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Critiques les plus appréciées

Le vieux qui lisait des romans d'amour

Le vieux est campé dans sa cabane, debout devant sa table, lisant lentement des romans d'amour tout en dégustant une Frontera. Le dentiste arrache des dents, ponctuant ces interventions malhabiles par des jurons bien placés. Les Jivaros, hilares, observent ce drôle de médecin trifouiller la dentition de ses patients. Le maire, la Limace, assis dans son bureau, vide les bouteilles d'alcool, suant et dégoulinant de sa bêtise.

Et puis, il y a cette femelle jaguar qui a tué l'un de ces stupides gringos après la mort injuste de ses petits. Vengeresse, sa haine est insatiable, une chasse à l'homme va débuter. C'est ce bon vieil Antonio José Bolivar, lecteur assidu de roman à l'eau de rose, respectueux de l'environnement et des êtres qui y vivent, qui va devoir se lancer à sa poursuite. Son plus fidèle ami est Nushino, un Shuars, qui lâche des pets sonores pour exprimer son contentement ou pour couper court à la conversation.

Luis Sepúlveda dénonce avec drôlerie et sensibilité, la cupidité des hommes, leur soif de pouvoir, et la déforestation de ces territoires sauvages. Forêts hostiles, ceci dit, qui n'ont jamais eu besoin de l'empreinte corrosive de l'être humain pour pouvoir s'épanouir et vivre en paix.
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Suburra

Rome, années Berlusconi, juste avant la chute.

La Ville Eternelle est à la merci de Samouraï, ex-leader fasciste reconverti dans la grande criminalité. Il met la dernière main à un gigantesque projet immobilier qui aura pour effet de bétonner tout le territoire compris entre Rome et Ostie, sous couvert d'un philanthropique programme de développement de logements sociaux. le projet est pour l'heure top secret, puisqu'il faut d'abord trouver de quoi corrompre (ce ne sera pas trop difficile) les politiciens qui le voteront bientôt. Il faut aussi éliminer les autres obstacles, à savoir la concurrence, et pour cela, quoi de plus judicieux que de s'associer avec ses ennemis, en les « intéressant » au projet et garantir ainsi sa sécurité. Samouraï est donc sur le point de réaliser une union sacrée entre les différents mouvements mafieux oeuvrant à Rome, en ce compris (oups) la Banque du Vatican. Une belle brochette de riches pécheurs au service du Dieu Argent.

Mais ce beau projet pourrait bien capoter, parce que dans le camp des Gentils, Marco Malatesta, incorruptible chef d'une unité d'élite des carabiniers, a flairé que quelque chose d'énorme mijotait dans le chaudron des Méchants, et s'est donc mis en devoir de déjouer le plan, avec l'aide de sa belle collègue, d'un jeune procureur, et d'Alice, altermondialiste n'ayant pas froid aux yeux.

Crime, luxe, drogue, argent, prostitution, élites politiques et religieuses, hauts fonctionnaires, tous et tout sont inextricablement entremêlés dans des relations de domination, de chantage et de corruption.

On pourrait dire que les personnages de ce roman nerveux et haletant sont stéréotypées, et que toute cette histoire est trop énorme pour être vraisemblable. Et pourtant, c'est là le plus effarant, il paraît que tout cela est très réaliste et même carrément inspiré de la réalité.

Pauvre Rome, splendide déchue. Et combien d'autres, comme elle, corrompues jusqu'à L ADN ? C'est quoi, ce monde ?
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La Fin du sommeil

Drôle d’idée de faire croire à son entourage que l’on est atteint d’une maladie incurable ! Cet architecte dans la quarantaine n’a rien trouvé de mieux pour tenter de ranimer la flamme de son couple, quelque peu atténuée par le quotidien et tester sa cote d’amour auprès de son entourage ! Bénéficiant d'un improbable arrêt maladie , il a le secret espoir de faire de ce temps retrouvé loin de la pression professionnelle l’occasion d’écrire un roman…autant dire que le fiasco ne fait aucun doute. A moins que …

Le sujet a été maintes fois traité mais pas toujours avec le mordant et l’ironie de Paloma de Boismorel. Elle égratigne en passant les codes de l’art contemporain et de l’architecture, ce qui ajoute au tableau de chasse de ce roman aussi drôle que mordant !


Le propos est maitrisé jusqu’à la fin ce qui est une gageure tant il est difficile pour le personnage comme pour l’auteur de se sortir du piège qu’il s’était tendu.

288 pages L’Olivier 2 février 2024

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Le Couteau : Réflexions suite à une tentative d..


J’ai toujours pensé que la tentative d’assassinat du grand auteur d’origine indienne était dû "grâce" au fatwa prononcé en 1989 par l’imam Khomeini, mécontent du continu du best-seller "Les versets sataniques" de la victime.
Or selon Salman Rushdie ce n’est pas le cas, car son agresseur de 24 ans en avait lu à peine 2 ou 3 paragraphes et avait regardé sur YouTube 2 ou 3 clips de fanatiques religieux.

Toujours est-il que ce fou de Hadi Matar, d’origine libanaise mais né aux États-Unis, a effectivement essayé, le 12 août 2022, de tuer Rushdie et a réussi à le blesser gravement et à lui faire perdre l’œil droit et la main droite.

