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Critiques les plus appréciées

L'âge d'or, tome 1

Magnifique volume pour une bande dessinée fortement influencée par les contes et légendes médiévaux.
Au château d’Antrevers, le roi est mort. Sa fille Tilda lui succède et s’attelle aux affaires du royaume dans un esprit de réforme. Mais un complot familial, ourdit par le régent et sa propre mère, décide de la chasser du trône au profit de son petit frère.
La princesse réussit toutefois à s’enfuir avec l’aide de des deux derniers fidèles, Tankred, un chevalier pourtant exilé par son père et Bertil, le page qui lui suggérait d’alléger les souffrances du peuple.
Le trio erre ensuite à travers le royaume pour rejoindre les terres du baron Albaret, soutien indéfectible de l’ancien roi. En chemin, les fugitifs sont exposés à de nombreux dangers et font d’étranges rencontres, notamment ce monastère de moniales qui semble cacher un mystérieux secret ou cette ville d’Ohman, proche de la révolte populaire. Et à chaque fois cette mention d’un âge d’or, celui où les hommes étaient égaux et que certains esprits plus ou moins sincères voudraient retrouver.
Et que penser de ce trésor qui pourrait permettre à la princesse Tilda de récupérer son trône.
A travers cette histoire qui rappelle les récits écrits au Moyen-âge, celle d’une quête qui, en vérité, est un apprentissage de la vie, de ses malheurs, de ses espoirs et de ses trahisons. C’est le passage à l’âge adulte de la princesse qui s’opère sous nos yeux.
De jeune fille joyeuse et sincèrement réformatrice, les épreuves en font un personnage plus dur, mais aussi moins sympathique à la fin de ce premier tome. Ne commencerait-elle pas à devenir comme ceux qui la pourchassent ?
Le page Bertil évolue aussi en cours d’histoire. A l’inverse de sa maîtresse, ses idéaux révolutionnaires se renforcent, différentes rencontres le force à faire le terrible choix entre ses idées et ses amis. Seul Tankred, est un véritable roc, pour qui la fidélité à Tilda ne semble pas se discuter.
Le scénario de Roxanne Moreil s’étale sur près de 230 pages mais il est particulièrement riche en rebondissements et en situation intrigantes.
Les thématiques abordées sont tout autant modernes que médiévales. La quête du pouvoir, un passé fantasmé, les intérêts personnels contre l’intérêt général, la situation des femmes dans un monde jusque là dominé par les hommes, etc.
La taille de l’album nous fait craindre des langueurs mais il n’en est rien, on est toujours intéressé, intrigué, interrogé par quelque chose.
Et si la lecture est à ce point fluide c’est aussi grâce aux magnifiques dessins de Cyril Pedrosa. Dès les premières planches on est frappé par ces ambiances forestières influencées fortement par les tapisseries médiévales ou Renaissance. Ensuite, il faut, il est vrai un certain temps d’adaptation. Tout le monde ne sera peut-être pas sensible à ce graphisme.
Mais les décors, les couleurs, les ambiances sont incroyablement immersives et inspirées. On est très loin du dessin réaliste, plutôt dans un mélange entre ligne claire et miniatures médiévales. Les bois, les paysages, les villes, les châteaux sont incroyables. On peut rester sur un planche ou sur l’une des magnifiques doubles planches, plusieurs minutes à contempler le dessin ou à rechercher les acteurs du drame.
En revanche, les personnages, c’est à la fois dans la continuité et l’un des points faibles. Dans la continuité, parce qu’ils sont représentés comme les décors. Quand ce sont des plans d’ensemble ou de demi-ensemble, c’est très réussi et cela conforte l’ambiance générale. En revanche, en plan rapproché ou en gros plans, on est un peu moins enthousiaste. En tout cas au début. Ensuite on s’habitue.
Un beau moment de lecture, une immersion dans une version moderne de contes classiques. Une première partie qui se termine sur une situation de suspense. Que va-t-il arriver à la princesse Tilda et quid de ce fameux trésor ? La lecture de la suite s’avère imminente !
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Les Détectives du Yorkshire, tome 2 : Rendez-..

Deuxième épisode de la série Les Détectives du Yorkshire, Rendez-vous avec le mal reprend quelques semaines après le premier opus.
J’avais particulièrement aimé cette première enquête et le charme opère encore une fois. Bien sûr, la surprise est passée. Mais on s’installe dans ce village anglais avec délectation.
Le fait de ne pas avoir à planter une nouvelle fois le décor et les personnages accélère le rythme dès le début. Samson et Delilah n’ont pas fait évoluer leur relation d’un iota et comme leur homologues bibliques sont partagés entre amour et énervement réciproque.
Les deux protagonistes majeurs de cette série vont pourtant faire encore un fois équipe à propos de deux mystérieuses affaires.
Un bélier de concours a disparu et le propriétaire demande l’intervention de Samson, détective privé temporaire de Bruncliffe, jolie village du nord de l’Angleterre. L’investigation est légère et très drôle. Mais les affaires sérieuses concernent plutôt la maison de retraite dans laquelle réside le père du détective. Madame Shepherd, une résidente, vient le voir pour signaler des disparitions d’objets inquiétantes, des soupçons qui lui font croire qu’on veut la tuer. Divagations de vieilles dames pense Samson.
En rendant visite à son père avec qui il essaye de rétablir des relations père fils normales, malgré un passé douloureux, il s’informe tout de même. Madame Shepherd est sujette aux pertes de mémoires. Son pilulier a disparu puis réapparaît, et puis, c’est madame Shepherd qui disparaît, définitivement. On retrouve son corps sans vie et Samson O’Brian ne semble pas d’accord avec la thèse officielle. Une enquête personnelle ne serait pas superflue. Il doit bien cela à la pauvre victime qu’il n’a pas su protéger. Et puis, rechercher un bélier, ça laisse du temps.
Enfin, enquête personnelle, il faut voir. Delilah Metcalfe ne l’entend pas de cette oreille et compte bien l’aider, voire le diriger dans les investigations. Tout du moins, essaye-t-elle. Son chien Caliméro, dont le nom lui va comme un gant (non pas qu’il ressemble à un petit canard, mais à son regard de chien peureux à qui il arrive tous les malheurs du monde) à ses côté pour notre plus grand plaisir.
Et puis de nouveaux morts surviennent. Bon, les résidents de la maison de retraite sont certes âgés, mais de là à ce que le taux de mortalité grimpe en flèche avec cette rapidité, c’est vraiment suspect.
Le style de Julie Chapman est toujours aussi dynamique et le courts roman se lit pratiquement d’une traite.
L’humour est encore une fois l’élément primordial qui me fait apprécier cette série de Cosy mysteries. Un humour, évidemment, typically british. Les personnages de la petite ville sont caractérisés avec un sympathique excès. Mention particulière à Ida, la femme de ménage qui semble tout savoir sur tout le monde, mais refuse de dire quoi que ce soit tout en le disant quand même.
Dans ce livre un peu champagne, on prend un bon bol d’air de campagne anglaise avec un thé bien corsé du Yorkshire.
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Duel

Je découvre l'auteur , à travers, ce roman. Une histoire menée tambour battant, nous rentrons directement dans l'univers littéraire de l'auteur. Un thriller à multiples rebondissements, aucun temps mort une enquête et un suspens omniprésents. Un thriller psychologique où nos neurones sont mis à rude épreuve.et sans aucun ménagement. L'auteur plante le décor de son histoire dans la quatrième couverture. Je vous ferais ressentir mes sentiments de ce roman. Cet univers machiavélique, démoniaque , qui nous poursuivra tout le long de la lecture. L'auteur nous ballade, sans effort , un jeu avec ses lecteurs, il les perd facilement, des faux indices, faussent preuves. Une lecture angoissante, terrifiante, et totalement addictive. Cet univers oppressant, suffocant qui nous fait froid dans le dos, nous donnant la chair de poule, une peur c'est diffusée en moi, cauchemars assurés. La psychologie des protagonistes est travaillée , disséquée avec minutie ,amplifiant ce sentiment oppressant. l'auteur nous tient en haleine du début jusqu'au final, une fin explosive, détonante et totalement inattendue. Un thriller psychologique efficace, captivant, impossible interrompe la lecture .


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L'Énéide

Quelle barbe, mes aïeux, quelle barbe ! Autant j'ai aimé L'Iliade et L'Odyssée, autant j'ai détesté L'Énéide. Il me faut pourtant, dès à présent, reconnaître un gros, un très gros, un immense avantage à cette oeuvre : pour quelques euros, voire aucun — car il traîne un peu partout dans les boîtes à livres —, vous pouvez acquérir un véritable remède contre l'insomnie, garanti efficace et sans accoutumance !

