopte des poses de profileur, jambes légèrement écartées, bras croisés, tantôt concentrée tantôt distraite. Son tableau à elle est en liège et je lui envie le geste de punaiser rageusement de nouveaux éléments ; c’est plus vif que de faire glisser des aimants. Plus silencieux aussi.



Les écrivains ont déjà bien à faire comme ça pour ne pas en plus se mêler de technique et de science. Flaubert n’écrit pas sur la machine à vapeur, Proust ne cherche à comprendre ni l’électricité ni le téléphone. J’aime les métiers, j’aime les expertises (sans doute ai-je le sentiment de n’en avoir aucune). J’imagine ma grand-mère débarquer dans une usine de téléviseurs, exiger qu’on lui explique comment ça marche, et menacer de ne pas bouger tant qu’on ne le lui aura pas expliqué. Mais là, c’est différent. Ni la machine à vapeur ni le téléphone ne produisent de signes, aucune de ces inventions ne vient grossir la flotte graphique sur laquelle les humains transportent leur savoir, leur pensée, leur langage. Le code, ce sont des signes sous les signes, du langage avant, sous le langage, proto, infra, méta, comme on voudra. Une écriture qui précède l’écriture. Sous les claviers qui cliquettent, les doigts virtuoses, jaillissent une algèbre véloce, une grammaire multicolore, de vieilles polices de machine à écrire comme d’avant l’ordinateur, des signes de ponctuation, des caractères spéciaux, une langue vivante qui pourtant ne se parle pas. Une écriture qui succède à toutes les écritures au sens où elle les utilise toutes, les mélange, les combine, lettres, chiffres, tout.

On ne dirait pas comme ça mais le code fait la synthèse, c’est la troisième révolution graphique. Des révolutions, il y en a une tous les deux mille ans à peu près : la première invente l’écriture des langues (en – 3300), la deuxième celle de la monnaie frappée en – 620 (les nombres), et la troisième date de 1936, c’est le code qui traduit les lettres en nombres (même si c’est plus compliqué que ça). Tous les deux mille ans, c’est une scansion anthropologique qui balaie tout sur son passage, accroît la civilisation, la propulse en avant.
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Nous nous apprêtons à déjeuner sur la terrasse de notre ami Pierre, nous sommes une dizaine de convives. C’est un beau jour de juin, ensoleillé, pas trop chaud, un jour qui donne envie de vivre longtemps. Un jour qui ressemble à celui vers lequel s’élance Clarissa, l’héroïne de Virginia Woolf, au début de Mrs Dalloway, avec juste ce qu’il faut de fraîcheur à des enfants sur une plage, comme elle dit.

Dans un coin de la terrasse, j’aperçois le fils de Pierre, Boris. Il est attablé devant un ordinateur, casque sur les oreilles. C’est un garçon vif et affable d’habitude, mais là, il nous sourit à peine, ne nous rejoint pas, ne fait même pas mine de vouloir se lever. Je me demande pourquoi il reste sur la terrasse et ne va pas s’enfermer dans une pièce de la maison s’il a tant à faire, mais peut-être qu’il reste là pour avoir juste ce qu’il lui faut de fraîcheur, comme des des enfants sur une plage.

Son père le dédouane. Il nous explique que Boris vient de se réveiller car il a passé la nuit à coder, il ne déjeunera pas avec nous. D’ailleurs, il ne déjeune jamais ces temps-ci. Il avale des barres de céréales et des pommes toute la journée devant son écran. Son clavier doit être tout collant, s’esclaffe Pierre, je n’arrête pas de lui dire d’aller courir, de bouger, mais que voulez-vous ? Il code il code il code. Pierre dit ça sans ponctuation, avec une pointe de fierté.
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Pardonner, c'est s'autoriser à vivre sa vie de manière apaisée, de se construire, de sortir de son statut de victime et de ne plus attendre une quelconque réparation. C'est prendre sa vie en main.
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la « Testimonianza » de Mgr Viganò montre au moins une chose que nous allons comprendre dans ce livre : tout le monde se tient et tout le monde semble mentir au Vatican. Ce qui fait écho aux analyses de la philosophe Hannah Arendt sur le mensonge dans Les Origines du totalitarisme ou dans son célèbre article « Vérité et politique » : elle y suggérait que « quand une communauté se lance dans le mensonge organisé », « quand tout le monde ment sur tout ce qui est important », et en permanence, quand on a « tendance à transformer le fait en opinion », à refuser les « vérités de fait », alors le résultat n’est pas tant que l’on croit les mensonges, mais que l’on détruit « la réalité du monde commun ».
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La fidélité dans le vécu d'un couple n'est pas une affaire de principe mais plutôt d'engagement.
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Le travail permanent sur vos obsessions finira par vous transformer en une loque pathétique, minée par l'angoisse ou dévastée par l'apathie. Mais, je le répète, il n'y a pas d'autre chemin. Vous devez atteindre le point de non-retour. Briser le cercle. Et produire quelques poèmes, avant de vous écraser au sol. Vous aurez entrevu des espaces immenses. Toute grande passion débouche sur l'infini.
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 Saint Luc
Jésus dit: Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font.





NDL : cette phrase m'a bien souvent aidé.

C'est aussi une troisième mantra pour moi.
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Elle s'arrêta un instant devant le bénitier, ôtant son gant, se signant d'un geste joli. Sa robe de soie eut un murmure dans l'étroit chemin ménagé entre les chaises. Quand elle s'agenouilla, elle emplit la haute voûte du frisson de ses jupes.
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J'aimerais assez me marier en Italie, mais pas avec un Italien.
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Ne vous efforcez pas trop d'avoir une personnalité cohérente ; cette personnalité existe, que vous le vouliez ou non.
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Par mon père, j’ai partie liée avec l’eau, les vallons et les friches, la pierre dure, l’ardoise, le sombre, l’ennui de vivre, l’impatience d’en finir. C’est lui. C’est l’inclémence de la terre limousine, livrée depuis le fond des âges à la bruyère et aux ajoncs. C’est là que j’ai vécu.
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