Étant a-religieux, je trouve l’existence d’un fatwa, ou ordre de tuer quelqu'un pour ses idées, totalement inadmissible et criminel. Qu’ils soient des hauts dignitaires religieux ne devrait pas être une raison de ne pas les traîner devant des cours de justice civile, comme tout et chacun responsable de la mort d’autrui. Surtout si le véritable responsable laisse faire la sale besogne par un tiers. Aucune religion n’a le monopole de la vérité et ne devrait résoudre des désaccords métaphysiques par l’élimination physique.
Et dire qu’en Iran et parmi les chiites enragés, ce sinistre spécimen est considéré comme un héros et un saint !
Je m’excuse de cet intermédiaire personnel, mais lorsque je me souviens de cet acte monstrueux, mon sang se met à bouillir. Si l’infaillibilité du Pape constitue déjà une aberration, le fatwa des vieux ayatollahs dans leur monde clos de Téhéran relève d’un tout autre ordre.

Salman Rushdie se pose la question pourquoi il n’a pas réagi et tenté de se défendre ?
Comment aurait-il pu ? Il a été surpris par un fana idiot armé de 51 ans plus jeune que lui, qui avait suivi des cours de boxe ! Il admire par contre le courage des gens autour de lui qui se sont attaqués à cet individu illuminé. Il a eu le sentiment de mourir lorsqu'il a vu l’énorme perte de sang et à pensé à sa jeune épouse bien-aimée, Eliza, marié même pas un an avant.

Avec beaucoup d’affection, l’auteur raconte sa rencontre lors d’un congrès, en 2017, avec la belle poétesse afro-américaine Rachel Eliza Griffiths, auteure de 6 œuvres, parmi lequel son recueil de poèmes "Mule y Pear" (non traduit) de 2011, qui est tombé dans les prix littéraires. Malgré leur 31 ans de différence, le couple s’est marié le 24 septembre 2021.

L’auteur raconte son séjour à l’hôpital, son pénible programme de rééducation et son retour à la maison et termine par une réflexion comment il faut tourner la page.

L’ouvrage autobiographique compte un chapitre (le chapitre numéro 6) tout à fait remarquable, dans lequel Rushdie présente une conversation fictive entre lui et son agresseur, dont il ne mentionne jamais le nom, mais qu’il qualifie de la lettre "A".

L’auteur rappelle aussi qu’en 1994, le Nobel égyptien, Naguib Mahfouz, a été également, à l’âge de 82 ans, victime d’une agression similaire en pleine rue, parce qu’il avait osé accuser les fondamentalistes islamistes de "terrorisme culturel".

Entretemps, Hadi Matar, qui plaide non coupable, se trouve en taule et s’il est condamné au cours de son procès, qui aura lieu cette année, il risque 25 ans d’emprisonnement pour tentative d’assassinat et 7 ans pour attaque à main armée.

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Toute résistance serait futile

Vous connaissez peut-être l'autrice Jenny Colgan, qui brille dans le style littéraire feel-good ? Et bien Jenny ( suivie d'un T ) Colgan, c'est le nom qu'elle a choisi pour changer de style, et nous offrir un roman SF...
Si le grand écart est audacieux, il ne m'a pas convaincue , je me suis ennuyée à fond, à la lecture de ce livre, me demandant sans arrêt quand allait décoller cet OLNI ! Mais je ne suis pas le bon public, la maison d'édition annonce la couleur dés les premières pages, Jenny Colgan est une fan absolue de Doctor Who et je n'ai jamais regardé cette série (et pas l'envie , non plus...) et le "T" ,avant Colgan, fait référence à "Tardis" . Cette référence m'échappant totalement, il était donc prévisible que je n' accroche pas...

Il est question ici, de mathématiciens qui sont convoqués dans une université. Connie pense que c'est pour un poste d'enseignante mais ce n'est pas cela... Il a été capté un code mystérieux (venu d'une autre planéte ?), que les six génies devront décrypter. Parmi, les collégues de Connie se trouve un ex ( Sé ) et un homme un peu étrange ; et si j'ai cru que ça partait en comédie romantique à la Ali Hazelwood,il n'en est rien. On est dans la SF, on est dans l'originalité la plus totale (ça c'est pour le côté positif). Mais c'est long, terriblement longet, bref, j'aurais aimé suivre jenny Colgan, (avec un T ! ) dans ses délires, mais je n'y suis pas arrivée. Vivement qu'elle revienne au style feel-good dans lequel elle excelle.

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Les tourmentés

Skender n'est, aujourd'hui, plus que l'ombre de lui-même. Ancien légionnaire puis mercenaire, il a tué, pour son métier, de par le monde. Évidemment, ça laisse des traces. Qu'il a tenté d'effacer à coup d'alcool et de cachets. Son épouse, apeurée, craignant pour elle et leurs enfants, ne supportant plus l'homme qu'il est devenu, le renvoie chez sa mère. Skender s'est alors isolé dans une cabane dans un bois, loin des hommes et de sa famille, après un séjour en prison. Aujourd'hui, il vit comme un clochard... Max, son frère d'arme, lui, s'est inventé une nouvelle vie auprès de Madame. Homme à tout faire, chauffeur, garde du corps, il est à son service H24 et se plie à toutes ses volontés. Même à celle, la plus inattendue et amorale, d'une chasse à l'homme. Et ce gibier, Max l'a tout trouvé en la personne de Skender...