Oh ! l'odieux pensum que voilà ! Bon diou qué misère, peuchère, qué misère ! M'est tombé des mains au moins 7272 fois et j'ai arrêté de compter ensuite. Ça fait un an que j'y suis à me farcir cette purge, et elle m'en a fait baver ! Vous voulez mes impressions de lecture ? Ça va aller vite, croyez-moi, en deux mots, je dirais : CHIENLIT ABSOLUE.

Dans l'Iliade, dans l'Odyssée, on sentait le souffle mythique, on sentait l'apport de la tradition, une volonté étiologique, et tout et tout. Ici, on sent le vide, l'absence d'inspiration, la commande à plein nez, la volonté de légitimation d'une bande d'arrivistes qui se prennent pour des dieux. Je trouve ça nullissime, de la resucée de quatrième catégorie à visée bassement politique.

C'est à peu près aussi intéressant à mes yeux qu'une hagiographie d'Elon Musk, Jeff Bezos et Mark Zuckerberg réunis pour nous expliquer combien tous ceux-là sont de grands, de bons, de visionnaires dirigeants. Essayez à toute force de faire entrer un cube dans une boîte de conserve trop étroite et vous aurez le vibrant contenu de cette auto-justification, auto-proclamation de filiation divine pour le peuple romain.

Virgile est allé nous ressortir un quatorzième couteau de la Guerre de Troie, tellement marquant dans l'Iliade que je ne l'avais même pas retenu, et essaie très maladroitement de nous copier/coller le destin des héros principaux des mythes grecs pour nous expliquer que Rome, en fait, c'est tout pareil, et même encore mieux que l'original, si possible.

Alors, paraît-il, en latin, soit disant que ça en jette. Moi, je veux bien, mais je ne parle pas latin tous les jours, ni bulgare, ni japonais, voire à peine swahili. Donc je m'en remets aux traductions.

Premier essai, la traduction de Maurice Rat aux éditions GF. Pffff ! Rat-le-bol. Abandon après le livre second (sur douze). Deuxième tentative, l'édition bilingue des Belles Lettres, traduit par André Bellessort, texte établi par René Durand. Un micro chouia plus digeste, mais globalement la même farine. Au forceps, je suis allée au bout et j'en sors épuisée, écoeurée, énervée.

Je regardais de temps en temps en vis-à-vis le texte latin avec ce que je connais de latin. Dans les notes, le gars s'extasiait sur le texte, trouvait tout génial, là où moi je ne lisais que platitude et douloureux ennui. Bon, notre spécialiste reconnaît tout de même que par endroit, si l'auteur avait pu relire son manuscrit, il aurait changé deux ou trois trucs. Virgile lui-même, sentant sa fin toute proche, aurait demandé qu'on le brûle — le manuscrit, pas lui — preuve sans doute de l'excellence de l'ensemble, mais je n'insiste pas…

Alors, cahin-caha, Énée se barre du champ de bataille de Troie, avec son fiston et le paternel sur les épaules. On laisse bobonne se faire rôtir, bien entendu. Il chemine avec quelques potes, très vaillants, jugez-en puisqu'ils se tirent dare-dare au moment où les Grecs pénètrent dans leur ville.

Bref, Énée qui est né de Vénus, arrive bon an mal an jusqu'à Carthage où il rencontre Didon. Lui est beau, elle est belle, ils en pincent l'un pour l'autre, elle lui ouvre son coeur et son coffre, mais voilà, c'est impossible, les dieux, le destin, n'est-ce pas, vous comprenez, donc faut qu'Énée reprenne la mer. Amère, la Didon lui dit « Dis donc ? Avec tout ce que je t'ai filé ? T'es pas gêné, quand même, saloupiaud ! » Bon, elle est furax et elle se sent un peu la Didon de la farce. donc, auto-trucidation, donc ressentiment éternel de Carthage et patati et patata…

Le vieux d'Énée, Anchise, il claque en chemin, alors l'autre, ça le chiffonne un peu, il voulait sa bénédiction. À un moment, pour être bien sûr que sa destination, que la destinée du destin lui destine, c'est bien Rome et nulle autre, il se dit qu'il irait bien faire un petit tour aux enfers, histoire d'inspirer Dante (qui accomplira l'exploit, plus d'un millénaire après, d'écrire un truc encore plus chiant que Virgile, ça fallait déjà oser relever le défi), mais surtout, qui repompe gaillardement l'épisode correspondant de l'Odyssée. Bla-bla-bla et bla-bla-bla, oui, c'est bien mon gars, faut que tu walk the line, perds pas le cap, c'est bien là, vas-y fiston, Capri c'est fini, tous les chemins mènent tes Roms, arrivé là-bas, tu pourras prendre un rhum à ma santé.

Pas contrariant, Énée écoute papa Anchise avec franchise, puis écoute maman, Vénus avec… enfin peu importe, Vénus, donc, qui lui redit la même chose, car il est un brin dur de la comprenote l'Énée de la famille, elle lui fait des pansements et une boîte à goûter, car c'est une vraiment bonne mère cette Vénus, une bellissima mama et vous, vous ne regretterez pas d'être velus…, euh, Venus, voulais-je écrire.

Okay. Et les Latins, là dedans ? Bah, ils sont cons, les Latins, ils comprennent rien. Bon, faut dire qu'en plus il y a toujours Junon qu'a méchamment pas digéré le coup de la défaite de Troie et qui lui prépare deux-trois embûches, au Énée, en appelant à la rescousse des pseudo-divinités de sixième zone, pas des stars, bien entendu, sinon elle gagnerait, la mégère apprivoisée, mais des petites célébrités locales tout de même, histoire que ça dure, dure, duuuuuuuuure longtemps, longtemps, looooooontemps cette saloperie de machin latin simili mythe.

Ce faisant, parmi d'autres tocards à la manque, y a le Turnus et tout un tas d'inconnus qui se laminent, qui se transpercent, qui s'écartèlent, qui s'étripent, qui se lamentent, qui tombent et qui se relèvent, et qui repartent pour un tour, et ça n'en finit jamais, et c'est looooooong, et c'est chiant à mourir, d'ailleurs c'est ce qu'ils font tous à la fin, pour la plupart, mourir. Énée, qu'était un brave gars et qui voulait pas de tous ces massacres, il a été obligé, vous comprénée…, euh, comprenez, voulais-je écrire, mais c'était le destin, n'est-ce pas… c'était un gentil, dans le fond, devenu dominateur par obligation, n'est-ce pas, parce que c'est les dieux qui l'ont dit, bien obligé, pas le choix, et toute la fameuse marmelade du droit divin et tutti quanti.

Bref, et de tout ça, nous, Romains, on y l'est les plus beaux, les plus forts, les plus tout, et c'était écrit, mais comme, en fait, c'était pas encore tout à fait écrit à ce moment-là, l'imperator, Auguste, il a discrètement demandé à Virgile de lui pondre ce machin, un truc qui ferait date, qui attesterait, preuves indiscutables à l'appui, que les Romains sont bien des descendants avérés des dieux grecs en personne, voire, aussi du Popocatepetl si l'Amérique avait déjà été latine à cette époque. Enfin, ce sont des gens bien, vous voyez.

Donc, un condensé de propagande antique, de bricolage mythique à visée politique, du lent, du lourd, du traînant, du pénible, du hautement dispensable où tout est faux à la virgile près. Même « nos ancêtres les Gaulois » avait quelque chose de plus authentique et véridique que ce torchon-là, sacralisé par les siècles. Personnellement, je me demande pourquoi, mais bien entendu, ce n'est là, que mon tout, tout, tout petit avis de poisson rouge, haine & ide, c'est-à-dire, pas grand-chose.

P. S. (suite aux commentaires) : Si je déteste ce livre, c'est qu'il est vicié dès le départ. Un récit mythique, au sens de mythe fondateur, c'est quelque chose de très spécial : ça vient du fond des âges, on se l'est raconté sur des générations et des générations, donc, fatalement, cela a subi nombre d'altérations et de fabulations venant combler tel trou de mémoire ou tel élément factuel pour le rendre un peu plus reluisant ou sensationnel, mais, dans l'ensemble, cela possède toujours un fond de vérité ou d'une certaine manière de penser.