Skender n'a plus rien. Et n'est plus rien. Sa vie ne vaut plus rien non plus... Jusqu'au jour où Madame lui propose, pour 3 millions, d'être sa cible vivante. Et cette chasse à l'homme, inavouable, scandaleuse, cynique, qui se passera sur une réserve dans le nord de la Roumanie, Skender a 6 mois pour s'y préparer. Aussi bien physiquement que mentalement. Mais, avant cela, avec le premier million reçu, il va renouer avec sa femme, Manon, et ses deux garçons, Jordi et Dylan. N'oubliant jamais que Madame se prépare, non pas à l'affronter, mais à le tuer. De cela, il en est presque sûr, de même que Max. Et ce sont ces six mois avant le jour fatidique que Lucas Belvaux déroule gentiment, passant de l'un à l'autre personnage, se mettant dans leur peau, dévoilant leur âme et états d'âme. Chacun avec ses ressentis, ses doutes, ses renoncements, ses interrogations, ses rêves, ses craintes, ses espoirs, ses regrets, ses démons, son passé. Six mois haletants, oppressants au cours desquels la tension monte... jusqu'au dénouement inattendu.
Un premier roman habilement construit, remarquable de par ces personnages singuliers et cette ambiance lourde. Un roman sans ménagement...



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Les Sorcières du phare

Posé sur la table au centre de la librairie un livre avec une belle couverture peuplée d’arabesques surmontées d’une pleine lune et en plein milieu, un phare. Au dessus le titre avec le mot « sorcières » et sur la quatrième de couverture le mot Écosse qui me saute dessus.
Combo gagnant, cerveau court-circuité et livre qui bondi tout seul dans ma musette !

Quelques jours plus tard me voila happée :
Écosse, XVIIème siècle, au fin fond du village de Lon Haven, vivaient de braves gens. Ils vivaient chichement mais ils étaient heureux. La vie était dure mais les paysages sauvages et magnifiques. Les enfants profitaient de ce terrain de jeu inépuisable et la vie s’écoulait paisiblement. Et puis un jour une femme fut accusée de sorcellerie et les choses changèrent à jamais…

Écosse 2021, Luna est une jeune femme à la fois fragile et courageuse qui tente de poursuivre son chemin malgré la terrible perte qu’elle a subie. 20 ans plus tôt ses sœurs et sa mère ont disparu à Lon Haven et sa mémoire lui fait défaut quant au déroulement des évènements. Quand on lui annonce que l’une de ses sœurs a été retrouvée elle fonce tête baissée. Pourtant quelque chose ne colle pas, 20 ans se sont écoulés pourtant sa sœur disparue et tout juste retrouvée a toujours 7 ans. Une erreur ? Luna la reconnaît pourtant, c’est bien la petite fille qui hante ses souvenirs, à moins que ...

Quand l’impossible est sous vos yeux il n’y a pas d’autre choix que de revoir sa vision du monde et de mener l’enquête.

Si les faits historiques sont à la base de ce roman, Luna va très vite nous emmener vers une histoire mêlant folklore, légende, ésotérisme et secrets bien enfouis, le tout ficelé par une intrigue qui tient le lecteur dans l’attente du dénouement. Le déroulement en huis clos et l’ombre de cet imposant phare plane sur l’ambiance de ce livre et la rende oppressante. Quels sombres secrets le phare dissimule-t-il ? Et qu’est ce que les habitants de Lon Haven taisent ?

Il y a quelques trous dans la raquette concernant la cohérence du récit et certaines réactions. Je n’ai pas compris l’intérêt du personnage d’Ethan qui selon moi ne sert à rien. Mais l’intrigue demeure prenante et bien menée. L’autrice brouille les pistes et on ne sait pas trop sur quel terrain elle nous emmène : ésotérisme, magie, fantastique, ou réalité farfelue ? Le champs des possibles reste ouvert.

La construction du roman par ses sauts dans le temps et ses changements de narrateur aurait pu s’avérer catastrophique mais on ne s’y perd pas et les éléments finissent pas s’assembler.

Malgré quelques bémols j’ai beaucoup aimé cette aventure et l’hommage rendu à ces femmes tombées dans l’oubli après avoir été violemment exécutées pour des crimes qu’elles n’avaient pas commis.
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Le Royaume désuni

Je quitte avec regret cette famille anglaise attachante. Faut dire que je la connais depuis 1945, le 8 mai exactement !

Ce roman raconte par à-coups l’histoire d’une famille anglaise, en se focalisant sur certains de ses membres, dont Mary, puis ses trois fils et un de leurs cousins.
Par à-coups ? Effectivement, il est divisé en 7 parties décrivant un jour spécial dans la vie de l’Angleterre, et autour de l’événement décrit, on assiste à la vie quotidienne de cette famille, de leurs penchants, de leurs regrets, de leurs grandes décisions, de leurs amours et leurs désamours.
Nous commençons donc le 8 mai 1945 avec la petite Mary qui a 11 ans, puis un bond dans le temps pour arriver au couronnement de la reine Elisabeth II, le 2 juin 1953 (et inauguration de la première TV ), ensuite nous assistons à la finale de la Coupe du monde le 30 juillet 1966, marquée par la victoire de l’Angleterre sur l’Allemagne (accueil des petits-cousins allemands pour l’occasion), puis l’investiture du prince de Galles, le 1er juillet 1969 (vacances de la famille dans le pays de Galles), puis le mariage de Charles et Diana, le 29 juillet 1981, puis les funérailles de Diana, et enfin le 8 mai 2020, en plein confinement dû au Covid.

Patriotes convaincus contre personnes jugeant que la famille royale ce n’est que des parasites, travaillistes contre conservateurs : on a l’impression que l’Angleterre se résume à cela, et leur désunion, c’est drôle à lire, d’autant plus que nous croisons des personnages connus, comme Boris Johnson à ses débuts, déjà décrit comme un pantin burlesque.
Tout est réel sauf la famille en question, y compris le village de départ près de Birmingham, Bournville, où se situe une chocolaterie qui restera dans les annales de l’Angleterre.
Et puis rien n’est laissé au hasard, un détail paraissant insignifiant reviendra quelques décennies plus tard de façon inattendue mais tout à fait pertinente.

Jonathan Coe, que j’aime beaucoup pour sa verve, son ironie, son autodérision, son côté sociologue mêlé au psychologue, cet auteur m’a encore une fois ravie.
Il m’a même soufflé une idée pour un futur atelier d’écriture : « Autour d’une date dont tout le monde se souvient, racontez une anecdote vous concernant ». Qui s’y colle ?
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Connemara

A presque quarante ans, Hélène doute de sa réussite. Elle a quitté sa petite ville des Vosges, elle a une belle maison à Nancy, de beaux enfants, un beau mari, un travail valorisant. Mais comment va-t-elle ? Est-elle heureuse ? Pas complètement puisqu’elle cherche sur les sites de rencontres un moyen de s’évader d’un quotidien trop routinier. Lors d’une escapade, elle revoit par hasard Christophe Marchal. Et c’est toute son adolescence qui lui revient. Il était la star du lycée, le beau gosse de l’équipe de hockey, un idéal inaccessible pour Hélène accaparée par ses études. Que reste-t-il trente ans plus tard du héros de ses fantasmes ? Un homme qui n’a pas voulu ou pas pu quitter la région, un père en instance de divorce, un ex-sportif qui prend du ventre. Cette fois, Hélène est en position de force. Elle n’est plus l’adolescente bûcheuse invisible. C’est une femme accomplie, élégante, séduisante, cultivée qui met facilement Christophe dans son lit. Une histoire d’amour est-elle possible entre cette femme qui a tout et cet homme qui espère encore un avenir meilleur … ?

Comme à son habitude, Nicolas Mathieu situe son histoire dans le Grand Est et raconte le clivage entre ‘’la France d’en bas’’ et les classes dirigeantes.
Sous couvert d’une banale histoire d’adultère, il se livre à une véritable étude sociologique du pays. Mais qu’on ne s’y trompe pas, derrière un point de vue éminemment politique, on lit tout l’amour et la tendresse de l’auteur pour sa région et ses personnages.
Des personnages qui abordent la quarantaine avec dans le cœur la nostalgie du passé. Christophe veut rechausser les patins, revivre les moments de gloire de sa jeunesse, malgré les kilos en trop, malgré les beuveries avec ses potes, malgré son père qui perd la mémoire, malgré son fils qui va partir loin avec sa mère. Hélène va faire l’amour avec Christophe, pour rattraper les années perdues à étudier, pour prouver qu’elle peut encore séduire, pour montrer que maintenant c’est elle qui a les cartes en main.
Nous sommes en 2017, Macron va faire son entrée en scène. Ce pourrait être l’heure de gloire pour Hélène et ses semblables, ceux qui ont fait HEC, ceux qui brassent de l’air (et des euros), ceux qui vendent du vent. La start up nation va faire exploser la classe politique, valoriser le néant et mépriser les classes populaires. Et pourtant, ils vont continuer à (sur)vivre, à se battre, ceux qui, comme Christophe, pensent qu’il fait bon vivre en province, que quand on n’a rien on peut toujours espérer un peu plus, que rien ne vaut un samedi soir entre potes autour d’une bière à hurler ‘’ Terre brûlée au vent Des landes de pierres Autour des lacs, c'est pour les vivants Un peu d'enfer, le Connemara’’ avec Michel Sardou.
Encore une fois, Nicolas Mathieu nous propose une vaste fresque sociale, psychologique et quasiment historique. Sa belle écriture se met au service de personnages qui nous deviennent proches, dans lesquels on se reconnait sans peine. Il ne faut rien savoir de la France, de l’Est, du peuple, pour le taxer de condescendance. Au contraire, il est la voix des petites gens, les petites commerçants, les résidents des lotissements, les amis du café du commerce, les sportifs du dimanche, les femmes de ménage, les buveurs de bière, les viandards, les gros fumeurs, les fans de barbecue et de Michel Sardou.
Elle est touchante la France de Nicolas Mathieu. Elle nous prend aux tripes et au cœur, elle nous renvoie aux bonheurs et aux espoirs simples et concrets, à la vie telle qu’elle est.
Un roman sociétal qui nous fait vibrer au son cadencé des lacs du Connemara. Coup de cœur.
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La Chienne

La littérature est une fenêtre sur le monde. Elle permet de voyager, de s'immerger dans un univers qui n'est pas le notre, d'élargir notre vision du monde en découvrant les multiples facettes d'un pays, ses habitants, sa culture, ses coutumes, ses moeurs.
« Cent ans de solitude » de Gabriel García Márquez fait partie de ces grands classiques que je souhaite lire depuis longtemps. Malgré cela, ce roman aussi court que brutal, devenu un best-seller dans son pays, lauréat d'un prix littéraire en 2018, marque ma première incursion dans la littérature colombienne.

Ici, l'autrice a une délicate approche de la maternité.

*
Dans ce roman d'une toute petite centaine de pages, Pilar Quintana propose une oeuvre aussi subtile que troublante, aussi émouvante que cruelle.
Damaris, une colombienne en mal d'enfant, trouve du réconfort en adoptant un chiot de quelques jours dont la mère a été retrouvée morte sur la plage. Elle l'appelle Chirli, du nom qu'elle aurait choisi si elle avait eu une fille.