Par exemple, quand Homère nous parle des Cyclopes, cela fait référence à un fait réel et inexpliqué à l'époque de façon " logique " : la présence d'immenses crânes percés d'un seul orifice en Sicile. Personne ne sait plus d'où viennent ces crânes et ils se questionnent. DONC on invente une histoire pouvant rendre compte de cette présence avérée. Bien sûr, elle est fausse car ces crânes étaient des crânes d'éléphants, du temps fort ancien où la Sicile abritait de tels animaux (ce que ces gens avaient pris pour un oeil unique étaient en fait le trou de la trompe).

Mais ce mythe avait quelque chose de fondateur, d'authentique, témoignant de croyances ayant réellement eu lieu. Même chose pour Poséidon, « l'ébranleur de terre », qui expliquait l'inexplicable quand un redoutable séisme sévissait à l'est de la Méditerranée. Même chose pour Perséphone chez Hadès la moitié de l'année, etc., etc., la liste est sans fin. En outre, ici, avec Virgile, tout est entièrement reconstruit pour les besoins de la cause défendue : tout est inventé, tout a une fonction, tout se doit d'avoir une certaine RENTABILITÉ narrative.

Et c'est ça que j'exècre, cette reconstruction ad hoc dans un but précis, qui plus est, dans le but de légitimer et donner du lustre au pouvoir en place, encore pire à mes yeux. Rien n'est authentique dans l'Énéide, tout sonne faux car, stricto sensu, tout EST faux, rien ne s'appuie sur du réel inexpliqué, tout est apprêté, façonné, sélectionné, calibré exactement comme les historiens du XIXème réécrivaient l'histoire des deux côtés du Rhin dans un but de propagande précis.

Bon, encore, s'il n'était que le projet littéraire, ce serait seulement détestable, mais, dans le fond, pourquoi pas. Malheureusement, au surplus d'être trompeuse et manipulatoire, cette fiction est également, pour moi, d'un ennui mortel à lire, d'où le caractère tranché et univoque de cet avis.
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Châtiment

Lorsqu'on fait la connaissance de la famille Bryant-Milam, on rit gras et bruyant devant ces rednecks unidimensionnellement crétins et ridicules, à la limite de l'analphabétisme, menés par une matriarche grincheuse et une mégère surnommée Hot Mama Yeller ( « maman chaudasse et braillarde » ).

En quelques pages, on passe de la parodie de romans sudistes au polar lorsqu'un des membres de cette famille est retrouvé étranglé au fil barbelé, en compagnie du cadavre d'un jeune noir non identifié qui tient dans sa paume les testicules du premier. L'enquête est lancée …mais voilà que le corps du noir stocké à la morgue se volatilise …pour réapparaître sur une deuxième scène de crime avec les testicules d'un autre blanc dans les mains. Bienvenue à Money, petite ville rurale du Mississippi.

Des bouquins dénonçant le racisme systémique aux Etats-Unis, y en a pleins, des chefs d'oeuvre mais aussi des lourdauds empesés par leurs bons sentiments. Sur ce thème, je n'en ai lu aucun proposant une réflexion aussi radicale que celui de Percival Everett qui secoue et amalgame plusieurs genres littéraires.

De la satire sociale et du polar, donc, mais mâtinés d'un horrifique comique totalement dingue qui se déploie à mesure que l'enquête avance ou plutôt se cogne à l'irrationnalité des situations avec ces cadavres qui disparaissent et réapparaissent jusqu'à se multiplier. J'ai souvent pensé aux films de Jordan Peele ( Us et Get out ) ou sa série Lovecraft Country qui recourent au surnaturel pour décrire l'expérience afro-américaine du racisme avec un à-propos réjouissant. Cette note d'étrangeté parcourt tout le récit alors qu'il reste à majorité réaliste.

Percival Everett frappe juste là où il aurait pu se vautrer. Son intrigue est menée avec une énergie folle et un humour macabre jubilatoire qui distille une puissante sensation de malaise et des rires embarrassés. Mais on rit franchement face à la charge comique des jeux de mots, du choix des noms et prénoms des personnages, et surtout de certains scènes-farces : une assemblée du Ku-Klux-Klan ( dont les membres pleurent la belle époque des croix enflammées et des gâteaux préparés par les mamans pour l'après fiesta ) ou une réunion à la Maison blanche avec un Trump d'anthologie ).

On rit jusqu'à ce que cela fasse mal. Châtiment est une comédie très noire qui prend au sérieux la gravité de la question du racisme. Percival Everett réexamine avec acuité la notion de culpabilité collective et la façon dont elle s'envenime en l'absence de justice et de sanctions pour les auteurs de crimes racistes, jusqu'à réclamer vengeance ou voir apparaître un fantasme de vengeance sanglant.

Le choix de la ville de Money n'est pas un hasard, c'est là qu'a eu lieu le lynchage le plus tristement célèbre de l'histoire américaine, en 1955 : celui du jeune Emmett Till, quatorze ans. Cette parabole raciale brillante pique ainsi encore plus puissamment les consciences et rappelle le besoin de réparation mémorielle ravivé par les récentes violences policières qui ont donné naissance au mouvement Black Lives Matter..

Et quand surgissent les noms, sous forme de liste sèche, des victimes de lynchage depuis le début du XXème siècle, l'émotion jaillit, inattendue, dans ce roman incendiaire tout le temps surprenant. La résolution polar en devient presque secondaire ( même si je regrette tout de même un peu qu'elle soit moins convaincante que le chemin qui l'a amenée ).

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Les Naufragés du Wager

Une lecture instructive et captivante
mais ô combien éprouvante !

Car tout au long de cet ouvrage,
j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt
le récit très documenté de ce naufrage,
demandant concentration au point de marquer quelques arrêts
mais aussi passionnantes fussent-elles, j'ai lu beaucoup de pages,
plus que je ne les aurai vécues, ce qui est mon grand regret.
Moi qui pensais partir pour un grand voyage,
j'ai pris connaissance de cette histoire sans avoir pu m'y insérer.
Il m'aura surtout manqué l'attachement aux personnages,
ainsi que l'immersion dans ma lecture ; je suis restée à quai.

Mais quel récit mes amis !
Si le style m'a paru administratif,
la matière est dense, riche de recherches documentaires très fournies.
David Grann est vraiment brillant pour restituer des récits non fictifs,
fournissant de nombreux détails très précis
tout en insérant quelques (trop rares) passages immersifs.
Le tout est scindé en cinq parties,
allant du contexte en passant par les préparatifs,
les conditions de navigation, le naufrage, les mutineries,
le jeu mouvant des alliances, la survie sur un récif,
puis le retour de quelques dénutris,
une poignée d'hommes sur leurs esquifs,
s'accrochant à la vie mais à quel prix !
Enfin la cour martiale avec les différentes versions qui laissent pensif.
Vous aurez froid, vous aurez faim et souffrirez de nombreuses maladies,
vous voguerez sur des flots épouvantables mais vous admirerez ces marins combatifs.

Alors emparez-vous de ce livre en prenant soin de vous munir d'un anti-vomitif,
contentez-vous du résumé de la quatrième de couverture et partez à l'aventure
mais sachez qu'il ne s'agit pas d'un « roman d'aventures ».
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Melody

Un roman remarquable, un agréable moment de lecture. Un auteur que je viens de découvrir, je vais me laisser tenter à lire ses autres livres. Qui est cette femme appelée Melody, cette âme, ce fantôme, ce personnage récurent , qui est le sujet de cette histoire. Nous faisons la connaissance de Mr Stotz, un homme âgé au seuil de sa mort, ce dernier décide d’ employer un secrétaire pour mettre de l’ordre dans ses papiers .Une aubaine pour Tom Elmer, qui n’arrivait pas à trouver un travail, il saute sur l’occasion, sans hésité. Tom devient très vite le confident de Mr Stotz. Il reste à son écoute , après moultes discussions, ce dernier va lui raconter son grand amour, son unique amour , celui de Melody .Cette amour , cette femme disparue à trois jours de leur mariage.la question se pose encore que lui est-il arrivée . Une enquête au point mort, aucune trace, tellement de questions, de suppositions, mais rien pour faire avancer cette quête. Là vie de Mr Stotz, a été de la retrouver et comprendre, ce qui a bien pu ce passer .Cela est devenu obsessionnel , sa seule ambition , les murs sont remplis de tableau de son amour . Peter décide de continuer ses recherches .arrivera t-il à percer ce mystère, cette énigme? Une histoire captivante, avec un mélange de passion, d’amour, de mensonges , de vérités, de fiction , de réalité, d’amour, obsessions, autant de mots qui résument le contenu du récit. L’auteur ne laisse rien au hasard, tout est essentielle, les personnages ont chacun un rôle diffèrent à jouer donnant plus d’intensité et de piment à la lecture. Au fur et mesure plusieurs éléments apparaissent, s’imbriquant tel à la construction d’un puzzle. Nous allons de surprises en surprises. Une plume fluide, subtile, tout est en finesse. Je me suis prise au jeu, une sensation d’accompagner Tom dans ses recherches. Un roman qui m’a happé dés le début , avec un final surprenant. Un hymne à l’amour, un hymne à la vie.
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Notre-Dame de Paris (BD)