« Comme elle ne savait pas où mettre la chienne, elle la posa sur sa poitrine. Elle se logeait parfaitement dans ses mains et sentait le lait. Une envie terrible de la serrer très fort et de pleurer s'empara d'elle. »

Immédiatement, Damaris s'attache à ce petit animal sans défense. Elle reporte son besoin de tendresse et d'amour sur Chirli qui devient l'enfant qu'elle rêvait d'avoir.
Elle le nourrit à la seringue, dort avec lui, l'emporte partout jusqu'au jour où la chienne se perd dans la jungle.

« Elle cria d'une voix furieuse, neutre, douce et suppliante sans aucun résultat jusqu'à ce que le calme revînt et que l'on n'entendît plus aucun aboiement ni bruit. Face à elle, il n'y avait que la jungle, silencieuse et tranquille comme un monstre qui vient d'avaler sa proie. »

*
Pilar Quintana développe des personnages complexes de manière fouillée et délicate.
Il y a un travail incroyable sur l'écriture pour, en quelques mots, dresser des portraits intenses et ambigus. L'autrice creuse leur psychologie pour nous les rendre sympathiques et l'instant d'après odieux.

En quelques lignes, d'une plume brute et violente, Pilar Quintana arrive à nous mettre dans la peau de cette femme fragile qui souffre de ne pas pouvoir être mère. C'est un amour intense, poussé à l'extrême qui révèle des traits de caractère étrangement fascinants par son ambivalence.
L'autrice exprime des émotions fortes et profondes, elle saisit des sentiments confus qui entremêlent à cet amour démesuré et absolu, la peur de l'abandon et de la perte, la trahison, la culpabilité, l'amertume, l'inquiétude, la chagrin, la frustration et la haine.

J'ai ressenti une tension sourde monter au fil du récit, l'impression tenace et croissante d'un drame à venir. Enfermée dans ce huis-clos écrasant, oubliant le temps qui passait, je n'ai pas pu m'empêcher de le dévorer d'une traite, emportée par ce récit resserré à la beauté indéniable et tragique.

*
Si j'ai aimé ce petit livre, c'est aussi pour son décor qui participe grandement à rendre les émotions si intenses et bouleversantes.
Damaris vit dans un petit village côtier de Colombie, un endroit isolé, d'une extrême pauvreté, cerné par la forêt amazonienne d'un côté et l'océan de l'autre. C'est un lieu dangereux et traître qu'il faut connaître pour ne pas se faire piéger.

L'écriture est intense, brutale, percutante, excessivement sensorielle. J'aime la façon dont l'autrice parvient à nous faire basculer dans ce monde angoissant où la jungle et l'océan Pacifique forment un rempart naturel et entretiennent l'idée de huis-clos. La nature sauvage, ici, est autant sublimée qu'inquiétante. Les odeurs, les bruits, les couleurs, les animaux sauvages et la flore, la sensation de chaleur étouffante et de moiteur renforcent cette impression désagréable d'oppression et d'agression.

J'ai senti venir la fin, tout en la redoutant. Mon coeur s'est serré devant tant de violence, et j'ai eu besoin de la tendresse de mon chat pour m'endormir.

*
Pilar Quintana nous offre un récit dérangeant, éprouvant, mais singulièrement fascinant.
Un huis-clos brut et violent sur le désir de maternité.
Une autrice à découvrir.
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La Rivière Pourquoi

Dans un endroit dont je tairai le nom, sous le regard amoureux de la lune, je regarde le silence et au milieu coule une rivière. Elle fait des s, comme un serpent serpente ; elle fait des l, comme si l’eau volait de ses propres ailes ; elle fait même des c, comme les courbes de cette femme qui se baigne nue dans l’eau froide de celle-ci faisant frétiller la queue des carpes et des truites. Et si je prends du recul, que je grimpe sur le rocher là-haut en guise de promontoire, je vois que la rivière dessine un ? dans le paysage ce qui me fait dire qu’elle m’interroge. Sur ma condition, sur l’art de la pêche, sur ma vie. Sur moi, tout simplement. La rivière philosophe pendant que les poissons filent entre les remous et que le pêcheur fait voler ses mouches au-dessus de l’eau. « La rivière pourquoi ».

Dans les eaux douces de l’Oregon, de l’Idaho ou du Colorado, dans celles du Nevada, du Canada ou de l’Alaska, Dieu s’y baigne au milieu des truites argentées ou des truites arc-en-ciel. Un florilège de couleurs et de clins d’œil qui volent au-dessus de ces cours d’eau, comme des mouches lancées par quelques pêcheurs-chasseurs. La foi aidant, l’homme se retrouve devant les tourbillons de sa vie et face à la rivière, l’éternelle question, le dilemme de plusieurs vies : pêche à la mouche ou pêche à l’appât. Le genre de question philosophique qui n’a pas de réponse définitive car tellement évidente que même avec une glacière de bières fraîches je n’ai même pas envie d’y réfléchir.

La Tamanawis River coule – c’est comme ça que j’ai décidé de l’appeler -, à côté de la Tamanawis Mountain, là où quelques nuages embrumés semblent s’accrocher. C’est dans une cabane appontée à la rivière que l’adolescent se fait homme, s’émancipe de son paternel, pêcheur à la mouche et philosophe à ses heures perdues, s’émancipe de sa mère, trempeuse de vers et pragmatique poétesse, découvre l’amour, découvre la philosophie, s’imprègne de silence, plonge nu dans l’eau froide, regarde cette fille nue plonger dans l’eau froide, ah l’amour, ah l’amour, les regards et le silence. Il découvre simplement la vie, comme dans un roman initiatique à la Kerouac sans ce cheminement sur la route, car il est bien au bord de l’eau, tel un ermite solitaire avec quelques bouteilles de bières qu’il échange contre ses plus belles mouches.
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Minuit douce

J'avais rencontré Rémi Patron, l'auteur de cet ouvrage, il y a quelques années, lors des "Rencontres d'artistes" qu'organise l'Amicale de la médiathèque pour laquelle je travaille. Ayant rapidement sympathisé avec cet auteur fort sympathique, il m'avait offert ses deux livres à l'époque oubliés mais ce n'est qu'aujourd'hui que je prends enfin le temps de m'y plonger.

Philippe Petit, notre protagoniste, est enseignant de mathématiques dans un lycée de Manoque, une ville qui se situe non loin de chez moi dans les Alpes-de-Haute-Provence. L'on peut dire qu'avant qu'il n'y arrive (c'est-à-dire) entre le début et la fin du roman, Philippe a eu mille vies et surtout rencontré de nombreuses femmes, dont une belle italienne, Bianca, qu'il a épousé car oui, cet ouvrage, comme l'explique l'auteure en fin d'ouvrage dans ses remerciements, rend hommage aux femmes, à toutes celles réelles qu'il a rencontré dans sa vie et à celles , fictives, qui se trouvent ici.

Philippe est un peu tout sauf volage. Il aime les aventures, notamment lorsqu'il part avec l'une de ses connaissances, monter des projets, en plein cœur de l'Afrique, où il serai prêt par la suite à le suivre à l'autre bout du monde pour se lancer dans une autre entreprise avant le drame (je ne vais pas trop vous en dire non plus) et que Philippe soit contraint de revenir en Europe. De retour en France, c'est là qu'il sera muté à Manosque. Activiste, jouant de la basse dans un groupe excessivement féminin, Philippe n'entretiendra toujours que des relations cordiales avec ses partenaires de musique jusqu'à l'épisode Natacha. Celle-ci est une très belle jeune femme qui joue dans leur groupe et, il ne sait pas comment cela s'est produit, Philippe ressent soudaine une très forte attirance pour elle.Il ne s'en explique par car il est toujours amoureux de sa femme mais c'est comme si il avait été envoûté...

Un roman qui part parfois un peu dans tous les sens (ce que je pourrais reprocher à l'auteur) étant donné qu'il se base sur des personnages et que le narrateur va décrire à chaque fois dans quelles conditions il les a rencontrés - donc sans réelle ligne conductrice - ce qui fait que je me suis de temps en temps un peu sentie perdue ou déboussolée - mais avec des personnages attachants néanmoins.

Avec des chapitres plus ou moins courts mais une écriture fluide, c'est un ouvrage qui se lit assez rapidement et bien. Si je n'est pas réellement été emballée par cette première découverte avec le style d'écriture de l'auteur, cela ne veut pas dire que je ne vous le conseille pas pour autant et de mon côté, je vais lire le second ouvrage que l'auteur m'avait offert incessamment sous peu et je vous en dirai plus à ce moment là ! Un auteur que je recommande tout de même, avant même ma seconde lecture et mon avis sur ce dernier car après ce premier aperçu, je ne peux pas dire que j'ai été complètement déçue non plus...juste partagée !
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On dirait des hommes

Anna et Thomas Sénéchal ont dû faire face à l'une des plus douloureuses épreuves qui peuvent frapper : le décès d'un enfant. Leur fils Gabriel, dit Gabi, dix ans, est mort noyé après avoir trébuché sur un anneau d'amarrage, sur la digue, un jour de tempête, sous les yeux de son père. Il s'agit d'un accident mais une enquête doit quand même être ouverte et c'est la juge Dominique Bontet qui s'en charge. Très méticuleuse, elle répugne à clore le dossier après un an d'instruction. Elle entend de nouveau les parents. Elle gère bien entendu, en parallèle, bien d'autres dossiers, dont celui des époux Le Bihan, Iris ayant porté plainte contre son mari pour violences conjugales. ● C'est un roman très bien construit, avec beaucoup de retours en arriere et des personnages fouillés et intéressants. Il met en lumière la fragilité des couples et des familles, y compris celui et celle de la magistrate. Il raconte la confrontation entre les hommes et les femmes. ● Les hommes occupent le mauvais rôle, comme le suggère le titre : « on dirait des hommes », mais ce n'en sont pas. Heureusement que les femmes sont là ! ● La tension narrative ne se relâche jamais, jusqu'à une fin presque inattendue (je ne l'ai devinée que dix pages avant). Les deux couples, qu'on voit d'abord dans deux récits séparés, se rejoignent de façon très maîtrisée. ● C'est en effet la maîtrise de la narration qui fait tout le sel de ce roman noir, dans lequel j'ai regretté des fautes de syntaxe se répétant (mises en apposition bancales notamment). ● Ce fut un bon moment de lecture et je recommande ce roman.
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La mort immortelle

Petite visite sur Babelio pour partager l'une des rares lectures que j'ai réussi à achever en cette période où mon travail ne me laisse pas le temps de lire !

La trilogie du problème à trois corps est LE phénomène SF de ces dernières années et la récente adaptation par Netflix ne va pas manquer de faire du bruit. Les tomes 1 et 2 m’avaient fascinée par la densité de leur univers, la cohérence avec laquelle Liu Cixin examine les implications à court et (très !) long terme de son incroyable hypothèse et la résonance politique, sociale et scientifique de son intrigue. Je dois avouer que ce 3e volet m’a parfois perdue.