♫C'est une histoire qui a pour lieu
Paris la belle en l'an de Dieu
Mil-quatre-cent-quatre-vingt-deux
Histoire d'amour et de désir
Nous, les artistes anonymes
De la sculpture ou de la rime
Tenterons de vous la transcrire
Pour les siècles à venir
Il est venu le temps des cathédrales
Le monde est entré
Dans un nouveau millénaire
L'homme a voulu monter vers les étoiles
Écrire son histoire
Dans le verre ou dans la pierre
Pierre après pierre, jour après jour
De siècle en siècle avec amour
Il a vu s'élever les tours
Qu'il avait bâties de ses mains
Les poètes et les troubadours
Ont chanté des chansons d'amour
Qui promettaient au genre humain
De meilleurs lendemains...♫
-Notre-Dame de Paris-Comédie musicale-1998-
- parolier Luc Plamondon- musique Richard Cocciante -
---♪---♫---🎶🔔---💃---🔔🎶---♫---♪---
Au plus secret des nuits
D'un seul regard
Tu as mis le feu à ma vie
Comme
En un seul flambeau
Je veux t'aimer
T'aimer au risque de ma vie
Court-circuit ou bouteille de butane
À quoi me sert encore de prier Notre-Dame?
le 15 avril 2019 ND était touchée en plein choeur
si une certaine injustice perdure
le 08 décembre 2024 sonnera sa réouverture
Qui seront les nouveaux prédateurs !?
Deux cents pages, encre noire, texte à la hauteur
Hugo frais, redonnons-lui toutes ses couleurs
Je prie la vie pour un monde meilleur 🙏
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Les Semeuses

Accompagnée de Diane Wilson j’ai suivi la piste des gardiennes de graines pour retrouver Les semeuses, des femmes grand-mères, mères, filles. Une piste bordée d’asclépiades menant aux rives du Minnesota, le fleuve, l’eau source de vie. Une terre, berceau des Dakhotas aujourd’hui cultivée par les descendants de colons européens subissant le contrôle de firmes agro-alimentaires, des fermiers du Midwest des années 70 pris dans le maelström d’ une agriculture en mutation, certains à terre comme un siècle plus tôt l’avaient été les Dakhotas, affamés puis déportés, leurs terres confisquées.

Sur la piste des gardiennes de graines, un détour sur les lieux de la bataille de Birch Coulee (1862), une marche jusqu’à Mankato pour commémorer l’exécution collective de dizaines d’amérindiens, un pow -wow pour ne pas les oublier. Et sur le chemin, à la lisière d’un bois, une cabane abandonnée où Rosalie Iron Wing, la narratrice principale, le coeur de ce récit intergénérationnel, reprend son souffle pelotonnée sous le plaid de son enfance, une courte pointé élimée, délavée, parsemée d’étoiles.

Rosalie se rappelle et n’a pas oublié les récits de son père, les Dakhota sont le peuple des étoiles. A quarante ans après avoir été arrachée à sa communauté, placée en famille d’accueil, devenue épouse d’un fermier, mère d’un adolescent, et aujourd’hui veuve, elle fait le deuil de son époux, l’inventaire de sa vie, se demandant qui est-elle vraiment, épuisée, en bordure du cercle communautaire. Venue se ressourcer en plein hiver sur les lieux de son enfance, Rosalie à bout de force doit se revigorer pour trouver sa voie ou une issue afin de re-naître. Confrontée à son passé elle va retrouver un chemin de vie grâce à des gestes ancestraux pressentis quelques années auparavant lorsqu’elle s’occupait avec son jeune fils du jardin familial.

Diane Wilson construit son texte comme un patchwork, le patchwork de la courtepointe de Rosalie, symbole de son identité amérindienne, de son appartenance à un passé douloureux où chaque pièce révèle et réveille une mémoire. Celle de la terrible guerre des Sioux de 1862 avec les exécutions à Mankato, les déportations, les réserves, celle du temps des pensionnats, des familles disloquées, des enfances brisées, des vies violées mais aussi celle de l’acculturation, de la marginalité et de l’invisibilité avec son lot d’addictions, du diabète qui lamine les siens puis celle du pardon, de l’acceptation, de la résilience et enfin celle de la réappropriation et de l’espoir.

Diane Wilson nous donne à entendre des voix féminines fortes et courageuses, reliées les unes aux autres par la connaissance des plantes, la culture et la conservation des graines. Des voix qui se font écho. Les voix des semeuses qui permettront à Rosalie de retrouver ses racines et se tourner vers l’avenir grâce à la transmission de ces savoirs ancestraux. Les pièces du patchwork assemblées, les plaies cautérisées un chemin s’ouvre alors pour rejoindre le cercle, être un maillon de la communauté et participer à un avenir maîtrisé et devenir à son tour une nouvelle graine fortifiée par la mémoire de sa lignée .

Les semeuses une immersion dans la cosmogonie des peuples premiers de la Prairie, leurs traditions et leurs mode de vie. Les semeuses, un texte qui rappelle la destruction d’un monde harmonieux transformé en chaos par les Blancs où spiritualité, respect du vivant, cueillettes de baies sauvages et plantes médicinales participaient à un équilibre vertueux où la reliance avec la Terre et l’Univers était sacrée.

Avec Les semeuses, Diane Wilson écrivaine d’origine autochtone, de la tribu sioux Mdewakanton du Minnesota évoque un pan de leur histoire de 1860 à 2002 à travers les moments charnières de la domination blanche et ses conséquences sur la population autochtone tout en montrant la capacité de résistance et la vitalité de la communauté amérindienne. Comme fil conducteur une histoire de plantes, de graines, sauvages ou cultivées garantes de la survie des Dakhotas et des être humains comme de celle d’une partie de la faune. En exergue, un hommage à Ernie Whiteman (1947-2019), né et élevé dans la Réserve de Hinino’ei (Wyoming) un artiste aux multiples facettes, professeur et éducateur, devenu un chantre de la culture contemporaine autochtone, le symbole de cette renaissance et d’une présence au monde ranimée. L’éclairage et l’esprit du poème, Les graines parlent, de l’épigraphe prend alors tout son sens.

Diane Wilson, militante environnementale, signe ici avec ce premier roman inspiré de sa vie, un texte fort, intime et pudique, poétique, émouvant et poignant, plaidoyer pour la reconnaissance des peuples autochtones et de leurs savoirs tout en alertant les consciences sur des problèmes écologiques majeurs (pollution chimique des eaux de rivière, utilisation du maïs transgénique).

Mais le jour se lève, une pluie bienfaitrice à arroser la Terre Mère, le cycle naturel et éternel de la vie et des saisons continue : dormance, germination, pollinisation. Un dernier rituel avant de reprendre la route le corps et l’âme purifiés par la fumée de sauge, j’enterre une pincée de chamsasa sous un chêne centenaire en ultime offrande et serre très fort dans ma poche une poignée de graines : « Du maïs couleur lavande et rose, des haricots tachetés de noir et blanc, et la graine de courgette en forme de larme ». Fin de la piste, les rencontres ont été belles et j’ai les yeux humides, je m’éloigne sous un ciel sans nuages. Les herbes dansent toujours ...

Je remercie la traducteur Nino S. Dufour et les éditions Rue de l’échiquier pour ce nouveau titre et ce livre objet dont la première de couverture est promesse de cueillettes à venir et de graines à conserver.
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L'Horloger

Infiltré au cœur de la milice suprémaciste « Aryan Blood », le journaliste d’investigation Jacob Dreyfus parvient à accumuler suffisamment de preuves pour faire tomber les principaux dirigeants de cette organisation qui gangrène les plus hautes sphères politiques des États-Unis. En s’attaquant à des crapules extrémistes qui ne reculent devant rien pour éliminer ceux qui se mettent en travers de leur route, il se voit néanmoins contraint d’intégrer le programme fédéral de protection des témoins. Dix ans plus tard, vivant toujours caché sous une fausse identité et sous protection policière française dans un petit village de Provence, Jacob Dreyfus est subitement rattrapé par son passé… la chasse à l’homme peut commencer !

En faisant voyager ses lecteurs sur plusieurs époques, de 1942 à 2019, et à différents endroits, allant des États-Unis à la Provence, en passant par Bruxelles, la Patagonie et même le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, Jérémie Claes propose un thriller tentaculaire qui invite à démêler une conspiration d’ampleur mondiale. Une organisation de l’ombre perpétrant des assassinats planifiés par un mystérieux « Mécanisme » et dirigée par une personne surnommée l’Horloger… dont le lecteur va tenter de découvrir l’identité au fil des pages.

Afin de l’aider à mener l’enquête, le lecteur peut compter sur une galerie de personnages hauts en couleurs, emmenés par le truculent Bernard Solane, un vieux flic français légèrement anarchiste et délicieusement épicurien, chargé de la protection de Jacob depuis son exfiltration. Un personnage qui fait également office de guide Gault et Millau, mais qui fait malheureusement aussi beaucoup d’ombre au personnage de Jacob, qui a du coup tendance à se laisser ballotter par les événements et à devenir un peu fade. Heureusement, les autres personnages ne sont pas en reste, que ce soit du côté des méchants ou des gentils d’ailleurs. L’auteur s’amuse également à intégrer des personnages historiques, allant de l’horrible docteur Josef Mengele à l’omniprésent Donald Trump, en passant par Emmanuel Macron. Ceux-ci permettent d’installer un contexte politique réaliste qui fait parfois froid dans le dos, tout en permettant à l’auteur de pointer du doigt les travers de notre société, allant du hacking au racisme, en passant par le complotisme, l’antisémitisme, le suprémacisme et l’extrémisme. Puis il y a ce mystérieux personnage que l’on chasse et qui nous incite à tourner les pages : l’Horloger !

Si le début du récit souffre encore un peu de quelques défauts inhérents à un premier roman, allant de tournures de phrases trop travaillées qui manquent du coup de naturel à quelques digressions superflues qui n’apportent pas grand-chose à l’ensemble, une fois les bases du récit installées, le lecteur se retrouve littéralement happé par l’histoire jusqu’à cette conclusion qui rompt subitement avec le réalisme. Un petit flirt avec la science-fiction qui ne manquera pas d’en surprendre, voire même d’en refroidir plus d’un, mais qui ne m’a finalement pas trop dérangé alors que je ne suis absolument pas fan du genre. J’ai par contre beaucoup apprécié les nombreuses références œnologiques et culinaires parsemées au fil du récit et d’ailleurs pris quelques notes, dont les moules à l’ail et au gingembre au restaurant « Le Chou de Bruxelles », que je compte bien aller tester.

Bref, pour un premier roman, Jérémie Claes propose un véritable page-turner ! En vous attaquant à « L’Horloger » vous ne verrez donc pas le temps passer !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Eloge des petites bites : Pour en finir ave..

Tout tout tout . Vous saurez tout sur le zizi
Le laid, le beau. Celui de Rocco Siffredi
Le dur, le mou. Et le micro-pénis riquiqui"

" Petite bite!" Un avis qui ....diverge sur cette expression de petite bite...
Petite bite signifie , dans le site languefrançaise.com , en fait peureux !
Enfin, une femme prend en main ( pardon) ce souci pour les hommes qui pensent ne pas avoir un gros engin... En-quéquette de satisfaction !

"Eloge des petites bites?" Octavie Delvaux va SEXpliquer "dard-dard":
- Ce n'est pas la taille, ni la grosseur du pénis qui ...
Moi, j'ai un petit... cerveau ( "Le plaisir est avant tout cérébral"; Octavie Delvaux) et je ne comprends pas cette...obsession!

Obsession ( Et ça me ...turlupine:) de la grosse verge, qui donne l'impression, pour les détenteurs de ces grosses bites d'être privilégiés.
Selon Futura-Sciences.com du 18/12/16: la taille du pénis compte aussi pour les femmes, mais pas queue... il y a aussi la grosseur, la largeur de ...la voiture et du portefeuille...

C'est pénible! "# balancetonSUV ?"
Avoir une quéquette, euh une raquette de tennis( plus lourde?) ou une de tennis de table, (plus nerveuse?) avec les balles idoines.

95% des hommes qui disent avoir un petit sexe, ont un sexe normal de 12,8 à 14,5! ( ne vous comparez pas aux 24 cms de Rocco Siffredi !) Et personne ne consulte pour un sexe trop gros?

En dessous, c'est le micrp-pénis de moins de 7 cms.
Et en fait, il existerait 7 grandes catégories de pénis dans le monde (de quoi satisfaire les carnivores et les végans ) selon Darren Breen, directeur général de iMEDicare :
La banane, la saucisse, le concombre, le poivron, le crayon, le cône de glace, et le marteau (celui de Donald Trump selon Stormy Daniels, l'actrice porno:)

7 types de pénis comme pour les 7 nains, avec leur... bonnet rouge conique?
Donald Trump cumule celui de Grincheux et de...Simplet, alors?

A propos de poivron, celui du mexicain Roberto Cabrera ( Aïe caramba ! fit une chica, en voyant son pénis) fait 48 cms, ce qui repousserait les femmes ( selon "The Mirror", l'homme avait postulé au grand livre du Guiness des records. )

Et le mâle de la chauve souris "Sérotines" (Eptesicus serotinus) a un pénis extrêmement long. Tellement qu'il ne peut pas servir à la pénétration lors de la copulation. Il sert plutôt de bras. Current Biology., 20/11/23 )

- "Les grosses bites n'ont aucune conversation."
Il faut arrêter de considérer les hommes par rapport au pénis!
Et sortir de la vision phallocrate par rapport à la pénétration, les hommes qui ont un petit ...ego à cause de leur sexe, sont plus à l'écoute et cherchent plus à contenter leur partenaire, avec des préliminaires plus ... longs, et des caresses ;)

"Dieu nous a donné un pénis et un cerveau, mais malheureusement pas la capacité d'utiliser les deux en même temps. " Robin Williams.
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À pied d'oeuvre

Ecrivain serait-il une profession maudite ? Le même jour en cette dernière rentrée littéraire paraissaient deux ouvrages sur cette question, comme les deux faces d'une même médaille. Tandis que, dans Les petits farceurs, Louis-Henri de la Rochefoucault satirise fort ironiquement le monde de l'édition et les ficelles mercantiles dont les auteurs et leurs livres font les frais, Franck Courtès relate quant à lui son expérience d'écrivain crève-la-faim, contraint aux petits boulots ubérisés.


Photographe reconnu et prisé par les plus grands journaux et magazines, l'auteur dégoûté par les travers croissants de cette profession sinistrée décide en 2013, après le « petit succès » d'un premier livre, de désormais se consacrer à l'écriture. Commence pour lui un éprouvant et désespérant parcours du combattant. « le métier d'écrivain consiste à entretenir un feu qui ne demande qu'à s'éteindre. Un feu dans la neige. » « Achever un texte ne veut pas dire être publié, être publié ne veut pas dire être lu, être lu ne veut pas dire être aimé, être aimé ne veut pas dire avoir du succès, avoir du succès n'augure aucune fortune. » Avec deux cent cinquante euros de droits d'auteur mensuels, même logé dans un studio par sa mère, on a beau être passé à La Grande Librairie et avoir été goncourisable, tout cela ne nourrit pas son homme. Cinquantenaire sans qualifications rejeté par le monde classique du travail, il se tourne vers « celui plus méconnu et sulfureux des applications de plateformes de travail. Elles sont à Uber, la plus connue, ce que les accordéonistes dans le métro sont aux concertistes d'opéra. » le matin, il écrira et, le reste du temps, prendra tous les petits boulots qu'il trouvera.