Après une incursion dans la Constantinople de 1453 et une réflexion physico-philosophique sur l’origine de l’univers, j’avais pourtant repris mes marques dans l’ère de la dissuasion établie à la fin de La forêt sombre. L’histoire ne pouvait pas en rester là. D’une part, la dissuasion des Trisolariens reposait sur Luo Ji qui n’était pas immortel. Il allait donc fatalement devoir se demander qui prendrait son relai et à quelles conditions. D’autre part, on ne savait pas ce qu’étaient devenus les vaisseaux qui avaient pris la fuite lors de l’Ultime bataille. Et surtout, dans un univers aussi vaste, les relations avec Trisolaris pouvaient in fine n’être qu’un problème parmi d’autres…

Je reste impressionnée par l’imagination sans bornes de Liu Cixin et sa capacité à envisager imparablement les implications de ses prémisses. J’apprécie la réflexion à laquelle il nous convie sur la mémoire courte des humains, leurs difficultés à résoudre les dilemmes d’action collective, leur présomption, leur manque de rationalité. Mais je me suis perdue dans les discussions sur les fragments dimensionnels qui traversent l’univers, la propulsion par courbure, les champs noirs qui réduisent la vitesse de la lumière, les doubles métaphores enchâssées, les sous-univers microscopiques et leurs répercussions potentielles sur le mouvement d’expansion-contraction de notre univers. J’ai perdu mes repères spatio-temporels face aux allers et venues au fil des millénaires et des galaxies. Et j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages qui m’ont semblé désincarnés du fait de la perspective macroscopique.

Par ailleurs, après avoir passé près de 3.000 pages avec Liu Cixin, je dois dire que je suis un peu agacée par sa vision holiste des choses – libertés et démocratie semblent toujours compliquer inutilement les réponses humaines, les femmes sont entravées par leur empathie alors qu’il serait tellement plus rationnel de s’en remettre à des hommes (militaires, politiques ou experts du renseignement) ne craignant pas de prendre les mesures qui s’imposent.

Cela dit, je ne regrette pas une seule seconde l’immersion dans cette série d’une ambition folle qui se démarque complètement de tout ce que j’ai pu lire par ailleurs. Elle est vraiment à lire, pour le plaisir de se laisser surprendre par une intrigue véritablement vertigineuse et pour la rencontre grandiose de l’astrophysique, de la philosophie et de la poésie.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Le Chant des innocents

Troisième roman de PG Pulixi paru, il s'agit en fait d'une prequelle à "L'illusion du mal ", permettant de découvrir l'histoire et le passé qui ont faconné le commissaire Vito Strega tel qu'on le retrouve aux côtés des enquêtrice Eva et Mara dans celui-ci.

Est aussi mise en scène, sans interférences dans l'enquête menée par Strega, d'une figure tueuse à ses heures perdues traçant une trajectoire parasite et balbutiante, et dont la présence semble n'être qu'un acte de naissance pour recroiser son orbite lors d'un futur épisode.
Ce n'est pas un cheveu sur la soupe, mais pas loin, cet "alien" se raccrochant tant bien que mal au scenario du roman.

Il faut être honnête, le roman est nettement moins prenant, intéressant, que "L'illusion du mal". La personnalité de Strega prend clairement le pas sur la trame elle même, au demeurant plutôt linéaire pour un thème se presentant comme complexe.
Mais la lecture reste agréable et fluide, et le style, nerveux, s'exprime bien par l'enchaînement de courts chapitres.

Mais à mon sens, si l'on envisage de découvrir et poursuivre cette série de Pulixi, dont le quatrième épisode vient de paraître, la lecture de ce tome est intéressante à la pleine compréhension des personnages. Et en replaçant dans l'ordre chronologique les differents livres cela donne "le chant des innocents " pour Strega en premier, puis "L'île des âmes " pour Eva et Mara, et enfin "L'illusion du mal" ; le quatrième épisode, "La septième lune", reprend les protagonistes après la conclusion de ce dernier.
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Framboise et Noisette à Tahiti

Nous avons eu la chance de retrouver Framboise et Noisette (et leurs adorables framboisettes) pour de nouvelles aventures. Et c'est à Tahiti, le paradis des petits fruits, qu'elles se déroulent.

Tout commence un matin de bonne heure, lorsque Framboise décide de faire une surprise à sa petite famille et file en catimini pour ne réveiller personne. En chemin, elle est aspirée dans un drôle de trou noir et atterrit... dans une piscine. Mais alors que son mari et ses enfants s'inquiètent de sa disparition, Framboise se fait des amies et s'amuse comme une folle. Heureusement, Noisette et les framboisettes finissent par la rejoindre. Tout le monde peut enfin prendre du bon temps et profiter de leurs vacances... D'ailleurs, un concours de surf plutôt atypique va bientôt avoir lieu...

Voilà que sonnent les vacances d'été avant l'heure ! Soleil, chaleur, baignade, concours de surf... C'est que ça nous change de toute cette pluie qui nous est tombée sur la tête il n'y a pas si longtemps ! Rien de tel qu'une petite escapade au paradis des petits fruits pour se requinquer et faire le plein de vitamines !

Ce petit ouvrage rassemble trois histoires, ayant pour thèmes les vacances, la famille et l'amitié, où il fait bon de profiter du soleil et de la farniente, de s'amuser également, en famille et entre amis, de profiter de la vie tout simplement et des opportunités qui nous sont offertes.

Ce sont trois histoires toutes mignonnes, avec des petits personnages adorables, pleins de joie de vivre. Les illustrations joliment réalisées sont toutes pleines de couleurs "fruitées" et "estivales". On en ressort avec la pêche et la banane, de bonne humeur quoi et le sourire aux lèvres.

J'ai eu un petit coup de cœur pour la dernière histoire, "Cœur de coco", vraiment très très courte et qui fait pourtant fondre le cœur. C'est tendre et mignon comme tout.

Je remercie Lucien d'Orge pour nous avoir gracieusement envoyé son ouvrage, et pour cette jolie découverte pétillante.
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Le premier homme (BD)

Jacques Ferrandez adapte le dernier roman d'Albert Camus en bande dessinée.
Le manuscrit " Le premier homme" trouvé dans sa voiture lors de l'accident qui lui avait coûté la vie avait été confié en 1961 par son épouse pour le dactylographier en vue de l'éditer. Le livre n'est paru qu'en 1994.
Albert Camus apparaît sous le nom de Jacques Cormery .
Les étapes de la vie de l'auteur sont bien présentes, en ayant soin de garder les principales.
L'album présente différentes phases bien distinctes et très importantes.
Les idées et les principes d'Albert Camus sont là comme le dégoût qu'avait son père pour la peine de mort. Un père qui se fera tuer en France dès les premiers jours de la première guerre mondiale en 1914.
Camus nous rappelle ce moment de l'exécution tant détestée dans "L'étranger" mais sous une autre forme.
La phrase célèbre de Camus " Un homme , ça s'empêche " est prononcée par son père représenté en tant que soldat, zouave, contre les Marocains en 1905. Il avait été écoeuré par les atrocités commises par les ennemis.
Son instituteur " Monsieur Germain" qui a tant compté pour Albert Camus, porte le nom de Monsieur Bernard.
Quand Camus revient près de sa mère qu'il n'abandonne jamais, l'auteur mêle deux images du présent et du passé en une sorte de fondu enchaîné.
Les illustrations sont magnifiques. À ce stade, on peut parler de véritables peintures.
Les personnages, très expressifs traduisent leurs émotions.
On retrouve l'empathie qu'avait Camus pour sa grand-mère qui avait été très dure pour lui portant. Elle était trop pauvre pour se laisser aller à des sentiments.
L'auteur illustre le fait par une image pas très ragoûtante mais très concrète.
Un magnifique album complet , un travail très abouti et gigantesque j'imagine car il compte quand même 183 pages.
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Les vents

Dans les Vents (2020) l'Académicien s'est lâché. Mario Vargas Llosa peste après la modernité et en fait des caisses, certes, mais c'est bien envoyé.
L'action se passe à Madrid dans un futur proche. le narrateur est un vieillard indigne qui déambule dans la ville. Il se rend d'abord à la dernière séance du Cine Ideal avec son copain Osario. Plus personne ne le fréquente. Les jeunes ont été habitués depuis l'enfance à regarder des films téléchargés. L'optimisteOsario lui annonce qu'une nouvelle librairie s'est ouverte, la quatrième à Madrid, un luxe, d'après son ami mais en vérité il s'agit de la bibliothèque d'un vieux chnoque qui fait un vide-grenier. Les livres n'existent plus, ils ont été digitalisés, pour des raisons d'hygiène. Et désormais l'ordinateur est le seul auteur en vie qu'on lit encore. L'ordinateur fabrique des romans à partir des désirs du lecteur (voir citation). Bientôt le narrateur a un trou de mémoire. Il erre dans les rues et ressasse ce qu'il a perdu en libérant des vents ; il était un homme éduqué et cultivé et à présent il salit son pantalon. Il ne se reconnaît plus du tout dans ce monde vulgaire dominé par la technologie et il utilise ce qui lui reste de facultés physiques et mentales pour l'exécrer. Quand la société a permis aux images et à l'immédiateté de dominer la raison et la pensée, les arts ont commencé à mourir. A la fin, le corps et les souvenirs du narrateur sont réduits en excréments.
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George Dandin ou le mari confondu

Cette série, intitulée Commedia, a pour but de mettre en BD les textes classiques. Premier bon point. Mais attention, tout le texte, à la virgule près. Et là, je tire mon chapeau ! Quoi de mieux, lorsqu’on aime ce format, pour s’intéresser à ces oeuvres ?

George Dandin est un riche paysan qui a voulu s’élever dans la société en épousant une aristocrate, Angélique de Sottenville. Il reçoit ainsi le nom de Monsieur de la Dandinière. Mais bien évidemment, en contrepartie, il a versé une forte somme d’argent, permettant à sa belle-famille de ne plus avoir de dettes. Mais son épouse, ne voulant pas de ce mariage, le lui fait bien ressentir. Elle est amoureuse d’un jeune gentilhomme, Clitandre. À plusieurs reprises, George essaie de prévenir ses beaux-parents mais il se fait ridiculiser…

Les dessins et les couleurs viennent apporter un peu de modernité à l’oeuvre sans pour autant la dénaturer. C’est également un moyen de bien percevoir les ressentis de ce pauvre bougre, l’hypocrisie des amants et des beaux-parents.

Je vous recommande vivement cet album.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Un chant de Noël : Histoire de fantômes pour Noël

Bon, je n'apprendrai à personne que Charles Dickens sait écrire. (Et ne me demandez pas pourquoi je lis ça en avril.)

Tout ce que je savais de son conte de Noël, c'est sa version Disney, et le fait que la plupart des tropes des histoires de Noël en proviennent.

Hey bien c'est très bon. J'ai compris pourquoi cela a tant été imité. J'ai aussi compris que très peu d'imitateurs ont fait un bon travail. J'ai ri et j'ai été ému. L'histoire s'adresse beaucoup moins aux enfants que je m'y attendais, les personnages, même Scrooge, y sont d'une grande complexité.

(D'ailleurs : il y a quatre fantômes, pas trois!)

Je devrai retenter du Dickens.
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