« Le travail ne manque pas pour ceux qui ne savent rien faire. » Mais quel travail… : « environ quinze euros pour une matinée, parfois vingt avec le pourboire, parfois moins quand plusieurs manoeuvres désirent la même mission et que le client fait baisser le tarif ». Et encore, seulement deux ou trois fois par semaine, tant la concurrence, par enchères inversées, s'avère acharnée. Ici, le droit du travail n'a plus cours, la seule loi est celle des algorithmes qui comptent avec indifférence vos étoiles d'appréciation, peu importe si vous laissez la moitié de votre peau dans des tâches souvent physiques, voire dangereuses, payées une misère sans la moindre protection sociale. Les malheureux aux abois ne manquent pas, à commencer par les Africains sans papiers, prêts à accepter des courses à trois euros, « par tous les temps, sur des vélos mal entretenus ou des Vélib' trafiqués. Leurs genoux ne tiennent pas deux ans le rythme. Qu'importe, le flux migratoire fournit de frais mollets. On aura à n'importe quelle heure son plateau de sushis ou sa pizza, quoi qu'il en coûte en ménisques africains. » Interchangeables, cloisonnés et rendus invisibles par la déshumanisation numérique, ces journaliers d'un nouveau genre viennent gonfler les rangs d'une pauvreté d'un nouveau type, celle, silencieuse, d'individus hétéroclites qui ne forment aucune classe sociale et n'ont aucune chance, ni de se rebeller, ni de se défendre. « Le système carcéral des usines d'antan s'est vu remplacé par le bracelet électronique des applications. Les murs ont disparu, pas le joug. »


S'il avait lu La Rochefoucault auparavant, se serait-il jeté dans l'arène littéraire avec la même candide confiance en les pouvoirs sonnants et trébuchants de son réel talent ? Alors que sans se plaindre il en paye le prix fort, Franck Courtès signe de son élégance digne et posée, non pas seulement la terrible chronique de son propre dévissage social, mais aussi, avec un sens de la formule qui en démultiplie l'impact, une radiographie brûlante des nouveaux confins de la pauvreté en Occident, là où l'ubérisation et les plateformes numériques de travail recyclent pour leur profit, au mépris de toute loi sociale, les « rebuts » du marché du travail.

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Quatre garçons dans la nuit

Val McDermid... ce nom vous dit quelque chose ?
Il me parle à moi, parce que ça fait un moment que je lorgnais ses livres sans trop savoir par lequel commencer.

Et puis complètement par hasard, je me suis lancée dans Quatre garçons dans la nuit, auquel je n'avais même pas pensé.

Me voilà donc partie à la découverte de cette autrice, sans trop savoir à quoi m'attendre, et ce fut une réussite.

Je vous fais un petit topo aussi court que bref :

St Andrews, Écosse. Le prologue nous jette en novembre 2003, où nous apprenons que la police de la Fife décide la réouverture des affaires classées.

Les homicides non résolus peuvent remonter jusqu'à 30 ans en arrière, mais avec les nouvelles technologies, notamment la découverte de l'ADN, certains meurtres peuvent peut-être résolus.

En particulier celui de 1978.

Le corps d'une ravissante barmaid, Rosie, a été découvert par inadvertance par une bande de potes : Alex, Weird, Sigmund et Mondo, qui rentraient d'une fête complètement bourrés ou drogués, voire les deux.
Au départ, elle respirait encore un peu, mais ça n'a pas duré.

Ils préviennent la police mais sont vite considérés comme suspects, alors qu'ils ne sont que témoins, du moins en apparence.

Je ne vais pas m'étendre, mais vous recommander la lecture de ce policier / thriller d'excellente facture qui m'a encore une fois fait traverser pléthore d'émotions.

Pas moyen de poser le roman avant d'en avoir tourné la dernière page, bien que ce soit un petit pavé.
À la fin de la première partie, j'ai redouté que l'autrice s'embourbe dans la suite, mais j'avais tort.

Tout est super. L'enquête, les rapports entre les personnages, ceux avec les flics, le harcèlement que subissent les gamins... tant que l'affaire n'est pas résolue, la presse, la police et la famille de la victime s'acharnent un chouia, d'autant qu'aucun des ados n'est un enfant de choeur, il faut bien le reconnaître.

Je lirai d'autres livres de cette autrice de grand talent.
Et vous, la connaissez-vous ?
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Les Mains au feu

Je referme ce premier roman avec une sensation tenace de gâchis. le terme est fort, sûrement injuste, assurément subjectif, mais à la hauteur de la frustration ressentie tant il y a des choses que j'ai adorées comme d'autres qui m'ont chagrinée.

Cela démarre par un prologue vraiment excellent, percutant par le drame qu'il introduit et restera en suspens durant toute la lecture, et intrigant par le mystère qu'il laisse planer sur l'identité des personnages concernées et leurs motivations. Les chapitres suivant sont à la hauteur des promesses initiales, portées par une écriture de grande qualité, énergique, vivante, pleine d'humour.

La façon qu'a Virginie Armano de parler de l'adolescente est remarquable. Son narrateur, François, 16 ans, on y croit d'emblée, on le voit, on le comprend ce grand dadais qui n'a d'intérêt pour rien, ni vocation, ni ambition, et qui flotte à la lisière de l'enfance et de l'âge adulte avec nonchalance, en attendant de trouver sa voie. On lève les yeux lorsque le père apparaît, « bloc de principes et de raideur agglomérés » qui n'a que paroles brutales pour son fils. On plaint la mère, aimante mais perdue.

« Longtemps, comme tous les enfants, j'ai cru que ma mère pouvait lire dans mes pensées. C'était sûrement un peu vrai. Elles regardent, les mères. Elles savent. Elles lisent les misères et les états d'âme. Seulement, un jour, elles deviennent moins justes, atteintes d'une myopie émotionnelle qui nous navre autant qu'elle nous sauve de leur déception. Elles restent fières de nous mais pour ce que nous ne sommes plus. »
« Je la tiens loin de moi en lui servant une soupe inconsistante qu'elle fait mine d'avaler. Je retire une immense fierté, bien que furieusement volatile, de cette capacité à la berner. Contentement fugace, toujours immédiatement suivi d'un sentiment de culpabilité et de colère mêlées. Je lui en veux à crever de ne pas me bercer à jour. Je lui en veux de me perdre de vue et de ne pas me chercher plus fort. »

Et puis, il y a Simone. J'ai rarement lu une aussi belle relation entre un petit-fils et sa grand-mère, la confidente qui le regarde comme un roi la seule à croire en lui et à l'encourager de rêver grand pour ne pas vivre petit..

« Comme tous les enfants, j'ai toujours connu ma grand-mère vieilleet, jusqu'ici, je ne l'avais pas vue vieillir davantage. Je grandissais et elle me semblait rester aussi immuable que le bleu du ciel ou le vert de l'herbe. Mais à cet instant, dans cette cuisine inchangée depuis le jour de mes premiers souvenirs, je mesure violemment le temps qui passe. Sur moi, qui la dépasse maintenant de deux têtes, et sur elle, petite chose ratatinée comme un pruneau séché, si minuscule dans sa robe de chambre dont l'ourlet ballotte contre ses mollets décharnés. »


En fait, j'aurais aimé que le roman se concentre sur les relations interfamiliales. Mais c'est un roman initiatique et pour faire passer à l'âge adulte son François, l'autrice a imaginé une rencontre, avec le charismatique Gabriel, puis une épreuve qui fait basculer le roman dans un tout autre registre autour de thématique sur l'emprise et la domination psychologique.

Et là, j'ai complètement décroché tant les péripéties m'ont semblé d'autant peu crédibles qu'elles s'enchaînent sur un rythme confus beaucoup et trop rapide, ce qui ne permet pas de les comprendre réellement, et ne fait qu'effleurer des thématiques graves qui ne méritaient pas d'être ainsi survolées. Le récit s'alourdit et devient laborieux, jusqu'à cet épilogue inutile qui projette dans l'avenir et ôte au lecteur toute possibilité de s'imaginer une suite plus ambiguë.
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Mon petit

« J'écris pour emballer mes tourments dans un corps de papier et mettre des mots sur une histoire qui en a manqué. Au même titre que d'autres fluides corporels, l'écriture, chez moi, est une sécrétion. »

Naëlle, la narratrice, 45 ans, vient de quitter son travail de travailleuse sociale dans un foyer d'accueil pour enfants, besoin d'écrire, raconter sa vie pour la raconter en face. Dans une urgence maîtrisée qui joue avec la pudeur, elle se livre sans réserve : sa fratrie de toutes les couleurs, tous de pères différents, tous déserteurs ; ses aller-retours entre Belleville et Montreuil, entre une mère débordée par sa vie amoureuse et une grand-mère jouant la maman bis, « deux ventricules d'un même cœur » ; son premier amour, sa grossesse précoce sa première expérience conjugale et maternelle.

La première partie est remarquablement à hauteur de l'enfant et de la jeune fille qu'a été Naëlle. J'ai été immédiatement charmée par l'écriture affûtée et directe de Nadège Erika, son flow entre énergie et douceur, pleine d'humour aussi, enveloppe le récit d'une tonalité juste, un peu à la Renaud, qui dit à merveille l'insouciance désinvolte de la jeunesse. Les passages sur sa grand-maman compose un magnifique portrait de grand-mère, elle la bretonne rigide qui ne comprend pas sa fille toute blonde qui fait des gosses à la pelle dès ses seize ans avec des Noirs alors qu'il y a plein de Blancs disponibles, mais dont l'amour inouïe qu'elle porte à ses petits-enfants corrige naturellement son racisme initial.

« Même si je n'ai plus le désir d'y vivre, même si j'ai oublié certains lieux et certains repères, même si le quartier a changé et a subi une gentrification de plus en plus marquée, Belleville, ça reste chez moi. Belleville, c'est à moi. Je pourrais me coucher là, par terre, et ne plus en bouger. Je ne sais pas si c'est la proximité avec l'enfance qui me procure cette sensation, mais dans ce quartier, j'ignore toute notion de temporalité.

De Renaud, on passe à Modiano pour déambuler dans le Paris populaire de l'Est des années 1990 avant la gentrification. On parcourt les rues en pente de Belleville aux côtés de Naëlle, chaque lieu réveille un souvenir précis, géographie émouvante qui est au cœur du récit, un cœur palpitant. On a envie de parcourir toutes les rues décrites, mais en fermant les yeux pour faire disparaître les juice bars de bobos et leurs cheese-cakes au tofu, pour retrouver le pouls bellevillois et capter un peu de sa saveur d'antan.

Au mitan, le récit prend une tournure tragique que je n'avais pas vu venir. Avec l'irruption d'un terrible drame qui bouscule tout sur son passage, l'écriture évolue et se fait cri pour mettre des mots sur les silences, sur l'absence de mots pour dire une telle descente aux enfers. Assurément un rempart à la douleur et à l'injustice, une façon de dire, d'énoncer et de réguler les coups durs de la vie, pour survivre.

A chaque page, on sent l'engagement de l'autrice et l'intensité qui va avec. Mon petit est un roman politique qui parle l'air de rien de la France d'aujourd'hui et sur ce que c'est d'être une femme métisse née dans un milieu social populaire. Il est question de racisme, de mépris, domination et violence de classes avec la maltraitance institutionnelle qui peut en découler, de la précarité des vivants et des morts au confluent de ces luttes qui touchent les plus vulnérables de notre société. Jamais Nadège Erika, dont on sent qu'elle a mis beaucoup d'elle et de son intimité dans son texte, ne tombe dans un excès de larmoyant impudique.

Sa sincérité touche direct jusqu'au dernier chapitre, bouleversant par la pureté de son propos, point final qui conclut avec force ce premier roman très convaincant : il donne un sens au parcours de la narratrice en sublimant la porosité entre son activité professionnelle et sa vie personnelle.

Lu dans le cadre de la sélection 2024 des 68 Premières fois #3
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Sarah, Susanne et l'écrivain

Avec Sarah, Susanne et l’écrivain, Éric Reinhardt dont j’avais lu Comédies françaises, s’est lancé dans un exercice littéraire qui lui permet de se régaler mais qui m’a souvent désorienté. Ce mélange de réalité et de fiction, avec ces deux femmes semblables et différentes auquel s’ajoute l’écrivain, n’est pas facile à suivre. Souvent, je me suis posé la question : qui parle ou de qui parle-t-il ?
Pourtant, lorsque j’ai écouté Éric Reinhardt parler de son livre aux dernières Correspondances de Manosque, j’ai eu très envie de le lire car ce procédé littéraire singulier m’intriguait beaucoup.
Voilà donc Sarah qui confie son histoire à l’écrivain après avoir lutté contre un cancer du sein. Cet écrivain décide, en plein accord avec elle, de lui trouver un avatar qu’il nomme Susanne. Elles ont toutes les deux 44 ans et leurs enfants portent les mêmes prénoms : Paloma et Luigi. L’une est architecte, l’autre généalogiste.
Si Sarah habite au bord de l’océan, ils décident de faire vivre Susanne à Dijon. Si leur vie de couple paraît idyllique, des failles surgissent bientôt et cela devient vite choquant lorsque j’apprends que le mari possède 75 % de leurs biens et l’épouse seulement 25 %. Lorsque, logiquement, celle-ci demande un rééquilibrage, elle se heurte à un refus obstiné.
Pour faire vivre son personnage de fiction, l’auteur emprunte à la vie de Sarah mais peut s’en écarter à tout moment pour conduire ce que l’on peut comparer à une descente aux enfers. L’écriture d’Éric Reinhardt est soignée, délicieuse souvent et je reconnais que ce livre avait toutes les qualités littéraires pour décrocher le Goncourt, mais…
Débarque alors l’affaire du tableau remarqué par Susanne chez un antiquaire. Cela déclenche toute une histoire que j’ai trouvée pénible même si je comprends que l’auteur s’appuie dessus pour accompagner la dégradation psychologique de son héroïne.
Si Sarah a quitté le domicile conjugal pour faire une pause, Susanne en a fait autant et cela contribue grandement à accentuer une déchéance de plus en plus inéluctable qui me semble incompréhensible avec un séjour à l’Hôpital psychiatrique La Chartreuse, à Dijon. Au passage, l’écrivain fait part de ses réflexions, fait une entorse à la dramaturgie et à la vraisemblance. Il analyse pourtant bien la psychologie des enfants et c’est intéressant.
Bien sûr, arrive Venise, site idéal pour faire rêver le lecteur car il s’y passe toujours des histoires d’amour réelles ou fantasmées. Lorsque Momo se présente dans la lente remontée de Susanne vers la lumière, surtout lors de la rencontre avec son mari, voilà enfin du palpitant et des dialogues percutants, enfin, pas seulement les dialogues… Il en est de même lorsque Susanne se retrouve chez ses parents en Alsace. La discussion est animée et pleine d’humour.
Un épilogue, sous la forme d’une longue lettre signée Sarah, permet de faire le point et d’apporter de bonnes nouvelles, confirmant aussi toute la gratitude de cette femme pour l’écrivain. Cela est amplement mérité mais je redis toute la difficulté éprouvée au cours d’une lecture parfois lassante.
Si Sarah, Susanne et l’écrivain, roman d’excellente facture, ne m’a pas convaincu, je salue tout de même le talent d’Éric Reinhardt qui n’hésite pas, en cours d’écriture, à faire partager ses problèmes d’auteur. Sarah et Susanne, Susanne ou Sarah, ces deux femmes qui n’en font qu’une, ou pas, m’ont souvent fait souffrir avant de sortir par le haut de situations bien compliquées causées par leur mal-être et un mari exécrable.

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Poubelle

De part et d’autre du Rio Bravo qui dessine la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, se font face la tristement célèbre Ciudad Juarez, capitale mondiale du meurtre et du féminicide, et la prospère El Paso, pour sa part l’une des agglomérations les plus sûres de l’Amérique. C’est dans cette zone frontalière de tous les contrastes que se croisent trois destins de femmes. Alicia, adolescente abandonnée et vagabonde, vit sur l’immense décharge à ciel ouvert qui, côté mexicain, permet à une foule de pauvres hères de subsister de la vente du moindre déchet récupérable. Griselda, médecin à El Paso, vient y mener un travail de recherche sur les « enjeux de santé publique et environnementaux ». Enfin, Reyna, chassée de son emploi et de sa vie américaine lorsqu’elle a décidé de quitter son identité d’homme pour s’assumer femme, s’efforce de tourner le dos au cloaque qui empuantit le quartier, tout en régentant la petite troupe de prostituées transsexuelles qu’elle a prise sous son aile.


Aux antipodes les unes des autres en raison de profondes inégalités – toutes deux adoptées, Alicia n’a connu que la misère au Mexique, tandis que Griselda, qui a grandi et étudié au Texas, a pu accéder à une vie confortable ; Reyna a, quant à elle, d’abord connu l’aisance sous ses traits d’homme à El Paso, avant de devoir se résoudre à rentrer au Mexique et à s’y prostituer pour subsister, cette fois en femme –, ces trois Mexicaines ne découvriront jamais, contrairement au lecteur, le lien invisible qui les unit pourtant. Mais, femmes au carrefour de diverses frontières poreuses et incertaines, entre sécurité et précarité, rôle de sujet ou d’objet, genre masculin et féminin, en tous les cas confrontées à l’éternelle loi du plus fort, elles ont en commun le courage et le sens de l’entraide, seuls capables de transmuer en opiniâtre résilience leurs incertitudes et leurs fragilités.


L’on se souvient du terrifiant 2666 où Roberto Bolaño s’inspirait de Ciudad Juarez pour peindre l’effroyable tableau d’une ville mexicaine frontalière ravagée par des assassinats de femmes. Ici aussi, les cadavres se mêlent à la marée des déchets quotidiennement déversés sur la décharge au coeur du récit. Ils sont simplement devenus la manifestation ordinaire – que, pour leur sécurité, les habitants ont pris l’habitude d’ignorer – de contingences avec lesquelles il faut bien composer pour survivre. Alors, pour autant toujours prégnants, violence et danger, qu’ils prennent la forme de meurtres ou d’agressions courantes – conjugales, familiales, ou même professionnelles pour les prostituées –, ne se manifestent qu’indirectement dans la narration, au travers de leur intégration dans le comportement quotidien des personnages. Sans se plaindre, chacune des trois femmes se défend comme elle peut : la plus jeune, avec la rage de survivre ; la plus favorisée, avec culpabilité ; et la plus lucide avec l’ironie du désespoir. Leurs regards et leurs voix se croisent en une alternance virtuose de trois styles d’expression, oral et lapidaire chez Alicia, plus nuancé et introspectif chez Griselda, plein d’une verve intarissable et délibérément irrévérencieuse chez Reyna.


Dans cette histoire, où non seulement les déliquescences familiales n’ont finalement rien à envier aux violences commises à grande échelle dans la ville de Ciudad Juarez, mais aussi où les personnages ne prendront de toute façon jamais conscience des secrètes filiations qui les unissent, ce sont en définitive d’autres formes de proximités que biologiques ou nationales, celles qui rassemblent par un vécu commun et une identité partagée, que reconstruisent les personnages pour se sortir de la poubelle, au propre comme au figuré, qu’est devenu leur environnement.


Un livre fort et parfaitement maîtrisé, sur un sujet que l’auteur, née à Sonora au Mexique et aujourd’hui enseignante à l’université d’El Paso, connaît de près, puisqu’elle a coordonné bénévolement des ateliers d'écriture pour les adolescents et les victimes de violence à El Paso et qu'elle y a fondé une résidence pour femmes et écrivains LGBTQ. Coup de coeur.

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Docteur Mouche

Renouant avec sa Corrèze natale sur fond de nature, de pêche et de musique, Gilbert Bordes fait jouer toutes ses cordes sensibles dans une nouvelle histoire de terroir, tendue de vieux secrets autour d’un faux coupable et d’un vrai meurtrier.


Lorsqu’une douzaine d’années après la mort de sa mère, assassinée en bord de rivière, Louis revient à Saint-Martin-sur-Vézère où il est nommé instituteur, il n’est pas vraiment le bienvenu. C’est qu’au village, l’on a déjà bien assez de l’épave alcoolisée qu’est devenu l’ancien maire et médecin pour rappeler un drame que l’on préfèrerait oublier. Sa peine purgée après avoir été jugé coupable sans preuve véritable, le notable déchu pèse de toute sa présence titubante sur la conscience des villageois, assaillis malgré eux par le doute. Contre toute attente, le jeune homme et celui qui, entre ses cuites, a conservé sa passion pour la pêche au point de devenir pour tous « docteur Mouche », deviennent bientôt inséparables, bien décidés à faire enfin à eux deux toute la lumière sur l’affaire faussement élucidée.


Curieux du véritable coupable en même temps que sous le charme d’un cadre encore préservé – creuset de la nostalgie de l’auteur pour les valeurs simples, en harmonie avec la nature et transpirant une authentique humanité –, le lecteur parcourt fort agréablement cette histoire bon enfant, d’une grande fluidité, dont la jolie originalité de son idée maîtresse en fait volontiers oublier la relative improbabilité. En fin observateur, Gilbert Bordes croque comme à son habitude ses personnages d’un oeil sûr, et, cette fois encore, l’on n’a aucune peine à les imaginer s’animer sur l’écran d’un téléfilm grand public.


Un roman du terroir doublé d’une enquête policière qui ravira les amateurs du genre, pour un moment de divertissement en toute simplicité.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Avec les fées

Embarquant sur un voilier de quinze mètres, en début d’été 2022 de Gijon, cap au nord vers les iles britanniques, Sylvain Tesson, Benoit et Humann, font escale dans le Finistère, le Pays de Galles, l’Irlande, l’Ecosse et se trouvent le 8 septembre dans un royaume pleurant sa souveraine, sans avoir croisé la moindre fée.
Des mois de navigation entre la bibliothèque de bord et les promontoires occidentaux de l’Europe sur l’arc celtique d’où les explorateurs sont partis à la conquête de l’Amérique après avoir hissé les menhirs et dessiné les paysages.
Des escales de quelques heures ou quelques jours où l’écrivain progresse le long du littoral, à pied ou en bicyclette, puis retrouve ses coéquipiers restés à bord du voilier, sans avoir beaucoup échangé avec les personnes croisées, ce qui me semble regrettable et contribue à créer un récit en « pointillé » qui manque, à mes yeux de fluidité.
Une lecture malgré tout féerique mais, à mes yeux, un titre inférieur à Blanc, en compagnie d’un auteur cultivé, ironique et souvent caustique,.

PS : ma critique de Blanc
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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À pied d'oeuvre

Franck Courtés photographe, je ne l’ai pas connu, par contre l’écrivain, je l’ai beaucoup apprécié dans le fond et la forme, à travers ses six livres publiés , tous lus. Donc ce dernier , le sixième, qui fait le bilan d’un choix malgré lui de quitter la photographie pour devenir à plein temps écrivain, dès les premières pages me fend le cœur, de par sa vérité et sa sincérité. Oui, le métier d’écrivain est dur , même très dur, vu qu’on entre dans la fosse aux loups et le succès par conséquent y gagner sa vie dépend d’autres critères que le talent,
«  Achever un texte ne veut pas dire être publié, être publié ne veut pas dire être lu, être lu ne veut pas dire être aimé, être aimé ne veut pas dire avoir du succès, avoir du succès n’augure aucune fortune.
Le succès d’estime, le plus fréquent de tous, ne suffit pas à faire vivre un auteur. Nos bas de laine ne s’emplissent que d’espoir. Sauf exception et comme dans toutes les industries artistiques, les ventes tiennent moins au talent des auteurs qu’à celui de leurs attachés de presse, moins à la qualité de l’œuvre qu’à l’ambition commerciale des éditeurs.»
Il raconte avec pudeur sa descente douloureuse dans l’arène de la pauvreté, où à part sa mère il n’a aucun soutien moral et matériel , ce dernier étant aussi minime de sa part. Pourtant il a une femme et deux enfants, éclipsés en Amérique. Il va finir par devenir prolo volontaire pour assurer sa survie avec des petits boulots au noir qui nécessitent aucune compétence, « devenir manœuvre est une véritable aventure…c’est-à-dire une incompétence totale dans le projet qu’on s’apprête à embrasser » en dit-il. Dans ce nouveau monde c’est surtout le déclassement social qui le gêne. S’aventurer dans un recoin invisible au regard de la société , une cache oubliée du monde du travail, amenuise passablement sa honte, cette honte qu’il appelle « un reste d’orgueil » .
Le tout est disserté avec une sincérité bouleversante et d’un humour désarmant qui amortie partiellement l’humiliation subie ,« À la lecture de mon premier livre, un journaliste littéraire m’a dit : Vous irez loin. Je suis allé jusqu’à la rue Pigalle, au sixième étage d’un immeuble en travaux. Évacuation de gravats. » Il précise ultérieurement que ce choix de vivre de son écriture n’est pas un luxe qu’il s’est octroyé. Il a bel et bien dû quitter le métier de photographe dû à l’arrivé du numérique. Sa mise à l’écart du monde traditionnel du travail n’a rien d’une retraite romantique du monde, ne plus pouvoir jouir des plaisirs matériels de la vie en vrai, ne lui apporte aucune richesse spirituelle comme l’assènent certains esprits dit « libres ». Il a le mérite d’être à cent pour cent honnête dans ses propos. De plus ces boulots au noir payés une misère qu’il récupère aux enchères sur La Platforme , société virtuel genre Pôle Emploie, est un monde où la prestation est valorisé au moyen d’algorithmes , où il n’y a aucune sécurité de travail et l’emploie va à celui qui offre ses services le moins cher. Un Grand bonjour au nouveau marché numérique d’esclaves 😒 !

Un livre courageux et émouvant où Courtés raconte avec brio sans jamais se poser en victime, la triste réalité de son quotidien misérable dans le monde du travail manuel et dans le monde tout court qu’il affronte malgré lui afin de pouvoir écrire. Ça dérange, révolte, irrite, bravo Franck et surtout continue d’écrire !

« Courageux c’est bien, ça ne veut pas dire intelligent. »
« Entre mon métier d’écrivain et celui de manœuvre, je ne suis socialement plus rien de précis. On méconnaît ma situation exacte, on s’y perd un peu. Je suis à la misère ce que cinq heures du soir en hiver sont à l’obscurité : il fait noir mais ce n’est pas encore la nuit. »
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